R e v u e d e ... La MESA, une nouvelle étude dont on entendra parler

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R ev u e
de
presse
Coordination : Estelle Louiset (Rouen)
La MESA,
une nouvelle étude
dont on entendra parler
Implant d’octréotide
dans le traitement de
l’acromégalie
Adipocytes bruns dans
la graisse viscérale
Mécanisme d’action
de l’irisine
1. De Oliveira Otto MC et al. Am J Clin Nutr 2012;96(2):397-404.
2. Mozaffarian D et al. Am J Clin Nutr 2013;97(4):854-61.
Implant d’octréotide dans le traitement
de l’acromégalie
Le traitement médical de l’acromégalie vise à normaliser les taux circulants de GH (Growth hormone) et
d’IGF1 (Insulin-like growth factor 1) afin de réduire la
croissance osseuse et les autres symptômes associés.
Ce traitement repose sur l’utilisation d’agonistes dopaminergiques D2, d’un antagoniste du récepteur de la
GH et, plus fréquemment, d’analogues de la somatostatine, l’octréotide et le lanréotide. L’octréotide est
administré en plusieurs injections quotidiennes ou une
injection mensuelle de la forme retard (octréotide LP).
C. Chieffo et al. ont initié une étude pilote de phase III
visant à évaluer l’efficacité et la sécurité d’un implant
d’octréotide en comparaison avec la forme retard. Au
préalable, 163 patients acromégales ont été traités à
l’octréotide LP (10 à 40 mg/mois) pendant une période
de stabilisation (≥ 3 mois), puis ont été répartis dans
2 groupes recevant durant 6 mois soit de l’octréotide LP
(6 injections ; 41 sujets), soit un implant d’octréotide
(84 mg ; 122 sujets). Le contrôle de la sécrétion de GH
et d’IGF1 a été obtenu dans les mêmes proportions
dans les 2 groupes (implant : 86 % des patients et
octréotide LP : 84 %). La pose de l’implant a été suivie par une élévation transitoire des taux circulants
d’octréotide durant le 1er mois (pic à 2 500 pg/ml), puis
par une stabilisation à une concentration constante et
équivalente à celle enregistrée chez les patients traités
par la forme retard (1 000 pg/ml) durant les 20 semaines
suivantes. La tolérance au produit a été équivalente
pour les 2 formes galéniques. Les diarrhées et maux de
FRDBT00555 Août 2013 ©Lilly Tous droits de reproduction réservés
La MESA (Multi-Ethnic Study of Atherosclerosis) est une
nouvelle étude épidémiologique concernant 6 communautés américaines. Il s’agit ici de la recension de
2 articles tirés de l’étude de cette cohorte. Dans le premier article, l’étude a concerné le lien entre aliments
sources d’acides gras saturés (AGS) et maladie cardiovasculaire. En effet, les études prospectives ne permettent
pas d’attribuer une responsabilité des AGS dans la
survenue des maladies cardiovasculaires ; les études
d’intervention ne montrent pas non plus de bénéfice à la
substitution des AGS par les AG polyinsaturés oméga 6.
Les produits laitiers n’auraient pas les mêmes effets que
les produits carnés. En 2000 ont été inclus 5 209 sujets
âgés de 45 à 84 ans qui ont été suivis jusqu’en 2010.
Après ajustement pour les facteurs confondants (démographiques, style de vie, nutritionnels), une consommation élevée de produits laitiers est associée à un moindre
risque cardiovasculaire : pour chaque accroissement de
5 g/j et de 5 % d’AGS sources de “calories laitières”, on
observe une réduction respective de 21 % (HR = 0,62 ;
IC95 : 0,68-0,92) et de 38 % (HR = 0,79 ; IC95 : 0,47-0,82) du
risque cardiovasculaire. À l’inverse, une augmentation
de la consommation de 5 g/j et de 5 % d’AGS sources
de “calories carnées” est associée à une augmentation
respective de 26 % (HR = 1,26 ; IC95 : 1,02-1,54) et de 48 %
(HR = 1,48 ; IC95 : 0,98-2,23) du risque cardiovasculaire.
La substitution à 2 % de l’énergie provenant des AGS
sources de “calories carnées” de 2 % de l’énergie provenant des AGS sources de “calories laitières” est associée
à une réduction de 25 % du risque cardiovasculaire. Il
n’y avait pas d’association avec les matières grasses
végétales ou le beurre. Il est clair que l’environnement
alimentaire (la matrice) explique cette différence.
La seconde étude MESA (2) a cherché à observer le lien
entre acide transpalmitoléique (trans C16:1n-7) et survenue de diabète. La concentration plasmatique en acide
palmitoléique des phospholipides est en effet associée
à un meilleur profil métabolique et à une diminution de
l’incidence du diabète de type 2. Cet acide gras peut être
d’origine laitière ou issu des matières grasses végétales
partiellement hydrogénées. Son isomère de position,
l’acide cispalmitoléique, améliore expérimentalement
l’insulinorésistance et inhibe la lipogenèse hépatique.
La cohorte concerne ici 2 281 patients indemnes de
diabète. Parmi eux, 205 sont devenus diabétiques entre
2000 et 2005-2007. Les concentrations plasmatiques
d’acide transpalmitoléique sont corrélées positivement
à la consommation de graisses laitières, beurre, marga-
rine et desserts, et à d’autres biomarqueurs à la fois de
graisses laitières et d’huiles partiellement hydrogénées.
