SÉNAT – SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 2006 9839
de loi de fi nances fait comme s’il ne s’était rien produit l’an
passé et réintègre ces crédits au sein du programme « Santé
publique et prévention ».
Je considère que ces agissements ne sont pas acceptables.
En conséquence, afi n d’avoir un débat de fond sur ce point
et sur le positionnement de la mission interministérielle
de lutte contre la drogue et la toxicomanie, la MILDT,
la commission des fi nances vous proposera à nouveau un
amendement de transfert de crédits.
Enfi n, je note que le ministère de la santé mobilise les
fonds de roulement de certains établissements publics. Le
fonds de roulement de l’Institut national de prévention
et d’éducation pour la santé, l’INPES, devrait être mis à
contribution à hauteur de 20 millions d’euros et celui de la
Haute Autorité de santé, la HAS, à hauteur de 31 millions
d’euros. Ces prélèvements sur fonds de roulement permet-
tent ainsi de réduire les dotations versées par l’État, ce qui
est de saine gestion.
Ces trois données générales étant posées, je souhaite vous
faire part de mes principales observations concernant les
différents programmes.
Concernant le programme « Santé publique et préven-
tion », les subventions accordées aux opérateurs – l’Institut
national du cancer, l’INCA, et l’Institut national de préven-
tion et d’éducation pour la santé – représentent près d’un
quart des crédits du programme.
M. Guy Fischer. C’est vrai !
M. Jean-Jacques Jégou, rapporteur spécial. La lutte contre
le cancer constitue la principale dépense du programme,
puisque près de 63 millions d’euros lui sont consacrés en
2007, hors subventions accordées à l’INCA.
On relève également trois autres dépenses importantes.
La lutte contre le Sida mobilise 36,4 millions d’euros.
La lutte contre la tuberculose fait appel à 28,5 millions
d’euros. À cet égard, il y a lieu de s’inquiéter, monsieur le
ministre, du redémarrage de la tuberculose dans notre pays,
avec des cas résistants aux antibiotiques.
M. Guy Fischer. En effet !
M. Jean-Jacques Jégou, rapporteur spécial. Par ailleurs,
17,7 millions d’euros sont consacrés par le ministère de la
santé à divers dispositifs de vaccination.
J’observe également que les objectifs et indicateurs de
performance associés au programme devraient encore
faire l’objet d’améliorations pour permettre d’apprécier
réellement l’effi cacité des dépenses dans le cadre de la loi
organique relative aux lois de fi nances, la LOLF.
Concernant le programme « Offre de soins et qualité
du système de soins », deux constats de fond s’imposent.
D’une part, les crédits inscrits sur ce programme sont
minimes par rapport aux dépenses incombant à l’assurance
maladie. D’autre part, les marges de manœuvre du minis-
tère apparaissent réduites sur près de la moitié des crédits du
programme, qui correspondent à la formation des médecins
ou à l’organisation de concours.
À cet égard, je souhaite, monsieur le ministre, que vous
nous indiquiez combien d’internes bénéfi cieront de l’année-
recherche, qui mobilise 5,46 millions d’euros en 2007 ?
Les objectifs et indicateurs de performance associés à ce
programme sont en phase avec les leviers d’action du minis-
tère et sont donc satisfaisants.
Toutefois, je souhaite que vous nous précisiez quels seront
les leviers d’action du ministère pour améliorer l’indicateur
« Taux d’atteinte des objectifs nationaux quantifi és fi gurant
dans les contrats passés entre l’État et les ARH ». La cible
fi xée pour 2010 est très ambitieuse compte tenu de la situa-
tion actuelle. Ainsi, on passerait d’un taux de réalisation de
25 % en 2007 à un taux de réalisation de 100 % en 2010.
Concernant le programme « Drogue et toxicomanie », la
principale observation a trait au positionnement délicat de
ce programme au sein de la mission « Santé », que j’ai déjà
mentionné. Nous y reviendrons à l’occasion de l’examen de
l’amendement de la commission.
Je constate, par ailleurs, que les recommandations que
j’avais formulées l’an passé ont été suivies. Les activités de
l’association Toxibase, qui était fi nancée à 100 % par la
MILDT, ont été réintégrées au sein d’un des groupements
d’intérêt public qui lui sert d’opérateur. Cela permet une
économie de 150 000 euros et une diminution du nombre
des emplois.
Enfi n, certains indicateurs devront être complétés pour
permettre d’apprécier l’effi cacité des actions menées sous
l’impulsion de la MILDT. Monsieur le ministre, cette
association est directement reliée au Premier ministre, ce
qui agace quelque peu votre ministère.
Sous réserve de ces remarques et de l’amendement qu’elle
présente, la commission des fi nances vous propose d’adopter
les crédits de la mission « Santé ». (Applaudissements sur les
travées de l’UC-UDF et de l’UMP.)
Mme la présidente. La parole est à M. le rapporteur pour
avis.
M. Alain Milon, rapporteur pour avis de la commission des
affaires sociales. Madame la présidente, monsieur le ministre,
mes chers collègues, vous avez pris connaissance à l’instant
des grands équilibres budgétaires de la mission « Santé »,
grâce à la présentation très complète faite par mon collègue
de la commission des fi nances. Il ne me paraît donc pas
utile d’y revenir. C’est pourquoi je limiterai mon interven-
tion à trois points qui ont particulièrement attiré l’attention
de notre commission à l’occasion de l’examen des crédits de
cette mission.
Je vous ferai part, pour commencer, des interrogations qui
nous sont inspirées par le fi nancement des plans de santé
publique.
L’effort budgétaire important opéré cette année sur la
mission « Santé » est presque exclusivement consacré au
plan cancer, qui s’achève en 2007. Nous ne contestons pas,
bien sûr, la légitimité de ce fl échage, mais il soulève, à notre
sens, deux problèmes.
Tout d’abord, nous pensons que les mesures de lutte
contre le cancer doivent, pour être effi caces, s’appuyer sur
un opérateur fort. Or, l’INCA a été, depuis sa création en
2005, la cible de critiques continues portant sur sa gestion.
Il apparaît donc urgent que sa nouvelle direction restaure
la confi ance des professionnels de santé et de la population
tout entière en la capacité de l’Institut à mener le plan à
échéance et à poursuivre la coordination de la lutte contre le
cancer au-delà de 2007.
Ensuite, nous constatons que, mécaniquement, la priorité
donnée au plan cancer se fait au détriment de la prise en
charge fi nancière d’autres pathologies.
M. Guy Fischer. C’est vrai !