II Origine et évolution des mutualismes

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Evolution des mutualismes
Introduction
• Mutualisme: « coopération » entre
espèces
Histoire de l’étude des mutualismes:
Dans les écrits d’Aristote, de Cicéron: on parle de l’importance
de «l’amitié » entre espèces (ex: les oiseaux nettoyant les dents
des crocodiles) pour le maintien de « l’harmonie de la nature »
Chaque espèce est vue comme ayant un rôle prédéfini : les
plantes donnent de la nourriture aux animaux, etc…
Introduction
Van beneden 1875: Propose le terme de mutualistes:
« des organismes qui se procurent l’un l’autre des services »
Actuellement on distingue la coopération (interactions à bénéfices
réciproques entre individus d’espèces identiques ou non) du
mutualisme (restreint aux relations interspécifiques à bénéfices
réciproques).
(NB: pour les interactions entre individus de la même espèce: on
parle également d’altruisme, dans ce cas des individus ont des
comportements qui bénéficient à d’autres: le plus souvent des
individus apparentés)
Introduction
Développement des Théories de Darwin: le mutualisme entre
individus d’espèces différentes ne parait instinctivement pas
conciliable avec les lois de la sélection naturelle.
1859
Darwin en analysant le développement des fleurs et des fruits montre comment les
structures florales qui semblent bénéficier aux animaux augmentent le succès
reproducteur des plantes
Introduction
En prenant l’exemple de mutualismes plantes/ insectes, il parle
explicitement de coévolution (modification réciproque)
Coévolution
Trait individu sp. 1
Trait individu sp. 2
Processus d’adaptation réciproque
(Janzen,1967)
Introduction
Le mutualisme n’est plus vu comme une « amitié entre les
espèces »
Jusque dans les années 60, il parait beaucoup d’articles
naturalistes sur les mutualismes, mais peu de
conceptualisation en écologie et biologie évolutive: le
mutualisme parait toujours un peu improbable …
Dans les années 60/ 70, de nombreuses études en
coévolution:
Janzen (1966,1967): travaux sur les interactions plantes/
fourmis (Acacias) en Am du Sud. , ses travaux
expérimentaux permettent de montrer comment on
mesure les coûts et les bénéfices d’une interaction sur le
terrain (par des mesures d’exclusion d’un partenaire par
exemple)
Introduction
Définition du mutualisme
Interaction interspécifique à bénéfices réciproques
Le succès reproducteur des individus de deux ou plusieurs espèces augmente
lorsqu’ils sont en interaction (Addicot 1985)
Les bénéfices se mesurent en terme de valeur sélective des individus! pas toujours
faciles à mesurer!!!
Parasitisme
Commensalisme
Mutualisme
Individus
Espèce 1
+
+
+
Individus
Espèce 2
-
0
+
Continuum entre parasitisme et mutualisme
1) Diversité des mutualismes
2) Origine et évolution des
interactions mutualistes
3) Rôle des mutualismes dans les
processus de diversification
I Diversité des mutualismes
1) Diversité des bénéfices
Nutrition
-Endomycorhizes (sur 80% des plantes vasculaires terrestres): sels minéraux contre C
-Lichens (algues vertes/champignons)
-Ensymbioses bactériennes: ex. pucerons /Buchnera aphidicola (complément AA. )
-Insectes champignonnistes
Protection
Plantes myrmécophytes
Poissons nettoyeurs
Transport
Mutualismes de pollinisation
Déplacement de propagule
Il existe bien sur souvent une asymétrie dans les services rendus:
transport contre nourriture, transport contre protection….
I Diversité des mutualismes. I.1 Diversité des bénéfices
-Ex. de mutualisme de nutrition
ex: Buchnera aphidicola/ pucerons (Buchner 1965)
Une Y-protéobactérie (Enterobactérie)
-trouvée chez tous les pucerons
-transmission maternelle
Synthétise AA: ex trpb
Génome réduit de 400000 à 600000 bp
I Diversité des mutualismes. I.1 Diversité des bénéfices
-Mutualisme de protection: les mutualismes plantes/ fourmis
-abri (domatie)
-nourriture: nectaires (sucre) + « beltian
body » (protéines) chez acacia
En échange de
protection
Cecropia
Myrmécophytisme chez 100 genres de plantes dans 20 familles
Chez les fourmis: le myrmécophytisme a évolué dans 12 sous-familles des Formicidae
I Diversité des mutualismes. I.1 Diversité des bénéfices
Mutualisme de transport
Dispersion des graines: myrmecochorie: dans
3000 sp de plantes, 80 familles de plantes
Pourquoi le transport des graines bénéficie
t’il aux plantes?
