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FAUNE ET FLORE
FICHE 2-03
LES ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES
Un écosystème aquatique est un ensemble d'organismes interdépendants qui dépendent également de
leur milieu aquatique pour les éléments nutritifs qui s'y trouvent (par exemple, l'azote et le phosphore) et
l'abri qu'il leur procure. Les étangs, les lacs et les cours d'eau constituent des exemples familiers
d'écosystèmes aquatiques (Environnement Canada).
Le principal écosystème aquatique du territoire à l’étude, le fleuve, est soumis à de fortes marées (d’où
l’appellation d’estuaire) et est caractérisé par le passage graduel de l’eau douce à l’eau saumâtre. Ces
deux facteurs conditionnent d’une part la faune aquatique et, d’autre part, la composition floristique des
bandes riveraines.
Outre le fleuve, les rivières du territoire d’étude qui s’y jettent sont également considérées comme
écosystèmes aquatiques. Les principales sont les rivières du Cap Rouge, Saint-Charles, Montmorency et
Sainte-Anne-du-Nord sur la rive nord du fleuve, et Chaudière, Etchemin et Boyer sur la rive sud
(description plus détaillée des rivières et de leur bassin versant dans la fiche « 1.3 Ses rivières »).
Les bandes riveraines, assurant la transition entre les écosystèmes aquatiques et terrestres, font
également partie des écosystèmes aquatiques. Correspondant à un couvert végétal permanent composé
d’un mélange de plantes herbacées, d’arbustes et d’arbres adjacents à un cours d’eau, les bandes
riveraines sont particulièrement dynamiques et diversifiées. Pour jouer pleinement son rôle, la bande
riveraine doit être suffisamment large, comporter trois strates herbacée, arbustive et arborescente et
être composée d’espèces indigènes.
Des fonctions qu’elles peuvent remplir, soulignons particulièrement :
la prévention ou la réduction de la contamination de l’eau par les sédiments, fertilisants et
pesticides (fonction d'assainissement);
la protection des habitats aquatiques et riverains (fonction écologique);
un habitat pour la faune et la flore;
un écran contre le réchauffement excessif de l’eau;
une barrière contre les apports de sédiments dans les plans d’eau;
un rempart contre l’érosion des sols et des rives;
un régulateur du cycle hydrologique;
un filtre contre la pollution de l’eau et un brise-vent naturel;
la protection de la qualité esthétique du paysage.
2-03
2
L’ÉCOSYSTÈME AQUATIQUE DU FLEUVE
L’estuaire du fleuve Saint-Laurent est un milieu naturel qui offre des habitats à une grande variété
d’espèces fauniques, dont les poissons qui y trouvent des lieux de reproduction, d’alimentation, de
croissance et de migration. Les poissons constituent eux-mêmes une composante du réseau trophique,
consommant des proies plus petites (autres poissons, mollusques, invertébrés et végétaux) et devenant
à leur tour source de nourriture pour d’autres organismes vivants tels que les oiseaux, les mammifères
marins et l’homme.
L’estuaire est naturellement un lieu de transition où les eaux douces rejoignent l’océan et se mêlent
progressivement aux eaux marines. Ajoutée à l’influence grandissante du jeu des marées, cette
rencontre des eaux crée des modifications de température et de salinité auxquelles la communauté
d’espèces s’adapte en montrant un changement dans la composition des espèces les mieux adaptées
aux conditions locales.
Les eaux douces quittent le Saint-Laurent en s’écoulant davantage du côté sud que du côté nord. C’est
pourquoi la salinité s’intensifie à Saint-Jean-Port-Joli du côté sud alors qu’elle est déjà présente à Cap-
Tourmente, du côté nord. En fait, la sortie des eaux douces semble créer un appel pour les eaux marines
qui font intrusion vers l’amont par le côté nord.
La région à l’étude possède près de la moitié des marais intertidaux (situés entre les niveaux des marées
hautes et basses) de scirpe d’Amérique, lesquels sont considérés parmi les plus productifs sur le plan
des matières organiques (Careau, 2010). La biomasse végétale de ces marais contribue, à la suite des
processus de sénescence et de décomposition, au cycle du carbone dans la chaîne alimentaire des
micro-organismes et des invertébrés benthiques, qui sont eux-mêmes des proies recherchées par les
poissons et par plusieurs espèces d’oiseaux aquatiques.
