Léonce Détroyat (1829–1898)
Officier de Marine
Secrétaire privé de l'Empereur Maximilien
Ministre de la Marine mexicaine
Journaliste
Général commandant le camp de La Rochelle en 1870
Homme politique
Librettiste
À l'École Navale de Brest
Le suivant resumé biographique, digé par Jean-Pierre Mabille, est publié ici avec son aimable autorisation.
Il y en a aussi une traduction anglaise
(http://wiki.tchaikovsky-research.net/wiki/Leonce_Detroyat).
Pierre Léonce est né le 7 septembre 1829 à Bayonne, au 26 rue du Bourgneuf. Son père, Jean Théodore, né également à Bayonne le 8
novembre 1799, était courrier de la Malle, aps avoir é sellier. Membre du conseil municipal de la ville, il devint Président de la chambre de
Commerce.
La famille Détroyat était originaire de la Chatte dans le Dauphiné. Après une étape à Valence, Pierretroyat, le grand ancêtre, avait mig à
Bayonne en 1774. Ses nombreux descendants participèrent pendant ps dun siècle à la vie de la cité, s’illustrant en particulier dans la banque,
le commerce, les carrières militaires. Ils furent des membres importants de la loge maçonnique locale, la Zélée.
La mère de Léonce, Marie Julie Passement, était dune famille de condition modeste, originaire par ses parents du
Comminges et du Pays Toulousain. Son père, simple tailleur, était installé dans un quartier populaire alors que les
Détroyat habitaient de l’autre côté de la Nives, la rivre marquant à cette époque le niveau social. Les parents de
Léonce eurent donc à surmonter lhostili initiale de la familletroyat ; elle s’apaisa aps la naissance de leurs
enfants : deux gaons, Léonce et Henri, et deux filles. Caroline et Camille.
Léonce fit ses études au collège de Pons en Charente Inférieure. Puis il prépara au collège dAumale à Lorient
lEcole Navale de Brest où il fut admis le 4 octobre 1845. Deux ans plus tard, il sortit du vaisseau d’instruction Le
Borda avec le grade d’Aspirant de 2e classe.
Les campagnes militaires
Son dossier aux Archives de la Marine[1] fait état de nombreux embarquements de 1847 à 1862 sur divers
vaisseaux à voile, à roues puis à hélice moignant des progs de la marine militaire au cours de ces décennies.
On trouve quelques rares affectations à terre à Lorient mais surtout à Toulon.
Pendant les vingt et un ans de sa carrière militaire,troyat participa à trois campagnes : la Crimée, la prise de Tourane en Annam et lexdition
du Mexique.
Son dossier militaire ne donne aucun détail pcis sur son rôle pendant la guerre de Crimée [2].
Sans doute à bord de la corvette à roues Tanger, il participa à l’action alliée : il y gagna la Victoria Cross.
La campagne de Chine et dIndochine fut sa premre expédition d’importance [3]. Il la relata en détail dans les nombreuses lettres quil adressa à
sa mère et à son fre Henri.
Enseigne de vaisseau, Détroyat, quitta Brest le 4 mars 1858 sur la Saône, vieux bateau à hélice qui transportait 600 hommes de troupe et 22
officiers. Avec 5 autres enseignes, il logeait dans une batterie exigue, couchant dans un hamac. Aps les escales de Ténériffe, de Gorée, du
Cap, il arriva à Bourbon où il fut accueilli par la famille Dousdebès, des cousins de Bayonne établis dans lîle. Par le détroit de Malacca, le navire
atteignit Singapour puis Hong Kong. Lexdition arriva en mer de Chine et c’est à proximi de lîle dHai-Nan que la jonction s’opéra avec les
Espagnols venant des Philippines.
Le 5 septembre, Détroyat commanda une batterie à bord de la corvette le Primauguet dans la baie de Tourane, il participa à de nombreuses
actions qui aboutirent à la prise du port. La description quil en fait montre la cruau des combats de part et dautre. Blessé d’un coup de lance à
lenlèvement du fort de Don Mai en 1859, il est cité à lordre de lescadre. Sa distinction aux diverses affaires lui valut la nomination au grade de
chevalier de la Légion d’honneur ainsi que la Croix de chevalier de Saint-Ferdinand dEspagne, distinction qui n’était accordée que pour des
actions déclat sur un champ de bataille. Au cours de la campagne, il se trouva fquemment sous les ordres du commandant Jaureguiberry son
aîné et compatriote.
En janvier 1860, il commanda le navire de commerce LAsce qui rapatriait en France blessés et convalescents.
À son retour, promu le 11 juillet 1860, lieutenant de vaisseau, il partagea son service entre divers embarquements et un service à terre au port de
Toulon.
Peu de temps après, ce fut la campagne du Mexique [4]. Le 10 juillet 1862, Détroyat fut mis à la disposition du vice-amiral commandant en chef
les forces navales dans le golfe du Mexique. Il fut dabord stationnaire à la Veracruz avant de participer à diverses actions en particulier lors de la
marche sur Jalapa et les combats de Puebla en mai 1863. Arrivé à Mexico, il fut détac comme officier dordonnance des généraux Berthier,
Douay puis à l’Etat-Major du général Bazaine.
once Détroyat en campagne au
Mexique
Cité à lordre du jour du commandant en chef le 20 février 1864 pour sa belle conduite à la prise de la place de Tocatische, il fut nommé officier de
la Légion d’Honneur.
