P o l y a r t h r i t e r h u m a t o ï d e : PR - Physiopathologie phys i o p a t h o l o g i e, asp e c ts mé dico - é conomiques et imagerie Physiopathologie Physiopathology IP J. Morel, C. Miceli Points forts Microchimérisme dans la polyarthrite rhumatoïde (PR) : un rôle pathogène médié par les cellules microchimériques trouvées chez les patientes atteintes de PR ne possédant pas de gène codant pour l’épitope partagé ? Inflammasome : un lien entre immunité innée et immunité adaptative dans la pathogénie de la PR ? De nouveaux polymorphismes associés à la PR : STAT4 et C5 TRAF. OSCAR, un récepteur des ostéoclastes impliqué dans l’inflammation et la destruction : une future cible thérapeutique ? In vitro, les T régulateurs inhibent l’ostéoclastose par la molécule CTLA4 : une nouvelle propriété des T régulateurs. Une citrullination antigénique croissante amplifie la réponse auto-anticorps, induisant l’apparition des anti-CCP avant le déclenchement de la PR. Les anticorps anti-énolase citrullinée : un nouvel outil diagnostique pour les PR anti-CCP négatifs et le témoin d’une réponse à une infection bactérienne dentaire ? La présence des anti-CCP n’est pas associée à une moindre amélioration de la PR au cours de la grossesse. Les nouveaux critères incluant les anti-CCP sont plus ­sensibles pour diagnostiquer les PR débutantes. certains arguments suggèrent un rôle du microchimérisme. Les patientes sclérodermiques ont en effet un taux d’ADN mâle plus élevé que les témoins sains du même sexe. Par quels mécanismes ces cellules microchimériques peuvent-elles intervenir dans la pathogénie des maladies auto-immunes ? 1. Rôle des cellules microchimériques dans la réponse immunitaire de type alloréactivité par analogie avec les manifestations dysimmunitaires observées dans la réaction du greffon contre l’hôte. 2. Rôle des cellules microchimériques dans la transmission d’un message cytokinique ou antigénique. Dans la polyarthrite rhumatoïde (PR), 20 % des femmes atteintes n’ont pas de gène codant pour l’épitope partagé. Pour ces patientes, ce gène pourrait être transmis par les cellules microchimériques (L. Maestroni, 744). Pour tester cette hypothèse, les cellules mononucléées (PBMC) ont été extraites du sang périphérique de patientes atteintes de PR non porteuses des gènes HLA-DRB1*04 (n = 43) ou HLA-DRB1*01 (n = 33) ainsi que de sujets témoins (n = 64 pour HLA-DRB1*04 et n = 46 pour HLA-DRB1*01). Un typage génétique sur ces cellules a été réalisé par technique SSO (Single Sequence Oligonucleotide). Les femmes atteintes de PR ont un nombre de cellules micro­ chimériques porteuses de l’allèle HLA-DRB1*04 plus important que les témoins (figure 1). La même observation est faite pour 5 % 500 000 Mots-clés : Microchimérisme – Inflammasome – Anticorps anti-CCP. le Rôle du microchimérisme dans la pathogénie de la polyarthrite rhumatoïde On appelle microchimérisme la présence de cellules génétiquement différentes chez un même individu. Par exemple, des cellules fœtales d’un enfant mâle (XY) ont été retrouvées chez une femme de 26 ans après sa grossesse. Ces cellules, dites “microchimériques”, peuvent être transmises d’un individu à l’autre lors d’une grossesse normale ou d’une fausse couche par un transfert entre la mère et le fœtus via le placenta, lors d’une transfusion ou encore lors d’une transplantation d’organe ou de cellules souches. Dans les maladies auto-immunes (sclérodermies, myosites, etc.), LR-NN-337-0108.indd 6 Nombre de cM/million de PBMC Keywords: Microchimerism – Inflammasome – Anti-CCP antibodies. 