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RÉSUMÉ ANALYTIQUE
L’instabilité chronique du Tchad a freiné la croissance et la réduction de la pauvreté. Malgré
les recettes pétrolières importantes engrangées depuis 2003, le Tchad reste parmi les pays les
plus pauvres du monde et a fait peu de progrès vers la réalisation des objectifs du millénaire
pour le développement (OMD). La situation sécuritaire s’améliore grâce au récent
rapprochement intervenu avec le Soudan, mais des incertitudes demeurent.
La production a baissé de 2 % en 2009, en raison de l’effondrement de la production agricole
due à la mauvaise pluviométrie et à la tendance à la baisse de la production d’hydrocarbures.
L’inflation a atteint 10 % en 2009 mais elle recule depuis la fin de la crise pétrolière et
alimentaire.
La mauvaise récolte pourrait conduire à une pénurie alimentaire pour plus de 2 millions de
personnes (18 % de la population). Le gouvernement a commencé à répondre aux besoins
alimentaires supplémentaires, estimés entre 80.000 et 100.000 tonnes, en coopération avec
des bailleurs de fonds.
La crise financière mondiale a surtout frappé le Tchad par la baisse des prix pétroliers. La
situation budgétaire s’est fortement dégradée en 2009, le gouvernement ayant augmenté les
dépenses publiques, face à la diminution des recettes pétrolières, en épuisant les revenus
pétroliers épargnés à la BEAC. Le niveau des dépenses publiques de 2008-09 n’était pas
viable, entraînant une forte réduction de l’épargne pétrolière et le gonflement de la dette.
La politique budgétaire à moyen terme doit être conçue en tenant compte de l’épuisement des
ressources pétrolières dans les 20 prochaines années. Malgré d’éventuelles découvertes de
gisements, il est quasiment certain que la production de pétrole ira en diminuant. Les services
du FMI recommandent une stratégie d’ajustement budgétaire fondée sur la réduction
constante du déficit primaire non pétrolier, parallèlement à la concentration des dépenses sur
les axes prioritaires. Sans un ajustement budgétaire, la dette atteindra rapidement des niveaux
insoutenables.
Pour 2010, les autorités devraient adopter un collectif budgétaire qui permette le financement
des dépenses prioritaires sous financées tout en continuant de viser une forte diminution du
déficit primaire non pétrolier. Un ajustement supplémentaire sera également nécessaire en
2011, compte tenu des contraintes financières.
Une amélioration générale de la gestion des finances publiques s’impose pour permettre que
les ressources pétrolières se traduisent par des niveaux de capital humain et physique
supérieurs à la période de l’avant-pétrole. Améliorer le fonctionnement de la justice,
renforcer le secteur financier et réformer les entreprises publiques du secteur du coton et des
services publics sont parmi les mesures indispensables pour promouvoir une croissance qui
ne dépende pas exclusivement des ressources pétrolières.