Ces marais intertidaux sont soumis à des marées semi-diurnes, c’est-à-dire qu’elles ont lieu deux fois par
jour. L’onde de marée produit un marnage considérable pouvant atteindre 6 m à la hauteur de la ville de
Québec. Lors de la marée descendante, la vitesse du courant est 4,5 fois plus élevée que celle du fleuve
à l’étale
1
. Ce phénomène est observable sous les ponts, dans la voie maritime. À la hauteur de Québec,
la vitesse du courant atteint les 2 m par seconde (m/s) sous les ponts et 1,5 m/s dans les estrans. Les
marées les plus fortes sont observées dans le secteur de l’île d’Orléans et atteignent 6,6 m.
LA RIVE NORD DU SAINT-LAURENT
Certaines berges de la rive nord ont été modifiées, entre autres, lors de la construction des
infrastructures maritimes au port de Québec. De même, les rives ont été presque entièrement
artificialisées lors de l’aménagement de l’autoroute Dufferin-Montmorency au but des années 1970 et
plus récemment du boulevard Champlain. Le secteur du boulevard Champlain, délimité au nord par un
escarpement et au sud par le fleuve Saint-Laurent, a été intensément modifau fil des ans par des
interventions anthropiques pour le développement des activités dans les secteurs industriel, portuaire et
récréatif. Cette section du fleuve, comprise entre les ponts et la rivière Montmorency, est donc fortement
perturbée.
Dans les années 60, la construction du boulevard Champlain, en bordure du fleuve Saint-Laurent, a
nécessité la mise en place d’un remblai d’une superficie de 340 500 m² ayant une profondeur variant
entre 0,9 et 5,0 m pour un volume approximatif de 1 021 500 m³ (Genivar, 2012; 2011). Toutefois,
plusieurs marais (voir fiche « 2.7 Espèces menacées ») demeurent peu anthropisés; la quasi-totalité de
ces marais est dominée par le scirpe américain ou encore par la spartine pectinée. Certains marais sont
tout de même perturbés par la présence d’infrastructures telles que des routes, des quais, des digues et
des barrages (pétrolier, port, etc.) (Ouranos, 2013, Genivar, 2012; 2011). L’effet de batillage, attribuable à
1
Moment entre deux marées
2-03
3
la navigation dans le secteur des ponts et du boulevard Champlain, engendre des vagues qui accélèrent
l’érosion des berges. Ces vagues sont néfastes lorsque des berges naturelles se situent à moins de
800 m de la voie maritime (Genivar, 2012; 2011).
Les activités anthropiques de ce secteur (boulevard Champlain) ont perturbé les habitats riverains et le
milieu aquatique. Des espèces végétales envahissantes ont proliféré et remplacé les espèces indigènes
qui ont pratiquement disparu. En ce qui concerne le milieu aquatique, l’étage supérieur de la zone
intertidale a été remblayé et n’est plus utilisable par le poisson. Cependant, les étages médiolittoral et
infralittoral, constitués de roc recouvert essentiellement de sédiments fins, offrent un certain potentiel
pour plusieurs espèces de poissons dont les principales sont le gaspareau, l’anguille, le poulamon et le
saumon (Genivar, 2012; 2011).
LA RIVE SUD DU SAINT-LAURENT
Certaines berges de la rive sud du territoire ont aussi subi des modifications en raison du développement
urbain et des activités industrielles. À l’instar de Québec, les rives occupées par des activités industrielles
telles que le quai de Valero et le chantier maritime Davie sont fortement artificialisées et perturbées. Par
ailleurs, une grande proportion des rives du milieu urbanisé est occupée par un mur de soutènement
plutôt qu’une bande riveraine naturelle.
Les marais intertidaux couvrent des superficies importantes sur la rive sud du territoire d’étude. Ils
constituent des aires d’alimentation de choix pour plusieurs espèces de poissons. Le scirpe d’Amérique
(plante aquatique) est une espèce très importante dans les marais intertidaux de ce secteur. Il constitue
la principale source de nourriture de l’oie des neiges lors de ses haltes migratoires. De plus, grâce à ces
caractéristiques d’épurateur, il purifie les eaux des rivières qui se jettent dans le fleuve avec une quantité
de diments, de nutriments et de pesticides issus de l’utilisation du territoire par les activités humaines.
Associée également aux marais intertidaux, on retrouve parfois une zone humide parallèle à ces marais
et formée de prairies humides à carex et de marécages arbustifs (aulne, saule) ou arborescents (érable
argenté, frêne noir, orme d’Amérique) qui est aussi importante en matière de valeur écologique et
d’habitats divers pour la faune et la flore.