-éviter la compétition
-éviter la consanguinité
-éviter les pathogènes
-Amener les graines dans des milieux favorables à la germination (ex: les graines sont
dans les nids de fourmis, ce type de mutualisme évolue souvent dans des milieux
secs)
I Diversité des mutualismes. I.1 Diversité des bénéfices
La pollinisation: transfert du pollen des
étamines au pistil
65 % des plantes utilisent les
insectes (Grimaldi, 1999)
Nourriture (pollen, nectar,
graines etc..), lieu de ponte, lieu
de rencontre
Plante
Insecte
Transfert de pollen:
Bénéfices de la pollinisation entomophile:
-transfert direct: faible ratio pollen/ ovule, - favorise
l’allogamie
I Diversité des mutualismes. I.2 Diversité des degrés de dépendance
2) Diversité des degrés de dépendance et de la durée de
l’interaction
Associations facultatives:
La survie des individus ne dépend
pas de l’association
Transitoire :
interaction pendant
seulement une partie du
cycle de vie
Associations obligatoires:
La survie des individus dépend de
l’association
Permanente : symbiose
Conséquences sur le mode de transmission et la spécialisation
-les associations obligatoires sont souvent spécifiques
-les associations obligatoires sont souvent à transmission verticale: des parents aux
descendants
I Diversité des mutualismes. I.2 Diversité des degrés de dépendance
• Endosymbioses bactériennes facultatives et obligatoires
(20% des insectes ont établi des symbioses obligatoires)
Buchnera aphidicola un symbionte
obligatoire à transmission maternelle
Symbionte facultatif à transmission horizontale
I Diversité des mutualismes. I.2 Diversité des degrés de dépendance
• Evolution de la transmission verticale:
L’individu hérite du ou des symbiontes de ses parents (lors de la reproduction ou après
la fécondation)
•
Cela assure la transmission du symbionte à la génération suivante
Par ailleurs, si transmission par les 2 parents: compétition entre symbiontes donnés
par chacun de parents
Si les organismes symbiotiques transmis sont apparentés (s’ils proviennent d’un seul
parent par exemple): la sélection de parentèle limite la compétition
La transmission verticale monoparentale pourrait être
sélectionnée (par l’hôte): (ex: bacteriocytes des pucerons,
cochenille mutualiste transportés par fourmi fondatrice, ….)
I Diversité des mutualismes. I.2 Diversité des degrés de dépendance
Des interactions plus ou moins spécialisées
- Spécialisation d’une interaction: lorsque l’un des partenaires est spécifique
a
b
c
a- les deux partenaires sont spécifiques
b- l’espèce hôte est associée à plusieurs
espèces partenaires mutualistes
c- l’espèce « symbiotique » a plusieurs hôtes
possibles
Des réseaux d’interactions complexes
Conséquences évolutives: des pressions de sélection plus ou moins
fortes sur les caractères dont la fonction est liée fortement/uniquement
à l’interaction
- ex: les signaux de reconnaissance plus ou moins « spécifiques »
I Diversité des mutualismes. I.3 Diversité taxonomique
3) Diversité « taxonomiques »
-des insectes et des plantes….
-des insectes et des bactéries…
-des champignons et des plantes…….
-des poissons et des Cnidaires…
Tout le monde avec des bactéries!!
Souvent aucune relation phylogénétique entre organismes impliqués dans des
types de mutualismes similaires (ex: myrmécophytisme chez des plantes non
apparentées)…l’évolution conduit a des solutions « similaires » de multiples fois
Il existe tout de même des groupes dans lesquelles il semble y avoir une
prédisposition:
- ex : toutes les plantes à Rhizobiums (qui fixent azote)= Rosidées.
- symbiose bactérienne répandue chez les hémiptères suceur de sève (dont le
régime alimentaire est carencé en AA) et chez les hématophages
II Origine et évolution des mutualismes
1) Origine des mutualismes: du parasitisme au
mutualisme, origine « des caractères
mutualistes »
2) Processus adaptatifs dans les interactions
mutualistes: adaptation, coévolution, et stabilité
évolutive des mutualismes
3) Génétique et génomique évolutive des
interactions mutualistes
II Origine et évolution des mutualismes. II.1) Origine des mutualismes
• Origine des mutualismes
• Evolution des différents types de mutualismes de multiples
fois, dans différentes régions biogéographiques, dans
différents groupes taxonomiques , souvent aucune relation
phylogénétique entre organismes impliqués dans des types de
mutualismes similaires
• À l’origine, on postule souvent une relation antagoniste
(parasitisme/prédation) ou commensaliste
- endosymbiose bactérienne: à l’origine, du parasitisme?
