Int´
egration et probabilit´
es ENS Paris, 2013-2014
Exercices additionels : Radon–Nikodym et mesures – Corrig´
e
1 – Th´
eor`
eme de Radon–Nikodym
Exercice 1. (Contre-Exemple `
a R-N) Soit mla mesure de comptage sur (R,P(R)) c’e-`
a-dire que m(A) =
#Apour toute partie Ade R. On note mla reriion de m`
a la tribu bor´
elienne de R.
. Montrer que la mesure de Lebesgue eabsolument continue par rapport `
am.
. Montrer qu’il nexie pas de fonion mesurable f:RR+telle que λ=f·m, o `
uλd´
esigne la
mesure de Lebesgue.
. Conclure quelque chose d’intelligent et intelligible.
Corrig´
e :
. Soit A∈ B(R) telle que m(A) = . Alors A=et donc λ(A) = .
. Supposons qu’il exie une telle fonion f. Alors pour tout xR, on a
=λ({x}) = Z{x}
f dm=f(x).
Ainsi f=puis λ=. Contradiion.
. La mesure µnepas σ-finie et le th´
eor`
eme de Radon-Nikodym ne s’applique pas.
Exercice 2. (Quantification de l’absolue continuit´
e) Soient µet νdeux mesures sur un espace mesu-
rable (E,A).
. On suppose que pour tout ε > , il exieη > tel que pour tout A∈ A,
µ(A)ην(A)ε.
Montrer que νeabsolument continue par rapport `
aµ.
. Montrer que la r´
eciproque evraie dans le cas o `
u la mesure νefinie. Que se passe-t-il si νe
infinie ?
Corrig´
e :
. Soit A∈ A tel que µ(A) = . Alors pour tout ε > on a ν(A)εc’e-`
a-dire ν(A) = .
Pour des queions, demande de pr´
ecisions ou explications, n’h´
esitez pas `
a menvoyer un mail `
a
igor[email protected] , ou bien `
a venir me voir au bureau V.
. On suppose que l’assertion nepas v´
erifi´
ee. Soient ε > et une suite (An)ntels que, pour
tout n,µ(An)net ν(An)ε. Notons Bn=knAkpour tout net B=nBn. Alors
d’apr`
es le lemme de Borel-Cantelli, on a µ(B) = , puis ν(B) = . Par ailleurs, pour tout n, on a
ν(Bn)ν(An)ε. Et la suite (Bn)ned´
ecroissante pour l’inclusion. La mesure ν´
etant finie, on
en d´
eduit que
ν(B) = lim
n→∞ ν(Bn)ε,
ce qui econtradioire.
ATTENTION : on ne peut pas dire que µa une densit´
e par rapport `
aν: les mesures n´
etant pas
n´
ecessairement sigma-finies, on ne peut pas utiliser le th´
eor`
eme de Radon-Nikodym.
Lorsque ν=, il efacile de conruire un contre-exemple (par exemple prendre µet νsur R,
µabsolument continue par rapport `
aνavec une densit´
e non int´
egrable, par exemple xex).
2 – Mesures
Exercice 3. (Le retour du diable) On conruit r´
ecursivement une suite (fn)nde fonions continues
sur [,] telles que f() = et f() = comme suit. On pose f(x) = xpour x[,]. On conruit fn+
`
a partir de fnen remplac¸ant fn, sur chaque intervalle maximal [u,v] o `
u elle nepas conante, par la
fonion lin´
eaire par morceaux qui vaut (fn(u) + fn(v))/sur hu
+v
,v
+u
i.
. Verifier que |fn+(x)fn(x)| ≤ npour tout net x[,]. En d´
eduire que fnconverge uni-
form´
ement sur [,] vers une fonion continue not´
ee fdiable.
. Soit µdiable la mesure sur [,] d´
efinie comme ´
etant la mesure de Stieljes associ´
ee `
afdiable. Mon-
trer que µdiable e´
etrang`
ere par rapport `
a la mesure de Lebesgue. La mesure µdiable a-t-elle des
atomes ?
