République Algérienne Démocratique et Populaire Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique Université des Sciences et de la Technologie d’Oran - Mohamed Boudiaf Faculté des Sciences Département de Physique MEMOIRE En vue de l’obtention du diplôme de Magister Spécialité : Physique Option : Propriétés Electroniques des Matériaux Adsorption d’une Solution Electrolytique de Cuivre sur un Textile Echangeur de Cations : Régénération sous Champ Electrique en Présence des Membrane Echangeuse d’Ions Présenté par BOURAS Rabah Soutenu le 13 /11/2011 devant le jury : N. ZEKRI Professeur USTO-MB Président M. KAMECHE Professeur USTO-MB Rapporteur A. SAHMOUNE Professeur UMMTO Examinateur B. HADDOU Maître Conférence A USTO-MB Examinateur Laboratoire d’Etude Physique des Matériaux Remerciements En premier lieu, je remercie Dieu tout puissant qui m'a donnée la force de mener à Terme ce travail. J’aimerais dans ces quelques lignes remercier toutes les personnes qui, d’une manière ou d’une autre, ont contribué au bon déroulement ces années, tout au niveau humain qu’au niveau scientifique. Ce travail a été réalisé au Laboratoire de Physico-Chimie des Matériaux de l’U.S.T.Oran sous la direction du professeur Z.DERRICHE, que je remercie vivement pour avoir largement contribué, par la qualité de ses conseil, et par ses encouragements, à l’aboutissement de ce travail de recherche. Je tiens à remercier monsieur le professeur N.ZEKRI, directeur du Laboratoire des Propriétés Electronique des Matériaux à l’université des sciences et e la technologie Mohamed Boudiaf d’Oran, pour m’avoir accueilli au sein de son laboratoire pour préparer mon magister. La direction de ce travail a été assurée par le professeur M.KAMECHE que je remercie pour les discussions scientifiques que nous avons eues et qui m’ont beaucoup appris, notamment à avoir un regard critique et à se poser la question de la pertinence de l’objectif fixé, de la chose étudiée. Je remercie Mr : N.ZEKRI d’avoir accepté le président du jury de soutenance. Je remercie également messieurs, Mr : A. SAHMOUNE, Mr : B. HADDOU et pour m’avoir fait l’honneur d’accepter d’être examinateurs de ce travail. A tous mes amis, collègues de laboratoire et personnel de la Faculté des Sciences, j’aimerais également vous offrir mon amicale reconnaissance pour votre présence, gentillesse et appui qui ont su égayer ces années de travail. La réalisation de ce travail n’aurait pas été possible sans le soutien moral et affectif d’êtres chers. Je remercie donc tous les membres de ma famille qui ont su, me comprendre dans les moments les plus difficiles. Je remercie mes parents pour leur appui et leur dévotion durant toutes ces années pour que j’acquière une bonne éducation et une bonne formation académique. Résumé L’objectif de ce travail est la mise en œuvre d’un dosage potentiométrique des ions métalliques au moyen d’une électrode spécifique opposée à une électrode chlorure d’argent comme électrode de référence. L’équation de Nernst permet donc de connaître la concentration du métal en fonction de la différence de potentielle mesurée, à condition de connaître le coefficient d’activité de l’espèce ionique du métal. Une autre alternative pour contourner ce problème, est de travailler avec une force ionique constante. Mais cette dernière demeure inefficace quand nous étudions la fixation du métal sur le textile échangeur de cations en présence d’une autre espèce. Nous avons fait une application de ce dosage potentiométrique pour étudier l’adsorption du métal sur le textile échangeur de cations FIBAN-K-4. Les effets de quelques paramètres expérimentaux ont été étudiés. En effet, la cinétique d’adsorption sur différentes concentrations est de pseudo deuxième ordre pour le cuivre (II). En outre, l'isotherme d'adsorption de ce métal a été étudiée en utilisant dix concentrations différentes. Pour les faibles concentrations, les données expérimentales sont bien interprétées avec le modèle de Freundlich. Toutefois, pour les concentrations élevées, deux hypothèses sont à considérer : l’inefficacité de l’électrode spécifique ou bien la saturation du textile échangeur de cations. Mots clés: Dosage potentiométrique ; Equation de Nernst ; Textile échangeur de cations ; Métal lourd ; Modèles d’adsorption. Introduction générale…………………………………………………………………………………1 Chapitre I : Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) Les échangeurs d’ionsd’ions (Membranes et Textiles) I.1. Les membranes échangeuses ……………….……….……….……….……….………….4 I.1.1. Généralités ………………………………….……….……….……….……….………….4 I.1.2. Composition des membranes homopolaires ……….……….……….……….………….….4 I.1.3. Préparation des membranes …………….……….……….……….……..……………..5 I.1.3.1. Membranes homogènes …………….……….……….……….…...…………………5 I.1.3.2. Membranes des propriétés spécifiques ………….……….……….……….………..7 I.1.4. Propriétés physico-chimiques ……………………….……….……….………………..8 I.1.4.1. Exclusion ionique et potentiel Donnan ………….……….……………………….8 I.1.4.2 Permsélectivité ……………………………….……….……….……………………10 I.1.4.3. Résistance électrique …………………….……….………………………………11 I.1.4.4. Gonflement des membranes ……………….……….……….…..………………….12 I.1.4.5. Capacité d'échange …………………………….……….……….……….…………12 I.1.4.6. Diffusion et autodiffusion ………………….……….……….……………………..12 I.1.5. Equations de transport membranaire ……………….…………..…………………….12 I.1.6. Limites de l’électrodialyse …………………………….……………………………..13 I.1.6.1. Polarisation de concentration ……………………….……………………………..14 I.1.6.2. Densité de courant limite……………………………………………………………15 I.2. Textiles échangeurs d’ions…………………………………….……….……….…..…………18 I.2.1. Introduction …………………………………………….……….……………...…….18 I.2.2. Préparation……………………………….……….……….…….…………………….21 I.2.3. Synthèse du textile échangeur de cations FIBAN K-4 ………………...……………..22 I.2.4. Propriétés chimiques………………………….……….……….……………………22 I.2.5. Régénération des échangeurs ioniques carboxyliques fibreux FIBAN…………....23 I.2.6 Des applications expérimentale ………………………………….……….………….23 Chapitre II : Electrode spécifique ( Dosage potentiométrique) II.1. Introduction ……………………………………………………………………………………27 II.2. Aperçu général sur les électrodes indicatrices………………………….……………..27 II.2.1. Electrodes indicatrices à système rédox……………………………………...………28 II.2.2. Electrodes indicatrices à membranes sélectives…………………………….………28 II.2.2.1.Relation entre le potentiel d’électrode à membrane et l’activité de l’ion en Solution………………………………….……….……….……….……….………….28 II.2.2.1.1. Potentiel de membrane spécifique…………………………………………….…29 II.2.2.1.2. Potentiel de membrane sélective non-spécifique……………………………...…30 II.2.2.2. Principales électrodes indicatrices d’ions à membrane sélective……………..……34 II.2.2.3. Electrodes indicatrices des ions Cu2+ et Pb2+……………………………….…....36 II.3.Conditions d’application de la loi d’action de masse dans les calcules sur les équilibre en solution……………………………….……….……….……….……….……….…………….38 Chapitre III : Modèles d’adsorption d’un métal sur un matériau III .1. Définition de l'adsorption………………….……….……….……….………....…………….43 III .2. Principe Général…………………….……….……….……….……….……………………..43 III.3. Cinétique d'adsorption…………….……….……….……….……………………………….44 III.4. Approche des lois des cinétiques d'adsorption et de désorption…………….………………44 III.4.1. Théorie de Langmuir………………………….……….……….……….………….44 III.4.2. Modélisation des cinétiques de sorption………………….……….……….