- pollinisation: à l’origine, des herbivores?
II Origine et évolution des mutualismes. II.1) Origine des mutualismes
Plus de transitions de P vers M
et de FL vers M
que les transitions inverses
Phylogénie basée sur
génomes complets
II Origine et évolution des mutualismes. II.1) Origine des mutualismes
• Evolution des mutualistes à partir d’endoparasites:
plusieurs chemins évolutifs
• diminution de la virulence des bactéries (favorise leur
transmission)
• Lorsque la transmission des bactéries est verticale, le
succès reproducteur des parasites est lié à celui de leur
hôte: les parasites peuvent acquérir des caractères qui
favorisent la fécondité des hôtes
• Contrôle du parasitisme par l’hôte
• Prise d’otage par le parasite
II Origine et évolution des mutualismes. II.1) Origine des mutualismes
Du parasitisme au mutualisme
En l’espace de 10-20 ans, Wolbachia a envahi les populations de D. simulans en
Californie
Expériences en laboratoire suggèrent que les femelles infectées ont une fécondité de
10% supérieur à celle des femelles non infectées
Par des infections croisées (avec des souches de Wolbachia maintenues en
laboratoire), ils montrent que cette augmentation semble bien liée à un changement
génétique chez Wolbachia et non des variations au sein des populations de D.
simulans infectées
Lorsque le succès reproducteur des parasites est lié à celui de leurs hôtes,
des caractères favorisant la fécondité de leur hôte peuvent être sélectionnés
II Origine et évolution des mutualismes. II.1) Origine des mutualismes
Du parasitisme au mutualisme
PNAS 2001
Chez Asobara tabida, Wolbachia est obligatoire pour l’ovogénèse (étude
expérimentale: suppression de la bactérie par traitement antibiotique)
Chez les femelles dépourvues de bactéries: les cellules qui alimentent l’ovocytes
meurent précocement (par apoptose)
L’apoptose peut être un mécanisme de défense contre les pathogènes intracellulaires
Scenario:
Wolbachia
-Apoptose
++
Défense contre
wolbachia
Course aux armements: en l’absence de Wolbachia, pas de contrôle de l’apoptose
Un parasitisme à l’origine d’un mutualisme obligatoire
II Origine et évolution des mutualismes. II.1) Origine des mutualismes
• Comment l’herbivorie évolue vers un
mutualisme de pollinisation?
II Origine et évolution des mutualismes. II.1) Origine des mutualismes
La consommation de spores puis de pollen ou de graines par les insectes est à
l’origine de la pollinisation entomophile
Sporivorie: spores dans
coprolites produits par des
myriapodes ou insectes
Pollen trouvé dans coprolites et
dans tubes digestifs hémipteres/
orthoptères fossiles
Gros grains de
pollen fossiles
Pièces buccales
allongées chez
insectes (diptères)
Glandes
sécrétrices
Rhopalotria mollis, pollinisateur
des cycades Zamia furfuracea
Labandeira, 1998 Science
II Origine et évolution des mutualismes. II.1) Origine des mutualismes
Scénario
• Les ovules secrètent des résines qui capturent le pollen porté
par le vent
• Ces sécrétions attirent les insectes (probablement les
coléoptères)
• Les coléoptères se nourrissent de pollen, et des ovules—ceci a
favorisé la fermeture des carpelles et l’évolution des ovules
inférieurs
• Évolution de récompense alternative (nectar)
II Origine et évolution des mutualismes. II.1) Origine des mutualismes
• Innovations clés
Définition: évolution d’un nouveau caractère
phénotypique qui favorise une radiation adaptative
II Origine et évolution des mutualismes. II.1) Origine des mutualismes
Les caractères floraux « clés » apparaissant durant la
fin du Crétacé (90 MYA) selon Crepet (1996)
• Symétrie bilatérale
Permet l’évolution de structures
attirant les pollinisateurs
Nectaires floraux
II Origine et évolution des mutualismes. II.1) Origine des mutualismes
Origine et evolution des « caractères
mutualistes »
Les caractères dont la fonction apporte un bénéfice aux individus
mutualistes associés
ex: récompense des pollinisateurs, les poches à pollen des pollinisateurs
des figuiers
Quelle est l’origine de ces caractères et comment évoluent t’ils?