300 000 Expression de cM HLA-DRB1*04 PR (n = 43) 1 % 10 000 9 000 7 000 5 000 3 000 1 000 0,1 % 800 600 400 200 0 Témoins (n = 64) p = 0,031 8 = 1 patient Figure 1. L’épitope partagé HLA-DRB1*04 est transmis aux patientes atteintes de PR par les cellules microchimériques (CM) fœtales. Nombre de cellules microchimériques HLA-DRB1*04 dans le sang de 43 patientes atteintes de PR (points roses) et de 64 témoins sains (points verts) ne possédant pas le gène HLA-DRB1*04. Chaque point correspond à un patient. La Lettre du Rhumatologue - n° 338 - janvier 2008 23/01/08 16:55:30 L’inflammasome : un lien entre immunité innée et immunité adaptative ? La cellule présentant l’antigène peut reconnaître un antigène (agents infectieux ou un signal de danger) et déclencher une réponse inflammatoire immédiate médiée par l’immunité innée impliquant les polynucléaires neutrophiles (PNN), les macrophages et le complément. Dans certaines situations, une réponse plus lente mais plus spécifique dirigée contre l’antigène est médiée par l’immunité adaptative impliquant les lymphocytes (B et T). DAMP ATP PAMP P2X7 TLR/NLR Inflammasome Activation de caspase 1 IL-1β IL-18 IL-33 PAMP : Pathogen Associated Molecular Patterns DAMP : Danger Associated Molecular Patterns NALP : Nacht LRR PYD domains Figure 2. L’inflammasome. Lorsque le signal de danger (DAMP) ou un agent infectieux (PAMP) se lie au récepteur Node-Like Receptor, un complexe se forme avec les protéines NACHT, PYD et ASC : l’inflammasome. La protéine ASC va favoriser le clivage de la caspase 1, qui pourra ainsi activer les cytokines présentes dans le cytoplasme sous forme inactive comme la pro-IL-1. Le récepteur purinergique P2X7 est capable d’activer l’inflammasome. La Lettre du Rhumatologue - n° 338 - janvier 2008 LR-NN-337-0108.indd 7 L’inflammasome est un complexe qui intervient dans l’immunité innée (figure 2). Les signaux de danger DAMP (Danger Associated Molecule Patterns) ou les molécules d’agents infectieux PAMP (Pathogen Associated Molecule Patterns) se lient à des récepteurs membranaires (Toll-Like Receptor) ou intracellulaires (Node-Like Receptor). Cette liaison entraîne la formation d’un complexe recrutant les protéines NACHT, PYD et ASC (Apoptosis-associated Speck-like protein containing a CARD) et formant ainsi l’inflammasome. Ce complexe va activer la caspase 1, qui peut alors cliver un domaine de certaines cytokines présentes dans le cytoplasme sous forme inactive (proIL-1, pro-IL-18, etc.). Les cytokines deviennent alors actives et sont excrétées dans le milieu extracellulaire, provoquant ainsi une inflammation immédiate. Il existe trois récepteurs de l’inflammasome : NALP1 (NACHT LRR PYD), NALP3 et IPAF. Ces trois récepteurs ont une protéine ASC qui intervient dans l’activation de la caspase 1. Dans cette étude, trois souches de souris DBA1 knockout ont été utilisées. La première n’a pas le gène NALP3 (KO NALP3), la deuxième n’a pas le gène IPAF (KO IPAF) et la troisième ne possède pas le gène ASC (KO ASC), qui code pour une protéine présente sur les trois récepteurs de l’inflammasome (Karababa, 1280). Une arthrite à adjuvant est induite dans l’une des articulations de la souris avec de l’albumine bovine méthylée (mBSA). Seule la souris KO ASC développe une arthrite moins sévère sur les plans clinique, biologique et histologique. L’IL-1 intra-articulaire est diminuée, mais l’activité de la caspase 1 est conservée, témoignant qu’une autre molécule est aussi capable d’activer la caspase indépendamment de la protéine ASC. Les lymphocytes T des souris KO ASC produisent moins d’IFNγ et d’IL-2, ce qui suggère que la protéine ASC est capable de moduler la sécrétion des cytokines TH1. Cette dernière observation indique que la protéine ASC pourrait être un lien entre l’immunité innée et l’immunité adaptative de type TH1 dans l’arthrite expérimentale. Quel est maintenant le rôle de l’inflammasome dans la PR ? Mécanisme de la destruction osseuse : OSCAR, un nouveau récepteur des ostéoclastes exprimé dans la polyarthrite rhumatoïde Protéine ASC Pro-IL-1β Pro-IL-18 Pro-IL-33 PR - Physiopathologie l’allèle HLA-DRB1*01. En revanche, l’expression d’un allèle non associé à la PR (HLA-DQB1*02) est similaire chez les patientes atteintes de PR et les témoins. L’épitope partagé porté par les cellules microchimériques est observé presque exclusivement chez les patientes atteintes de PR. Ce résultat suggère que les gènes HLA-DRB1*04 et 01 pourraient être transmis par les cellules microchimériques chez les patientes non porteuses du gène de l’épitope