La santé végétale. La menace climatique sur les plantes

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La santé végétale
La menace climatique sur les plantes
Alain Hambuckers
Université de Liège
Département de Biologie Ecologie et Evolution
Marche-en-Famenne, le 3 mars 2015
Le changement climatique
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Le changement climatique
Le changement climatique
2
La menace climatique sur les plantes
Changements de végétation observés
 Comment les plantes font-elles face aux
stress climatiques?
 Comment prévoir les changements futurs?
 Conclusions

Exemple d’observation de changement de végétation
G. R. Walther, S. Beissner, C. A. Burga, J.Veg.Sci. 16, 541 (2005).
Sud-est des Alpes suisses:
1912, 1980s, 2003,
Enrichissement des sommets en
espèces
Effet probable du réchauffement
3
Autres observations de changements de végétation
Afrique tropicale
Nikiéma et al. 1997; Kambou et al. 1998; Dione & Vassal 1998; Gonzales et al. 2012; Hien 2000; Hiernaux et al. 2011; Zerbo 2005;
Wezel & Lykke 2006; etc.


Au cours des dernières décennies, augmentation de la
mortalité dans la végétation ligneuse en région sahélienne
(Burkina-Fasso, Mali, Senegal, Niger, etc.)
Causes possibles: sécheresses sévères des années 70 ou
réduction des précipitations des années 90 ou
augmentation nette des températures depuis les années 80
Végétation du sommet
de Tenerife
Hambuckers et al. (en préparation)
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Descureinia bourgeana
Pterocephalus lasiospermus
Végétation du
sommet de Tenerife
Ces plantes sont observées 1000 m plus haut que Bramwell et
Bramwell (1974). L’augmentation de température explique en partie
ce changement, environ 300 m. Les 700 m restant seraient une
conséquence de la diminution drastique du pâturage
Argyranthememum teneriffae
Nepeta teydea
Observations de changements de végétation
Conclusions


Extension au cours des dernières décennies des aires de
distribution vers les plus hautes latitudes et altitudes; Les
flores boréales et de montagnes s’enrichissent*
Mais on ne peut exclure la contribution de variation dans les
précipitations, de modifications de l’utilisation du sol, des
interactions entre espèces ou de la pollution atmosphérique
(GIEC 2014)
* Hughes, 2000; Parmesan et Yohe 2003; Root et al 2003; Walther et al 2005; Thuiller et al 2005; Walther et al. 2005; GonzálezMégías et al 2008; Lenoir et al. 2008; Thomas 2010; Chen et al. 2011, etc.
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Comment les plantes font-elles face aux stress
climatiques?
Les conditions du changement
La température (augmentation)
 La pluviosité (augmentation ou
diminution, distribution annuelle)
 Les épisodes extrêmes (ex. sécheresse
canicule, etc.)
 La concentration atmosphérique en CO2
(augmentation)
 Les conditions biotiques

Effet de la température sur la photosynthèse et
la respiration
Deux éphémérophytes,
Tiré de Atwell et al. 1999,
basé sur Woledge et Dennis 1982
--- espèce de saison froide
___ espèce de saison chaude
Tiré de Pearcy et Ehleringer (1984)
6
Effet de la température sur la photosynthèse et
la respiration
Production primaire nette
Tiré de Fitter et Hay 2002,
adapté de Wardlaw 1979
La respiration et la photosynthèse sont adaptées au climat
Acclimation ≠ Acclimatisation
Mais les individus s’adaptent aussi à leurs conditions de croissance
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Effet de la sécheresse
Les plantes contrôle l’évaporation de l’eau au niveau de leur stomates
(influences de la lumière, de la disponibilité de l’eau et du CO2 )
8
La sécheresse
Les plantes s’acclimatent à la sécheresse: plus de racines, moins de
feuilles, cuticule plus épaisse, moins de stomates, etc.)
Effet et de la température et de la
sécheresse

Pour faire face aux saisons défavorables
(sécheresse, froid) les plantes entrent en
dormance, après avoir éventuellement
perdu leur feuilles
9
La température et la sécheresse

Régions équatoriales : pas de dormance (chute des feuilles si
coup de froid ou sécheresse inhabituelle)

Régions tropicales : endodormance en début de saison sèche - les
variations de la longueur des jours déclenchent la chute des
feuilles et le repos métabolique puis y mettent fin

Régions méditerranéennes : endodormance en début de saison
hivernale – l’exposition au froid déclenche le repos métabolique et
augmente la résistance au froid. Le froid y met fin aussi

Régions tempérées : endodormance et écodormance (donc deux
mécanismes!) – la variation de longueur des jours déclenche
l’écodormance. L’exposition aux températures plus élevées
(chaud) et aux jours plus longs met fin à l’écodormance
Adaptations très fines aux conditions climatiques
Dégâts du au gel chez une
espèce sempervirente
cultivée sous un climat
inadapté (espèce de
zonobiome IV cultivée en
région tempérée
Les dégâts peuvent résulter du simple gel des tissus foliaires ou d’une réponse
physiologique inadaptée, c’est-à-dire qu’ au printemps, la plante recommence à
transpirer alors que l’eau du sol n’est pas disponible (dessication due au gel)
L’endodormance et l’écodormance évitent dans nos régions aux espèces
indigènes de recommencer leur croissance trop tôt dans l’année
Les espèces indigènes à feuilles persistantes de nos régions (houx, lierre)
présentent parfois de tels dégâts à leur feuillage à la fin de l’hiver
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Hiver 2013-2014 très doux, pratiquement pas de gelée
Comment les plantes font-elles face aux stress
climatiques?
Nombreux mécanismes (structures
anatomiques, sensibilités physiologiques,
acclimatations anatomiques et
physiologiques)
 Variables selon les espèces

