
3.4. Tolérance des solutions de PMC
Le phosphate de sodium apparaît supérieur au PEG en ter-
mes de tolérance et de coût (niveau 1) [20], bien que pouvant
théoriquement donner des troubles électrolytiques (diminu-
tion de la phosphorémie, la calcémie et la kaliémie). Malgré
deux essais négatifs ayant cherché à évaluer le retentisse-
ment clinique de ces troubles, il est prudent (NP 2) de ne pas
recommander le phosphate de sodium en cas d’insuffisance
rénale, et de l’utiliser avec précaution en cas d’insuffisance
cardiaque congestive, cirrhose ou chez les personnes âgées.
3.5. La PMC est-elle nécessaire ?
Tous les essais randomisés et méta-analyses [21–24] ont
montré que la PMC par le PEG était soit inutile soit délétère
en termes de complications infectieuses et de désunion anas-
tomotique avant chirurgie colorectale (NP 1). À noter que les
bras témoins dans les essais publiés et méta-analyses com-
portaient un régime normal.
Le seul essai contrôlé [25] ayant évalué une PMC par les
phosphates de sodium a montré l’absence d’utilité de cette
préparation dans la prévention des complications postopéra-
toires en chirurgie colorectale (NP 2).
Le cas spécifique de la chirurgie rectale n’a pas été évalué
dans les méta-analyses du fait d’un faible nombre de patients
inclus.
En chirurgie abdominale non colorectale, l’utilité de la
PMC n’a pu être mise en évidence (NP 2).
3.6. Recommandations
4. Soins cutanés périopératoires
Les soins cutanés périopératoires comprennent la toilette
et la dépilation préopératoires, l’antisepsie en salle d’opéra-
tion, le drapage opératoire et le pansement postopératoire.
4.1. Toilette préopératoire
L’utilisation de solutions moussantes antiseptiques lors de
la toilette préopératoire est réalisée dans le but de :
•diminuer la colonisation bactérienne au niveau cutané ;
•diminuer le taux d’infection du site opératoire (ISO).
Sept études randomisées ont montré une diminution signi-
ficative de la flore cutanée après utilisation de solutions mous-
santes d’antiseptiques par rapport au simple savon [26–32]
(NP 1). Toutes ces études ont évalué la chlorhexidine compa-
rée à des savons et deux d’entre elles [27,28] ont comparé la
chlorhexidine à la polyvidone iodée. Deux études montrent
que deux douches diminuent significativement la colonisa-
tion par rapport à une douche et qu’un bain est moins efficace
qu’une douche (NP 2) [27,33].
L’effet de l’utilisation de solutions moussantes antisepti-
ques sur la diminution du taux d’ISO est controversé. Sept
études randomisées ont comparé la chlorhexidine à l’utilisa-
tion de savon [32–38] :
•trois trouvaient une différence significative en faveur de la
chlorhexidine ;
•trois ne montraient pas de différence.
Une étude a comparé la chlorhexidine à la polyvidone iodée
et ne montrait pas de différence significative [39]. Une étude
a montré une différence significative en faveur de deux dou-
ches par rapport à une douche sur le taux d’ISO [40].
4.2. Dépilation
Il n’est pas démontré que la dépilation diminue le risque
d’ISO (NP 1). À l’inverse, l’absence de dépilation s’accom-
pagne des taux d’ISO les plus faibles. Trois études randomi-
sées ont montré que le rasage par rapport à l’absence de dépi-
lation ne modifiait pas significativement le taux d’ISO
[41–43]. De plus deux études prospectives ont montré que,
par rapport à l’absence de dépilation, le rasage était un fac-
teur de risque d’ISO [44,45], alors qu’une autre ne retrouvait
pas de différence significative [46]. Si la dépilation s’avère
nécessaire pour des raisons de confort opératoire, elle devrait
être limitée à la seule zone opératoire.
Concernant les techniques de dépilation, parmi dix études
randomisées, quatre ne retrouvaient pas de différence sur les
taux d’ISO [47–50] ; trois retrouvaient une diminution signi-
ficative en faveur de la tonte par rapport au rasage [41,51,52],
deux retrouvaient une différence significative de la crème épi-
latoire par rapport au rasage [53,54]. Parmi quatre études ran-
domisées, une seule a retrouvé un avantage significatif pour
la tonte par rapport au rasage [55].
Concernant le moment de la dépilation, trois études ran-
domisées et une étude prospective ont étudié cette variable
[51,53,56,57] : trois ont montré un avantage pour la dépila-
tion le jour même [51,53,57] mais la différence n’était signi-
ficative que dans l’une d’entre elles [53].
4.3. Antisepsie en salle d’opération
La détersion préopératoire avec une solution moussante
antiseptique a pour objectif de réduire la contamination bac-
térienne et de diminuer les squames et débris cutanés pré-
sents sur la peau de la zone d’incision, avant l’application de
l’antiseptique.
La préparation cutanée du champ opératoire, doit être large.
Elle comporte une étape de détersion à l’aide d’une solution
moussante antiseptique suivie d’un rinçage à l’eau stérile, puis
de l’application d’un antiseptique de la même gamme que le
produit utilisé pour la douche.
Il est recommandé de ne pas réaliser de pré-
paration colique mécanique systématique par
PEG avant chirurgie colorectale élective (grade
A). On ne peut faire de recommandations quant
à l’utilisation des phosphates de sodium ou du
régime sans résidu en chirurgie colorectale.
112 C. Mariette et al. / Annales de chirurgie 130 (2005) 108–124