Après ajustements multiples, les concentrations plasmatiques en acide transpalmitoléique étaient associées
à des valeurs plus élevées en LDL-cholestérol (+ 6,4 %),
plus basses en triglycérides (− 19 %) ; l’insulinémie à jeun
était elle aussi plus basse (− 9,1 %), ainsi que la pression
artérielle systolique (− 2,4 mm). En analyse prospective,
l’acide transpalmitoléique est associé à une plus faible
incidence de diabète de type 2 (p = 0,02) avec une
réduction de 48 % entre le quintile 5 et le quintile 1.
Voici donc un “trans” intéressant qui pourrait détrôner
l’acide ruménique.
J.M. Lecerf (Lille)
INVENTIV HEALTH COMMUNICATIONS
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dont on entendra parler
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Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVII - n°10 - décembre 2013
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tête ont été plus fréquents chez les patients
recevant l’implant, mais ceux-ci ont été moins
sujets à une hypertension artérielle ou à une
cholécystite que les sujets traités par la forme
retard. Une grande majorité des patients
(82 %) a apprécié le traitement par implant
pour son confort. L’implant d’octréotide paraît
aussi efficace et tolérable que la forme retard
de la molécule.
E. Louiset (Rouen)
• Chieffo C et al. J Clin Endocrinol Metab 2013;98(10):4047-54.
Adipocytes bruns dans la graisse
viscérale
Deux types d’adipocytes diffèrent par leur
structure et leur fonction. Les adipocytes
blancs, localisés dans la graisse sous-cutanée et intra-abdominale, stockent l’énergie
dans une grosse vacuole de triglycérides. Les
adipocytes bruns, qui présentent de petites
vacuoles lipidiques et de nombreuses mitochondries, expriment fortement la protéine
découplante UCP1 (Uncoupling Protein-1),
leur permettant de dissiper l’énergie sous
forme de chaleur. Les petits mammifères,
comme les rongeurs, possèdent tout au long
de leur vie des dépôts importants de tissu
adipeux brun sous-cutané. En revanche, il est
classiquement admis que, chez l’homme, le
tissu adipeux brun, présent chez le nouveauné, disparaît en grande partie pendant l’enfance. Toutefois, des adipocytes positifs pour
UCP1 ont été détectés chez l’adulte dans la
graisse sous-cutanée au niveau supra-claviculaire et dans le cou, en particulier après une
exposition prolongée au froid. M.J. Betz et al.
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de
presse
ont recherché la présence d’adipocytes exprimant la protéine découplante dans la graisse
rétropéritonéale de 57 patients subissant
une surrénalectomie pour la prise en charge
d’un adénome bénin. L’ARNm du gène UCP1
et la protéine découplante ont été détectés
chez 26 d’entre eux (46 % des patients). Les
auteurs ont également constaté l’expression
de gènes connus pour être exprimés par les
adipocytes bruns, comme l’iodothyronine
désiodase de type 2 (DIO2), qui catalyse
la conversion de T4 en T3, et le récepteur
adrénergique β3, qui relaie l’activation du
système sympathique. L’expression de la
protéine découplante n’était pas associée
à un type de tumeur surrénalienne particulier ; elle a été retrouvée dans la graisse de
patients opérés d’un adénome non sécrétant, producteur d’aldostérone, sécrétant
du cortisol, ou d’un phéochromocytome.
L’expression du gène UCP1 n’était pas corrélée à l’âge, au sexe, à l’indice de masse
corporelle ou à l’existence d’un diabète. En
revanche, elle était inversement corrélée à la
température extérieure enregistrée durant le
mois qui précédait la chirurgie. Ces données
montrent que la graisse viscérale renferme
fréquemment des adipocytes capables de
dissiper de la chaleur. Elles suggèrent que
ces adipocytes se développeraient sous
l’influence du froid. Il est donc permis d’envisager que la plasticité des cellules pourrait
être orientée par un traitement pharmacologique afin d’augmenter la thermogenèse
et donc de réduire l’accumulation de graisse
intra-abdominale, ainsi que la résistance à
l’insuline qui en résulte.
E. Louiset (Rouen)
• Betz MJ et al. J Clin Endocrinol Metab 2013;98(10):4097-104.
Mécanisme d’action de l’irisine
Au sein du tissu adipeux blanc, le développement d’adipocytes bruns exprimant
la protéine découplante UCP1, qui permet de dissiper de la chaleur au cours du
métabolisme des triglycérides, s’oppose à
l’accumulation de graisse. La différenciation
des adipocytes bruns offre une cible potentielle pour le traitement de l’obésité et du
syndrome métabolique. Y. Zhang et al. ont
montré que l’injection d’irisine, une hormone
produite par le muscle squelettique au cours
de l’exercice physique, provoque une perte
de poids des souris rendues obèses par une
alimentation riche en graisse (1). Les auteurs
ont constaté que l’irisine, en activant la voie
de signalisation MAPK et ERK, augmente l’expression d’UCP1 par les adipocytes en culture.
Ils ont également observé que l’injection
d’irisine améliore la tolérance au glucose des
animaux obèses. In vitro, l’irisine augmente
la sécrétion de l’hormone bêtatrophine par
les adipocytes. Cette adipokine, en stimulant
la prolifération des cellules β-pancréatiques,
favorise le contrôle de l’homéostasie glucidique (2). Ces données montrent que, chez
la souris, l’irisine, produite par le muscle au
cours d’une activité physique, active les
adipocytes pour favoriser la thermogenèse
et leur sécrétion de bêtatrophine, ce qui
engendre une perte de poids et un meilleur
contrôle de la glycémie.
E. Louiset (Rouen)
1. Zhang X et al. Diabetes 2013 (sous presse).
2. Yi P et al. Cell 2013;153(4):747-58.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVII - n°10 - décembre 2013
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