II Origine et évolution des mutualismes. II.1) Origine des mutualismes
Exaptations link evolution of plant-herbivore and plant-pollinator interactions:
a phylogenetic inquiry. (Armbruster et al. 1997)
Genre Dalechampia
B
A
Pollinisation par
insectes
Déplacement de la position des glandes
sécrétrices de résines
Résines anti-herbivores⇒ récompense pour le pollinisateur
Exaptation : adaptation biologique dont la fonction actuelle n’est pas celle pour
laquelle le caractère a été sélectionné
II Origine et évolution des mutualismes. II.1) Origine des mutualismes
• Origine des caractères myrmécophytes
• Les nectaires extra-floraux sont présents dans 332 genres de
plantes, fossiles sur une espèce de peuplier (35my)
• Myrmécophytisme chez 100 genres de plantes dans 20
familles
• Chez les fourmis: le myrmécophytisme a évolué dans 12 sousfamilles des Formicidae
II Origine et évolution des mutualismes. II.1) Origine des mutualismes
• Evolution répété de cette interaction, en milieux tropicaux
Quelques hypothèses:
• À l’origine: les nectaires extrafloraux…est-ce que ces
structures ont une fonction autre que nourrir les fourmis?
•
Nectaires extra-floraux : structures dérivées des nectaire floraux?
Exsudation des déchets métaboliques?
– « distraction hypothesis » : les nectaires extra-floraux ont pour fonction
« ancestrale » de distraire les fourmis des organes floraux(Becerra & Venable,
1989)
– « ressource limitation hypothesis » (Wheeler, 1910, Heil & Mckey 2003):
sucres et lipides composant le nectar sont produits facilement en milieux
tropicaux.. excès de sucre exsudé par nectaires
II Origine et évolution des mutualismes. II.2) Adaptation, coévolution….
Coevolution
Darwin, C. 1862. On the Various
Contrivances by which British and
Foreign Orchids are Fertilised by
Insects (Murray, London)
There must exist a moth with
a proboscis so long that it
can extract the nectar from
the bottom of the spurs
Drawing from Wallace (1867), Quart.
J. Sci. 4: 471-488.
II Origine et évolution des mutualismes. II.2) Adaptation, coévolution….
Il existe beaucoup d’études empiriques/ théoriques sur l’évolution de ces corolles
« the length of the tongues of pollinating insects could increase because it increased
their nectar foraging efficiency. As this occurred, plants with relatively shallow flowers
could be disadvantaged since pollen transfer, which is effected by physical contact
between the pollinator and the anthers or stigma of the plant, could be reduced when
the insect tongue is long relative to flower depth. This could lead to the evolution of
increasing flower depth which in turn could drive the evolution of a further increase in
insect tongue length » Various predictions of Darwin's proposal were tested here for
orchid species with deep flowers that are pollinated by moths ».
Réduction expérimentale de la profondeur des fleurs (Nilsson 1988,1998)
Résultats
Les insectes insèrent leur proboscis pas plus loin qu’il ne faut pour obtenir du
nectar
Réduction de la profondeur des fleurs réduit à la fois fitness de fonction mâle
(export de pollen) et femelle (mesurée par production de fruits)
En accord avec scenario de Darwin
II Origine et évolution des mutualismes. II.2) Adaptation, coévolution….
*Adaptation: caractère sélectionné, donc héritable
•
•
•
•
Galen, 1996. Rates of floral evolution : adaptation to bumble bee pollination in
alpine wildflower, Polemonium viscosum. Evolution
- sélection du caractère floral par le pollinisateur (S)
- héritabilité du caractère dans la population considérée (h2)
- réponse à la sélection R=h2S
Hyp: Changement de la forme
de la corolle en fonction de
l’altitude est le résultat de
sélection exercée par le
changement de faune des
pollinisateurs
S calculée d’après la pente de la régression
Exp: pollinisation expérimentale
avec différents types de
pollinisateurs et régression
entre production de graines et
taille de corolles
II Origine et évolution des mutualismes. II.2) Adaptation, coévolution….
-h2 = héritabilité calculée en regardant taille corolle parents/ taille
corolle descendants
R=h2S: test si prédiction (changement de 4 à 17% de la taille des corolles
d’une génération à la suivante) est réalisée
Distribution de la taille des corolles dans
descendants de pop. soumise à sélection par les
bourdons et pop. non soumise à sélection
(pollinisée à la main)
En 1 génération: sélection
des fleurs à large corolle
Démonstration que la taille
de la corolle est une
adaptation aux
pollinisateurs
II Origine et évolution des mutualismes. II.2) Adaptation, coévolution…
Dans certains cas: le mutualisme n’a pas de coût pour l’un des partenaires
(« by-product cooperation » dans certaines symbioses bactériennes) » , il n’y a
pas de conflits.
