
246 Pharmactuel 2013;46(4) © APES tous droits réservés
critique et vulnérable, les soignants assument beaucoup de
responsabilités et effectuent plusieurs tâches complexes en
même temps. Peut-être est-il plus opportun de commencer
à informatiser les services de longue durée où la rotation
des patients, les changements et les soins sont moins
contraignants et moins importants ? Cependant aucune
preuve issue de la littérature scientifique ne permet à notre
connaissance de justifier cette opinion.
Les différences observées entre les études s’expliquent
par les méthodes utilisées, les patients, l’évaluation de la
prescription médicale informatisée, le processus, le groupe
et la période d’implantation, la robustesse du système papier
précédant l’implantation. Les prescripteurs électroniques
varient également entre eux par leur facilité d’utilisation, leur
possibilité de personnalisation, la présence et l’importance
de l’aide à la prise de décision clinique. Le succès d’une
implantation dépend de la préparation organisationnelle du
changement, de l’engagement des utilisateurs, du soutien
technique et de la gestion du projet. Les effets bénéfiques
de l’implantation pourraient être influencés par la situation
précédant l’implantation. Les auteurs ont très peu spécifié
la finesse de l’analyse des prescriptions médicales par les
pharmaciens avant l’implantation.
Dans cette étude, l’implantation de la prescription médicale
informatisée a été bien planifiée. Les responsables de
l’implantation du système ont cependant été confrontés à
la lenteur occasionnelle du serveur, à des résistances face
à l’utilisation du logiciel et à la fatigue due aux alertes
redondantes pour de faibles risques. Cette unité de soins
intensifs a été le seul service de l’hôpital à bénéficier de
l’implantation du logiciel, ce qui a nécessité un effort
supplémentaire de la part des internes qui changent
régulièrement dans cette unité de soins. Un meilleur
soutien du nouveau logiciel à l’aide à la décision clinique,
comprenant des conseils sur la dose, la durée de traitement,
le taux optimal de tests de laboratoire, l’utilisation des
données des patients, des recommandations ou encore une
aide au sevrage de la ventilation mécanique aurait peut-être
conduit à des résultats différents.
Cette étude est intéressante, compte tenu de la méthode
proposée et des critères évalués. De plus, les données de cet
article sont généralisables du fait de la commercialisation
du prescripteur électronique, des origines et du bagage
technologique diversifié des employés. Toutefois, les auteurs
n’ont pas été en mesure d’analyser des critères d’évaluation
intermédiaires, comme la performance technique, les
évènements indésirables médicamenteux, l’adhésion aux
lignes directrices et la satisfaction des utilisateurs.
D’autres études démontrent par ailleurs la satisfaction des
utilisateurs. Ainsi, dans un sondage mené dans un centre
hospitalier universitaire aux Pays Bas, Khajouei et coll. ont
démontré la satisfaction des médecins et des infirmières
portant sur la facilité d’utilisation, l’effet sur le flux de
travail, la sécurisation du circuit du médicament et sur son
efficience11. Les auteurs ont cependant noté la nécessité
d’améliorer les fonctionnalités et l’ergonomie du logiciel11.
De même, Lee et coll ont rapporté une satisfaction moyenne
des utilisateurs de 5,07 sur une échelle de 1 à 712.
Au Québec, les pharmaciens exerçant en établissement
de santé et en officine sont interpelés plus que jamais par
l’utilisation de ce type d’outil avec le déploiement du Dossier
Santé Québec en officine et de dossiers patients électroniques,
tel OACISMD, en établissement de santé. Compte tenu des
coûts substantiels liés à la mise en place de la prescription
médicale informatisée, les pharmaciens devraient suivre la
publication de données probantes afin de profiter pleinement
de cette technologie et de limiter les maladresses.
Financement
Aucun financement en relation avec le présent article n’a été
déclaré par les auteurs.
Conflits d’intérêts
Les auteurs ont rempli et soumis le formulaire de l’ICMJE
pour la divulgation de conflits d’intérêts potentiels. Les
auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêts en relation
avec le présent article.
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