partagé. Des observations comparables ont été faites par une autre équipe en utilisant une technique différente (Yan, 368). Au lieu de typer les gènes HLA-DRB1*04 et 01, Yan et al. ont typé les séquences de l’épitope partagé (QRRAA et QKRAA) chez les patientes atteintes de PR ne possédant pas de gène codant pour cet épitope partagé. Ils ont observé une prévalence plus élevée de cellules microchimériques porteuses de l’épitope partagé que chez les témoins sains. OSCAR (OSteoClast Associated Receptor) est un récepteur des ostéoclastes possédant un domaine Fcγ-like qui ne se lie pas avec les immunoglobulines. Le ligand d’OSCAR n’est pas connu, mais la liaison de ce ligand avec OSCAR active des tyrosines kinases (SYK) puis des phospholipases C (PLC) qui contrôlent l’ouverture des canaux calciques. L’entrée de calcium au niveau intracellulaire entraîne l’activation de l’ostéoclaste. L’expression d’OSCAR est induite par les cytokines pro-inflammatoires (TNF, IL-17). Il existe également un récepteur soluble d’OSCAR capable de bloquer l’activation de l’ostéoclaste. Dans l’articulation des patients atteints de PR, le récepteur OSCAR est exprimé dans la synoviale rhumatoïde et au niveau des érosions osseuses sur les ostéoclastes (Herman, 1304). Dans le sang périphérique, OSCAR 23/01/08 16:55:35 P o l y a r t h r i t e r h u m a t o ï d e : PR - Physiopathologie phys i o p a t h o l o g i e, asp e c ts mé dico - é conomiques et imagerie est surexprimé sur les monocytes des patients atteints de PR par rapport aux témoins sains (figure 3A). Chez les malades, l’expression d’OSCAR est corrélée au DAS 28, à la CRP (pro­téine C réactive) [figure 3B] et à la VS (vitesse de sédimentation) tandis que le taux de récepteur soluble d’OSCAR est diminué dans le sérum des patients atteints de PR par rapport aux témoins. Ces résultats permettent d’envisager le développement d’un récepteur soluble d’OSCAR qui pourrait avoir un effet antirésorptif mais aussi antiinflammatoire. Cette propriété pro-inflammatoire du récepteur OSCAR le distingue de la cytokine RANKL, qui n’a qu’une action ostéoclastique. Le denosumab (anticorps anti-RANKL) a un effet sur la résorption, mais pas sur l’inflammation ! clastes bloque la différenciation en ostéoclastes et leur activation. Les Treg sont mis en présence d’un nombre croissant de préostéoclastes (5, 10, 20…). Le nombre d’érosions osseuses évalué par le bone pit resorption assay est significativement diminué jusqu’au ratio de 1 Treg pour 20 préostéoclastes (figure 4). En d’autres termes, au-delà de 20 préostéoclastes, un Treg ne suffit plus pour bloquer l’activité ostéoclastique. Lorsqu’un anticorps anti-CTLA4 neutralisant est ajouté avant la coculture des Treg et des préostéoclastes, la différenciation des préostéoclastes en ostéoclastes est augmentée, démontrant l’implication de CTLA4. L’effet inhibiteur des Treg sur les préostéoclastes est surtout contrôlé par la molécule CTLA4 et, dans une moindre mesure, par les cytokines IL-10 et TGFβ. In vitro, les lymphocytes T régulateurs inhibent les ostéoclastes via CTLA4 A Expression d’OSCAR (intensité moyenne de fluorescence) p < 0,0001 250 200 150 100 PR Expression d’OSCAR (intensité moyenne de fluorescence) PR Témoins p < 0,01 200 100 0 CRP CRP ≤ 5 mg/dl > 5 mg/dl Figure 3. OSCAR, un nouveau récepteur des ostéoclastes, est exprimé dans la PR. A. Expression d’OSCAR sur les monocytes extraits du sang périphérique de patients atteints de PR (colonne orange) comparée à celle observée chez des témoins sains (colonne verte). B. L’expression d’OSCAR est corrélée au taux de CRP. Le récepteur OSCAR est plus exprimé sur les monocytes du sang périphérique des patients atteints de PR lorsque la CRP est supérieure à 5 mg/­dl (colonne jaune). LR-NN-337-0108.indd 8 60 * p < 0,05 30 0 1:5 1:10 1:20 1:50 1:∞ Ratio Treg/préostéoclastes Contrôles Figure 4. In vitro, les lymphocytes T régulateurs (Treg) inhibent l’activation des ostéoclastes. Les Treg sont mis en présence d’un nombre croissant de préostéoclastes. La résorption osseuse, évaluée par le nombre d’érosions osseuses sur la lamelle d’hydroxyapatite du bone resorption assay, est inhibée par les Treg jusqu’à un ratio de 1 Treg pour 20 préostéoclastes. 