Conflits entre mutualistes
• La maximisation de la valeur sélective de l’un des partenaires a parfois un coût
pour l’autre et ne converge pas forcément avec la maximisation de la valeur
sélective de l’autre partenaire
Par exemple:
Relations plantes/ pollinisateurs
Plante: minimiser l’investissement dans la récompense,
Insecte: minimiser le « foraging effort », maximiser la ressource
Relations plantes/ fourmis
le nectar donné aux fourmis patrouilleuses a un coût pour les plantes
Pour chacun des partenaires: sélection pour minimiser l’investissement dans
la symbiose et en maximiser les bénéfices
Il existe de nombreuses conceptualisations (modélisation)s
II Origine et évolution des mutualismes. II.2) Adaptation, coévolution….
Des tricheurs peuvent évoluer
Les voleurs de nectar dans les relations plantes/ pollinisateurs
•
•
Relations plantes/ fourmis
la fourmi augmente son bénéficie si la plante investit plus dans les
organes végétatifs
Castration des fleurs dans un mutualisme
plante/ fourmis
Humboltia brunonis/ Techomyrmex albipes
II Origine et évolution des mutualismes. II.2) Adaptation, coévolution….
Mécanismes stabilisants
- Facteurs intrasèques
La transmission verticale favorise le mutualisme:
Le succès de la descendante des deux partenaires est lié
→ Les stratégies de tricheurs sont contre-sélectionnées
Avoir des symbiontes apparentés
Dans le cas particulier du figuier
Intérêt du pollinisateur: maximiser
son nombre de descendants
Intérêt de la figue: avoir des
vecteurs de pollen (les femelles)
Si bcp de pollinisateurs entrent
dans la figue: sexe ratio 1:1, si 1
seul, LMC: bcp de femelles
La figue limite la durée de réceptivité
II Origine et évolution des mutualismes. II.2) Adaptation, coévolution….
Evolution de caractères qui sanctionnent ou excluent les tricheurs
Sanction dans les mutualismes plantes/ insectes
2 types de tricheurs: ceux qui exploitent les
fleurs déjà pollinisées par d’autres, ceux qui
ne pollinisent pas du tout
Chez le Yucca: avortement des fruits
surexploitées par les papillons
Sélection chez les pollinisateurs pour un
comportement d’évitement des fleurs
déjà pollinisées
Il faut que le coût de la sanction < coût de l’exploitation par les tricheurs
II Origine et évolution des mutualismes. II.2) Adaptation, coévolution….
• Evolution de « filtres »/ de système
d’exclusion des partenaires non mutualistes
• dans des relations très spécifiques, la coévolution amène à
l’adéquation de caractères entre partenaires qui limitent
l’évolution d’exploiteurs (Système « lock -key »)
II Origine et évolution des mutualismes. II.2) Adaptation, coévolution….
Coevolution de la forme de l’ostiole et des appendices mandibulaires des Agaonides
II Origine et évolution des mutualismes. II.2) Adaptation, coévolution….
Des filtres physiologiques
Production d’inhibiteur de protéases dans les
corps Beltiens
Diminue la digestibilité par les fourmis
non mutualistes alors que les fourmis
mutualistes semblent adaptées à digérer
ces protéines: (co-adaptation
physiologique qui verrouille l’interaction)
II Origine et évolution des mutualismes. II.2) Adaptation, coévolution….
• Les tricheurs/ les mutualistes ne sont pas les
seuls à exercer des pressions de sélection
• Les mutualistes vivent dans des envt
hétérogènes
Il existe une mosaïque géographique de coévolution
II Origine et évolution des mutualismes. II.2) Adaptation, coévolution….
Les formes florales vont dépendre d’autres pressions de sélection
+ largeur corolle
- largeur corolle
+/- profondeur
corolle
+ profondeur corolle
Forme de la fleur va dépendre de
intensité de sélection de herbivores et
pollinisateurs / corrélation génétique
entre largeur et profondeur de la
corolle
Il faut regarder l’ensemble de la communauté pour comprendre
l’évolution des interactions
II Origine et évolution des mutualismes. II.3) Génétique et génomique évolutive
Afin d’étudier les mécanismes génétiques sous-jacents aux
processus de coévolution, on étudie les gènes impliqués dans
les traits soumis à sla élection exercée par les partenaires
mutualistes
Trait individu sp. 1
Trait individu sp. 2
Est-ce que fitness de ind. Sp.1 depend de
génotype sp. 2?
