Définition et classification du diabète.

publicité
M. Rodier
Définition et classification du diabète.
Michel Rodier
Endocrinologie - CHU - Nîmes
Résumé
Cet article donne une définition précise du diabète sucré et de ses critères de diagnostic.
La distinction est ensuite établie entre le diabète de type 1 qui est secondaire à la destruction autoimmune des cellules béta des îlots de Langerhans et le diabète de type 2.
Chez ce dernier, la carence en insuline est relative et l’hyperglycémie est liée à l’association, à des degrés divers, , d’une insulinorésistance et d’une insulinopénie.
Il existe par ailleurs d’autres types de diabètes dits "spécifiques" dus à une maladie
pancréatique, à une endocrinopathie, à une cause iatrogène, à une grossesse ou encore à des
anomalies génétiques. Ces différents types de diabètes ont des traductions cliniques et biologiques
différentes.
Diabète / Classification / Types
DÉFINITION
ðLe diabète sucré est défini par l’élévation chronique de la concentration
de glucose dans le sang (hyperglycémie) et regroupe, dans un véritable
syndrome, plusieurs maladies de
pathogénie différente (trouble de la
sécrétion et/ou de l’action de l’insuline). L’hyperglycémie chronique est
la cause principale de la survenue des
complications dégénératives de la
maladie diabétique mais celles-ci sont
néanmoins susceptibles d’être évitées ou tout au moins retardées par
un traitement adéquat.
LES CRITÈRES BIOLOGIQUES DE
DIAGNOSTIC DU DIABÈTE SUCRÉ
ðSelon les critères actuels, le diabète
sucré est défini par une glycémie plas-
matique à jeun ³ 1,26 g/L ou > 2g/L
quelque soit l’heure du prélèvement
en présence de symptômes cliniques.
Ce diagnostic peut également être
posé devant une valeur ³ 2 g/L à la
120ème minute d’une épreuve d’hyperglycémie provoquée par voie
orale (HGPO). La découverte d’une
valeur pathologique doit toujours être
confirmée sauf si le diagnostic de
diabète repose sur la clinique et une
biologie non équivoques. Le diagnostic biologique de routine du diabète
sucré repose dorénavant sur la me-
Correspondance :
Michel Rodier - Endocrinologie - Centre Hospitalier Universitaire - Nîmes
Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2001 - vol.25 - n°2
91
Définition et classification du diabète
sure de la glycémie à jeun et non sur
l’HGPO qui est moins physiologique,
peu reproductible et plus coûteuse.
Une glycémie à jeun modérément
augmentée (³ 1,1g/L mais < 1,26 g/L)
correspond à une "glycémie à jeun
anormale" (impaired fasting glycemia), état qui indique un trouble de
l’homéostasie glucidique. Cette catégorie est, grosso modo, équivalente
à la classique intolérance au glucose
définie par une glycémie ³ 1,4g/L
mais < 2 g/L à la 120ème minute de
Figure 1
l’HGPO (Figure
1).
Figure 1. Diagnostic biologique du diabète sucré
CLASSIFICATION DU DIABÈTE
SUCRÉ
(Ta bleau II))
ðLa classification nosologique du diabète publiée en 1997 par un groupe
d’experts sous la responsabilité de
l’Association Américaine du Diabète
(ADA) remplace celle élaborée en
1979 par le "National Diabetes Data
group" et entérinée en 1980 par
l’OMS.
Ta b leau I. Classif
ication du dia
bète
Classification
diabète
· Diabète de type 1
· Diabète de type 2
(à dominance d’insulinorésistance
ou d’insulinopénie)
es dia
bètes spécif
iques
diabètes
spécifiques
· Autr
utres
(dits "secondaires")
· Diabète gestationnel
ation de l’homéostasie gluci· Altér
Altération
dique
- glycémie à jeun anormale
- intolérance glucidique
Cette classification met en exergue
les différences de physiopathologie
des diabètes de type 1 et de type 2.