Prévoir les changements futurs est complexe
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Comment prévoir les changements
futurs?
1. Analyser les distributions
En Belgique
La Linaigrette vaginée, plante de
distribution holoarctique et des
montagnes (régions froides), en
Belgique, sur les hauts-plateaux
ardennais
L’aulne glutineux a une
distribution
correspondant aux
régions tempérées, il est
aussi présent dans les
régions à climat
méditerranéen
12
le chêne pubescent, espèce
thermophile de distribution
subméditerranéenne
Erable de Montpellier, espèce
subméditerranéenne, non présente en Belgique,
mais présente dans la vallée de la Moselle
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En Belgique
A. Hambuckers, in Impacts des changements climatiques en Belgique, P. Marbaix
et al., Eds. (Greenpeace, Bruxelles, 2004), pp. 21-25.
2. La modélisation: modèles de niche




Régression en utilisant
présences/absences
Trouver la meilleure
combinaison de variables
explicatives qui permette de
calculer la probabilité de
présence (Px)
Facteurs climatiques : annual
or trimestrial values (mean
conditions), minimum or
maximum values (stress)
Projections:


Calculer Px pour tous les pixels
d’un espace donné
Présent / Futur / Passé
Annickia chlorantha
Température moyenne 1951-2000
14
Modèles de niche

Avantages:



Faciles d’utilisation
Marchent très bien avec les données du présent
Limites:



On n’obtient que des relations empiriques
Ils ne tiennent qu’implicitement compte des
interactions biotiques
Il n’est pas possible de prendre en compte des
phénomènes non-observé comme l’effet de la
concentration en CO2 qui augmente
CRU 1951- 2000 climate dataset (10’x10’ interpolations)
Presence datasets assembled by A. Fayolle, C. Zerbo, F. Tosso, A. Hambuckers
Logistic regression
Temp, prec, etp, dtr
Staudtia kamerunensis
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3. La modélisation: Dynamic Vegetation Model
CARAIB:
- Dynamic vegetation model
simulating plant growth,
typically on 60,000 pixels
could work at various
spatial scales (from global
to regional)
- can grow PFT, BAG or
species
-LAND-USE could be
imposed
Dynamic Vegetation Models

Avantages:



Permettent en particulier de tenir compte des nombreux
mécanismes de résistance aux stress et de plus de
phénomènes (dispersion, compétition, incendies, [CO2],…)
Produisent de nombreuses variables écologiques (LAI, NPP,
respiration, etc.)
Limites:




Plus difficiles à utiliser
Nécessitent des ordinateurs très puissants
Ils ne tiennent qu’implicitement compte des interactions
biotiques
Nécessitent de nombreuses informations caractérisant les
espèces
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Hambuckers et al., en préparation
Temp, prec, etp, dtr
Forest species
Temp, prec, etp, dtr
Forest species
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Acacia senegal
Logistic model,
uniquement présences
des 3 sous-espèces du N
et de l’E
CARAIB , paramètres par défaut
CARAIB , après adaptation: C/N
diminué, profondeur racinaire
augmentée, diminution de la
respiration dans la phase
décidue, en compétition pour la
lumière avec les grands
arbres…
FUTUR avec Modèle de niche
Staudtia kamerunensis
1975
CRU 1951 -2000 dataset (’10’x10’ interpolation)
Logistic Regression Model projections
2050
CRU 1951 -2000 dataset (’10’x10’ interpolation) + anomalies of the CNRM-CM5 climate
model (Centre National de Recherches Météorologiques / Centre Européen de Recherche et
Formation Avancée en Calcul Scientifique global) under the RCP 8.5 climate scenario, with
a 936 ppm final CO2 atmospheric concentration in 2100
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Garcinia kola
Présent
Futur
Milicia excelsa
1975
2050
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Présent
Afzelia africana
Futur
Pterocarpus erinaceus
1975
2050
20
Acacia senegal
Présent
2050
FUTUR avec DVM
Devenir de 75 espèces d’arbres constituant le milieu
de vie de deux espèces de tamarins?
N. Raghunathan, L. François, M. C. Huynen, L. C. Oliveira, A. Hambuckers, Reg. Envir. Chang.,
(2014)
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Rassembler un échantillon suffisant de
présences (coordonnées) de chacune des
espèces (bases de données, observations)
 Extraire les caractéristiques climatiques
des espèces
 Simuler - évaluer
 Projeter (présent-futur)
 Analyser les résultats

66 % des espèces
atteignent un
agrément de 70 % (70
% des présences sont
correctement prédites)
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La végétation: peu de
changements apparaissent
pour le futur!
En 2100, 72 des 75 espèces conservent 95 % de leur aire originale
La plupart des espèces gagnent en extension
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Conclusions
Y a-t-il menace climatique sur les plantes?
Forêt tropicale atlantique brésilienne
Il y a 500 ans, 1.200.000 km2
Il en reste 7 % en fragments
Dans les régions tropicales
arides, les savanes steppiques
sont souvent transformées en
déserts
Ce phénomène résulte du
surpâturage lié à la surpopulation
ainsi qu’à la salinisation
provoquée par des cultures
incorrectement irriguée
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En Europe occidentale
Conclusions
Y a-t-il menace climatique sur les plantes?

Les effets climatiques sont là, mais
finalement de faible ampleur comparés
aux autres effets anthropiques

Le principal problème contre lequel il faut
agir, en priorité, reste la destruction des
habitats naturels et semi-naturels, y
compris en Belgique
25
Merci de votre attention!
Embouchure du rio Cachoeira, Ilhéus, état de Bahia, Brésil
(en train d’être détruit par la création d’une zone industrielle)
26
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