REVUE DE PRESSE coordonné par
le Pr B. Combe
10 | La Lettre du Rhumatologue • No 362 - mai 2010
Commentaire
Cette étude démontre une association étroite entre
une ILMI supérieure à 1 cm et la prévalence de la
gonarthrose radiologique ou symptomatique à
l’inclusion, d’une part, et l’incidence d’une gon-
arthrose symptomatique (risque multiplié par 1,5)
sur la période d’observation de 30 mois, d’autre
part. À travers cette étude, l’ILMI, dès le seuil de
0,5cm, apparaissait comme un véritable facteur
de risque de gonarthrose, principalement sur le
membre inférieur le plus court, probablement à
la faveur d’un contact avec le sol plus rapide et
plus délétère. Aucun lien entre l’ILMI et la progres-
sion structurale n’était observé, mais le nombre de
patients ayant progressé sur le plan structural était
trop faible et la période de suivi de 30mois trop
courte pour permettre l’observation d’un tel lien.
Même si cette étude démontre que l’ILMI repré-
sente un facteur de risque de la gonarthrose, il
reste à démontrer l’intérêt du port de talonnettes
pour la prévenir chez les patients ayant une ILMI
supérieure ou égale à 0,5 cm avant de recom-
mander la prescription systématique d’une mesure
de la longueur des membres inférieurs et du port
de talonnettes pour prévenir la gonarthrose.
Référence bibliographique
Harvey WF, Yang M, Cooke TD et al. Association of leg-length
inequality with knee osteoarthritis: a cohort study. Ann Intern
Med 2010;152:287-95.
L’inégalité de longueur des membres inférieurs
favorise-t-elle la gonarthrose ?
L’inégalité de longueur des membres inférieurs (ILMI) existe chez environ 70 % de la popu-
lation. L’impact de l’ILMI dans la gonarthrose a été assez peu étudié, d’où cette étude
américaine MOST (Multicenter Osteoarthritis Study), prospective, observationnelle, longitu-
dinale et multicentrique, qui a évalué les relations entre l’ILMI, d’une part, et la prévalence,
l’incidence et la progression de la gonarthrose, d’autre part. Étaient inclus dans cette cohorte
2 964 patients âgés de50 à 79 ans ayant une gonarthrose ou des facteurs de risque de
gonarthrose (gonalgie, obésité, antécédent de traumatisme du genou ou de chirurgie du
genou). Les patients étaient évalués à l’inclusion et 30 mois plus tard selon différents para-
mètres cliniques (âge, sexe, poids, taille et indice de masse corporelle [IMC]), radiologiques
(radiographies des genoux et des membres inférieurs en entier pour mesurer leur longueur
[distance entre le centre de la tête fémorale et le centre de l’extrémité inférieure du tibia]
et l’alignement de l’axe mécanique réel par rapport à l’axe théorique). La prévalence et la
progression structurale à 30 mois de la gonarthrose étaient mesurées à l’aide du score de
Kellgren-Lawrence. Les seuils définis pour retenir une ILMI étaient de1 et de 2 cm.
À l’inclusion, les patients ayant une différence de longueur des membres inférieurs supé-
rieure ou égale à 1 cm (n = 429) avaient les mêmes caractéristiques que les patients ayant
une différence inférieure à 1 cm (n = 2 535) avec respectivement un âge de 63,1± 8 et de
62,4± 8,1ans, un IMC à 31± 5,7 et 30,4± 5,7 kg/ m
2
, un angle d’alignement à 178,2± 4,7
et 178,5± 3,6 °. Après correction des facteurs confondants (âge, sexe, IMC, alignement et
taille), le risque d’avoir une gonarthrose radiologique sur le membre le plus court était plus
élevé chez les patients ayant une ILMI supérieure à 1 cm que chez les patients ayant une
ILMI inférieure à 1 cm (53 % versus 36 % ; OR=1,9 ; IC95 : 1,5 à 2,4). De même, le risque
de gonarthrose radiologique sur le membre inférieur le plus court était plus élevé chez les
patients avec une ILMI supérieure à 2 cm que chez les patients ayant une ILMI inférieure
à 2 cm (68 % versus 37 % ; OR=4,4 ; IC
95
: 1,9 à 10,1). En revanche, aucun surrisque
n’apparaissait pour le membre inférieur le plus long, que ce soit avec une ILMI supérieure
à 1 cm (38 % versus 36 % ; IC95 : 0,8 à 1,3) ou supérieure à 2 cm (42 % versus 37 % ; IC95 :
0,7 à3,0). Le risque d’avoir une gonarthrose symptomatique (genou douloureux avec des
signes radiologiques d’arthrose) sur le membre le plus court était plus élevé chez les patients
ayant une ILMI supérieure à 1 cm que chez les patients ayant une ILMI inférieure à 1 cm
(30 % versus 17 % ; OR=2,0 ; IC95 : 1,6 à 2,6). En outre, le risque d’avoir une gonarthrose
radiologique sur le membre le plus court apparaissait dès 0,5 cm de différence et augmen-
tait avec l’importance de l’ILMI. Une ILMI supérieure à 1 cm n’augmentait pas l’incidence
de la gonarthrose radiologique sur une période de 30 mois mais augmentait celle d’une
gonarthrose symptomatique sur la même période au niveau du membre le plus court (15 %
versus 9 % ; OR=1,7 ; IC95 : 1,2 à 2,4) et sur le membre le plus long (13 % versus 9 % ;
OR=1,5 ; IC95 : 1,0 à 2,1). L’incidence d’une gonarthrose symptomatique sur le membre le
plus court augmentait de surcroît avec l’importance de l’ILMI. Enfin, le risque de progression
structurale au niveau du membre inférieur le plus court était plus élevé chez les patients
ayant une ILMI supérieure à 1 cm (29 % versus 24 %; OR=1,3 ; IC95 : 1,0 à 1,7).
T.Lequerré, Rouen
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