Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVII - n°10 - décembre 2013
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Revue de presse
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
tête ont été plus fréquents chez les patients
recevant l’implant, mais ceux-ci ont été moins
sujets à une hypertension artérielle ou à une
cholécystite que les sujets traités par la forme
retard. Une grande majorité des patients
(82 %) a apprécié le traitement par implant
pour son confort. L’implant d’octréotide paraît
aussi effi cace et tolérable que la forme retard
de la molécule.
E. Louiset (Rouen)
• Chieff o C et al. J Clin Endocrinol Metab 2013;98(10):4047-54.
Adipocytes bruns dans la graisse
viscérale
Deux types d’adipocytes diff èrent par leur
structure et leur fonction. Les adipocytes
blancs, localisés dans la graisse sous-cuta-
née et intra-abdominale, stockent l’énergie
dans une grosse vacuole de triglycérides. Les
adipocytes bruns, qui présentent de petites
vacuoles lipidiques et de nombreuses mito-
chondries, expriment fortement la protéine
découplante UCP1 (Uncoupling Protein-1),
leur permettant de dissiper l’énergie sous
forme de chaleur. Les petits mammifères,
comme les rongeurs, possèdent tout au long
de leur vie des dépôts importants de tissu
adipeux brun sous-cutané. En revanche, il est
classiquement admis que, chez l’homme, le
tissu adipeux brun, présent chez le nouveau-
né, disparaît en grande partie pendant l’en-
fance. Toutefois, des adipocytes positifs pour
UCP1 ont été détectés chez l’adulte dans la
graisse sous-cutanée au niveau supra-clavi-
culaire et dans le cou, en particulier après une
exposition prolongée au froid. M.J. Betz et al.
ont recherché la présence d’adipocytes expri-
mant la protéine découplante dans la graisse
rétropéritonéale de 57 patients subissant
une surrénalectomie pour la prise en charge
d’un adénome bénin. L’ARNm du gène UCP1
et la protéine découplante ont été détectés
chez 26 d’entre eux (46 % des patients). Les
auteurs ont également constaté l’expression
de gènes connus pour être exprimés par les
adipocytes bruns, comme l’iodothyronine
désiodase de type 2 (DIO2), qui catalyse
la conversion de T4 en T3, et le récepteur
adrénergique β3, qui relaie l’activation du
système sympathique. L’expression de la
protéine découplante n’était pas associée
à un type de tumeur surrénalienne particu-
lier ; elle a été retrouvée dans la graisse de
patients opérés d’un adénome non sécré-
tant, producteur d’aldostérone, sécrétant
du cortisol, ou d’un phéochromocytome.
L’expression du gène UCP1 n’était pas cor-
rélée à l’âge, au sexe, à l’indice de masse
corporelle ou à l’existence d’un diabète. En
revanche, elle était inversement corrélée à la
température extérieure enregistrée durant le
mois qui précédait la chirurgie. Ces données
montrent que la graisse viscérale renferme
fréquemment des adipocytes capables de
dissiper de la chaleur. Elles suggèrent que
ces adipocytes se développeraient sous
l’infl uence du froid. Il est donc permis d’envi-
sager que la plasticité des cellules pourrait
être orientée par un traitement pharmaco-
logique afi n d’augmenter la thermogenèse
et donc de réduire l’accumulation de graisse
intra-abdominale, ainsi que la résistance à
l’insuline qui en résulte.
E. Louiset (Rouen)
• Betz MJ et al. J Clin Endocrinol Metab 2013;98(10):4097-104.
Mécanisme d’action de l’irisine
Au sein du tissu adipeux blanc, le déve-
loppement d’adipocytes bruns exprimant
la protéine découplante UCP1, qui per-
met de dissiper de la chaleur au cours du
métabolisme des triglycérides, s’oppose à
l’accumulation de graisse. La diff érenciation
des adipocytes bruns off re une cible poten-
tielle pour le traitement de l’obésité et du
syndrome métabolique. Y. Zhang et al. ont
montré que l’injection d’irisine, une hormone
produite par le muscle squelettique au cours
de l’exercice physique, provoque une perte
de poids des souris rendues obèses par une
alimentation riche en graisse (1). Les auteurs
ont constaté que l’irisine, en activant la voie
de signalisation MAPK et ERK, augmente l’ex-
pression d’UCP1 par les adipocytes en culture.
Ils ont également observé que l’injection
d’irisine améliore la tolérance au glucose des
animaux obèses. In vitro, l’irisine augmente
la sécrétion de l’hormone bêtatrophine par
les adipocytes. Cette adipokine, en stimulant
la prolifération des cellules β-pancréatiques,
favorise le contrôle de l’homéostasie gluci-
dique (2). Ces données montrent que, chez
la souris, l’irisine, produite par le muscle au
cours d’une activité physique, active les
adipocytes pour favoriser la thermogenèse
et leur sécrétion de bêtatrophine, ce qui
engendre une perte de poids et un meilleur
contrôle de la glycémie.
E. Louiset (Rouen)
1. Zhang X et al. Diabetes 2013 (sous presse).
2. Yi P et al. Cell 2013;153(4):747-58.