Le 28 mai 1864, lEmpereur Maximilien arriva au port de Veracruz et gagna Mexico. Il forma son cabinet en
s’attachant Léonce Détroyat probablement parce que cet officier parlait couramment espagnol et un peu
lallemand. Le 25 novembre, le Machal Bazaine, sur ordre de l’Empereur Maximilien, le détacha au
minisre de la guerre du Mexique comme secrétaire d’Etat à la marine mexicaine. En mars 1866,
Maximilien lui confia en outre son secrétariat privé et « la Direction supérieure des Affaires Militaires ».
Détroyat œuvra donc en relation étroite avec Maximilien et participa à la vie brillante de la cour de
Chapultepec. Sa position s’avérait toutefois difficile car il se trouvait être intermédiaire entre l’Empereur et le
Maréchal Bazaine qui adressait à Paris des messages dont loptimisme ne reflétait guère la situation.
La guerre de Sécession terminée, le gouvernement américain devenant menant, Détroyat comprit vite
que Napoléon III chercherait à se retirer du guêpier mexicain ; il s’effoa den convaincre Maximilien. Le
Maréchal Bazaine en prit ombrage et demanda le 22 mars 1866 la remise à la disposition de la marine
française detroyat dont les fonctions seraient « assez sriles » ; de plus « des bruits publics qui
colportent des rumeurs de toutes sortes sur les intrigues du Palais où luniforme fraais de cet officier
détac n’est pas plus à l’abri que beaucoup d’autres ». S’agissait-il comme certains lont sug de liens
particuliers avec lImratrice Charlotte ?[5] Le 7 mai, Détroyat reçut l’ordre de rentrer au service de la flotte.
Détroyat, conscient de la situation militaire et politique, supplia l’Empereur d’abdiquer. Il refusa, mais le
chargea d’accompagner l’Imratrice Charlotte en Europe. Le 1er juillet, ils quittèrent Mexico et le 10
embarquèrent sur le vapeur LImratrice Eugénie [6]. Arrivés un mois plus tard à Saint-Nazaire, ils partirent
vers Paris. LImratrice Charlotte tenta de faire un supme appel en faveur du nouvel empire ; déçue par l’accueil reçu, elle regagna peu après
la Belgique et perdit peu à peu la raison quand elle apprit la suite tragique des événements.
À Paris, Détroyat est considéré en mission par la Direction des mouvements de la Flotte. Il profita de ses entrevues avec les personnes en place
pour dénoncer les singulières méthodes de gouvernement du Machal Bazaine. Personne ne le crut et devenu suspect, il lui fut interdit de
retourner au Mexique. Il fut mis sur sa demande pour trois mois en demi-solde à Bayonne pour affaires personnelles. Encembre 1866, il est
attac aut des cartes et plans de la Marine, chargé par le Ministre d’écrire des rapports sur la guerre du Mexique. Il obtint un congé de non-
activité en mars 1867 et quitta la Marine le mois suivant.
Hélène Détroyat (née Garre)
Du mariage au journalisme
Trois mois aps son retour en France, le 20 décembre 1866, Détroyat épousa en l’église de la Madeleine à
Paris Hélène Louise Garre. Il avait 38 ans ; ses parents étaient tous deuxcédés. C’est sans doute dans le
salon d’Emile de Girardin qu’il rencontra Hélène. Elle avait 24 ans, était fort belle. Elle habitait avec sa mère au 9
rue de Richepanse où elle menait une existence assez retie. Son père Louis Garre était décédé en 1862. Sa
mère, Isaure donnait des cours danglais. Elle était la dernière des filles de Sophie Gay, femme de lettres
connue pour son salon que fquentaient sous lEmpire et la Restauration toutes les célébris littéraires,
artistiques et politiques de l’époque. La modestie dIsaure contrastait avec léclat de sa sœur Delphine Gay,
célèbre pour ses talents littéraires et son salon dont le succès navait rien à envier à celui de sa mère. Delphine
avait épousé en 1831 Emile de Girardin, le futur empereur de la presse. Ce couple n’eut pas denfants. À la mort
de sa femme en juin 1855, Emile resta proche de sa belle sœur Isaure et surtout de sa nce Hélène pour
laquelle il marqua une constante tendresse. Il fut psent à son mariage avec Léonce et sera le parrain de leur
fils, Maurice, mon grand-père.
Ce mariage avec Hélène Garre va orienter la vie de Léonce. Devenu neveu d’Emile de Girardin, il se tourna vers
le journalisme et se vit ainsi épargné les premierstonnements. Il fit ses débuts dans la Liberté (journal libéral
avancé sous lEmpire) sous le pseudonyme de L. de Bourgneuf dans lequel il se réla un journaliste plein de
verve et dentrain. Il attira l’attention publique, traitant notamment de la question d’Espagne et de la réorganisation de l’armée. Le 31 mai 1870,
Girardin lui céda la Liberté, journal qu’il dirigea jusquen 1876.
Sa polémique courtoise, mais fougueuse lui attira vingt ripostes. Son premier adversaire fut Rochefort quil avait pris à partie et lui décocha
gaiement cette boutade :
« J’ai lu ce matin, à mon adresse, un article signé Détroyat. Que me veut cette troisme personne de limparfait du subjonctif du verbe Détroyer ?
»[7]
En peu de temps, il s’était créé dans le journalisme parisien une situation enve. Mais cet esprit aventureux n’aimait pas à rester longtemps en
place.
Vint la guerre de 1870 [8].
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