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L’ÉCOSYSTÈME AQUATIQUE DU FLEUVE
L’estuaire du fleuve Saint-Laurent est un milieu naturel qui offre des habitats à une grande variété
d’espèces fauniques, dont les poissons qui y trouvent des lieux de reproduction, d’alimentation, de
croissance et de migration. Les poissons constituent eux-mêmes une composante du réseau trophique,
consommant des proies plus petites (autres poissons, mollusques, invertébrés et végétaux) et devenant
à leur tour source de nourriture pour d’autres organismes vivants tels que les oiseaux, les mammifères
marins et l’homme.
L’estuaire est naturellement un lieu de transition où les eaux douces rejoignent l’océan et se mêlent
progressivement aux eaux marines. Ajoutée à l’influence grandissante du jeu des marées, cette
rencontre des eaux crée des modifications de température et de salinité auxquelles la communauté
d’espèces s’adapte en montrant un changement dans la composition des espèces les mieux adaptées
aux conditions locales.
Les eaux douces quittent le Saint-Laurent en s’écoulant davantage du côté sud que du côté nord. C’est
pourquoi la salinité s’intensifie à Saint-Jean-Port-Joli du côté sud alors qu’elle est déjà présente à Cap-
Tourmente, du côté nord. En fait, la sortie des eaux douces semble créer un appel pour les eaux marines
qui font intrusion vers l’amont par le côté nord.
La région à l’étude possède près de la moitié des marais intertidaux (situés entre les niveaux des marées
hautes et basses) de scirpe d’Amérique, lesquels sont considérés parmi les plus productifs sur le plan
des matières organiques (Careau, 2010). La biomasse végétale de ces marais contribue, à la suite des
processus de sénescence et de décomposition, au cycle du carbone dans la chaîne alimentaire des
micro-organismes et des invertébrés benthiques, qui sont eux-mêmes des proies recherchées par les
poissons et par plusieurs espèces d’oiseaux aquatiques.
Ces marais intertidaux sont soumis à des marées semi-diurnes, c’est-à-dire qu’elles ont lieu deux fois par
jour. L’onde de marée produit un marnage considérable pouvant atteindre 6 m à la hauteur de la ville de
Québec. Lors de la marée descendante, la vitesse du courant est 4,5 fois plus élevée que celle du fleuve
à l’étale
. Ce phénomène est observable sous les ponts, dans la voie maritime. À la hauteur de Québec,
la vitesse du courant atteint les 2 m par seconde (m/s) sous les ponts et 1,5 m/s dans les estrans. Les
marées les plus fortes sont observées dans le secteur de l’île d’Orléans et atteignent 6,6 m.
LA RIVE NORD DU SAINT-LAURENT
Certaines berges de la rive nord ont été modifiées, entre autres, lors de la construction des
infrastructures maritimes au port de Québec. De même, les rives ont été presque entièrement
artificialisées lors de l’aménagement de l’autoroute Dufferin-Montmorency au début des années 1970 et
plus récemment du boulevard Champlain. Le secteur du boulevard Champlain, délimité au nord par un
escarpement et au sud par le fleuve Saint-Laurent, a été intensément modifié au fil des ans par des
interventions anthropiques pour le développement des activités dans les secteurs industriel, portuaire et
récréatif. Cette section du fleuve, comprise entre les ponts et la rivière Montmorency, est donc fortement
perturbée.
Dans les années 60, la construction du boulevard Champlain, en bordure du fleuve Saint-Laurent, a
nécessité la mise en place d’un remblai d’une superficie de 340 500 m² ayant une profondeur variant
entre 0,9 et 5,0 m pour un volume approximatif de 1 021 500 m³ (Genivar, 2012; 2011). Toutefois,
plusieurs marais (voir fiche « 2.7 Espèces menacées ») demeurent peu anthropisés; la quasi-totalité de
ces marais est dominée par le scirpe américain ou encore par la spartine pectinée. Certains marais sont
tout de même perturbés par la présence d’infrastructures telles que des routes, des quais, des digues et
des barrages (pétrolier, port, etc.) (Ouranos, 2013, Genivar, 2012; 2011). L’effet de batillage, attribuable à
Moment entre deux marées