50 0 B 90 Résorption osseuse Les lymphocytes T régulateurs (Treg) régulent surtout les lymphocytes T activés avec un effet inhibiteur sur la réponse immunitaire pour éviter la persistance de l’inflammation ou le développement d’une maladie auto-immune. Les Treg expriment les marqueurs membranaires CD4 et CD25 et le facteur de transcription Foxp3. Ils régulent l’activation des lymphocytes T CD4+ soit par contact cellulaire direct impliquant la molécule CTLA4 qui interagit avec le système CD28/CD80-CD86, soit à distance via les cytokines suppressives IL-10 et TGFβ qu’ils sécrètent. L’effet des Treg sur les ostéoclastes n’est pas connu. In vitro, la mise en présence (coculture) des Treg et des préostéo- Les anti-CCP Phase préclinique : rôle des peptides citrullinés et des cytokines L’apparition des anti-CCP peut survenir avant les premiers signes cliniques de la PR. À quelle phase préclinique de la maladie les anticorps anti-CCP apparaissent-ils ? Y a-t-il un lien avec l’apparition croissante de peptides antigéniques natifs ou citrullinés avant la maladie ? Pour répondre à ces questions, une étude a été réalisée à partir du sérum de patients prélevé à la phase préclinique de la PR, avant et après l’apparition des anti-CCP et après le diagnostic de la PR (Hueber, 1289). Pour la phase préclinique, la durée médiane des périodes avant et après l’apparition des anticorps est respectivement de 4 et 0,7 ans. Pour la période correspondant à la phase clinique de la maladie, la durée moyenne d’évolution de la PR est de 3 ans. Le dosage des peptides citrullinés et des cytokines a été effectué pour chacune de ces La Lettre du Rhumatologue - n° 338 - janvier 2008 23/01/08 16:55:37 gingivalis, impliquée dans les infections gingivales. L’anti-CEP1 reconnaît l’énolase de P. gingivalis mis ou non en présence d’une PAD (Peptidyl Arginine Deiminase) qui favorise la citrullination des peptides. Cette observation suggère que P. gingivalis possède une PAD endogène capable d’induire la citrullination de l’énolase. L’ensemble de ces résultats privilégie non seulement la théorie du mimétisme moléculaire entre un peptide du soi et celui d’un agent étranger, tous deux ayant une structure proche (figure 6), mais aussi celle de la diffusion épitopique avec l’existence de nombreux anticorps dirigés contre des peptides citrullinés. Cette analogie entre des énolases bactérienne et humaine privilégie également l’hypothèse du rôle déclenchant d’une infection bactérienne (gingivale) dans la PR. Mimétisme moléculaire Anti-CCP – Période 1 : 4 ans Anti-CCP + PR Période 2 : 0,7 an Peptides citrullinés Cytokines Figure 5. Phase préclinique : rôle des peptides citrullinés et des cytokines. Dans la phase préclinique, on distingue deux périodes : avant (période 1) et après (période 2) l’apparition des anti-CCP. La période 3 correspond à la phase symptomatique de la PR. Le nombre de peptides citrullinés (en vert) augmente plus que le nombre de peptides natifs non citrullinés (en jaune) entre les périodes 1 et 3. Les cytokines et les chimiokines augmentent entre les périodes 2 et 3. Le phénomène d’amplitude de la réponse auto-anticorps explique une diffusion épitopique (“epitope spreading”), conséquence de la citrullination antigénique croissante. Un nouvel antigène citrulliné : l’énolase L’énolase est une enzyme qui intervient dans la glycolyse. Onze différents peptides citrullinés obtenus à partir de l’énolase humaine ont été mis en présence de sérums de patients atteints de PR. Le sérum a réagi avec un seul peptide : CEP1 (Citrullinated Enolase Peptide 1). L’anticorps anti-CEP1 isolé n’a pas de réaction croisée avec les 10 autres énolases, ni avec les anticorps anti-CCP. En revanche, l’anti-CEP1 est, comme les anti-CCP, plus fréquemment associé à l’épitope partagé. La sensibilité et la spécificité de cet anticorps ont été testées sur trois cohortes différentes et varient respectivement