La lettre du neurologue - n° 6- vol. IV - décembre 2000
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Les résultats de cette enquête, s’ils peuvent paraître illogiques,
voire choquants, ne sont toutefois pas surprenants. De fait, ils
sont un reflet assez réaliste de la situation actuelle en France.
Dans ce sondage, une majorité de confrères (42 %) ont déclaré
qu’il ne fallait pas remettre de certificat attestant du risque lié à
la conduite automobile, alors même que la question spécifiait
bien que le patient concerné était atteint d’une maladie d’Alz-
heimer (MA) à un stade modéré à sévère !
Un résultat illogique et choquant ?
Plusieurs enquêtes épidémiologiques récentes ont pourtant
démontré que les patients atteints d’une MA à ces stades évolu-
tifs avaient un risque élevé d’être la cause et/ou d’être victimes
d’un accident de la route. Sachant cela, il paraît illogique de ne
pas signifier de façon vigoureuse à un patient qu’il ne doit plus
conduire. Qui accepterait de voir quelqu’un de sa famille victi-
me d’un accident causé par un grand dément ? Sans oublier le
risque, toujours croissant, qu’un médecin se voie un jour repro-
cher par les victimes, ou même par la famille du patient, de ne
pas avoir signifié cette interdiction.
Un résultat pourtant attendu
De fait, beaucoup de médecins répugnent à avoir une attitude
ferme dans ce cadre. Certains n’interviennent pas du tout.
D’autres se contentent d’un simple avertissement verbal. Mal-
heureusement, une simple consigne verbale est vite oubliée,
surtout par un patient souffrant de troubles mnésiques.
Comment comprendre cette attitude ?
Tout d’abord, dans l’inconscient collectif, la voiture est un
symbole de liberté individuelle, liberté qu’on répugne à res-
treindre. De plus, il existe de nombreux obstacles concrets :
– l’interdiction de la conduite est souvent très mal acceptée par
les patients, qui la vivent comme une punition ;
– la famille peut avoir le plus grand mal à faire respecter cette
interdiction, face à un patient qui la refuse ou qui devient
agressif ;
– l’interdiction peut aussi poser de réels problèmes pratiques
(notamment en milieu rural), quand le conjoint malade est le
seul à savoir conduire ;
– enfin, le médecin peut juger qu’il est difficile d’apprécier la
compétence du patient à conduire. Bien que ce problème soit
tout à fait pertinent au stade initial, on peut considérer l’argu-
ment comme très spécieux à un stade modéré à sévère.
Pour des patients à un stade modéré à sévère
L’attitude qui me paraît la plus recommandable est la suivante :
– expliquer au patient et à sa famille (conjoint, enfants) les rai-
ENQUÊTE EN LIGNE
La réponse
des neurologues
Nombre de réponses : 180
La question
Chez un malade Alzheimer modérée à sévère,
faut-il remettre un certificat attestant du risque
de la conduite automobile ?
0
10
20
30
40
50
oui : 61 non : 75 NSP : 44
34 %
42 %
24 %