Dans le diabète de type 1, l’hyperglycémie est due à une carence absolue
92
en insuline, secondaire à la destruction auto-immune des cellules b des
îlots de Langerhans même si certains
cas rares de ce diabète apparaissent
idiopathiques. Dans le diabète de type
2, la carence en insuline est relative
et l’hyperglycémie est liée à l’asso-
ciation, à des degrés divers, d’une
insulinorésistance et d’une insulinopénie. Ces 2 types de diabète ont de
nombreuses caractéristiques cliniTaques et biologiques différentes (T
bleau II ).
Ta b leau II. Car
actér
istiques des dia
bètes de type 1 et 2
Caractér
actéristiques
diabètes
Diabète de type 1
Fréquence relative
ATCD familiaux
Age de début
Mode de début
Surpoids
Symptômes
Insulinosécrétion
Cétose
MAI associées*
Auto-anticorps
Groupe HLA
Traitement
10-15%
+
avant 30 ans
brutal
absent
+++
néant
fréquente
oui
présents
oui
insuline
Diabète de type 2
85-90%
+++
après 40 ans
progressif
présent
—
persistante
absente
non
absents
non
**
régime, exercice,ADO**
* MAI : maladies auto-immunes - **
**ADO : anti-diabétiques oraux
Les diabètes dits "spécifiques" sont
secondaires à une maladie pancréatique, à une endocrinopathie, iatrogènes ou encore liés à des anomalies
génétiques.
Le diabète gestationnel correspond
à un trouble de la tolérance glucidique apparaissant entre la 24ème et la
28ème semaine de grossesse et disparaissant après l’accouchement. Son
diagnostic repose à l’heure actuelle
sur la pratique d’une HGPO avec 100g
de glucose.
Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2001 - vol.25 - n°2
M. Rodier
La classe "altération de l’homéostasie
glucidique" correspond à des anomalies minimes de la régulation glycémique qui traduisent une augmentation du risque de diabète et de maladie cardiovasculaire.
LA CLINIQUE
ðLa présentation clinique d’un diabète sucré est très variable.
Le plus souvent, le sujet est asymptomatique et le diabète est découvert à
l’occasion d’un bilan de santé systématique. Parfois, le signe d’appel sera
une complication infectieuse (mycose génitale, infection cutanée bactérienne). Ce tableau correspond en
règle à celui du diabète de type 2.
Parfois, au contraire, la clinique est
au premier plan, le malade se plaignant alors d’une polyurie, d’une
polydipsie, d’une polyphagie et d’un
amaigrissement d’installation brutale.
Des signes digestifs (nausées, vomissements, douleurs abdominales) sont
parfois associés. Dans ce cas, le diagnostic ne doit pas être retardé car la
cétose fréquente nécessite un traite-
ment rapide. Ce tableau clinique correspond pratiquement toujours à la
survenue d’un diabète de type 1.
D’autres fois encore, la clinique est
moins démonstrative, les symptômes
étant minimes et souvent chroniques.
La cétose est habituellement absente
et ce mode de révélation de la maladie ne permet pas de préjuger de
l’étiologie du diabète.
Enfin, le diabète peut être révélé par
une de ses complications chroniques.
Ce cas de figure, malheureusement
encore trop fréquent, est l’apanage du
diabète de type 2.
Summary
This article gives a precise definition of diabetes and its diagnostic criteria.
The difference is then established between type 1 diabetes, which is secondary to the
autoimmune destruction of the beta cells from the Langerhans islets, and type 2 diabetes.
In the last type, the lack of insulin is relative and hyperglycemia is linked, at various
degrees, to insulinoresistance and insulinopenia.
Moreover, other types of so-called specific diabetes exists, due to an pancreatic disease,
an endocrine disease, a iatrogenic cause, pregnancy or to genetic abnormalities. These different
types of diabetes show different clinical and biological signs.
Diabetes / Classification / Types
Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2001 - vol.25 - n°2
93
Téléchargement