de 37 à 62 % et de 96 à 98 %. La présence d’anticorps CEP-1 chez les patients atteints de PR sans anticorps anti-CCP permet d’envisager son utilisation comme une aide supplémentaire au diagnostic de PR. L’anti-CEP1 reconnaît une énolase bactérienne. L’épitope dominant reconnu par l’anti-CEP1 a une parfaite homologie de séquence (100 %) avec l’énolase de la bactérie Porphyromonas La Lettre du Rhumatologue - n° 338 - janvier 2008 LR-NN-337-0108.indd 9 Réponse auto-immune Anti-CEP1 P. gingivalis Période 3 : 3 ans Peptides natifs PR - Physiopathologie trois périodes. Avant l’apparition des anti-CCP, l’augmentation croissante des peptides citrullinés, alors que le nombre de peptides natifs, quant à lui, augmente peu, suggère que l’amplitude de la réponse anti-CCP est plutôt une conséquence de la citrullination croissante des peptides, ce qui privilégie la théorie de l’epitope spreading (diffusion épitopique) [figure 5]. L’amplitude de la réponse auto-anticorps expliquerait une diffusion épitopique, conséquence de la citrullination antigénique croissante. Cette reconnaissance des peptides citrullinés, marquée par l’apparition des anticorps anti-CCP, est suivie, après l’apparition des anticorps et durant la phase clinique de la maladie, d’une augmentation des cytokines et chimiokines de l’inflammation ainsi que de cytokines anti-inflammatoires. Cette production cytokinique témoigne d’une réponse inflammatoire qui suit la réponse immunitaire avec production d’anticorps (anti-CCP). Énolase citrullinée ou autoantigène citrulliné CPA : cellule présentant l’antigène TH1 : lymphocyte TH1 Figure 6. Un nouvel antigène citrulliné : l’énolase. Mimétisme moléculaire entre énolase humaine et bactérienne (Porphyromonas gingivalis). L’énolase bactérienne a une structure proche de l’énolase humaine qui pourrait activer une réponse immunitaire auto-immune avec des anticorps antiénolase humaine (anti-CEP1). L’amélioration clinique observée pendant la grossesse n’est pas corrélée à la présence des anticorps anti-CCP L’étude TARA est un suivi de patientes atteintes de PR pendant leur grossesse avec une évaluation de l’activité de la PR par le DAS (Disease Activity Score) 28 3 critères (CRP) tous les 3 mois puis 6, 12 et 26 semaines après l’accouchement (De Man, 1838). Des dosages biologiques étaient disponibles pour 119 patientes, et 76 d’entre elles avaient des anti-CCP. En considérant une évolution favorable selon les critères de réponse EULAR, les patientes sans anti-CCP n’ont pas plus d’amélioration de leur PR que les patientes ayant des anti-CCP (tableau I). Le taux d’anti-CCP ne variait pas avant et pendant la grossesse (200 UI/­l en moyenne). Pour les facteurs rhumatoïdes, IgG, IgM et IgA, les taux étaient également stables au cours de la grossesse. Après l’accouchement, seul le taux de FR IgM diminuait significativement à la reprise du traitement. Tableau I. Amélioration clinique de la PR pendant la grossesse et antiCCP. Le pourcentage de patientes qui voient leur état s’améliorer pendant la grossesse est indépendant du statut des anticorps anti-CCP. Amélioration pendant la grossesse selon les critères de réponse EULAR Bonne/modérée (n = 47) Aucune (n = 72) p Anti-CCP+ (n = 76) 29 (38,2 %) 47 (61,8 %) 0,69 Anti-CCP – (n = 43) 18 (41,9 %) 25 (58,1 %) 0,6 23/01/08 16:55:43 P o l y a r t h r i t e r h u m a t o ï d e : phys i o p a t h o l o g i e, asp e c ts mé dico - é conomiques et imagerie Nouveaux critères diagnostiques de la PR débutante Tableau II. Nouveaux critères diagnostiques des PR récentes. Les 4 critères cliniques (arthrite > 3, atteinte des mains, symétrique, raideur matinale > 1 h) plus anti-CCP ont une meilleure sensibilité que les critères ACR 1987 incluant ou non les anti-CCP. ACR 1987 ACR 1987+ anti-CCP Nouveaux critères : 4 critères cliniques + anti-CCP Sensibilité (%) 25 44 63 Spécificité (%) 86 86 72 Facteurs de prédisposition génétique à la polyarthrite rhumatoïde Le congrès ACR 2007 a été marqué par des avancées significatives dans l’identification de facteurs de prédisposition génétique