Epidémiologie des tumeurs bénignes et des cancers du sein

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CANCERS TRIPLE-NEGATIFS
Aspects moléculaires morphologiques et cliniques
Professeur Jean-Philippe BRETTES
Hôpitaux Universitaires de Strasbourg
Compréhension grâce à l’analyse de profils d’expression
de transcription des cancers infiltrants
5 principaux sous types individualisés
- luminal A : forte expression RE RP
- luminal B : faible expression RE RP
prolifération
- ERB B2 : fortement sur-exprimé
- basal like : absence d’expression RE, RP, ERB B2
- normal like
CM Pérou, Nature 2000
T. Sorbie et coll. P.N.A.S. 2001, 2003
Définition
Cancers infiltrants triple-négatifs
- absence d’expression RE, RP, ERB B2
- ne bénéficient pas de traitements ciblés
- pronostic défavorable
- identifiés par immuno-histo-chimie en tissu fixé ou inclus en
paraffine
Parmi ces cancers triple-négatifs : groupe hétérogène
- certains expriment les marqueurs type basal (basal-like)
- d’autres n’expriment pas
Sotiriou et coll. N.E.J.M. 2009
Epidémiologie
Cancers triple-négatifs
- 12 à 18% de l’ensemble des cancers du sein
- très fréquents : *15 à 20% d’origine européenne
*30 à 35% d’origine africaine et afro-américaine
- âge médian au Dg : plus jeune
- type tumoral : plus agressif
- pas de lien avec le niveau social
KB Bauer et coll. : Cancer 2007
JS Reis-Filho et coll. : Histopathology 2008
BP Schneider et coll.: Clin. Cancer Res. 2008
Cancers triple-négatifs
Clinique et pronostic comparés aux non triple-négatifs
- Pronostic moins bon (toutes études)
- profil évolutif particulier : diffusion métastatique
précoce et agressive
- survie médiane et SSR plus courte
- taux de rechutes métastatiques précoce et plus élevée
dans les 5 ans
Comparés aux non triple-négatifs
- Plus de métastases viscérales (RR osseux identique)
* Dent : Breast Cancer Res. Treat. 2009
- Diffusion métastatique a 5 ans plus élevé : RR = 2,14
* perte en survie : RR = 1,79
Haffty J. Clin. Oncol. 2006
- Particularité : meilleure réponse à CT néo-adjuvante
Liedtke et coll. J. Clin. Oncol. 2008
1100 ptes : 22% réponse complète histol. = groupe TN
vs non TN : 11%
mais SV à 3 ans moins bonne
TN 74% vs non TN 89% OR = 2,53
Parmi les cancers triple-négatifs :
On identifie des tumeurs basal-like (BL)
- Appelés BL, elles expriment les gènes retrouvés dans les cellules
basales myo-épithéliales normales du sein
- Représentent 15% à 18% de cancers infiltrants soit 80% des TN
Caractéristique biologique des cancers basal-like
- basal-like : caractéristiques bien définies
*tumeurs à phénotype triple négatif
*expriment les cytokératines de haut poids moléculaires 5,
6 ou 14 dites basales car exprimés dans les cellules myoépithéliales dites basales
*expression élevée de R-EGF (prolifération membranaire)
Caractères biologiques des cancers basal-like
Etudes transcriptomiques récentes montrent l’existence
de 2 groupes différents selon le profil transcriptomique
1) Associées à une importante activation des gènes de l’immunité
(immuno-globulines) et de la voie de signalisation de l’interféron
Ex : Cancer Médullaire : pronostic plus favorable
Z. Hu et coll. B.M.C. Genomics 2006
F. Reynal : Breast Cancer Res. 2008
2) Associées aux gènes de la matrice extra-cellulaire et du cytosquelette : actine, moesine, ezrine
F. Bertucci : Cancer Res. 2006
B. Kreike : Cancer Res. 2007
Cancers triple-négatifs et basal-like : quelle différence ?
Basal like :
1) Morphologie
- type canalaire indifférencié
- contour tumoral bien arrondi
- grade 3 – fort index mitotique
- mitoses élevées (atypies) Ki 67 élevé
- exprime cytokératine de haut poids moléculaire CK 5, 6, 14 et
EGF-R
- larges plages de nécrose centrale
- important infiltrat lymphocytaire périphérique
Cancers triple-négatifs et basal-like : quelle différence ?
Basal like :
2) Biologie
2 phénotypes – carcinome métaplasique, médullaire mais 7,3%
de cancers NON TN expriment des marqueurs de tpe basal-like :
- adénoïdes kystiques
- sécrétant juvéniles
au pronostic favorable avec traitement chirurgical loco-régional
Cancers triple-négatifs et basal-like : quelle différence ?