………45 III.4.2.a. Modèles basés sur l'énergie des liaisons………………….………….……………45 III.4.2.b. Modèle basé sur la composition des milieux ……………………….…………….46 III.4.2. c. Modèle basé sur la diffusion moléculaire……………………………..………….46 III.5. Concept de double couche électrique……………………………………….……….………..47 III.6. Modélisation des isothermes d’adsorption………………………….……….………….…….50 III.6.1 Model d’adsorption de Langmuir…………………….……….……………………..50 III.6.2 Modèle de Freundlich……………………………….……….……….……….…….52 III.6.3 Isotherme d'Elovich ………………………….……….……….……….……….….52 III.7 Critères de distinction entre l'adsorption physique et la chimisorption…………………..……53 III.7.1. Nature des forces………………………………………………….……….………..53 III.7.2. La chaleur d'adsorption…………………………………….………..………………53 III.7.3. La vitesse du processus d'adsorption et de désorption…………………………….53 III.7.4. La réversibilité………….……….……….……….……….……….………………53 III.8. Critères du choix d'un adsorbant………….……….……….……….……….……….…….54 Chapitre IV : Dispositif expérimental IV.1. Electrode spécifique du cuivre…………………….……….……….……….………………..56 IV.1.1.Définition ………………………………….……….……….……….……….……56 VI.1.2. L’électrode de référence ………………………….……….……….………....57 IV.1.3. Mise en route de l’électrode ………………………….……….…………...……….57 IV.1.4. Procédure de mesure ……………………………….……….……….……….……..57 IV.1.5 Stockage de l’électrode ……………………………….……….……….………..…58 IV.1.6. Spécifications et consignes ………………………….……….……….……………58 IV.1.7. Equation de Nernst : détermination de la concentration du cuivre………………....59 IV.1.8. Dispositif expérimental …………………….……….……….……………………..60 IV.1.9. Préparation des solutions étalon ……………….……….…………………………60 IV.1.10.calibration et mesures ……………………………….……….…………………….61 IV.1.11. Vérification de la pente de l’électrode ……………….…………………………..61 IV.1.12.Stockage et maintenance des électrodes…………………….……………………..61 IV.2.Cinétique d’adsorption …………………………………………………….……….………..61 IV.3. L’isotherme d’adsorption ………………………………………….……….……….………..62 IV.4.Désorption d’un textile ……………………………………………….……….………………62 IV.5. couplage de l’électrodialyse aux textiles échangeurs d’ions ( FIBAN-K-4 )… ……………63 IV.5.1. la procédure délectropermutation ………………………….……….………….63 IV.5.2. Adsorption du cuivre sur un textile échangeur de cations FIBAN K-4 :.Régénération du textile…………………………………….………..64 IV.5.2.1. Réactifs et Matériel……………………………………………….……….………64 IV.5.2.2. Dispositive Expérimental…………………………………….……….………..64 Chapitre V : Résultats et Discussions VI.1. Etalonnage de l’électrode spécifique …………………………………….……….………….66 VI.2. Force ionique et équation de Nernst …………………………………….……….…………..66 VI.3 Réponse de l’électrode de Cu+2 en fonction de pH……………………….……….………..68 VI.4 Cinétique d'adsorption …………………………………….……….……….……….……….70 VI.4.1. L'effet du temps de contact ………………………….……….……….…………………….70 VI .5. Validation des modèles cinétiques ………………………….…………….….…………......72 VI.5.1. Modèle pseudo premier ordre ……………………………….……….……….………...….73 VI.5.2. Modèle pseudo deuxième ordre …………………………….……….……….………....…74 VI.5.3. Modèle de la diffusion intra particulaire ………………….……….……….…………….76 VI .5.4 Modèle d'Elovich ………………………………….……….……….……….…………...…78 VI .6 Etude de l'isotherme d’adsorption ………………….……….……….………...……………..80 VI .6.1 Régressions linéaires de l'isotherme du cuivre sur un textile de type FIBAN k-4………….82 VI .7. Régénération des échangeurs ioniques carboxyliques fibreux FIBAN k-4 ……………..…..83 VI .7.1. Capacité d’Echange Métallique du Textile ………………..…….……….……….……….85 VI .7.2. Régénération du Textile ……………………….……….……….……….……….………….…85 VI .7.2.1. Régénération du Textile par la Voie Acide ………………….……….……….……………….85 VI .7.2.2. Régénération du Textile par la Voie Saline…………….……….……….…………….86 VI .7.2.3. Régénération du Textile par la Voie Electrique……………….……….……….……………..86 Conclusion générale …………………………………………………….……….……….…………….88 INTRODUCTION GENERALE Un grand nombre de rejets, particulièrement liquides, véhiculent des métaux lourds à des quantités variables. Ceci constitue un grand souci pour les autorités publiques de par les conséquences pouvant avoir lieu sur les espèces vivantes et leur environnement et ce pour les deux raisons principales suivantes : · La grande variété des métaux et le grand nombre de combinaisons chimiques auxquelles ils peuvent participer. · Les effets toxiques qu’ils peuvent engendrer. Par conséquent d’importants investissements ont été consentis dans le but de développer différentes méthodes d’élimination et de récupération de ces espèces métalliques présentes dans les effluents et qui peuvent être émises par différentes sources. Les métaux lourds exercent le plus souvent leur nocivité par inhibition des systèmes enzymatiques. La toxicité d’un métal est liée directement à sa réactivité avec la matière vivante. A l’état trace, la plupart des métaux considérés comme toxiques sont en fait indispensables à la vie et de ce fait, le contrôle des émissions de métaux lourds dans l’environnement doit se référer à une échelle de toxicité. Généralement, les métaux lourds sont dangereux pour les systèmes vivants du fait qu’ils sont non dégradables avec le temps et sont toxiques à de très faibles concentrations. Ils ont tendance à s’accumuler dans les organismes vivants et à se concentrer au cours des transferts de matière dans les chaînes trophiques . A titre d’illustration, la toxicité et la pollution par le cuivre qui est l’un des métaux considérés dans ce travail, sont connues. En effet le cuivre est un métal largement utilisé dans un bon nombre d’applications telles que la fabrication des tissus, des peintures marines, des équipements électriques, des chaudronneries et des tuyauteries. De sources réelles et potentielles de la pollution par le cuivre existent. Il peut être trouvé comme contaminant dans la nourriture surtout dans le foie, les champignons, les noix, et le chocolat comme il peut être aussi dans l’eau et les boissons. Des objets renfermant du cuivre (pièce de monnaie, ustensiles de cuisine…etc.), sont rencontrés quotidiennement, où il est établi qu’une personne ordinaire digère environ 2mg de cuivre par jour, à partir des sources variées. 1 L’application par les industriels des restrictions fixant des teneurs limites pour les métaux lourds dans les effluents liquides, a encouragé le développement de diverses techniques et méthodes pour pouvoir respecter ces limites imposées. Plusieurs procédés existent, les plus importants et les plus utilisées à l’échelle industrielle sont basés sur des transferts liquideliquide, biologiques et liquide-solide. Ces techniques différent les unes des autres et incluent, par exemple, l’adsorption, l’électrolyse, la solubilisation, la flottation, la précipitation, les échanges d’ions, l’extraction liquide-liquide, etc. Parmi ces techniques, l’adsorption sur laquelle repose cette étude, a montré de grandes capacités de dépollution des eaux usées, surtout industrielles. Elle est aussi très simple et performante pour l’élimination de certains métaux lourds. Cependant son efficacité dépend beaucoup de la nature du support utilisé comme adsorbant, particulièrement en ce qui concerne son coût, sa disponibilité, sa régénération, etc. Pour s’affranchir de problème de régénération de matériaux adsorbant, on a choisi de travailler avec un textile de type FIBAN k-4.cette étude renferme cinq chapitres. Dans le premier chapitre, on a étudié les différents types de membranes échangeuse d’ions ainsi que le textile utilisé dans ce travail. Dans le deuxième chapitre, on va présenter une étude sur le dosage potentiométrique et l’utilisation de l’électrode spécifique pour le dosage du cuivre. Le troisième chapitre est consacré à l’étude de l’adsorption : cinétique et isotherme. Le quatrième chapitre décrit les dispositifs expérimentaux utilisés dans ce travail .Le dernier chapitre regroupe les résultats et interprétations de l’adsorption du cuivre sur le textile. Dans la conclusion, nous rappelons les résultats essentiels de ce travail de recherche. 