SENAT —
SEANCE
DU
19
AVRIL
1978
531
le
dialogue,Nord-Sucl.
doit, dans les enceintes appropriées, s'effor-
cer de réduire, qu'il s'agisse de l'approvisionnement en énergie
qui impose le recours accru à l'énergie nucléaire, sans que
soit pour autant favorisée la prolifération de l'arme atomique,
qu'il s'agisse de la course aux armements, dont l'arrêt, puis
le' renversement, feront l'objet de propositions que M. le Prési-
dent de la République présentera lui-même devant l'assemblée
extraordinaire des Nations unies, qu'il s'agisse du Moyen-Orient,
où la France souhaite que là paix se rétablisse grâce à un
règlement global dont elle a, à maintes reprises, indiqué les
principes
fôndamentaux.
,
Fidèle
1
ses amitiés, notre pays développera avec chaleur
•
les rapports de coopération privilégiée qu'il entretient, à leur
demande, avec les nations qu'il a conduites à l'indépendance.
Celles-ci peuvent compter sur son entier concours.
Fidèle
à
ses solidarités naturelles, la France contribuera
activement au progrès de la Communauté européenne pour
qu'elle soit
une_zone
d'échanges libres, de croissance équilibrée
et de stabilité
•
monétaire. Nous souhaitons une Europe confé-
dérale, où le Conseil européen fixe les orientations de la Commu-
nauté, dans le respect de la souveraineté des Etats, et où
l'assemblée, dont les compétences ont été définies par le traité
de Rome, et qui sera élu, en
1979,
au suffrage universel, donne
aux peuples de la Communauté la possibilité de participer plus
activement à la grande œuvre que constitue l'édification de
l'union européenne.
Les relations de coopération et d'amitié entre l'Allemagne
fédérale et la France restent, aux yeux du Gouvernement, la
pierre angulaire de cette union et nous nous réjouissons de
,leur
sincérité, et
.de
leur qualité.
;
La politique étrangère que la France mène au service de
la coopération, de l'équilibre et de la paix dans le monde ne
se dissocie pas de sa politique de défense. Celle-ci est fondée
sur le respect de nos alliances, sur l'indépendance de nos mayens
militaires et sur le caractère irréversible de notre retrait des
organisations militaires internationales intégrées.
En ce qui concerne nos propres forces, il doit être clair,
une fois pour toutes, et en dépit d'étranges procès d'intention,
que les efforts tendant à la réalisation de nos priorités de
défense seront conduits avec persévérance, sans jamais baisser
notre garde. Nos forces nucléaires seront maintenues au niveau
d'efficacité et de crédibilité nécessaire. Nos autres forces, et
notamment notre marine de surface, seront renforcées et moder-
nisées. Elles constituent, en effet, le complément indispensable
de notre force de dissuasion et doivent nous permettre de
faire face aux responsabilités étendues de la France dans le
monde.
Notre volonté en matière de défense s'est inscrite dans la
_
loi de programmation militaire adoptée en
1976.
Les budgets
établis depuis lors ont mis en œuvre, en dépit des difficultés
économiques et
firiancières
du pays, les dispositions de cette
loi. Sa mise à jour donnera lieu, dans le courant de la présente
législature,
à
un débat au Parlement. Elle devra tenir compte
non seulement des données économiques et financières, mais
aussi de l'évolution des priorités politiques et des acquis scien-
tifiques, techniques et industriels. Ainsi, la loi de programma-
tion
constituera-t-elle,
sous le contrôle du Parlement, un indi-
cateur permanent et réaliste de l'accroissement de notre capacité
de défense, preuve de notre volonté d'indépendance.
La
.Krance .ne
pourra cependant préserver son indépendance
si son économie demeure fragile et vulnérable.
Pour faire face aux profonds changements qui se sont pro-
duits au cours des dernières années, dans le monde, il n'est
pas pour nous d'autre loi que celle de l'effort. Que personne
ne s'y trompe
!
