Concernant les résultats eux-mêmes, ils sont en légère
amélioration par rapport à l’année dernière, avec 69 % d’indi-
cateurs affichant une évolution positive.
Mesdames, messieurs les sénateurs, comme vous pouvez le
constater, l’exécution budgétaire de l’année 2010 qui vous est
présentée dans ce projet de loi de règlement reflète la déter-
mination du Gouvernement à effacer rapidement les stigmates
de la crise, sans pour autant ignorer les enjeux liés à la
compétitivité nationale et à la solidarité au sein de l’Union
européenne. Les événements récents, tout comme la reprise
de la croissance, sont venus nous donner raison.
L’année 2010 était une année charnière : nous avons
progressivement mis fin aux dépenses conjoncturelles du
plan de relance, qui ont permis de soutenir l’activité et de
protéger autant qu’il était en notre pouvoir les Français de la
crise. Dans le même temps, nous avons engagé des investis-
sements structurels qui stimulent notre croissance potentielle.
Ce basculement s’est opéré dans le plein respect des engage-
ments que nous avions pris devant vous de maîtrise des
dépenses courantes.
Nous poursuivons sur cette voie en 2011, et les bons
résultats que nous enregistrons d’ores et déjà doivent nous
encourager à aller plus loin dans cette direction que nous
avons définie ensemble. (Applaudissements sur les travées de
l’UMP.)
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des
finances. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État,
mes chers collègues, si le projet de loi de règlement ne suscite
généralement pas une grande passion, pas plus au Parlement
qu’à l’extérieur, c’est, me semble-t-il, pour deux raisons, une
bonne et une mauvaise.
La mauvaise, c’est qu’il s’agit d’un texte rétrospectif, et que
le passé n’est jamais passionnant pour les acteurs de la vie
politique. Pourtant, à condition d’y consacrer du temps,
l’examen du projet de loi de règlement, qui est le rapport
de gestion de l’État, se révèle extrêmement utile, ainsi qu’en
témoigne l’expérience de la commission des finances : cette
dernière, sur l’initiative de Jean Arthuis, auditionne en effet
systématiquement depuis plusieurs années les ministres,
notamment sur leurs indicateurs de performance.
La bonne raison, c’est celle qui prouve le caractère obsolète
de la loi de règlement : ce qui compte aujourd’hui, ce n’est pas
tant le solde de l’État que celui des administrations publiques.
Au regard de vos responsabilités antérieures, monsieur le
secrétaire d’État, je ne vous apprendrai rien en disant que
nous devons surtout, conformément aux engagements que
nous avons pris, prouver notre capacité à respecter le pacte
européen de stabilité et de croissance, laquelle doit évidem-
ment s’apprécier au niveau non pas du seul État, mais de
l’ensemble « maastrichtien » composé de l’État, de la sécurité
sociale, des collectivités territoriales et des divers organismes
d’administration publique.
M. Jean Arthuis, président de la commission des finances. Eh
oui !
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des
finances. Or, s’agissant du programme de stabilité et de crois-
sance, rien dans notre système public ne permet aujourd’hui
de confronter les objectifs aux résultats.
À cet égard, la loi de règlement fonctionne comme ces belles
machines d’autrefois : une mécanique sophistiquée et bien
huilée. Tout est paramétré et sans surprise.
Mais la loi de règlement n’est plus pertinente : si elle
conserve une certaine utilité, elle ne peut cependant se substi-
tuer à une vraie reddition des comptes, qui seule permettrait
de savoir si les engagements ont été respectés, si le cap de la
convergence a été tenu, et si des arrangements, petits ou
grands, n’ont pas été pris avec la vérité en cette période de
sortie de crise.
Je me contenterai, monsieur le secrétaire d’État, de tirer
cinq enseignements de ce projet de loi de règlement. Pour le
reste, je me permets de renvoyer à mon rapport écrit, et je
remercie nos collègues d’avoir participé nombreux, et très
activement, aux travaux de la commission : les vieux
animaux parlementaires que nous sommes, monsieur le secré-
taire d’État, savent bien que, pour ce genre de textes, les
séances de commission sont plus utiles que les séances
plénières…(Sourires.)
Premier enseignement : une prévision de croissance
prudente réserve d’agréables surprises en exécution. L’année
2010 en porte le témoignage : le Gouvernement, rompant en
cela avec une longue série, avait en effet retenu une prévision
minimaliste de croissance du PIB de 0,75 %. La réalité a
finalement été bien meilleure, le taux constaté en exécution
s’établissant à 1,5 %. Dès lors, il ne faut pas s’étonner que la
loi de règlement soit bonne : elle ne fait que traduire la
prudence de la prévision initiale !
Au final, le déficit des administrations publiques s’établit à
7,1 % du PIB, contre une prévision de 7,6 %. Il convient
toutefois de relativiser cette « bonne performance » puisque,
en 2010, seuls cinq États de la zone euro ont présenté un
déficit plus élevé que celui de la France : la Grèce, l’Irlande,
l’Espagne, la Belgique et la Slovaquie.
Nous pouvons toutefois nous réjouir d’avoir fait mieux que
prévu. Nous devons aussi tenir compte des dépenses excep-
tionnelles, qu’il s’agisse de la réforme de la taxe professionnelle
et, surtout, du plan de relance, qui ont perturbé les séries.
Mais j’ai le sentiment que nous avons pris nos responsabilités
dans la crise.
Deuxième enseignement : même si l’État a plutôt bien tenu
ses dépenses en 2010 –la commission a pu constater qu’il
n’était pas à l’origine de la dynamique des dépenses des
administrations publiques –, il ne faut surtout pas relâcher
l’effort.
Bien que les normes aient été respectées, n’oublions pas
que, en 2010, avec un déficit de 149 milliards d’euros, le taux
de couverture des dépenses du budget général par les recettes
–c’est une vielle notion, mais il convient de s’y rapporter, avec
les règles du bon sens –atteint un « point bas » historique, à
53 %, contre plus de 85 % en 2007. La crise est incontesta-
blement passée par là. Ainsi, l’an dernier, à cette même
période, nous commencions à vivre à crédit, et la situation
a duré jusqu’au 31 décembre. Quant à l’encours de la dette
nominale de l’État, il s’élevait à la fin de l’année 2010 à
1 212 milliards d’euros, en progression de 40 % par rapport
à 2005.
Troisième enseignement : la contrainte budgétaire incite le
Gouvernement à prendre des libertés avec les règles de gouver-
nance. Comme vous l’avez dit très justement, monsieur le
secrétaire d’État, la norme de dépense retenue pour 2010 était
le « zéro volume ». Elle a certes été respectée –je vous en
donne acte –, mais au prix de quelques aménagements
méthodologiques qui, s’ils se défendent, ne sont pas mineurs.
SÉNAT –SÉANCE DU 7 JUILLET 2011 6039