Corrig´
e :
. On prouve ais´
ement que |fn+(x)fn(x)| ≤ npour tout net x[,] en utilisant la d´
efinition
de fn. Il s’ensuit que la s´
erie de fonions Pn(fn+fn) converge uniform´
ement sur [,] vers
une fonion continue, et le r´
esultat en d´
ecoule. On appelle fl’escalier du diable (cf TD ) :
. Rappelons la conruion de l’ensemble triadique de Cantor. On pose K= [,]. On d´
efinit une
suite (Kn,n ) de la fac¸on suivante : connaissant Kn, qui eune r´
eunion d’intervalles ferm´
es
disjoints, on d´
efinit Kn+en retirant dans chacun des intervalles de Knun intervalle ouvert centr´
e
au centre de chaque intervalle, de longueur /fois celle de l’intervalle. On pose K=TnKn,
appel´
e ensemble triadique de Cantor. Par conruion, le support de la mesure µdiable el’en-
semble de Cantor triadique, qui ede mesure de Lebesgue nulle (voir exercice du TD ). Ainsi
µdiable et la mesure de Lebesgue sont ´
etrang`
eres. Cependant, µdiable na pas d’atomes, car la fonc-
tion croissante fdiable econtinue.
Exercice 4. (Lespace M(R))
(i) Montrer que M(R) l’espace des mesures bor´
eliennes sign´
ees sur Reun espace de Banach pour
la norme
µ7→ kµk,
o`
ukµk=|µ|(R).
(ii) Soit (X,A,µ) un espace mesur´
e fini. Montrer que pour tout fL(X,A,µ) :
kfk=kf·µk,
o`
u (f·µ) ela mesure absolument continue par rapport `
aµde densit´
ef.
Corrig´
e :
(i) Soit (µn)nune suite de Cauchy pour la norme k · k.
´
Etape :pour tout bor´
elien Ade Ret n,p , on a |µn(A)µp(A)|≤kµnµpk, ce qui implique que
la suite (µn(A))nede Cauchy dans R, et converge donc vers une limite not´
ee µ(A).
´
Etape :montrons que µeune mesure. Prouvons tout d’abord que :
lim
n→∞ sup{|µ(A)µn(A)|;A∈ B(R)}=.()
`
A cet eet, soient > et n>tels que kµnµkk ≤ pour n, k n. Soit A∈ B(R). On choisit
k > ntel que |µ(A)µk(A)|< . Alors pour n>n:
|µ(A)µn(A)|≤|µ(A)µk(A)|+|µk(A)µn(A)| ≤ +kµnµkk ≤ ,
ce qui prouve ().
Ensuite, les mesures µnsont en particulier finiment additives, ce qui implique ais´
ement que µ
efiniment additive. Montrons maintenant que µeσ-finie. Soient (Ai)ides bor´
eliens disjoints
et  > . D’apr`
es (), il exien>tel que pour nn:
sup{|µ(A)µn(A)|;A∈ B(R)} ≤ .
On choisit ensuite k>tel que pour tout kk:
µn
[
ik+
Ai
.
En particulier, ceci implique que pour kk:
µ
[
ik+
Ai
.
Par additivit´
e (finie) de µ, on obtient finalement pour tout kk:
µ
[
i
Ai
k
X
i=
µ(Ai)
=µ
[
ik+
Ai
.
Ceci ´
etant vrai pour tout  > , la σ-additivit´
e de µen d´
ecoule, ce qui prouve que µeune
mesure.
´
Etape :on v´
erifie que |µnµ| → . Ceci d´
ecoule imm´
ediatement de () et de l’in´
egalit´
e
kνk=ν(X+) + |ν(X)| ≤ sup{|ν(A)|;A∈ B(R)}
v´
erifi´
ee pour une mesure sign´
ee νsur R(o `
u on a not´
eX±les supports de ν±).
(ii) Il sut de remarquer que l’´
ecriture f·µ=f+·µf·µela d´
ecomposition de Hahn de f·µ, ce
qui implique :
kf·µk=Zf+dµ +Zfdµ =kfk.
3 – Dualit´
eLpLq
On rappelle le r´
esultat suivant, appel´
edualit´
eLpLq. Soit νune mesure σ-finie sur (E, A), soit
p[,[ et soit ql’exposant conjug´
e de p. Alors, si Φeune forme lin´
eaire continue sur Lp(E,A,ν), il
exie une unique application gLq(E,A,ν) telle que pour tout fLp(E, A,ν), Φ(f) = Rf gdν. De plus
la norme d’op´
erateur de ΦekΦk=kgkq.
Exercice 5. (S´
equentielle compacit´
e faible) Soit p],[ et qson exposant conjugu´
e, Run ouvert
de Ret µla mesure de Lebesgue. Soit (fn) une suite born´
ee de Lp() ( c-`
a-d que la suite (kfnkp)ne
born´
ee).
. Montrer que Lq() es´
eparable (c’e`
a dire qu’il contient une partie d´
enombrable dense).
. Soit Dune partie d´
enombrable dense de Lq(). Montrer qu’il exie une sous-suite (fϕ(n)) telle
que pour tout hD,
lim
n→∞ Z
fϕ(n)hdµ exie dans R.