Basal like :
3) Génomique
*Nombreuses mutations associées
- P53 = 100%
- PTEN
- activation voie AKT/m TOR
*Tumeurs survenant dans un contexte de mutation BRCA1
dont elles partagent les caractéristiques génomiques,
transcriptomiques et morphologiques des tumeurs sporadiques
BL
*On définit ainsi un phénotype BRCAness
Similitudes partagées entre cancers basal-like sporadiques
et les cancers BRCA1 mutés
- Les cancers héréditaires BRCA1 sont de type basal-like :
*dans 85% des cas
*même caractéristiques génomiques, transcriptomiques,
morphologiques comparés aux basal-like sporadiques
*TP 53% mutés dans 100% des 2 groupes
- Les T basal-like sporadiques ont :
*méthylation promoteurs BRCA1 (inactivation somatique du
gène)
*les T basal-like sont nommés : cancers BRCA1 like du fait
d’analogies morphologiques et immuno-phénotypiques analogies
NC Turner. Oncogènes, 2006-2007
Cellules tumorales BRCAness :
- présentent une altération des systèmes de réparation
des lésions de l’ADN
- sont particulièrement dépendantes du système de réparation
des cassures, simple brevé
- mettant en jeu l’enzyme PARP1 (poly [ADP-zibose] polynérase)
- tumeurs très sensibles aux inhibiteurs de PARP
CONCLUSION 1
- Cancers triple-négatifs
*Groupe distinct des cancers du sein
*Pronostic alourdi par plusieurs facteurs :
.agressivité plus grande
.évolution métastatique plus précoce
.absence de thérapeutique spécifique disponible
.classification récente (études génomiques) intègre les
triples négatifs dans le groupe des cancers basal-like
CONCLUSION 2
- 2 entités non strictement superposables triples-négatifs
* Groupe sans thérapeutique ciblé
* Associés à prolifération élevée
* Meilleure réponse à CT à base d’anthracyclines > luminal B
* Perspective : association CT aux inhibiteurs de PARP (polyADP-ribose-polymérase) inhibent la voie de réparation des
cassures des brins d’ADN – détruisent les cellules tumorales
incapables de réparer les cassures double-brin
CONCLUSION 3
- Rôle des pathologistes : essentiel
Récemment publié ASCO 2009
1ers résultats phase 1 des perspectives des traitements spécifiques
réservés avec carcinomes triples-négatifs/basal-like rendant
indispensable leur identification fiable des pathologistes dans des
laboratoires spécialisés
PC FONG et coll. N. Engl. Med. J. 2009
Inhibition of poly (ADP-ribose) polymérase in tumors from BRCA mutations carriers
N.E.M.J. 2009, 361, 123-134
IMAGERIE DES CANCERS TRIPLE-NEGATIFS
Imagerie : 4 études des cancers triple-négatifs
- Yant N.T. : Mammographie seule
Breast Cancer Res. Treat. 2008
- Wang Y. : Mammo + échographie
Radiology 2008
- Dogan BE. : Mammo + Echo + IRM
Am. J. Roentgenol 2010
- Uematsu T. : IRM seule
Radiology 2009
Aspects mammographiques
Etude de Yang WT Breast Cancer Res. Treat. 2008
198 patientes avant ménopause 38 TN
Cancers infiltrants
Masse (opacité arrondies)
Distorsion architecturale
Calcification isolées
Aspect bénin
Triple-négatifs
Non TN
85%
jamais
jamais
36%
17%
Image particulière expliquée pour agressivité de ce sous-groupe
5%
Aspect mammographique et échographique
Wang Y. Radiology 2008 : 56 patientes
- Mammographie : *calcifications isolées = 10%
*absence de distorsion
*aspects bénins = 35%
Masse = 75% vs 25% NTN
- Echographie : *aucune anomalie = 20% des cas
*souvent considéré comme bénin
Mammographie, échographie, IRM
Dogan BE. et coll. Am. J. Roentgenol 2010 :
44 patientes triple-négatifs
- Mammographie : *normale = 90%
*OPACITE ARRONDIE = 58%
*asymétrie densité = 21%
*distorsion = 5%
*calcification = 7%
- Echographie : *hypo-échogène contour net lobulé = 86%
*aspect bénin = 16%
*normale = 7%
- IRM : *aspect bénin = 24%
*prise de contraste en couronne = 77%
*aspect de « washout » = 90%
IRM
Uematsu T. et coll. Radiology 2009
59 patientes triple-négatifs
- Prise de contraste de type «masse» = 95%
- Contours réguliers = 39%
- Prise de contraste en couronne = 80%
*Hypersignal en T2
*Nécrose intra-tumorale
- Aspect de «Washout» = 50%
Synthèse littérature
Diagnostic triple-négatifs difficile
- 10-15% non détectables (mammographie-échographie)
*aspect morphologique trompeur
.mammographie : dans 35%
.échographie :
dans 15%
*signes mammographiques et échographiques = soit frustres
soit évoquent bénin
- IRM : plus discriminantes mais non déterminantes
*aspects bénins = 20 à 25%
*surtout étude cinétique importante :
.prise de contraste avec aspect en couronne
.aspect de «Washout» dans 90%
R. Gilles, C. Feger Lettre de Sénol. 2010
Le pronostic des différents sous-types de cancer liés à
leurs possibilités thérapeutiques
- Cancers aux meilleurs pronostics
*luminal A : .très hormono-dépendant
.effet bénéfique HT > CT
anti-estrogènes TAM
inhibiteurs aromatases
anastrozole, letrozole, exemestane
*luminal B : .hormono-dépendance modérée
HT + CT (prolifération)
Pronostic
- Cancers de mauvais pronostic mais existence d’un
traitement ciblé efficace
ERB B2 sur-exprimé
*trastuzumab (Herceptin)
*CT + Herceptin : durée 1 an (ou plus)
*amélioration survie
Pronostic
Cancers de mauvais pronostic sans traitement ciblé actuel
- Triple-négatifs/basal-like
*RE- RP- : Ø HT
*ERB B2- : Ø Herceptin
*grade 3 : CT+ réponse rapide mais métastases
viscérales rapides
*évaluation bevacizumab (Avastin)® : échec inhibiteur de
l’angiogénèse (sein)
*évaluation en attente : inhibiteur de PARP
espoir
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