2 3 Chapitre I Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) I.1 Les membranes échangeuses d’ions [1] I.1.1. Généralités Les membranes échangeuses d'ions [2] sont constituées d'une matrice polymère fonctionnalisée par des entités ioniques. Elles peuvent être obtenues à partir de résines échangeuses d'ions de très fine granulométrie mélangées à un liant pour former un gel qui est enduit sur une trame : ces membranes sont dites hétérogènes. Une conception de type homogène est plus commune. La membrane se présente sous la forme d'un film de macromolécules fonctionnalisées. Le plus souvent la matrice consiste en un polymère hydrophobe, tel que le polystyrène, le polyéthylène ou le polysulfone, ponté pour former une trame plus résistante. Le degré d'enchevêtrement détermine souvent la stabilité thermique. La fonctionnalisation par les entités ioniques fixe la permsélectivité et a un effet sur les propriétés mécaniques (la matrice peut même être rendue soluble dans certaines conditions en étant insoluble au départ). Elles sont classées suivant leur nature et leur fonctionnalisation. I.1.2. Composition des membranes homopolaires Les membranes homopolaires ne contiennent qu'un seul site échangeur d'ions. Les membranes échangeuses de cations ou cationiques (MEC) contiennent des groupes - - 2- - 2- fonctionnels chargés négativement tels que SO3 , COO , PO3 , HPO2 et AsSO3 , tandis que les membranes échangeuses d'anions ou anioniques, (MEA) ne portent que des sites chargés + + positivement tels que NH3 , RNH2 , R2NH+, R3N+, R3P+, R2S+. Les différents groupes ioniques ont un effet sur la stabilité vu que certains seront dissociés sur tout le domaine de pH pendant que d'autres ne le seront qu'au-delà ou en deçà d'une limite donnée : ces membranes se comportent comme des acides et des bases, forts ou faibles. Les ions échangeables, les contre-ions, sont de signe opposé au groupe fonctionnel fixé sur le matériau et peuvent circuler de site en site. Les groupes fonctionnels sont appelés ions fixés : les ions de même signe, les co-ions, sont normalement rejetés de la membrane par répulsion électrostatique mais une forte concentration de la solution au contact de la membrane amène parfois certains d'entre eux à tout de même y pénétrer (figure I.1). 4 Chapitre I Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) Figure I.1. Structure d'une membrane échangeuse d'ions. Exemple d'une MEC. [1] I.1.3. Préparation des membranes Les procédures pour préparer des membranes échangeuses d'ions (MEI) sont étroitement liées à celle des résines échangeuses d'ions. Beaucoup de combinaisons impliquant différentes matrices polymères et leurs fonctionnalisations existent. Des essais avec des matériaux inorganiques type zéolithes existent mais sont peu usitées actuellement. I.1.3.1. Membranes homogènes Les méthodes de préparation peuvent être classées en trois catégories. a- Polymérisation et polycondensation de monomères Exemple 1 : Polycondensation phénol-formaldéhyde Le phénol est traité par l'acide sulfurique concentré pour donner de l'acide paraphénolsulfonique qui réagit avec le formaldéhyde dans l'eau : La solution est coulée sur une plaque et polymérise à température ambiante. Exemple 2 : Copolymérisation styrène-divinylbenzene La MEC est obtenue par copolymérisation en présence d'acide sulfurique. 5 Chapitre I Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) La MEA s'obtient par chloration puis amination du copolymère : Ce sont les premières membranes à avoir été fabriquées : elles ont largement été décrites et ont fait l'objet de nombreux dépôts de brevets [2]. b. Introduction de groupements anioniques ou cationiques dans un film solide préformé Commencer avec un film rend la préparation plus aisée : le matériau de départ pourrait être une cellulose ou un alcool polyvinylique hydrophile qu'il faudrait imperméabiliser. Aussi, sont utilisés plus régulièrement des polymères hydrophobes comme le polyéthylène ou le polystyrène. Exemple. Sulfonation et amination de feuilles de polyéthylène Ces membranes combinent une faible résistance électrique à une bonne permsélectivité, tout en ayant d'excellentes propriétés mécaniques. Les MEC sont obtenues en exposant un film de polyéthylène à un mélange gazeux SO2/Cl2 à la température ambiante sous radiations ultraviolettes. 6 Chapitre I Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) Les MEA sont issues de l'amination d'un polyéthylène sulfochloré suivie d'une réaction avec le bromure de méthyle : c. Introduction de groupements anioniques ou cationiques dans une chaîne polymère suivi par un traitement à l'acétate de sodium Ce polymère une fois mis sous la forme de film mène à une membrane dont les stabilités chimique et mécanique sont excellentes. I.1.3.2. Membranes à propriétés spécifiques a. Membranes permsélectives seulement aux ions monovalents Le but est de pouvoir séparer les ions monovalents d'une solution contenant un mélange d'ions dont certains ont une valence supérieure à l'unité. Les membranes subissent un traitement spécifique breveté par Tokuyama Soda [4]. Pour les MEC, il s'agit d'un dépôt d'une fine couche de charges positives à la surface de la membrane. Pour les MEA, la technique consiste en une surcouche possédant un haut degré de réticulation enduite sur la membrane préexistante [3, 4]. Par ailleurs, on trouve aussi des membranes permsélectives exclusivement aux protons, excluant tous les autres cations même monovalents [5]. b. Membranes échangeuses d'anions à faible fuite protonique Parfois, les membranes anioniques peuvent présenter une baisse de permsélectivité aux anions après un contact avec une solution aqueuse à cause d'une fuite de protons. En effet, les 7 Chapitre I Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) molécules d'eau s'introduisent dans la membrane, provoquant le gonflement du matériau, devenant ainsi un excellent conducteur de protons qui viennent perturber la fonction première de la membrane anionique. L'intérêt à limiter cette fuite a pour origine les travaux menés sur la récupération d'acides dans des solutions mixtes sels/acides par électrodialyse. Les brevets concernant les membranes satisfaisant assez bien à cette exigence [4] sont détenus par Tokuyama Soda. Ces quelques exemples, non exhaustifs, montre que de la préparation générale des membranes échangeuses d'ions découlent plusieurs variantes : elles sont destinées à améliorer les propriétés ou à en valoriser une par rapport à une autre pour une application donnée. Il existe donc, mise au point par les principaux fabricants, des membranes spécifiques : elles font l'objet de nombreuses recherches car elles sont porteuses de progrès. Leurs caractéristiques sont fournies par le constructeur : il faut savoir qu'elles existent