à la PR. En effet, une première étude, utilisant une approche par criblage systématique de 300 000 variants bialléliques (Single 10 LR-NN-337-0108.indd 10 IL-12 IL-23 P19 P40 P19 P40 STAT 1, 2, 4, 5 IL-23R IL-12R Les critères ACR 1987 ne sont pas adaptés au diagnostic de PR débutantes lorsque les signes d’arthrite évoluent depuis moins de 6 mois. Une révision de ces critères est envisagée, incluant les anti-CCP. Dans cette étude, de nouveaux critères ont été établis et testés sur une population de 292 patients atteints de PR incluant 79 malades ayant une arthrite évoluant depuis moins de 6 mois. Les données cliniques, biologiques et radiologiques ont été obtenues à partir des dossiers médicaux des patients suivis pendant une durée de 6 mois. Parmi les critères ACR 1987, certains sont rarement observés au début de la maladie. Ainsi, dans cette étude, sur les 79 patients dont l’arthrite était récente, aucun n’avait de nodules rhumatoïdes, et 8 % avaient des érosions radiologiques – alors que sur l’ensemble de la population, 16 % ont des érosions et 8 % des nodules (Liao, 2150). À partir de ces observations, différentes combinaisons ont été testées : les critères ACR 1987 avec anti-CCP, les 4 critères cliniques ACR 1987 avec anti-CCP, les 4 critères cliniques plus le critère radiologique et les anti-CCP. Le diagnostic de PR était retenu par un expert à la dernière visite. La spécificité et la sensibilité de ces différents critères ont été testées sur la population totale (n = 292) et sur la population PR débutante (< 6 mois, n = 79) [tableau II]. Pour le diagnostic des PR récentes, les 4 critères cliniques plus anti-CCP ont la meilleure sensibilité (63 % versus 25 % pour les critères ACR 1987), avec une spécificité qui reste correcte. Pour l’ensemble des 292 patients, l’ajout des anti-CCP aux critères ACR 1987 augmente peu la sensibilité et la spécificité. Avec les 4 critères cliniques plus anti-CCP, par rapport aux critères ACR 1987 plus anti-CCP, la sensibilité est augmentée, passant à 74 % (versus 55 %), mais avec une perte de la spécificité calculée, celle-ci passant à 81 % (versus 91 %). L’association des 4 critères cliniques ACR 1987 et des anti-CCP semble plus adaptée pour le diagnostic de PR récente. IL-12Rβ2 IL-12Rβ1C PR - Physiopathologie STAT 1, 2, 4, 5 IFNα IL-17 Figure 7. Rôle du facteur de transcription STAT4 dans la transduction du signal des voies IL-12 et IL-23. Nucleotide Polymorphisms [SNP]) du génome, a conduit à l’identification de deux SNP, dans le locus TRAF1-C5. Ces polymorphismes ne sont pas localisés dans des régions codantes et ne correspondent pas, à l’évidence, à des variations du génome pouvant conduire à une dysrégulation des gènes C5 ou TRAF1. Le polymorphisme causal est donc vraisemblablement situé à proximité de ces deux SNP ; une analyse plus fine de la région est en cours. Néanmoins, les deux gènes peuvent logiquement être impliqués dans la PR, comme acteur de la réaction inflammatoire pour C5, ou comme élément de la transduction du signal après fixation du TNF sur son récepteur pour TRAF1. Un autre facteur de prédisposition génétique à la PR a été identifié par une approche différente. Il s’agissait de préciser une région située sur le chromosome 2q, où une liaison avait été mise en évidence en 2003 au cours de la polyarthrite rhumatoïde (D. Jawaheer et al., Arthritis Rheum 2003;48(4):906-16). Ce résultat signifiait que, dans des familles où plusieurs membres étaient atteints de PR (familles dites “multiplex”), il existait un excès de ressemblance entre germains atteints à cette région du génome. Cette équipe a affiné ce résultat par l’analyse de polymorphismes de 13 gènes candidats dans cette région de liaison et a pu mettre en évidence une association significative avec un SNP (rs7574865) localisé dans le gène STAT4 (p = 8,3 x 10 – 5 ; OR = 1,3 ; IC95 : 1,1-1,4). Ce gène code pour un facteur de transcription impliqué dans la transduction du signal des voies IL-12 et IL-23 (figure 7). ■ La Lettre du Rhumatologue - n° 338 - janvier 2008 23/01/08 16:55:44