MISE AU POINT
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La Lettre du Cancérologue - Volume XIV - n° 1 - janvier-février 2005
Une amélioration significative est retrouvée dans le bras radio-
thérapie + hormonothérapie par rapport au bras radiothérapie
seule en termes de :
– rechute locale (23 % versus 39 % ; p < 0,0001) ;
– métastases à distance (25 % versus 39 % ; p < 0,0001) ;
– absence de rechute biochimique (PSA < 1,5 ng/ml) ( 30 % ver-
sus 9 % ; p < 0,0001) ;
– mortalité due au cancer de la prostate (17 % versus 22 % ;
p=0,0053) ;
– survie globale (53 % versus 38 % ; p = 0,0043).
La différence entre les résultats à 7,3 ans de suivi et ceux de la
précédente évaluation (durée de suivi médian : 5,6 ans) tient à
l’apparition d’un avantage significatif en termes de mortalité due
au cancer de la prostate et de survie globale en faveur de l’asso-
ciation radiothérapie + hormonothérapie (respectivement p = 0,23
et p = 0,0053 ; p = 0,36 et p = 0,0043).
À 7,3 ans, la supériorité du bras radiothérapie + hormonothéra-
pie sur le bras radiothérapie seule est démontrée quel que soit le
critère analysé, y compris la survie globale ou spécifique.
L’ASSOCIATION RADIOTHÉRAPIE EXTERNE +
HORMONOTHÉRAPIE LONGUE VERSUS RADIOTHÉRAPIE
EXTERNE + HORMONOTHÉRAPIE COURTE
L’étude RTOG 92-02 est une étude de phase III, multicentrique,
randomisée, incluant 1 554 patients atteints de tumeurs de stade
T2c-T4, avec des taux de PSA < 150 µg/l.
Les patients recevaient une radiothérapie externe associée à une
hormonothérapie combinée par goséréline et antiandrogène non sté-
roïdien deux mois avant l’irradiation et deux mois pendant celle-ci.
Ils ont ensuite été randomisés entre l’observation simple (n = 761)
(bras hormonothérapie courte) et l’administration de goséréline
seule pendant 24 mois supplémentaires (bras hormonothérapie
longue) (n = 753).
Les patients ont reçu 1,8-2 Gy par séance. La prostate a reçu une dose
totale de 65 à 70 Gy (stade T2c) ou de 67,5 à 70 Gy (T3-T4) et
les aires ganglionnaires ont reçu une dose totale de 44 à 46 Gy.
La durée médiane de suivi a été de 5,8 ans.
La supériorité du bras radiothérapie + hormonothérapie longue
sur le bras radiothérapie + hormonothérapie courte est démontrée
en termes de :
–survie sans progression clinique (taux de patients sans pro-
gression clinique à 5 ans : 46,4 % versus 28,1 % ; p < 0,0001) ;
–taux de survie spécifique (94,6 % versus 91,2 % ; p = 0,006) ;
–taux de métastases à distance (11,5 % versus 17,0 % ; p = 0,0035) ;
–taux de rechute biochimique (28,0 % versus 55,5 % ; p < 0,0001) ;
–taux de progression locale (6,4 % versus 12,3 % ; p < 0,0001).
Il n’existe pas de différence significative à cinq ans en ce qui
concerne la survie globale (respectivement 80 % et 78,5 % dans
chaque groupe ; p = 0,73).
Une analyse rétrospective après stratification par score de Glea-
son a montré qu’il existait une différence significative en termes
de survie globale et de survie spécifique à cinq ans chez les
patients avec un score de Gleason 8-10 traités par radiothérapie
+ hormonothérapie longue par rapport à ceux traités par radio-
thérapie + hormonothérapie courte (respectivement 81 % versus
70,7 % ; p = 0,044 ; 93,4 % versus 82,0 % ; p = 0,0078).
Des études prospectives sont nécessaires pour confirmer ce résultat.
Néanmoins, cette étude démontre l’intérêt d’un traitement adju-
vant par goséréline chez des patients de stades T2c-T4 traités par
radiothérapie externe.
DISCUSSION
L’amélioration obtenue par l’association radiothérapie + hormono-
thérapie par rapport à la radiothérapie seule peut s’expliquer (14) :
– en néoadjuvant, par l’action cytoréductrice du blocage andro-
génique combiné ;
– en adjuvant, par l’action de l’hormonothérapie sur les locali-
sations occultes systémiques et par l’effet proapoptotique de
l’association radiothérapie + hormonothérapie (effets additifs,
synergiques, ou interaction vraie).
Les résultats des trois études du RTOG et de l’étude EORTC
démontrent tous que l’association radiothérapie externe-gosé-
réline apporte un bénéfice clinique significativement supé-
rieur à celui de la radiothérapie externe seule chez des patients
porteurs d’un cancer de la prostate localement avancé (8, 10-13).
L’utilisation de la goséréline en adjuvant pendant une durée d’au
moins trois ans couplée à la radiothérapie externe accroît signi-
ficativement la survie globale, la survie spécifique et la survie
sans progression (8).
Trois grandes questions se posent actuellement concernant les
modalités de prise en charge du cancer localement avancé de la
prostate par radiothérapie :
✓Quelle durée optimale pour le traitement adjuvant par un analogue
de la LH-RH ?
Cette question est débattue dans la littérature.
L’impossibilité d’une comparaison entre les quatre études pré-
sentées ci-dessus ne permet pas de dégager une recommandation
consensuelle compte tenu des différences entre les populations
incluses, les protocoles thérapeutiques utilisés, le recul (variable
dans le temps) et les critères principaux évalués.
Afin d’apporter des éléments supplémentaires de réponse, l’EORTC
a initié chez des patients cT1c-T2a-b/N1 ou pN1 et cT2c-T4/N0-1
(PSA < 150 ng/ml) une étude d’équivalence de phase III débutant
par une radiothérapie conformationnelle 3D + blocage androgénique
complet pendant six mois, puis suivie d’une randomisation en deux
bras : un bras surveillance et un bras analogue de la LH-RH admi-
nistré pendant 2,5 ans (15). Ses résultats sont attendus.
✓Quelle place pour la radiothérapie conformationnelle dans la
prise en charge des cancers de la prostate T3-T4 ?
La radiothérapie conformationnelle a démontré qu’elle était
efficace, en termes de survie sans progression clinique ou biolo-
gique, sur le cancer localisé de la prostate, au prix d’une tolérance
acceptable (16, 17).
De plus, dans les cancers T1-T3, l’escalade de dose a fait l’objet
de recommandations, sans possibilité, cependant, d’établir un
standard ou des options (18).
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