de manière à pouvoir les utiliser si les membranes les plus simples ne suffisaient pas à atteindre l'objectif visé. I.1.4. Propriétés physico-chimiques I.1.4.1. Exclusion ionique et potentiel Donnan Prenons l'exemple d'une membrane échangeuse de cations pour expliciter le phénomène d’exclusion ionique. La perméabilité sélective à un seul type d'ions est en grande partie due au phénomène de répulsion électrostatique. En effet, pour une membrane cationique, les anions fixés sur la matrice polymère sont en équilibre (pour assurer l'électroneutralité obligatoire de la membrane) avec les cations mobiles (contre- ions). De ce fait, les anions libres contenus dans l'électrolyte (co-ions) sont presque totalement rejetés de la membrane. Ce rejet est appelé exclusion de Donnan en référence à celui qui le premier a apporté une réponse satisfaisante [9]. L'exclusion ionique crée une différence de potentiel électrique entre la membrane et la solution diluée adjacente : le potentiel de Donnan. Du fait de la concentration des charges fixes négatives, comparativement plus grande dans la membrane, les cations sont attirés par la membrane et ont une concentration plus élevée dans la membrane que dans la solution adjacente. Par contre, la concentration des co-ions est supérieure dans la solution que dans la membrane (exclusion de Donnan). Il apparaît donc une différence de concentration des anions et des cations entre la membrane (riche en cations) et la solution adjacente (riche en anions). Puisque l'électroneutralité est requise en tout point de la membrane et de la solution, la diffusion des ions entraîne la création d'un espace de charges qui vient contrecarrer le gradient 8 Chapitre I Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) de concentration : un équilibre s'établit ainsi entre la tentative de diffusion d'un côté et l'établissement d'une différence de potentiel de l'autre (figure I.2). Figure I.2. Profil de concentration et potentiel Donnan à l'interface membrane solution. Le potentiel Donnan ne peut pas être directement mesuré. Il peut seulement être évalué en faisant intervenir la thermodynamique. + + Les potentiels chimiques du cation C de valence zc dans la membrane, μm(C ) et dans la + solution μs(C ) s'écrivent: (I.1) (I.2) Où et représentent respectivement le potentiel chimique standard + de l'ion C dans la membrane et dans la solution. + Les activités du cation dans la membrane et en solution sont notées respectivement am(C ) et + as(M ). Φm et Φs sont les potentiels électriques dans la membrane et dans la solution. 9 Chapitre I Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) R est la constante des gaz parfait, T la température absolue (K) et F est la Constante de -1 Faraday (96500 Cb.eq ). A l'équilibre, les potentiels chimiques sont égaux. En faisant l'hypothèse que les potentiels chimiques standards sont identiques et en assimilant l'activité des ions à leur concentration (car nous sommes en milieu dilué, l'expression du potentiel Donnan s'écrit : (I.3) Ce potentiel peut aussi s'écrire pour l'anion A-, par analogie, tel que : (I.4) Ainsi, on a : (I.5) (I.6) Lorsque la concentration est faible en solution, D'après (I.6), tend vers 0. tend aussi vers zéro. Donc, la concentration en anion dans la membrane [A-]m tend elle aussi vers zéro. Le co-ion A- ne peut pratiquement pas pénétrer dans la membrane; c'est la traduction mathématique du principe d'exclusion de Donnan. Ce phénomène d'exclusion de Donnan est à l'origine de la permsélectivité. Une membrane soumise à une différence de potentiel se comporte comme un conducteur ionique sélectif aux cations (MEC) ou aux anions (MEA). I.1.4.2 Permsélectivité La permsélectivité ϕ décrit l'aptitude d'une membrane à favoriser la migration d'un type d'ion (contre-ion) tout en empêchant la migration des ions de signe contraire (co-ion). Ce n'est pas une constante caractéristique de la membrane : elle dépend de la nature des solutions et de leurs concentrations. Elle est donnée pour chaque ion par l'expression suivante : (I.7) 10 Chapitre I t et Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) sont les nombres de transport de l'ion considéré respectivement dans la solution et dans la membrane. Dans une membrane idéalement permsélective, en application du principe de Donnan, le co-ion ne pénètre pas dans la membrane. Le courant est entièrement transporté par les contre-ions. Donc, on a ϕ=1. Le nombre de transport d'un ion mesure la fraction de courant transporté par cet ion. L'expression du nombre de transport est : (I.8) ii est la densité de courant transportée par l'ion i (exprimée en A.m-2 ) et la densité de courant transporté par l'ensemble des ions en solution. Cette densité de courant ii, est reliée au flux d'ion correspondant, Ji (exprimé en mol.m-2.s-1 ) par l'expression: ii = Zi F Ji (I.9) L'expression du nombre de transport d'un ion i dans la membrane parmi j ions est donc : (I.10) Par ailleurs, par définition, la vitesse de l’ion i dans un champ électrique E s’écrit : (I.11) où u est la mobilité de l’ion i [11]. De plus, la densité de flux Ji s’écrit : (I.12) Donc, on a : (I.13) En introduisant l’expression de Ji dans (I.10), on obtient finalement l’expression du nombre de transport : (I.14) I.1.4.3 Résistance électrique La résistance électrique quantifie la cinétique de transport ionique au sein de la membrane échangeuse d'ions. Elle déterminera le besoin en énergie électrique pour l'utilisation dans un procédé électromembranaire. Elle dépend non seulement de la nature des ions qui portent le courant mais aussi de la nature du matériau polymère, de sa teneur en eau et de son degré de réticulation. Elle est le plus souvent déterminée par mesure 11 Chapitre I Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) conductimétrique sachant que la conductivité de plusieurs membranes ne peut être comparée que si elle est mesurée dans des conditions exactement identiques (température, électrolyte, concentration, etc.). Elle est comprise entre 0,7 et 18 ohm.cm-1 suivant les caractéristiques des membranes [10]. I.1.4.4. Gonflement des membranes Un gonflement des membranes est du à la pénétration du réseau macromoléculaire qui forme la structure de la membrane par le solvant [11]. En particulier l'eau est retenue par les sites échangeurs à caractère hydrophile. Le gonflement est limité par la réticulation chimique entre les chaînes polymériques hydrophobes qui constituent la trame de la membrane. I.1.4.5. Capacité d'échange La capacité d'échange d'une membrane est le nombre de sites ioniques fixés par gramme de membrane sèche. En pratique il peut aussi être évalué par le nombre de mole d'ions (et donc d'équivalents) échangés par mètre carré de membrane. I.1.4.6. Diffusion et autodiffusion Si une membrane échangeuse d'ions est placée entre deux solutions d'un même électrolyte, les ions la traversent. Si les concentrations sont différentes de part et d'autre de la membrane, il y a diffusion ionique, le transfert s'effectuant de manière à équilibrer les potentiels chimiques du milieu le plus concentré vers le milieu le moins concentré. Si les concentrations sont identiques, un phénomène d'autodiffusion est constaté : il a lieu en respectant un bilan de transfert de matière nul à travers la membrane. Lorsque les concentrations de par et d'autre de la membrane sont trop différentes le