PR - Physiopathologie
Figure 2.
L’IL-32 est une nouvelle cytokine pro-inammatoire
impliquée dans l’inammation et la destruction de l’articulation
rhumatoïde. En amont du TNF, elle constitue un lien possible
entre l’immunité innée et l’immunité acquise.
1,4
1,2
1J1 J2
Jours après injection d’IL-32
Contrôle TNF-/-
Intensité du gonement articulaire chez des souris sans TNF (TNF-/-)
La Lettre du Rhumatologue - n° 328 - janvier 2007
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Lors d’une réponse immunitaire à un antigène, des phénomènes
de régulation se manifestent. Lorsque la voie TH1 est activée,
il existe une régulation visant à rétablir la balance TH1/TH2.
L’IL-4 est une cytokine capable d’inhiber la différenciation des
TH0 en TH1. Des polymorphismes ont été décrits au niveau
du gène codant pour le récepteur de l’IL-4. L’un de ces poly-
morphismes se traduit au niveau protéique par le remplace-
ment d’une isoleucine par une valine (I 50 V). Cette mutation
au niveau du récepteur de l’IL-4 se traduit par une atténuation
des capacités de différenciation des lymphocytes TH0 en TH2.
Le déficit en lymphocyte TH2 pourrait favoriser la persistance
de lymphocytes TH1 dans les maladies auto-immunes comme
la PR. Une prédominance de ce polymorphisme I 50 V a été
recherchée dans la PR. Dans une étude cas/témoins incluant
471 patients atteints de PR et 371 témoins sains, cette association
génétique a été recherchée. L’allèle I 50 V n’est pas plus fréquent
dans la PR que chez les témoins. En revanche, à l’intérieur du
groupe PR, il est plus fréquemment associé à la présence d’éro-
sions précoces sur les radiographies standard (Skapenko, 651).
Ce résultat doit être vérifié sur d’autres cohortes de patients
atteints de PR suivis de façon prospective.
L’IL-32 est l’une des dernières cytokines qui viennent d’être
décrites par l’équipe de C. Dinarello avec six isoformes diffé-
rentes. L’IL-32 est une cytokine produite sous l’effet de l’IFNγ
par plusieurs types cellulaires comme les lymphocytes B, T,
monocytes, macrophages et cellules épithéliales. Les ligands
bactériens sont capables d’activer la synthèse de l’IL-32 avec un
effet synergique en présence d’IFNγ. L’IL-32 exerce des fonctions
pro-inflammatoires en favorisant l’expression des cytokines IL-1,
TNF, des chémokines et de la prostaglandine E2 (PGE2), ainsi
que des voies de signalisation contrôlant l’inflammation comme
p38 MAP kinase et NFκB. Ces propriétés pro-inflammatoires ont
naturellement incité à rechercher quelle pouvait être son impli-
cation dans la physiopathologie de la PR. L’IL-32 est exprimée
dans la synoviale rhumatoïde en particulier au niveau de la couche
bordante. Cette expression est corrélée aux concentrations d’IL-1,
de TNF et de la VS. In vivo, l’injection d’IL-32 humaine dans
l’articulation d’une souris induit une inflammation locale et une
chondrolyse avec un effet majoré lorsque l’IL-32 est associée aux
ligands bactériens des récepteurs toll-like (TLR). Les effets inflam-
matoires de l’IL-32 sont médiés en grande partie par le TNF, car
l’inflammation et la destruction induites dans l’articulation par
l’IL-32 est presque totalement inhibée chez les souris déficientes
en TNF. L’IL-32 serait donc une cytokine qui interviendrait en
amont du TNF. Elle pourrait représenter un lien entre l’immunité
innée et l’immunité acquise, car sa production est favorisée par
l’IFNγ et son action pro-inflammatoire est augmentée par les
ligands du TLR (Joosten, 656) [figure 2].
MÉCANISMES DE LA DESTRUCTION ARTICULAIRE
Un œdème osseux est observé de manière précoce dans les
articulations des patients atteints de PR. Il est fortement corrélé
à l’apparition d’une érosion osseuse sur les radiographies stan-
dard réalisées plus tardivement. Son origine n’est pas encore
bien établie. Une analyse histologique de l’os d’une articulation
rhumatoïde étant difficilement envisageable chez l’homme,
cette étude a été réalisée dans le modèle murin transgénique
pour le TNF. Ces souris expriment d’importantes quantités de
TNF humain et développent spontanément une arthrite. Au
neuvième mois de vie, les articulations de ces souris transgé-
niques arthritiques ont été analysées en IRM, puis en histo-
logie. Comme chez l’homme, un œdème osseux est observé en
IRM. L’analyse histologique objective un infiltrat inflammatoire
intramédullaire qui se développe aux dépens de la graisse.
L’intensité de l’œdème et de l’infiltrat cellulaire diminue avec
le degré d’inflammation observé au niveau de l’articulation
arthritique (Proulx, 2035) [figure 3]. On peut regretter, dans
ce travail, l’absence de marquage cellulaire pour préciser le
type de l’infiltrat : s’agit-il de monocytes, de lymphocytes ou
de synoviocytes ?
Au début de la PR, une déminéralisation osseuse en bande est
classique. L’origine de cette déminéralisation n’est pas bien
connue. Un découplage entre ostéoformation et ostéodestruction
a jusqu’à présent été évoqué. Une hypothèse originale implique
un défaut de maturation des ostéoblastes à l’interface entre
synoviale et os. La différenciation des préostéoblastes en osté-
oblastes matures est sous le contrôle de la voie de signalisation
Wnt. La protéine Wnt se fixe sur le récepteur Frizzled présent à
la surface des préostéoblastes et active un signal intracellulaire
qui permet sa différenciation en ostéoblaste. La protéine DKK1
est un antagoniste de Wnt et s’oppose donc à la maturation en
ostéoblaste (figure 4). Dans les articulations de patients atteints
de PR et dans les modèles murins d’arthrite expérimentale,
l’analyse histologique montre, à l’interface pannus/os, un déficit