« Homme debout » de Fabrice Melquiot (extraits)
Bouli redéboule
“…Je n’écris donc pas pour les enfants, mais à partir de l’enfance, parce qu’avant
tout, ce que je cherche c’est une immersion. L’Ecrire depuis. Ce qui permet
d’espérer les plus grandes nuances possibles et je crois que c’est là l’un des buts
premiers de l’art.”
“…Le texte de théâtre attend quelqu’un et il attend aussi des enfants, qui ne sont
pas les spectateurs de demain, mais ceux d’aujourd’hui et maintenant. Le texte de
théâtre aime les enfants, parce que les enfants aiment très vite jouer avec la vie, la
mémoire et l’invention. Le texte de théâtre n’aime pas les étagères, les enfants non
plus ne tiennent pas en place. Le texte de théâtre a une voix propre, en dehors des
phrases, au-delà de ce qui le construit ou le déconstruit ; le texte de théâtre parle
depuis le vide qu’il enferme, n’éteignant jamais le vertige qu’on a devant le vide.”
“…Lire un texte de théâtre, c’est se reconnaître prêt à autre chose que lire,
simplement lire. Lire un texte de théâtre, c’est courir, siffler, boire et manger,
trembler, mettre des coups, en prendre, perdre et gagner, quitter sa maison, entrer
dans d’autres par des portes dérobées, et puis, ça n’a rien à voir, c’est autre
chose. Les passages secrets ne s’expliquent pas ; ils s’empruntent et ils
s’oublient.“
“…aller, au-delà de ce petit tas de feuilles sèches, faire pousser l’ombre et la
lumière, faire parler l’ombre et la lumière ; ainsi, devenir autre. Et l’enfant aime ce-
la, lui qui parle avec sa solitude et croit aux fantômes. “
“… une magie plus grande encore : celle de la représentation du texte, au sein de
l’assemblée du théâtre. Celle d’hommes, femmes et enfants, réunis, dans un
silence consenti, passant ensemble à travers l’illusion, pour la quitter en retran-
chant cette illusion de la somme qui nous contient ou que nous gardons. Regarder
la réalité en face. Jeter sur la vie une lumière. Dire je, à force de devenir d’autres,
et dire je au présent car c’est toujours le temps qu’il fait au théâtre. Faire confiance
à autre chose, à cet instant donné. Faire homme debout avec des phrases
couchées. Faire homme debout avec cet enfant-là.”
Fabrice Melquiot
biographie / prix / bibliographie
Fabrice Melquiot vient d’une petite ville de Savoie, Modane, où il est né en avril
1972. Après avoir obtenu un baccalauréat audiovisuel, il suit une formation
d’acteur sous la direction de Julie Vilmont puis travaille effectivement en tant qu’ac-
teur au sein de la Compagnie des Millefontaines, dirigée par Emmanuel Demarcy-
Mota.
Parallèlement, il écrit.
En 1998, ses premiers textes pour enfants, Les Petits Mélancoliques et Le Jardin
de Beamon sont publiés à l’École des loisirs et diffusés sur France Culture. Il reçoit
le Grand Prix Paul Gilson de la Communauté des radios publiques de langue
française et, à Bratislava, le Prix européen de la meilleure œuvre radiophonique
pour adolescents.
Depuis quelques années il se consacre entièrement à l’écriture.
Perlino Comment (2001) inaugure la collection de théâtre jeunesse de l’Arche
éditeur, suit Bouli Miro (2002), sélectionné par La Comédie Française en
biographie