phénomène de diffusion peut être limitant pour l'électrodialyse. I.1.5. Equations de transport membranaire Les phénomènes de transport membranaire sont souvent traités à partir de l'équation de Nernst-Planck [12]. La membrane est considérée comme une phase épaisse assimilable à une solution et séparant deux phases aqueuses adjacentes. La force agissante est le gradient de potentiel électrochimique de part et d'autre de la membrane. Soit Ji, le flux de l'espèce i à travers la membrane: 12 Chapitre I Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) (I.15) Ci est la concentration de l'espèce i, sa mobilité dans la membrane et μi son potentiel chimique dans la membrane. Connaissant l’expression de μi (I.1), on introduit le coefficient de diffusion Di=k.T.ui , et γi, le coefficient d'activité de l'ion i tel que : ai = γi . Ci (I.16) Le flux d'électromigration d'une espèce ionique i, pour une solution idéale, à travers une membrane échangeuse d'ions soumise à un champs électrique est donné par l'équation de Nernst-Planck : (I.17) Cette équation, bien que ne prenant pas en compte les couplages de flux entre les espèces traversant la membrane, présente l'intérêt de décrire les principaux facteurs influant sur le transfert des ions. I.1.6. Limites de l’électrodialyse La capacité de séparation de certains ions d'un mélange ions/molécules neutres est non seulement déterminée par les propriétés des membranes échangeuses d'ions mais aussi par des paramètres opératoires directement liés au module membranaire : ce sont la densité de courant et la densité de courant limite. Une définition de ces paramètres permet d'expliquer les phénomènes auquel tout procédé membranaire est confronté : la polarisation de concentration et le colmatage. Dans le cas de l'électrodialyse, la polarisation de concentration est déterminée essentiellement par la densité de courant et les vitesses d'écoulement [1] des flux du dilué et du concentré. Le colmatage, difficile à contrôler et aux conséquences quasi irréversibles est souvent dû à l'adsorption de polyélectrolytes ioniques souvent contenus dans les solutions à traiter : ces composés pénètrent partiellement ou totalement dans la membrane entraînant une baisse définitive de la perméabilité sélective par occupation des sites échangeurs d'ions. I.1.6.1. Polarisation de concentration Nous avons vu que la solution à traiter passe à travers des membranes planes disposées en parallèle. L'hydrodynamique de fluides passant entre deux plaques plates peut être discutée sur la base d'un modèle simplifié qui suppose des couches limites laminaires à la surface de la 13 Chapitre I Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) membrane (sur chacune des faces) et un flux turbulent parfaitement agité au sein de la solution. Lors du passage du courant, il s'établit rapidement un profil de concentration lié aux différences de mobilité des ions dans la solution et dans les membranes. Ces dernières sont, en effet, conçues pour que les nombres de transport des contre-ions à transférer soient plus grands dans la membrane que dans la solution. Cela se traduit, à l'interface membrane/solution, par des gradients de concentration dans les couches limites laminaires. Côté dilué, on assiste à une décroissance de la concentration des contre-ions, tandis qu'une augmentation de la concentration de ces mêmes contre-ions a lieu côté concentré (figure I.3) : c'est la polarisation de concentration spécifique à la présence d'un courant électrique. Figure I.3. Gradient de concentration dans les couches limites aux interfaces membrane/solution en présence d'un courant électrique. En employant le modèle de Nernst (qui néglige tous les effets d'entrée et de sortie, et suppose que les flux parallèles à la membrane sont constants), le transport des différents ions et leurs gradients de concentration peuvent être calculés. Le transport du contre-ion i à travers une membrane échangeuse d'ions (MEI) sous l'action d'un courant électrique (force motrice) est donné par l'équation suivante : (I.18) ti F zi i Flux de l'ion i sous l'effet du champ électrique dans la membrane (mol.m-2.s-1). Nombre de transport de l'ion i dans la membrane. Constante de Faraday (Cb.eq-1) Valence électrochimique de l'ion i (eq.mol-1) densité de courant (A.m-2) Son transport dans la couche limite adjacente s'écrit : (I.19) Flux de l'ion i sous l'effet du potentiel électrique dans la couche limite 14 Chapitre I Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) ti Nombre de transport de l'ion i dans la couche limite Nous avons vu que les conditions sont choisies pour que t>t, donc, le flux ionique dans la membrane est toujours plus grand que dans la couche limite. Cela explique la construction du gradient de concentration. Ce gradient conduit à l'établissement d'un flux diffusionnel dans la couche limite visant à la mise en place d'un équilibre. (I.20) Di Ci x Flux diffusionnel des sels dans la couche limite 2 -1 Coefficient de diffusion de l'ion i (m .s ) -1 concentration de l'ion i dans la couche limite (mol.l ) Coordonnées de direction dans la couche limite La combinaison du flux dû au potentiel électrique et du flux de diffusion dans la couche laminaire limite doit être égale au flux dû au potentiel électrique dans la membrane pour que s'établisse le régime stationnaire tel que : (I.21) En intégrant cette relation, on obtient une expression reliant l'épaisseur de la couche limite, la densité de courant, la surface membranaire et la concentration dans la solution. (I.22) t Concentration de l'ion i à l'interface membrane/solution Concentration de l'ion i dans la solution. Nombre de transport de i dans la membrane Nombre de transport de i dans la couche limite I.1.6.2. Densité de courant limite Si la densité de courant augmente (en augmentant la tension appliquée aux bornes du module) cela provoque un accroissement du flux d'ions jusqu'à ce que la concentration à la paroi membranaire devienne nulle. C'est la densité maximale de courant qui peut être atteinte. Elle est appelée densité de courant limite et notée ilim [13]. (I.23) δ est l’épaisseur de la couche limite. 15 Chapitre I Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) Une réflexion sur le transfert des ions du compartiment de dilution vers le compartiment de concentration peut être menée en mesurant l'évolution de l’intensité I en fonction de la tension appliquée U aux bornes du module [14]. La courbe obtenue a l'allure suivante (figure I.4). Figure I.4. Evolution de l'intensité I en fonction de la tension appliquée U aux bornes de l'empilement On y observe trois parties distinctes. Une région pratiquement linéaire, notée (A), rend compte, par la valeur de la pente de la portion de droite, de la somme des résistances dues à l'électrolyte et aux membranes, et du terme de polarisation de concentration. Dans cette zone, la loi d'Ohm U=R.I est vérifiée. Un palier, noté (B), marque l'état de polarisation totale de la cellule : il donne la valeur de l'intensité de courant limite qui est conditionnée par l'apport des ions à la membrane par le flux dû au potentiel électrique, le flux diffusionnel et le flux lié à la convection. Au-delà, l'intensité se remet à croître (C). Ceci n'est pas dû à une reprise du transfert des espèces en solution mais à l'électrolyse de l'eau. En effet quand la tension devient suffisamment grande, le courant appliqué sert à la dissociation de l'eau en H+ et OH- qui transporte à leur tour le courant. Ceci entraîne une surconsommation néfaste d'énergie, des variations de pH pouvant occasionner des dégradations irréversibles et une augmentation de la résistivité du milieu. L'efficacité du procédé est donc altérée. Il faudra donc toujours opérer en deçà de la valeur de la densité de courant limite. En pratique, cette valeur est déterminée en mesurant l'intensité I (en A) pour une tension U (en V) croissante appliquée aux bornes de l'empilement. L’intensité I et la densité de courant i sont liées par l’expression : I = i.a où a est l’aire de la membrane. En portant: le rapport U/I en fonction de 1/I, le point de changement de pente P, appelé point de polarisation donne la valeur de Ilim (figure I.5). C'est la méthode Cowan et Brown [15]. 