Éditorial
Éditorial
La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 7 - septembre 2007
300
pouvant aller jusqu’à plus de 20 millions d’électron-
volts. Ils peuvent être dotés de collimateurs multilame en
tungstène dont la précision de déplacement est submil-
limétrique. Les équipements d’imagerie permettant de
repérer les volumes cibles, les tissus à protéger et les
organes à risque sont soit des scano graphes spécifiques,
soit des simulateurs de radiothérapie. Enfin, les systèmes
de planification dosimétriques sont des calculateurs
capables de modéliser les données physiques mesurées
sous les accélérateurs de particules et de simuler pour
chaque patient et chaque type de faisceau de particules
une irradiation dans une imagerie scanner ou IRM en
tenant compte de la densité réelle des tissus.
Comme tout équipement de haute technologie, ces maté-
riels, issus en règle générale de constructeurs différents,
mais devant “dialoguer” ensemble, subissent une modi-
fication de leurs caractéristiques techniques au cours
du temps. Les sociétés savantes considèrent qu’une
variation de la dose de 5 % par rapport à la prescrip-
tion médicale conduit à une perte de chance pour le
patient ; l’instrument de mesure de la dose le plus précis
ne pouvant être au mieux qu’à 2,5 %, la marge d’erreur
due à la modification dans le temps des équipements
de repérage, de calcul et de traitement ne peut être
qu’inférieure à 1 % pour chacun de ces éléments de la
chaîne du traitement.
Depuis de nombreuses années, les sociétés scientifiques
nationales (Société française de radiothérapie onco-
logique, Société française de physique médicale) ont
rédigé des protocoles de contrôle des équipements et
confortent leurs méthodes avec ceux des autres pays
occidentaux par l’intermédiaire des associations euro-
péennes (ESTRO
1
, EFOMP
2
) et américaines (ASTRO
3
,
AAPM4) ainsi que des organismes internationaux (AIEA5,
CEI6). Une décision de l’Afssaps datée du 2 mars 2004 a
rendu obligatoires des contrôles de qualité internes, par
l’équipe de physique du centre considéré, et externes,
par un organisme agréé, avec une périodicité et une
traçabilité strictes et parfaitement détaillées. Ces véri-
fications doivent porter sur les contrôles mécaniques et
dosimétriques. En cas de variabilité de dose supérieure
à 5 % sur le tir de référence, il y a obligation de contre-
mesures internes dans les 15 jours ; en cas de variabi-
lité de dose supérieure à 10 % sur le tir de référence,
il y a obligation d’intervention par l’organisme agréé
par l’Afssaps. Il est à noter que l’ensemble du matériel
d’imagerie, de calcul et de traitement est soumis à une
obligation de contrat de maintenance avec le construc-
teur, et que l’ensemble des moyens de contrôle et de
mesure pour l’assurance qualité doit lui-même subir un
contrôle annuel. Le contrôle qualité des appareils reste
la priorité dans un programme complet d’assurance
qualité en radiothérapie externe. Une maintenance
préventive doit être programmée régulièrement, avec
correction des performances des appareils si nécessaire.
Les contrôles sont à effectuer dans un premier temps
lors de la réception, de l’installation, et avant la mise
en service. Ils permettront de vérifier si l’équipement
considéré répond aux normes en vigueur au moment de
la livraison. Dans un deuxième temps, les contrôles régu-
liers seront effectués à des intervalles définis à l’avance
dans le programme d’assurance qualité, conformément
aux règles et aux recommandations en vigueur. Enfin,
des contrôles doivent avoir lieu après chaque interven-
tion de maintenance et/ou réparation effectuée par un
des techniciens du fabricant, du fournisseur ou de son
représentant.
La mise en œuvre d’une radiothérapie de qualité impose
donc l’organisation et la gestion au quotidien d’un
programme complet d’assurance qualité. Le contrôle
régulier des appareillages reste une des composantes
essentielles de ce programme. Il nécessite la mise en
œuvre permanente de procédures de tests sans cesse
renouvelées, au rythme de l’évolution de la techno-
logie, des techniques de traitement et des exigences de
sécurité des patients. Les modes opératoires associés à
ces procédures doivent être rapides et sensibles à des
variations inférieures aux seuils de tolérance fixés lors de
la réception des appareils. L’analyse de ces variations au
cours du temps fournit les critères objectifs d’évaluation
de la qualité des appareils utilisés. Un établissement de
radiothérapie de type CHU ou centre régional de lutte
contre le cancer nécessite environ 2 500 heures d’assu-
rance qualité par an et un temps approximativement
identique pour les opérations de maintenance.
SÉCURITÉ
L’amélioration de la sécurité des soins est une préoc-
cupation centrale des systèmes de santé. Cette culture
du contrôle de qualité appliquée aux équipements
1 European Society for Therapeutic Radio-oncology.
2 European Federation of Organisation of Medical Physicists.
3 American Society for Therapeutic Radio-oncology.
4 American Association of Physicists in Medicine.
5 Agence internationale de l’énergie atomique.
5 Commission électronique internationale.