II Origine et évolution des mutualismes. II.3) Génétique et génomique évolutive
On étudie si « la fitness » des partenaires dépend du génotype de leur « associé »
ou de leur propre génotype:
On étudie les matrices d’interactions Génotype (Hôte) x Genotype (Symbionte), leurs
variations populationnelles (l’environnement de l’hôte= symbionte et
réciproquement)
-quel est le rôle de l’environnement dans cette interaction
Étude de la matrice d’interaction: G x G x E(environnement)
Beaucoup d’études de ce type dans les interaction rhizobiums/légumineuses
II Origine et évolution des mutualismes. II.3) Génétique et génomique évolutive
• Evolution des génomes des bactéries endosymbiotiques
Genome réduit des bactéries endosymbiotiques et
évolution rapide
2012
- délétion de gènes « inutiles »
-ou effet de « muller’s ratchet »
(petite taille de pop, repro asexuée,
bottleneck fréquent). Donc
accumulation de mutations,
insertions, délétions qui empêchent
traduction, puis pertes de gènes
-Peu de tranferts de gènes
Mycoplasme (free-living)
Est-ce qu’il y a des transferts de gènes de symbiontes vers l’hôte?
II Origine et évolution des mutualismes. II.3) Génétique et génomique évolutive
Par contre les bactéries mutualistes facultatives ayant
stade de vie « libre » ont des génomes larges
• Beaucoup d’études sur les interactions legumineuseRhizobium
Evolution des génomes des bactéries:
• - transfert de gènes/ duplication etc..?
• - boite à outil nécessaire pour être associée à plante
+ sol ??
Etudes des processus coévolutifs entre Médicago et
Rhizobium pour répondre à ces questions.
II Origine et évolution des mutualismes. II.3) Génétique et génomique évolutive
Comparaison avec autres génomes
d’insectes « herbivores »:
- peu de gènes de détoxification
des défenses chimiques
- beaucoup de gènes liés à
l’olfaction, chemo-localisation
Un génome spécialisé?
III Rôle des mutualismes dans la diversification
du vivant
1) La théorie endosymbiotique de l’évolution
2) Interactions mutualistes et cospéciation
3) Rôle des mutualismes dans les
phénomènes de spéciation écologique
4) Mutualismes et radiations adaptatives
III Les mutualismes et la diversification du vivant. III.1) Théorie endosymbiotique
1) Origine symbiotique de plusieurs organites intracellulaires
(mitochondries, plastes)
La théorie endosymbiotique de l’évolution :
Margulis 1981, Margulis 2010
Les plastes et mitochondries des
cellules eucaryotes proviennent de
l’incorporation par certaines archées*
de bactéries endosymbiotiques
*procaryotes: « bactéries » mais réplication,
traduction ADN, similaire à celle des eucaryotes
III Les mutualismes et la diversification du vivant. III.1) Théorie endosymbiotique
•
•
•
•
Arguments:
taille des mitoch et des plastes=une bactérie
Ils ont un ADN propre, peuvent faire de la synthèse protéique
organisation des génomes chloroplastiques très conservée
(ordre des gènes etc..)…: une seule origine
L’endosymbiose entre « bactéries » serait donc à l’origine des
eukaryotes
III Les mutualismes et la diversification du vivant. III.1) Théorie endosymbiotique
Acquisition des mitoch. chez eukaryotes pas encore élucidées
Ont des protéines mitochondriales,
(Clark & Roger 1995)
Perte secondaires des mitoch?
