Il faut également signaler la présence de marabouts tidianes dont le plus connu reste Serigne
Malick Sall, muqaddam d’Elhadj Malick SY.
Mon père Ndiaye Diouf, fils de Mbagnick, est né à Saint-Louis. A l’instar des Originaires des
Quatre Communes, il était citoyen français et votait lors des élections législatives et
municipales. Une grande partie de sa famille vivait encore à Saint-Louis. Je me souviens de
ses frères, mes oncles, mais aussi et surtout de ma grand-mère paternelle, Fama Bass, de sa
sœur, Magatte Bass et de sa nièce, Toutane Bass. Mon père était un homme calme, avare en
paroles. Un des traits de sa personnalité qui m’a cependant le plus marqué est sa générosité,
sa loyauté, et surtout sa grande humilité.
La tradition saint-louisienne voulait que l’éducation des enfants fût faite par les tantes ou
grand mères paternelles. Je ne pouvais ainsi échapper à cette règle.
Aussi à l’âge de deux ans et demi, je quittais Mbacké, dans le Baol, où mon père était affecté
trois mois après ma naissance, pour la fraîcheur des nuits saint-louisiennes. Au demeurant,
Mbacké constitue, pour moi, le royaume d’enfance. J’y revenais passer mes vacances
jusqu’en 1945, année où mon père quitta cette ville. A Saint-Louis, ce fut ma grand-mère
paternelle Fama Basse qui devait se charger de mon éducation.
La maison familiale, sise au 43 rue André Lebon, entre les rues de France et l’avenue Jean
Mermoz (ex rue Brière de L’Isle), se trouve en fait dans le sous quartier que les Saint
Louisiens appellent « Boppu Ndaru Lodo » ou pointe nord, à un jet de pierre de la grande
mosquée de la ville. Je vécus là dans l’insouciance, sous le regard protecteur de ma grand-
mère, de sa sœur et de sa nièce, Toutane Basse. C’est cette dernière, qui, après le décès de
ma grand-mère, s’occupa particulièrement de mon éducation, en même temps que de celle de
ses propres enfants. Je porte le nom de son père. Elle était mariée à Abdoulaye Damimou Ly
qui travaillait au Bas-Sénégal. Sa fille, Aïda Ba avait épousé Doudou Guèye, un cheminot,
mais les difficultés matérielles et financières engendrées par la grève du Chemin de fer de
1947 eurent raison de ce mariage qui finit par se rompre. Ce fut un véritable drame familial.
Comme la quasi-totalité des enfants de Saint-Louis, j’ai fréquenté très tôt l’école coranique.
Saint Louis était un important centre religieux, fortement influencé par la Mauritanie voisine.
De grands érudits islamiques s’y signalèrent dès le XIXè siècle, comme Amat Ndiaye Ann et
Bou El Modgad Seck., tous deux cadis et tamsirs, pour ne citer que ceux-là. La ville accueillit
aussi de grandes figures de l’Islam au Sénégal, à l’image d’El Hadj Malick Sy qui y institua
une mosquée-Zawiya. D’ailleurs, Saint Louis est la seule ville à jouir de ce privilège, avec
Dakar et Tivaouane, capitale de la Tidjanya au Sénégal. La ville était donc réputée pour ses