Nous avons pu, dans des circonstances diffi-
ciles, arrêter les évolutions très préoccupantes qui se
mani
7
festaient dans notre économie à la fin de l'été
-1976 ;
nous
avons pu amorcer le redressement économique et financier
du pays en évitant la récession et
\
l'amputation du pouvoir
d'achat des Français. Mais la tâche qui reste à accomplir est
encore considérable.
Nous avons non seulement à éliminer le virus inflationniste
qui mine notre économie, mais nous avons à adapter la France
aux nouvelles conditions de l'économie internationale. Nous
avons à le faire dans une conjoncture internationale peu satis-
faisante. En Europe et dans le monde, la croissance reste faible
et les facteurs de hausse de prix sont loin d'être maîtrisés dans
de nombreux pays
;
l'instabilité monétaire internationale provo-
quée par l'affaiblissement du dollar compromet ici la reprise
de l'activité économique, là les progrès de la lutte contre
l'inflation.
La hausse du prix du pétrole est une épée de Damoclès
qui menace les pays qui, comme le nôtre, doivent importer
ce produit indispensable au fonctionnement de leurs économies.
Dans de telles conditions, la coopération internationale doit
s'intensifier sur les plans économique, commercial, monétaire et
financier. La France apportera son entier concours à tout ce
qui pourra être fait dans ce sens, tant au plan européen qu'au
plan international.
Mais nous ne devons pas nous en remettre à autrui du soin de
résoudre nos problèmes. Nous compterons d'autant plus dans
le monde que nous aurons d'abord compté
SUT
nous-mêmes,
c'est-à-dire remis nous-mêmes en ordre nos affaires.
Les objectifs du Gouvernement sont de parvenir, d'ici à
1980,
au rétablissement durable de nos grands équilibres, de ren-
forcer notre appareil de production, de mener une politique
vigoureuse d'aménagement du territoire. Telles sont, en effet,
les conditions remplir pour offrir aux Français, et notamment
aux jeunes, des emplois qui ne soient pas artificiels, mais sains,
qui ne soient pas précaires, mais durables.
Le Gouvernement poursuivra la politique de redressement
mise en œuvre à la fin de
1976.
Ses principes demeurent
valables
:
maintenir un franc fort et stable
;
maîtriser la progres-
sion de la masse monétaire, conformément à la norme fixée
pow
1978 ;
éviter la détérioration des finances publiques par
la maîtrise de la dépense publique et son redéploiement et
limiter le déficit budgétaire que nous acceptons pour soutenir
l'activité économique à un montant tel qu'il puisse être financé
par l'épargne, sans recours à la création de monnaie
;
enfin,
ralentir la progression des revenus tout en assurant le maintien
du pouvoir d'achat des Français.
C'est en appliquant avec continuité ces principes que nous
pourrons obtenir une réduction progressive de la hausse des prix.
Nous n'échapperons pas à des ajustements de prix provoqués
par l'augmentation nécessaire des tarifs publics, l'élimination
par étapes des montants compensatoires agricoles, la remise
en ordre de nos prix industriels, entreprise dès
1977
dans le
cadre des engagements de modération des prix. Ces ajustements
sont indispensables à l'assainissement de notre économie. Ils se
répercuteront, certes, sur l'indice des prix, mais l'apurement de
notre situation s'effectuera dans un contexte où les facteurs
profonds de l'inflation sont désormais contrôlés et il permettra,
à terme, une décélération sensible de nos prix.
Le rétablissement de ces grands équilibres permettra à l'éco-
nomie française de retrouver un rythme de développement satis-
faisant et régulier. Le Gouvernement recherchera la croissance
la plus élevée possible, compatible avec le retour à l'équilibre
de notre balance des paiements. Il le fera en soutenant la
consommation, en stimulant l'investissement, en favorisant l'essor
de nos exportations. Je confirme, dans cet esprit, le plafonne-
ment, à leurs taux actuels, en
1978 et
1979,
de l'impôt sur les
sociétés, de l'impôt sur le revenu, de la taxe
à
la valeur ajoutée