16 Chapitre I Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) Figure I.5. Détermination expérimentale de la valeur de Ilim. La densité de courant limite ilim est donc une fonction directe de la concentration ionique de la solution à déminéraliser. Lors de l'électrodialyse, au fur et à mesure que la concentration en ions diminue, le courant limite diminue. S'il est dépassé, la concentration à l'interface membrane solution tend vers zéro et la résistance de la solution tend vers l'infini : ceci crée un échauffement local pouvant entraîner une détérioration irréversible de la membrane (brûlure, variation de pH). ilim doit donc être impérativement connu et maîtriser tout au long de l'électrodialyse. Pour cela, il sera intéressant de déterminer ilim à concentration constante. Les conditions opératoires pourront alors être fixées de manière à ne jamais dépasser ilim. 17 Chapitre I Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) I.2. Textiles échangeurs d’ions I.2.1. Introduction les textiles échangeurs d'ions sont récemment mis au point par l'Institut textile de France (ITF). Les ingénieurs de l'institut ont réussi à greffer sur un tissu (tous les textiles, naturels ou artificiels, sont des polymères) une autre chaîne polymère lui conférant des capacités d'échange ionique. Ce greffage est opéré au moyen d'une activation du tissu par faisceau d'électrons : en cassant des liaisons moléculaires, ils créent des radicaux qui cherchent à se fixer à d'autres radicaux. Ces radicaux servent de « crochets » qui permettent aux monomères chargés électriquement de se fixer sur le tissu cible puis de s'y polymériser. Selon que le monomère greffé est chargé négativement ou positivement, on obtient des textiles échangeurs de cations ou d'anions. Les premiers peuvent fixer des métaux lourds sous forme d'ions positifs tandis que les seconds conviennent aux molécules chlorées ou aux colorants, dont la charge est généralement négative. L'intérêt de ces textiles échangeurs d'ions par rapport aux résines rigides, c'est que la souplesse de leur structure donne une flexibilité aux chaînes moléculaires, ce qui favorise les contacts entre leurs sites d'échange et les molécules que l'on souhaite capter. Le rendement est donc augmenté, et il est plus facile de fixer les molécules présentes à l'état de trace. De plus, ces textiles échangeurs d'ions sont électro-régénérables. Ils relâchent les ions fixés, ce qui les polarise à nouveau. La dépollution est le premier débouché de ce produit, qui est testé pour détoxiquer les boues industrielles (l'eau percole à travers le tissu) et des sols. Une autre application est la destruction de la Caulerpa taxifolia , l'algue qui envahit la Côte d'Azur : un textile a été conçu pour fixer des ions Cu2+ qui, lorsque le textile est placé sur le banc d'algues au contact de l'eau de mer, se libèrent et sont absorbés par les algues qu'ils empoisonnent. L'échangeur cationique fibreux de FIBAN K-4 est une fibre (PP) de polypropylène avec de l'acide acrylique greffé (AA) [16]. Les échangeurs ioniques fibreux avec des groupes de carboxyle sont employés couramment pour éliminer l'ammoniaque, les amines, et les aérosols d'alcali de l'air et des cations de non ferreux et des métaux lourds de l'eau [17-18]. Les échangeurs anioniques basés sur des fibres polyacrylonitrile ont la bonne stabilité chimique et mécanique, ils contiennent non seulement les groupes carboxyle mais aussi l’amidoamine, l'hydrazide, et les groupes ammonium. 18 Chapitre I Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) 1.2.2. Quelques applications des textiles échangeurs d’ions 1.2.2.1. Electropermutation A l’institut Européen des Membranes de Montpellier, dans sa thèse de doctorat, Kourda avait fait une application de ces textiles dans le procédé d’électropermutation. En effet, un procédé d'électropermutation sur des textiles échangeurs de cations a été envisagé dans le but de traiter des solutions contenant des métaux lourds à faible concentration. Ce procédé consiste à insérer un textile échangeur de cations entre deux membranes également échangeuses de cations et à les soumettre à l'action d'un champ électrique, celui-ci agissant comme force de transfert à la fois pour l'extraction des cations métalliques et pour la régénération du textile sous forme protonée. Dans la solution traitée, le cation polluant se trouve alors remplacé par un proton. Plusieurs textiles échangeurs de cations, se différenciant par la nature de la matrice polymère (cellulosique et poly(alcool de vinyle)), du groupement fonctionnel (sulfonique, carboxylique et phosphonique) et par la valeur de leur capacité d'échange (variant de 0,37 à 4,3 meq.g−1) ont été testés. Ces échangeurs de cations ont été caractérisés par des mesures, à l'équilibre, d'échange d'ions et de résistance électrique. L'électropermutation a été réalisée sur deux pilotes de laboratoire présentant respectivement une surface de membrane unitaire de 20 et 40 cm2. Une étude de faisabilité a été abordée avec un cation chimiquement simple, l'ion potassium à la concentration de 45 mg.L−1, puis appliquée au cation polluant, le chrome (III) à la concentration de 20 mg.L−1. L'influence des conditions opératoires (densité de courant, débit) et de la nature des matériaux échangeurs d'ions, membranes et textiles, a été analysée sur l'efficacité du procédé. Des taux d'épuration élevés, supérieurs à 99%, ont été obtenus. La concentration en Cr(III) de la solution après traitement est nettement inférieure à la norme de 1,5 mg.L−1, imposée aux tanneries et mégisseries. Ces essais ont permis de sélectionner les membranes et textiles échangeurs de cations les plus performants en terme de tension et de flux de transfert, de déterminer les valeurs de la concentration d'isoconductance, de calculer des coefficients de diffusion et de modéliser le transport ionique dans le textile. 