08 octobre 2014 L'équipe de soins palliatifs va « là où sont les gens » La journée mondiale des soins palliatifs a lieu le 11 octobre. À Lorient, les professionnels qui animent l'équipe mobile expliquent leurs missions, leur questionnement professionnel et humain. L'existence, au sein du Centre hospitalier de Bretagne-Sud (CHBS), d'une équipe mobile de soins palliatifs (EMSP) n'est pas très connue. Pourtant, le dispositif, dirigé par le docteur Véronique Miniac, fonctionne depuis dix ans. Soins palliatifs... L'expression fait peur. Elle ramène à la fin de vie. « Ce n'est pas la phase terminale, précise pourtant le docteur Miniac. La vraie définition correspond à une maladie dont on sait qu'on ne va pas guérir, et qui un jour entraînera la mort. Les soins palliatifs, ça veut dire pallier quelque chose qui va manquer. Prenons l'exemple de métastases osseuses : on peut vivre plusieurs années avec cette pathologie. De même pour un enfant atteint de mucoviscidose. » Médecins, infirmières, psychologues cliniciens, psychomotricienne, assistante sociale, secrétaire... L'équipe mobile de soins palliatifs du CHBS comprend dix personnes, chacune à des temps de travail différents. « Initialement, nous intervenions uniquement à l'hôpital, note Véronique Miniac. Nous n'avons pas de lits d'hospitalisation. Donc, on va où sont les gens : hôpital, établissements d'hébergement, domicile, Kerpape, cliniques, autres structures de soins. » La question délicate de l'euthanasie est rarement évoquée par les patients eux-mêmes, assure la chef de service. De même, « les familles n'abordent jamais le sujet en employant ce mot », poursuit-elle. « Une discipline humble » « Il faut que ça s'arrête, ce n'est plus possible... » Cette expression, en revanche, l'entourage du malade peut l'utiliser. « Qu'est-ce qui n'est plus possible ?, relève Véronique Miniac. L'idée de la séparation ? La déchéance physique ? La douleur ? Nous essayons de comprendre, en tant que médecin, ce qui n'est plus supportable. Notre travail est de le rendre un peu plus supportable quand c'est possible. » La responsable de l'EMSP qualifie sa spécialité de « discipline humble ». A contrario d'« une médecine techno-scientifique ultra-puissante, qui s'est développée dans la seconde moitié du XXe siècle ». « Tout n'est pas médecine » Pour Véronique Miniac, « la question de l'accompagnement de la fin de vie n'est pas une question binaire. L'être humain est ambivalent. Ce temps est celui du patient. La vie est médicalisée du début à la fin. Or, tout n'est pas médecine... » Le patient pris en charge en soins palliatifs y arrive « avec son parcours de vie, son caractère, et éventuellement sa colère. » À l'équipe de soignants de s'adapter à ce que « la personne est capable d'entendre ». Véronique Miniac et sa collègue Violaine Leurent décrivent la médecine de soins palliatifs comme étant une discipline « très riche, qui permet de se poser des questions dans une société qui va à 200 à l'heure ». Catherine JAOUEN.