DOSSIER THÉMATIQUE San Antonio Breast Cancer Symposium 2009 Bilan et nouveautés 10 ans après les premières publications Innovations 10 years after the first publications P. de Cremoux*, J. Jacquemier** L Références bibliographiques 1. Perou CM, Sorlie T, Eisen MB et al. Molecular portraits of human breast tumours. Nature 2000;406:747-52. 2. Veer LJ, Dai H, Van De Vijver MJ et al. Gene expression profiling predicts clinical outcome of breast cancer. Nature 2002;415:530-6. 3. Prat A, Perou CM. Deconstructing the molecular portraits of breast cancer. Mol Oncol 2010(in press). * Institut Curie, Paris. ** Institut Paoli-Calmettes, Marseille. es cancers du sein représentent un groupe hétérogène traduit par 39 types histologiques différents mais dont les profils d’expression des récepteurs hormonaux et de HER2 sont utilisés depuis longtemps en clinique. Cependant, une avancée importante a été apportée par les premiers travaux de Perou et Sorlie (1), qui ont proposé une classification moléculaire et pronostique des cancers du sein en 5 sous-types (luminal A, luminal B, HER2 like, basal-like, normal-like), fondés sur l’analyse du transcriptome des tumeurs. Depuis une décennie, de nombreuses signatures pronostiques et prédictives ont été publiées, certaines en comparaison avec les facteurs clinico-pathologiques classiques (2). Après un enthousiasme majeur, un certain nombre de questions ont été posées concernant la reproductibilité de ces analyses de haut débit, ce qui a conduit à revoir les analyses non pas gène à gène mais par les voies majeures responsables des réponses cellulaires (métagènes). Après de nombreux travaux et publications, le décryptage de l’hétérogénéité moléculaire des cancers du sein reste encore incomplet, ce qui explique la poursuite des recherches. Ainsi, dans son exposé, Ch. Perou (université de Caroline du Nord) a repris l’historique d’une décennie de découvertes moléculaires des cancers du sein, ajoutant une nouvelle classe moléculaire appelée le groupe “claudin-low” (CL) représenté par la faible expression des gènes codant pour des protéines de jonction intercellulaire, les claudin (3). Quelques questions permettent de mieux comprendre ce nouveau sous-type. ➤➤ Que représente-t-il en fréquence ? Les CL représentent 12 à 15 % des cancers du sein. ➤➤ Comment ce nouveau sous-type a-t-il été déterminé ? Il a été distingué des carcinomes basaux par la sous-expression des claudin. Les claudin 3, 4 et 7 sont de petites protéines jouant un rôle majeur dans les jonctions intercellulaires. Elles sont constituées de 4 domaines transmembranaires, de 2 boucles extramembranaires et d’extrémités intracytoplasmiques. Parmi les gènes associés à cette sous-expression, 20 sont sous-exprimés et reliés aux jonctions intercellulaires, ce qui explique leur plus grande différenciation dans le sens d’une transition épithélio-mésenchymateuse (EMT) [vimentine positive, N-cadhérine, twist…]. Le deuxième cluster de 40 gènes est surexprimé et repré- 6 | La Lettre du Sénologue • n° 48 - avril-mai-juin 2010 sente la composante immune (IL6, CXCl2, CD4...). Par comparaison avec le sous-type basal-like, les gènes de la prolifération sont également sous-exprimés (inférieur au niveau des luminaux A), mais c’est aussi le cas pour PARP1 .La caractéristique principale est l’association avec les cellules souches, qu’elles soient cd44+/cd24- ou ALDH1 positives, ce qui pourrait soustendre une certaine résistance thérapeutique. ➤➤ Quelle place ces CL occupe-t-il au sein des carcinomes triple négatifs et des carcinomes basaux ? Dans la catégorie des triple négatifs (TN), 32 % sont CL pour 47 % de carcinomes basal-like. Inversement, au sein des carcinomes basal-like, 60 % des CL sont TN, 15 à 25 % sont RE+, pour 10 % de RE-. ➤➤ Existe-t-il un aspect morphologique spécifique ? Oui, dans la mesure où les carcinomes médullaires et métaplasiques sont CL. Cependant, ils ne représentent que 5 à 7 % des cancers du sein ; par conséquent, d’autres types de carcinomes canalaires sont CL. En revanche, tous les CL sont de type canalaire. ➤➤ Pronostic. Les tumeurs CL sont de plus mauvais pronostic que les luminaux A, mais ne sont pas plus péjoratives que les autres sous-groupes (basal-like, HER2). ➤➤ Relation entre claudin-low et BRCA1. Peu d’études sont publiées. Cependant, si 61 % des tumeurs BRCA1 mutées sont de type basal-like, 22 % seulement sont CL. ➤➤ Réponse thérapeutique et claudin-low Sur une petite série de tumeurs traitées en néo-adjuvant associant anthracyclines et taxanes, les réponses complètes histologiques ont été observées dans 39 % des CL pour 73 % des carcinomes basal-like. Conclusion Le sous-type CL vient d’être identifié à partir du sous-type basal-like considéré comme hétérogène. L’intérêt clinique de cette nouvelle entité demande à être exploré. Cependant, l’association du profil cellule souche avec une différenciation plus mésenchymateuse et une réaction immune importante pourrait permettre la découverte de nouveaux gènes d’intérêt pour une thérapeutique plus spécifique. Il s’agit par conséquent d’un sous-type à suivre. ■