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En cas d’algodystrophie de pied, le membre inférieur est mis en décharge complète à
l’aide de deux cannes à appui antébrachial pendant 3 à 4 semaines ; simultanément le
schéma de marche est entretenu par la marche en immersion en piscine. La reprise de
l’appui se fera en immersion dégressive, et ne sera complète que lorsque la douleur à
l’appui aura totalement régressé. De la même manière, le patient est traité par
immersion du segment jambier et du pied dans des bains alternés (pédiluve), massage
de drainage, mobilisation de la cheville et des orteils; au repos le pied et la cheville sont
maintenus en position surélevée.
Concernant l’algodystrophie de genou, la décharge est couramment proposée, associée à
la marche en immersion. La mobilisation douce, pluriquotidienne, de la rotule prévient
l’évolution vers une rotule fixée, avec rétraction des ailerons rotuliens et enraidissement
du genou. La mobilisation manuelle en flexion-extension du genou par le
kinésithérapeute peut s’associer à l’utilisation de l’arthromoteur. Très précocement un
travail de tonification musculaire isométrique, puis isotonique est proposé.
L’algodystrophie de hanche est une éventualité rare, et pour laquelle on propose
décharge, mobilisation passive et active avec tonification de l’éventail fessier.
6.1.2.2. En phase froide.
L’objectif est de récupérer les amplitudes articulaires d’abord, la fonction ensuite, sans
réveiller les douleurs et sans favoriser la récidive des troubles vasomoteurs et de la sudation. Le
traitement est essentiellement physique.
La kinésithérapie comporte des mobilisations articulaires progressives, d’autant moins
douloureuses que l’on aura pris soin de traiter le patient par médicaments antalgiques, la prise
médicamenteuse ayant lieu dans l’heure précédant la rééducation. On peu s’aider de
l’arthromoteur, en particulier pour le genou. Le gain d’amplitude obtenue en kinésithérapie sera
préservé par la confection d’appareillages de posture statique, renouvelés en fonction des
progrès du patient : gouttières de genou pour lutter contre le flexum, gantelet avec araignée de
rappel en extension ou coiffe de flexion pour le poignet et les doigts. L’ergothérapie vise très tôt à
récupérer par des activités artisanales la fonction. En cas de stagnation des gains, on peut
proposer une mobilisation sous anesthésie générale ou locorégionale (genou), voire une chirurgie
d’arthrolyse et de ténolyse des chaînes digitales.
6.1.3 Validation et validité des procédures de soins.
Ce descriptif des techniques de rééducation repose sur un consensus professionnel et
non sur les résultats d’essais cliniques comparatifs.
Les raisons en sont multiples. Elles tiennent probablement à la difficulté pour définir la
nosographie du syndrome. Elles tiennent à l’absence d’explications physiopathologiques
convaincantes, donc à l’impossibilité de proposer un traitement reposant sur de tels schémas.
Elles tiennent enfin :
- aux difficultés de l’essai clinique en rééducation fonctionnelle: simple aveugle, traitement
de rééducation associés aux traitement médicamenteux et aux techniques de blocs
sympathiques pour le groupe expérimental et traitements médicamenteux seuls pour le
groupe contrôle pour des raisons éthiques, nécessité d’un large échantillon ;
- à l’effet placebo évalué à 33% chez le patient algodystrophique;
- à l’absence de consensus sur l’évaluation du résultat. Il paraît indispensable et facile de
mesurer la douleur, la mobilité articulaire, la fonction, la qualité de vie. Lors d’algodystrophie
de la main, il est plus difficile de mesurer les troubles de la sudation, les troubles
vasculaires sympathiques, ce d’autant que leur importance respective est aussi discutée
que leur mécanisme.
Seule l’étude de Nimègue répond à ces critères. Il s’agissait d’une étude prospective
contrôlée randomisée en simple aveugle incluant 135 patients porteurs de syndromes épaule-
main, évoluant depuis moins d’un an ; les patients avaient été répartis aléatoirement en trois
groupes : soins de kinésithérapie ou soins d’ergothérapie pour les deux groupes expérimentaux ;
absence de rééducation et prise en charge des problèmes sociaux liés à leur état pour le groupe
contrôle. L’évaluation portait sur la douleur (échelle visuelle analogique de la douleur au repos et
à l’effort, questionnaire de douleur de McGill), les amplitudes articulaires actives, les incapacités
(Impairment-level Sum Score ou ISS), la qualité de vie (Sickness Impact Profile). L’évaluation
était effectuée par un examinateur aveugle au traitement ; le patient était évalué au départ du
traitement (t0), après 6 semaines, et après 3, 6 et 12 mois. Dès la 6ème semaine, la kinésithérapie