L’ÎLE D’ORLÉANS
On ne retrouve pas de rivières d’importance sur l’île d’Orléans. Ses rives sont peu perturbées et
occupées en majeure partie par des milieux humides, dont un grand complexe s’étendant du côté nord
de l’île (voir fiche « 2-02. Les milieux humides »). On dénote toutefois la présence d’un ancien chantier
maritime, de plusieurs quais dont les plus importants sont à Saint-Jean et à Sainte-Pétronille ainsi que du
Club nautique de l’Île Bacchus, à Saint-Laurent.
LA FAUNE AQUATIQUE
2
Les écosystèmes aquatiques renferment habituellement une grande variété de formes de vie : bactéries,
organismes vivants dans le fond des cours d’eau (larves d’insectes, escargots, vers, etc.), animaux
microscopiques vivant en suspension dans l’eau, les amphibiens, les reptiles, les oiseaux et les
principales espèces traitées dans cette section, les poissons.
Le nombre d’espèces de poissons dans l’estuaire diminue légèrement de l’ouest vers l’est (de l’amont
vers l’aval) (Trencia, 2013). Au total, une centaine d’espèces est répertoriée pour l’ensemble de
l’estuaire. Les poissons qu’on retrouve dans la portion du fleuve à l’étude peuvent être des espèces d’eau
2
L’information présentée dans cette section provient majoritairement d’un rapport digé par M. Guy Trencia (biologiste), lequel
s’inscrivait dans une démarche plus large du projet de cartographie de l’estuaire fluvial de la Fondation québécoise pour la
protection du patrimoine naturel (FQPPN).
2-03
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douce, d’eau marine ou transitant d’un milieu à l’autre. Ces dernières sont soit anadromes, c’est-à-dire
qu’elles grandissent en eau marine ou saumâtre et reviennent se reproduire en eau douce (saumon,
éperlan arc-en-ciel, poulamon atlantique, alose savoureuse, bar rayé, etc.), ou catadromes, grandissant
au contraire en eau douce et retournant à la mer pour s’y reproduire (comme l’anguille d’Amérique).
Certaines espèces, les euryhalines, s’accommodent aussi bien d’eau douce que marine pour se
reproduire (comme l’épinoche à trois épines). Le tableau 1 présente les principales espèces présentes
dans le territoire d’étude.
Tableau 1 : Principales espèces de poissons présentes dans le territoire d’étude
Espèces
Espèce*
Habitats et autres explications
Spor-
tive
Exo-
tique
En
péril
Achigan à
petite bouche
X
Eau peu profonde et claire à fond rocailleux ou sablonneux, avec abris (grosses
pierres et billots submergés).
Alose
savoureuse
X
X
Rivières en période de frai, autrement en milieu marin (baies côtières et
estuaires).
Anguille
d’Amérique
X
X
Aire naturelle au Canada comprend l'ensemble des eaux douces, des estuaires et
des eaux marines qui donnent accès à l’océan Atlantique.
Barbue de
rivière
X
Eau claire, fraîche et profonde à fond de sable et de gravier ou parsemé de débris.
Lacs et moyennes à grandes rivières.
Baret
X
Vit dans des lacs et des rivières l’eau est tempérée ou dans des baies aux
eaux saumâtres.
Bar rayé
X
X
Population disparue vers le milieu des années 60; l’espèce fait l’objet d’un plan de
réintroduction montrant déjà des signes de succès.
Présence d’une frayère à l’embouchure de la rivière du Sud (Montmagny).
Chevalier
rouge
Vit dans les ruisseaux et les lacs avec un fond de gravier ou de sable sans vase
lourde.
Crapet de
roche
X
Eau chaude (18 à 24 °C), peu profonde et claire à végétation dense et à fond
rocheux, rarement à fond sédimentaire. Lacs, étangs et rivières à faible courant.
Doré jaune
X
Eau fraîche (13 à 21 °C), peu profonde (moins de 15 m) et turbide. Le plus
recherché par les pêcheurs sportifs et le plus répandu dans l’ensemble de
l’estuaire.
Doré noir
X
Eau turbide, peu profonde (généralement < 6,5 m) et fraîche (18 à 19 °C). Grands
lacs et grandes rivières à courant faible, occasionnellement en eau saumâtre.
Aussi répandu que le doré jaune, mais moins à proximité des rives. Préfère
l’obscurité et les eaux profondes.
Éperlan arc-en-
ciel
X
X
La rivière est l'habitat de reproduction préférentiel, mais peut également frayer à
l'embouchure des cours d'eau ou même directement dans le fleuve. Les sites de
frai sont habituellement situés près de la limite supérieure de l'influence de la
marée, dans les zones où le substrat est préférablement constitué de gravier et de
cailloux. Retour modeste observé dans la rivière Boyer. Frayère dans les
ruisseaux de l’Église et Saint-Claude, à Beaumont.