1.2.2.2. Electroextraction ( textile/membrane) Toujours dans le même institut, Ezzahar avait utilisé ces textiles dans le procédé d’électroextraction. En effet, l'épuration de solutions diluées contenant des cations métalliques a été étudiée par la mise en œuvre combinée de membranes et de textiles échangeurs de cations, et du courant électrique. La faisabilité de ce procédé d'électro-extraction a été 19 Chapitre I Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) démontrée. Le traitement de solutions synthétiques contenant des ions Na+, Zn2+ et Pb2+, à des concentrations de quelques dizaines de ppm a été réalisé sous différentes conditions. L'étude a tout d'abord été développée sur une cellule de laboratoire présentant une surface active de membrane de 20cm2, puis transposée à l'échelle pré-industrielle avec un pilote présentant une surface de membrane 100 fois plus grande. Des textiles échangeurs de cations à groupement fonctionnel sulfonique ou carboxylique ont été utilisés. L'analyse des résultats obtenus, a montré que l'introduction d'un textile échangeur de cations permet d'améliorer le procédé d'électrodialyse en solution diluée: d'une part en réduisant la fuite ionique à la sortie de l'électrodialyseur, et d'autre part en augmentant la conductivité de la solution traitée. Des taux d'épuration importants, supérieurs à 90%, ont été obtenus aussi bien avec les textiles à groupement sulfonique que carboxylique, conduisant à des rejets finaux de concentration inférieure à 1ppm. La mesure de la résistance électrique des textiles a été mise au point dans cette étude, elle a permis de vérifier que le textile équilibré dans une solution diluée (de concentration inférieure à 100 ppm) était plus conducteur que la solution seule. La détermination des facteurs de séparation relatifs à différents textiles échangeurs de cations à groupement carboxylique et sulfonique, a montré que les textiles, comme les résines, ont plus d'affinité pour les ions bivalents et les ions de numéro atomique plus important, quand la solution est diluée 1.2.2.3. Techniques d’électroséparation intégrant les textiles échangeurs d’ions 1.2.2.3.1.Électroextraction sélective des métaux lourds Les textiles sont utilisés conjointement avec les membranes en milieux aqueux dilués complexes pour le traitement de solutions pluri-métalliques pour la séparation et la concentration simultanée de métaux, en vue de leur valorisation ultérieure. L’étude du transfert ionique et de la sélectivité du procédé est menée dans différentes conditions opératoires (pH, concentration des métaux, utilisation de complexants, nature des complexes, nature des matériaux ioniques,...). Les recherches s’orientent vers la modification de surface de ces matériaux afin de leur conférer des propriétés hautement sélectives (partenariat industriel) 1.2.2.3.2. Électrodialyse couplée aux TEI en milieu hydro-organique 20 Chapitre I Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) L’application s’articule sur l’adaptabilité des textiles greffés en milieu non-conventionnel : Les travaux portent sur la caractérisation et la compréhension du transport de matière au sein de ces matériaux en fonction de la composition du milieu et des caractéristiques des solvants. On s’intéresse en outre à l’optimisation des propriétés physico-chimiques et hydrodynamiques des textiles (influence de la matrice, de la nature des greffons fixés, optimisation de leur résistance chimique...). Ces études permettront ainsi d’intégrer ces supports fonctionnalisés dans les procédés d’électrosynthèse et d’électroséparation mettant en jeu des solvants (conversion de sels d’acides organiques en acides faiblement hydrosolubles ; récupération d’argent : augmentation de sa solubilité en milieu hydro-organique, récupération de métaux contenus dans des effluents industriels mixtes...). I.2.2. Préparation Plusieurs procédures pour préparer des fibres de PP avec l'AA greffé sont connues [19-20]. Tsetlin et al [21] ont préparé ces fibres par irradiation directe sous la vapeur d'aa à pression réduite. Cette fibre, appelée KATIOLAN, a de bonnes propriétés physico-mécaniques et est stable dans le traitement répété d’acide-alkali. FIBAN K-4 a été préparé par l'irradiation gamma de la fibre de pp avec une source Co 60 en air, suivie de polymérisation par greffage phase liquide d'aa sur des groupes de peroxyde de pp en présence de sels de fer Fe (II) comme agents réducteurs. I.2.3. Synthèse du textile échangeur de cations FIBAN K-4 [16] (1) (2) 21 Chapitre I Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) I.2.4. Propriétés chimiques Le développement d'une procédure simple et efficace pour préparer l'échangeur cationique de carboxylate monofonctionnel basé sur, une fibre chimiquement inerte et non-toxique. Les copolymères acides acryliques granulés d'acide-méthacrylique réticulés avec du divinylbenzène et le triacryloyltriazine, sont employés couramment dans la médecine et la biologie [16]. Tableau I.1. Propriétés de FIBAN K-4 -COOH Les groupes fonctionnels Fibre de Polypropilene matrice polymétrique Formes physiques gamme de pH Température Stabilité osmotique non-tissé avec la densité extérieure de 300 - 600 g/m2, agrafe. Couleur : jaune clair. Largeur du tissu jusqu'à 160 cm. 5 – 13 (théorique) 0 - 80° C Instable dans les acides concentrés, alcalis, oxydants, dissolvants organiques. -L'échangeur cationique monofonctionnel fibreux de FIBAN K-4 contenant des groupes carboxyle avec le pK 5.3 (ΔpK 2.0) a été disposé. - Les propriétés d'échange ionique et mécaniques de l'échangeur cationique permettent son utilisation dans des filtres pour la purification additionnelle de l'eau potable. I.2.5. Régénération des échangeurs ioniques carboxyliques fibreux FIBAN Théoriquement, les échangeurs ioniques carboxyliques peuvent être régénérés par un traitement avec des solutions acides. I.2.6. Méthodes expérimentales - Régénération d’un textile suivant deux voies (acide et saline ) Tableau I.2 .dynamique d’adsorption de zinc des solutions neutres avant et après la régénération des échangeurs ioniques par une solution de 1 M de Na 2SO 4 22 Chapitre I Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) Les données obtenues pendant la régénération de l'échangeur cationique FIBAN K -4 avec la solution de sulfurique l'acide diffèrent sensiblement de ceux obtenus avec la solution du sulfate de sodium :la concentration maximale des ions de Zn 2+ dans la solution après traitement de l'échangeur ionique avec du sulfate de sodium est inférieure à celle obtenue après régénération avec de l'acide sulfurique ; même dans le cas où l'échangeur ionique contient une plus grande quantité de zinc adsorbé (Fig.I.6.a). Fig.I.6. régénération de l'échangeur ionique FIBAN K-4 : (a) avec une solution de 0.5M H 2 SO 4 (1) (poids de mg absorbé de zinc 320, dégréé 99.7%, 99.7% de régénération) et une solution de 1M Na 2SO4 (2) (poids de magnésium zinc-452 absorbé ; degré 74.8% de régénération) ; (b) entre la consommation spécifique des réactifs isepour la régénération (r) et le degré de régénération d'échangeur ionique avec une solution de 1M Na 2SO4 (1) et une solution de 0.5M Na 2SO4 (2).[22] Le rapport entre la consommation d'acide sulfurique, le sulfate de sodium et le degré de régénération sont rapportés sur la fig. I.7b. Les données obtenues indiquent l'inefficacité de la régénération de transport en mode de straight-flow (écoulement directe): même pour réaliser un bas degré de régénération de l'échangeur ionique (4060%) la quantité requise d'acide sulfurique stœchiométrique [ 22]. 