Chez les Archezoa
Phylogénie incertaine due à
des problèmes d’attraction des
longues branches
Hypothèse alternative: eukaryote sans mitochondrie, puis acquisitions de mitoch
III Les mutualismes et la diversification du vivant. III.2) Cospéciation
2) Interactions mutualistes et cospéciation
Farhenholz rule
Dans le cas d’interactions durable (endosymbiotiques et/ou très spécifiques):
l’isolement reproductif des populations hôtes va conduire à celui des
populations d’organismes symbiotiques, les arbres phylogénétiques des hôtes
et des « symbiontes » vont être parallèles
III Les mutualismes et la diversification du vivant. III.2) Cospéciation
Plusieurs évènements peuvent modeler l’histoire des interactions et
générer des scénarios différents de codiversification
III Les mutualismes et la diversification du vivant. III.2) Cospéciation
Bactéries endosymbiotiques et leurs hôtes
Brachycaudus
Buchnera
1790
S316
1772
1730
1773
1717
1738
1267
1378
1715
S307
1681
1809
1608
1600
1749
1716
2143
1775
1747
1290
2064
2063
1760
S242
S317
1483
1324
1752
1698
1694
1710
1688
1982
1764
S249
S248
1741
1751
1027
S117
1765
1709
1794
1746
S125
S145
1736
1696
1077
2047
1938
1458
S338
S328
1790
s316
1772
1738
1730
1717
1773
1715
1378
1267
s307
1681
1809
1608
2143
1775
1600
1749
1716
1747
1290
2064
2063
1760
1483
s317
s242
1752
1324
1698
Buchnera
R= 0.9455
0.720
1694
1710
1688
1982
1764
s249
1027
1741
1794
1751
1765
1709
s117
1746
s248
S125
s145
1736
1696
1077
2047
1938
1458
s338
s328
0
0
Aphid
0.422
III Les mutualismes et la diversification du vivant. III.2) Cospéciation
Cospéciation dans le mutualisme figuier/ pollinisateurs
Cruaud et al 2012, syst. Biol
Réconciliation des arbres phylogénétiques: P nb
d’evt de cospéciation> 0,005/ distribution
obtenue en randomisant les arbres
III Les mutualismes et la diversification du vivant. III.2) Cospéciation
Congruence temporelle des évènements de spéciation chez les
deux partenaires
III Les mutualismes et la diversification du vivant. III.3) la spéciation écologique
•
3) Rôle des interactions mutualistes dans les processus de
spéciation écologique
•
Les associations interspécifiques entrainent des modifications
phénotypiques chez les individus concernés
Cela parait assez clair quand le mutualisme génère de nouvelles structures (ex
nodosité des racines due à un mutualisme bactérien), plus diffus sans
changement morphologiques apparents
- Ces modifications phénotypiques permettent souvent d’occuper une niche
écologique nouvelle
- Ces associations peuvent donc favoriser des processus de spéciation
écologique
III Les mutualismes et la diversification du vivant. III.3) la spéciation écologique
•
Rupture de flux de gènes :
Spéciation géographique
•
•
Spéciation écologique (ressources, etc.)
III Les mutualismes et la diversification du vivant. III.3) la spéciation écologique
Ex: rôle de l’endosymbiose bactérienne chez les insectes
La présence
d’endosymbiontes:
changements
phénotypiques
Oliver et al, 2010, Ann. Rev. Ent.
Changement
phénotypique
peuvent induire un
déplacement de
niche (ex: plantes,
plantes sur
lesquelles on trouve
des parasites,
organes sur la
plante etc)
Ces acquisitions/ changements de niches: peuvent en théorie favoriser la diversification
III Les mutualismes et la diversification du vivant. III.3) la spéciation écologique
Evolution 2008
Les bactéries peuvent
permettre la capture d’une
nouvelle ressource, hôtes
distants par ex., hôte proche
mais vivant dans
environnement différent
(climat), Champignons
peuvent aider à la digestion de
tissus (Lobesia/ Botrytis sur
vigne) et donc permettre
l’exploitation de nouvelles
ressources…
Adaptation aux défenses
chimiques, phenologie,
ennemis naturels
III Les mutualismes et la diversification du vivant. III.3) la spéciation écologique
• Mutualismes de pollinisation et spéciation
écologique des plantes
Pollinisation et spéciation des plantes: il est logique de penser
que parce que les pollinisateurs jouent un rôle majeur dans la
reproduction des plantes, ils participent activement à créer des
barrières reproductives entre plantes
-hypothèse: spécialisation des insectes conduit à l’isolement
reproducteur des plantes (barrière éthologique)
III Les mutualismes et la diversification du vivant. III.3) la spéciation écologique
Évolution des traits floraux et isolement reproducteur
PNAS,1999
82%
99%
M. lewisii
M. cardinalis
2 espèces proches qui vivent
en sympatrie
Hybrides F1 et F2 ont caractères
intermédiaires très variables
Couleur et
taille de fleur
Quantité de nectar
Caractères floraux influençant choix
du pollinisateur
1 allèle qui augmente la concentration en caroténoïdes des pétales, réduit les visites des abeilles de
80%, un allèle influençant la production de nectar peut aller jusqu’à doubler la visite des colibris
Quelques gènes ont un effet important sur choix de pollinisateurs, les hybrides sont
moins visités, sélection sur ces gènes contribuent à l’isolement reproducteur entre 2
espèces en sympatrie (renforcement: augmentation de l’isolement prézygotique)
Rôle des mutualismes dans la diversification du vivant: la spéciation écologique
Nature 2011
Renforcement: augmentation de l’isolement reproductif prézygotique
Les auteurs identifient deux gènes qui codent pour la couleur et
montrent que des changements (simples) dans deux gènes modifient
cette couleur .