. Montrer que pour tout gLq(),
φ(g) = lim
n→∞ Z
fϕ(n)gdµ exie dans R.
. En d´
eduire qu’il exiefLp() telle que l’on ait convergence faible dans Lp() de la suite (fϕ(n))
vers f, c’e-`
a-dire :
gLq(),lim
n→∞ Z
fϕ(n)gdµ =Z
f gdµ.
. Le r´
esultat pr´
ec´
edent subsie-t-il pour p=?
Corrig´
e :
. On sait d´
eja que les fonions en escalier sont denses dans Lq, il sut donc d’en trouver une
sous famille d´
enombrable qui soit dense dans les fonions en escalier. Par exemple, celles qui
v´
erifient : ”les intervalles ]xi, xi+[ sur lesquelles la fonion econantes sont `
a bornes ration-
nelles, et les valeurs αide la fonion sur ces intervalles sont aussi rationnelles” conituent bien
une famille d´
enombrable.
. Il s’agit d’un simple proc´
ed´
e diagonal : on commence par num´
eroter tous les fonions de D:
h,h,.... Consid´
erons h, par H¨
older, la suite Rfnhdµneborn´
ee par khkqsupnkfnkp, donc
comme il s’agit d’une suite de r´
eels, on peut trouver une extrarice ψtelle que Rfψ(n)hdµ
converge. Ensuite en consid´
erant la suite Rfψ(n)hdµnon conruit une extrarice ψtelle que
Rfψψ(n)hdµ converge, et par r´
ecurrence on conruit une suite d’extrarice (ψk)kqui v´
erifie
que pour tout kZfψ◦···◦ψk(n)hkdµ converge quand n→ ∞.
Si la famille (hk)´
etait finie, il surait de prendre ψ◦ ··· ◦ ψNet on aurait ce qu’il faut, mais avec
une famille infinie il faut ruser. On d´
efinit ϕ(n) = ψ◦ ·· · ◦ ψn(n). Je laisse au leeur le soin de
v´
erifier que pour tout n>k, il exieMntel que ϕ(m) = ψ◦ · ·· ◦ ψk(M) et d’en d´
eduire que
Rfϕ(n)hkdµ converge quand n→ ∞ pour tout k.
. Le plus simple pour montrer que la suite Rfϕ(n)gdµ converge ede montrer qu’elle ede Cauchy.
Soit ε > , et soit hune fonion de Dqui v´
erifie kghkq< ε. Soient n,m ,
Zfϕ(n)gdµ Zfϕ(m)gdµ
<Zfϕ(n)(gh)dµ
+Zfϕ(m)(gh)dµ
+Zfϕ(n)hdµ Zfϕ(m)hdµ
.
Par H¨
older les deux premiers termes sont inf´
erieurs `
a (supkfnkp)εet comme la suite Rfϕ(n)hdµ
converge (par la queion pr´
ec´
edente) elle ede Cauchy, donc il exientel que si n,m > n,
Zfϕ(n)gdµ Zfϕ(m)gdµ
<(supkfnkp+)ε,
ce qui montre que la suite ede Cauchy.
.`
A la queion pr´
ec´
edente on a d´
efinie une fonion de Lqdans R:
φ(g) = lim
n→∞ Zfϕ(n)gdµ.
Ici on veut utiliser le th´
eor`
eme de dualit´
e entre Lpet Lq: si µeσ-finie et p < alors il y a
bijeion entre Lq(µ) et les formes lin´
eaires continues sur Lp(µ) et cette bijeion ef7→ ψf:g7→
Rf gdµ. Donc pour r´
epondre `
a la queion il sut de montrer que φeune forme lin´
eaire conti-
nue. La lin´
earit´
e efacile `
a montrer et la continuit´
e d´
ecoule de H¨
older : φ(g)(supkfnkp)kgkq. Et
voila !
. Non, le r´
esultat neplus vrai pour p=: prenons la suite de fonion fn=[n,n+]qui ebien
born´
ee dans L, et supposons qu’il exie une extrarice ϕet une fonion fLtelle que pour
toute fonion gL, limRfϕ(n)gdµ =Rf gdµ. Regardons des fonions particuli`
eres :
la fonions g=Rmontre que RRf dµ =
la suite de fonion gk=[k,k+]montre que Rk+
kf dµ =pour tout k
Ces deux r´
esultats sont contradioires, ce qui conclut la preuve par l’absurde.
Exercice 6. (Petit contre-exemple) Soient E={a, b}et µla mesure d´
efinie sur P(E) par µ({a}) = et
µ({b}) = µ(E)=+. Cara´
eriser L(µ) et le dual topologique de L(µ). Conclure.
Corrig´
e :
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