Esturgeon
jaune
X
X
Eau d'une profondeur de 5 à 9 m (parfois jusqu'à 43 m) sur fond de vase ou de
gravier et vase. Régions très productives des grandes rivières et des hauts-fonds
des lacs, occasionnellement en eaux saumâtres.
Site de frai à l’embouchure de la rivière Chaudière.
Fondule barré
Exploite notamment la zone littorale la moins profonde.
2-03
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Espèces
Espèce*
Habitats et autres explications
Spor-
tive
Exo-
tique
En
péril
Fouille-roche
gris
X
Trois types généraux d’habitat, selon le système aquatique qu’il occupe : 1) dans
les lacs, il habite les substrats de gravier et de gros sable; 2) dans les grands
réseaux hydrographiques, il préfère généralement les radiers (zones de rapides)
constitués de gravier et de galets; et 3) dans les petites et moyennes rivières, il
s’observe surtout dans les rapides et les fosses.
Gobie à taches
noires
X
Se tient au fond des plans d’eau. Il tolère diverses profondeurs, mais il fréquente
de préférence les berges.
Grand
corégone
X
Eau froide (10 à 13 °C). Fraye en eau peu profonde (< 7,6 m) à fond dur ou
rocailleux, parfois sablonneux.
Lotte
X
Eau froide (15 à 18 °C) et profonde. Fraye en eau peu profonde (0,3 à 1,3 m) sur
fond de sable ou de gravier.
Méné d’herbe
X
Fréquente les zones riches en végétation aquatique des cours d'eau et des lacs.
Dans ces herbiers aquatiques, il peut s'alimenter, se cacher des prédateurs et
frayer.
Meunier noir
Fréquente lacs et rivières, habituellement les eaux peu profondes.
Meunier rouge
Fréquente les lacs et rivières.
Perchaude
X
Eau claire, généralement peu profonde (< 9 m), fraîche (19 à 21 °C), à végétation
modérée et à fond graveleux, boueux ou sablonneux. Fraye en eau peu profonde,
généralement à proximité de végétation enracinée, de branches ou d'arbres morts
submergés, parfois sur le sable ou le gravier.
Poulamon
atlantique
X
Eaux marines côtières peu profondes, eaux saumâtres des estuaires et eaux
douces des rivières en période de frai. Fraye dans les estuaires et les rivières.
Saumon
atlantique
X
X
Se reproduit à l’automne (octobre-novembre) dans des rivières à fond de gravier
et à courant moyennement rapide. Les jeunes restent de 2 à 5 ans en rivière
(rarement en lacs), descendent ensuite à la mer pour s'y nourrir et croître pendant
1 à 3 ans, rarement plus, puis retourne en rivière pour frayer.
Truite arc-en-
ciel
X
X
Eau claire, fraîche (< 21 °C) et peu profonde à fond de gravier des rivières à
courant modéré. Espèce originaire de la côte du Pacifique et introduite dans le
Saint-Laurent.
Truite brune
X
X
Eau fraîche (15 à 18 °C) à courant faible (parfois eaux vives) principalement des
rivières, aussi des lacs. Tolère des eaux plus chaudes (jusqu'à 24 °C) et plus
turbides que les autres salmonidés.
* Espèce sportive : espèce reconnue d’intérêt sportif pour la pêche par le MFFP ou par une autre organisation.
Espèce exotique : espèce reconnue exotique (non indigène) préoccupante (ou potentiellement préoccupante) au Québec par le
MFFP.
Espèce en péril : espèce reconnue en péril par un statut provincial (LEMV) ou fédéral (LEP, COSEPAC).
Source : MDDELCC, Pêches et Océans Canada
Plusieurs espèces affichent un patron de déplacement variant selon la saison comme le montrent les
données de la pêche fixe de l’Aquarium du Québec située près des ponts de Québec. Au printemps, le
chevalier rouge (en mai) puis le doré jaune et l’achigan à petite bouche (en juin et juillet) effectuent des
déplacements plus intensifs. La barbue de rivière favorise plutôt les mois de juin à août pour se déplacer
davantage, alors que l’esturgeon jaune accentue ses déplacements en juin et en juillet. Pour le grand
corégone, les mois de juin et d’octobre sont ceux d’une plus grande activité. Les meuniers sont en
mouvement plus marqué en octobre également. La plupart de ces espèces (doré, perche, meunier rouge,
barbue de rivière et corégones) se déplacent de Québec vers Trois-Rivières en automne et en sens
inverse au printemps et en été (De Lafontaine et coll., 2002).
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