1 changement est récessif, 1 autre est dominant: les hybrides entre P drummondii et P.
cuspidata produisent des fleurs aux couleurs intermédiaires moins visitées par les
pollinisateurs, changement génétique augmentant les barrières pré-zygotiques
augmentent aussi l’isolement post.
Science 2012
Sélection sur la couleur des fleurs (choix par les pollinisateurs) n’existe
pas lorsque les 2 espèces ne sont pas en sympatrie
III Les mutualismes et la diversification du vivant. III.4) Radiation adaptative
• 4) Les mutualismes à l’origine de radiations
adaptatives ?
• Radiation adaptative:
• diversification rapide causée par sélection
III Les mutualismes et la diversification du vivant. III.4) Radiation adaptative
Rôle des insectes dans la diversification des angiospermes
Evolution des fleurs entre 120 and 90 MYA
Nombre de lignées
d’angiospermes vs temps
Innovations florales
#
120
MYA
90
(Crepet 2000, Dilcher 2000)
120
MYA
90
III Les mutualismes et la diversification du vivant. III.4) Radiation adaptative
Rôle des insectes dans la diversification des angiospermes
• Ils se sont diversifiés en même temps (Grimaldi
1999)
• La plupart des angiospermes (2/3) sont pollinisés
par les insectes (Grimaldi 1999)
• L’apparition de caractères morphologiques
associés à la pollinisation entomophile coïncide
avec la diversification des angiospermes (Crepet
1996)
Les mutualismes à l’origine de radiations adaptatives
BMC evol biol 2013
Mutualisme de protection pour les associés
Hyp: Isolement reproducteur, facilité
par mode de vie, de repro. de
poisson (dans l’anémone)
Phylogénie des poissons: accélération du taux
de diversification, + chgt morphologiques liés à
occupation de nouvelle niche
Conclusion: mutualisme avec anémone et adaptation à cette niche a favorisé la
radiation des poissons clowns
Quelques conclusions
Les mutualismes sont partout
À l’origine: du commensalisme? du parasitisme? Une prise d’otage?
Ces interactions peuvent évoluer vers un parasitisme: il existe plusieurs
mécanismes stabilisants
Le mode de transmission a un rôle important dans l’évolution de ces interactions
Les mutualismes ont un rôle important dans la diversification du vivant:
-du fait du rôle direct que les mutualistes peuvent jouer dans les fonctions de
reproduction: transport des gamètes, manipulation de la reproduction pour
certaines bactéries, les mutualismes peuvent jouer un rôle direct sur l’isolement
reproducteur et la spéciation
-l’exploitation de nouvelles niches écologique favorisée par les mutualismes peut
aussi conduire à de la spéciation écologique, voir des radiations adaptatives
Quelques perspectives
• Les approches expérimentales
Origine et évolution des mutualismes: beaucoup d’approches
comparatives/ macroévolutives mais peu d’approches expérimentales
PNAS 2010
Métabolisme Anaerobie
Bacteria
Desulfovibrio vulgaris
Archée
Methanoccocus maripaludis
Dans les conditions expérimentales les 2 sp. ne peuvent
croître que si elles coopèrent
24 réplicats, 2 co-cultures se sont éteintes, les autres: meilleure croissance
au bout de 300 générations que « pop. ancestrales »
Font également croître les pop en envrt. hétérogène ou non
Exemple empirique des stades initiaux de l’adaptation au mutualisme!
Ici cas spécial où le mutualisme n’a pas de coût……
Développement de la génomique comparative
• Identification des gènes qui sont impliqués dans l’interaction et
modulent son bénéfice chez les 2 partenaires
(interaction Gsp1xGsp2)
• Pour comprendre l’origine de ces interactions: détermination des
gènes sous-jacents au développement de structures complexes
impliquées dans les relations mutualistes (ex: travaux sur les
nectaires extrafloraux)
• Etude de l’évolution des génomes: transferts de gènes de bactéries
vers hôtes? Processus sous-jacents à la réduction extrême des
génomes des bactéries symbiotiques (sélection ou effet de taille de
pop.?)
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