Déclaration de M. Ali Benflis lors de sa visite à la Foire de la production nationale Alger le, 25 décembre 2014 Après avoir effectué cette visite à la Foire nationale et après avoir beaucoup écouté nos producteurs nationaux, je n’ai qu’un seul message à délivrer à ceux que cela concerne. J’invite ceux qui ne savent pas quoi faire pour passer à une économie post-rentière à venir constater que la solution est ici. J’invite ceux qui ne savent pas quelles mesures prendre pour réduire la dépendance absolue de l’économie nationale à l’égard de l’étranger à venir trouver ici la source d’inspiration qui leur manque. J’invite, enfin, tous ceux que la crise énergétique mondiale a mis dans un état de désarroi, à venir se convaincre que c’est d’ici que doit être organisée la riposte pour faire face à ses effets redoutables sur notre économie. C’est en venant ici que vous touchez du doigt tous les maux dont souffre encore le développement économique et social du pays. Ces maux sont connus mais le pouvoir en place n’a ni la volonté ni le courage politiques d’y faire face. Quels sont ces maux ? Après plus d’une décennie et demie d’un pouvoir à vie, notre économie reste toujours rentière. Presque rien n’a bougé et presque rien n’a changé. Notre système économique reste conçu et organisé autour de la distribution de la rente en y facilitant l’accès pour certains et en le refusant à d’autres. Notre système économique demeure aussi clientéliste. Outre l’accès à la rente naturelle générée par les revenus du pétrole et du gaz, nos gouvernants ont multiplié les rentes de situation au profit de leurs relais, de leurs réseaux et de 1 leurs clientèles. Ce sont donc les pouvoirs publics eux-mêmes qui faussent la compétition et multiplient les entraves à la productivité. La compétition entre les acteurs économiques chez nous n’est pas saine, intègre et créative. Notre système économique est, en outre, organisé autour de la prééminence de l’acte d’importation sur l’acte d’encouragement de la production nationale. Ce système facilite tellement l’acte d’importation qu’il en arrive au résultat aberrant de décourager et de rendre sans attractivité particulière l’investissement national. Notre système économique est, enfin, organisé autour de la priorité donnée à la consommation par rapport à la création de richesses. C’est par ce moyen que le régime politique en place achète sa tranquillité et sa quiétude. Et c’est cela qui explique les niveaux insupportables atteints par la facture de nos importations -60 milliards de dollars- et des services – 14 milliards de dollars- pour cette année 2014. Les quelques éléments d’analyse que je viens de vous livrer expliquent beaucoup de choses. Ils expliquent tous ces fléaux du népotisme, du clientélisme et du régionalisme dont souffre la société algérienne. Ils expliquent aussi ces autres fléaux que sont la corruption, la fuite des capitaux, l’évasion fiscale et l’argent douteux qui a permis, durant la dernière décennie, l’émergence de fortunes colossales sans raisons économiques évidentes et acceptables. Et ce sont ces mêmes facteurs qui sont à l’origine de toutes les contreperformances de notre pays dans presque tous les grands classements économiques internationaux. Et c’est ainsi que notre pays occupe la 154ème place pour le climat des affaires ; qu’il occupe la 133ème place pour l’innovation ; et qu’il occupe la 171ème place pour la facilité d’obtention des prêts pour l’investissement. 2 Le redressement économique et social de notre pays devra inévitablement passer par un traitement sans concession de l’ensemble de ces disfonctionnements. Il devra aussi passer par une lutte sans compromis et sans compromission contre tous les fléaux qui aboutissent à la dilapidation des ressources nationales, à la sous-utilisation des capacités nationales et à l’affaiblissement des performances de l’économie nationale. Le redressement économique et social devra impérativement prendre appui sur la libération des initiatives nationales, sur la valorisation des ressources humaines et des capacités matérielles nationales et sur la plus haute priorité qui devra être accordée à l’investissement et à la création de richesses nationales. Le redressement économique et social ne pourra être que le produit d’un effort national, de nos propres ressources qui sont grandes et d’une mobilisation nationale dont nous sommes capables. 3