23 dépasse de 10 fois la quantité Chapitre I - Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) Purification efficace d'air avec le FIBAN K-1, FIBAN K-4 L’échangeur ionique FIBAN K-1 est un produit obtenu par la greffe radiochimique directe du styrène et du divinylbenzène dans la fibre d'agrafe industrielle de polypropylène avec de diamètre 22 µm après sulfonation de la fibre greffée. Sa capacité d'échange est de l’ordre de 3.0 meq/g, et la prise d’eau 0.7 g H2 O/g. L’échangeur FIBAN K-4 a été préparé par la greffe après irradiation de l'acide polyacrylique dans le fibre de polypropylène des solutés de l'acide acrylique. Il présente les propriétés suivantes : diamètre du filament 40 µm, capacité d'échange 4.2 meq/g, prise d'eau dans H + = 0.7 g H2O/g. Les deux matériaux peuvent être bien employés pour la purification efficace d'air de l'ammoniaque au-dessous du niveau de la concentration et du seuil olfactif admissibles à condition que l'épaisseur minimale de la sous-couche filtrante dans l'état externe décrit du processus est approximativement de 3 millimètres pour FIBAN K-1 et 7 millimètres pour des matériaux de FIBAN K-4 (à double longueur de l'unité de transfert de masse). (FIBAN K-4) (FIBAN K-1) Fig. I.7. adsorption d'ammoniaque sur l'échangeur ionique FIBAN K-4, FIBAN K-1 Condition de l'expérience : épaisseur d'une couche d'échange ionique - 6 millimètres ; concentration initiale de l'ammoniaque - 18 mg/m3 ; taux de flux d'air - 0.08 m/s.[23] Les courbes expérimentales représentées sur les deux figures (1.7) montrent que les deux matériaux échangeurs éliminent l'ammoniaque de l'air à P/P 0 = 0.50 - 0.55 avec 24 Chapitre I Les échangeurs d’ions (Membranes et Textiles) un rendement élevé. Quand l'épaisseur de couche est de 9 millimètres, les capacités de travail aux points de percée C/C 0 = 0.05 sont 2.8 et 2.0 m-mole de NH3 par gramme de FIBAN K-1 et de FIBAN K-4 respectivement. Ces valeurs correspondent à 97 % et 40 % de leur capacité maximale d’adsorption. [23] 25 26 Chapitre II Electrode spécifique II.1. Introduction La détermination des concentrations par la méthode potentiométrique nécessite l’utilisation des électrodes indicatrices et la réalisation des calculs quantitatifs, basés sur la connaissance des équilibres mis en jeu dans un système réactionnel. Ces calculs sont donc effectués à partir des expressions de la loi d’action de masse, associées aux bilans de matière correspondant à la composition globale du système considéré. Plus particulièrement, il est habituel d’exprimer la loi d’action de masse comme une relation entre les concentrations des espèces en solution, au lieu de leurs activités comme l’exige la rigueur thermodynamique. Dans ce chapitre, après un aperçu général sur les électrodes indicatrices, sont brièvement exposées les conditions dans lesquelles l’approximation d’exprimer la loi d’action de masse en termes de concentrations est tolérable. II.2. Aperçu général sur les électrodes indicatrices Les déterminations potentiométrique sont effectuées au moyen d’une électrode indicatrice (de l’espèce à contrôler) mise au contact de la solution et opposée à une électrode de référence (dont la paroi ou le pont de jonction est également au contact de la solution), permettant de mesurer la différence de potentiel variant comme le potentiel de l’électrode indicatrice [25]. Ce dernier doit être relié à l’activité (donc à la concentration) de l’espèce à déterminer, si possible d’une manière indépendante de la présence des autres espèces en solution. On est ainsi conduit à rechercher les systèmes indicateurs qui répondent le mieux à cette dernière condition pour chaque espèce à déterminer [26]. Deux catégories d’électrodes indicatrices d’ions utilisables en potentiométrie sont à distinguer [27] : (a) des électrodes métalliques dont le potentiel d’équilibre est déterminé par un système rédox faisant intervenir l’ion à contrôler, (b) des dispositifs basés sur les propriétés des membranes sélectives (caractérisées par une faible épaisseur), et constitués d’une telle membrane interposée entre une électrode de référence et la solution (dispositif également opposé à une seconde électrode de référence pour effectuer la mesure de la différence de potentiel). La membrane crée une différence de potentiel appelée potentiel de membrane, qui, si la constitution du matériau membranaire répond à certaines conditions, varie en fonction de la concentration d’un ion particulier. Englobant le potentiel de membrane, la différence de potentiel totale mesurée suit les variations de celui-ci et renseigne 27 Chapitre II Electrode spécifique donc sur cette concentration. Le dispositif constitué de cette manière est appelé électrode indicatrice à membrane sélective. II.2.1. Electrodes indicatrices à système rédox Le principe général de la constitution d’une électrode indicatrice d’une espèce B donnée, (ionique ou non) consiste à faire établir à une électrode métallique, un potentiel d’équilibre imposé par un système rédox dans lequel l’espèce B est mise en jeu, soit comme forme oxydée (Ox) ou comme forme réduite (Red), soit comme espèce auxiliaire impliquée par le passage d’une forme Ox à une forme Red ou inversement [28]. Le choix des systèmes indicateurs découle donc des considérations théoriques sur les potentiels rédox conditionnels. Les activités de tous les constituants du système choisi, à l’exception de B, doivent être fixées. Ainsi, suivant l’expression du potentiel rédox E (que l’on mesure par rapport à l’électrode de référence), donnée par la formule de Nernst, la variation de E découle exclusivement de la variation de l’activité de B. II.2.2. Electrodes indicatrices à membranes sélectives. L’interposition d’une membrane dite électrochimique de nature électrolytique, c’est-à-dire conductrice ionique dans la chaîne potentiométrique, introduit dans la différence de potentiel totale mesurée ΔE, le potentiel ΔΦm que l’on désigne par potentiel de membrane (entre les deux solutions qui baignent les deux faces de la membrane). Les deux électrodes terminales étant des électrodes de référence, fournissant par conséquent des différences de potentiel métal/solution qui sont fixées, on obtient ΔE=K+ΔΦm (II.1) où K désigne une constante. La différence de potentiel de la chaîne de mesure variant comme le potentiel de membrane ΔΦm, il suffit donc que la constitution de cette dernière réponde aux conditions qui font de ΔΦm une fonction des activités de l’espèce B dans les solutions de part et d’autre de la membrane pour obtenir un dispositif indicateur d’activité de B [26]. II.2.2.1. Relation entre le potentiel d’électrode à membrane et l’activité de l’ion en solution La réponse potentiométrique d’une membrane électrolytique à une espèce ionique donnée 28 Chapitre II Electrode spécifique implique la présence de cette espèce à l’intérieur de la membrane et son échangeabilité entre la membrane et la solution au contact, c’est-à-dire la possibilité de transfert de l’ion d’une phase à l’autre (dans les deux sens). Le cas idéal est celui où le transfert ne peut avoir lieu que pour une seule espèce ionique: on obtient alors une réponse spécifique à cet ion particulier [29]. II.2.2.1.1. Potentiel de membrane spécifique Lorsqu’une seule espèce ionique B est susceptible de transfert entre deux phases en Contact, ces deux phases sont en état d’équilibre vis-à-vis de l’espèce B en question (en l’absence de courant électrique c’est-à-dire en l’absence de transfert de charge) se traduisant par l’égalité du potentiel électrochimique dans les deux phases. L’équilibre est réalisé simultanément aux deux interfaces de la membrane. Par conséquent, le potentiel électrochimique étant le même à ces deux interfaces (si la membrane est homogène), il en résulte qu’il est également identique dans les deux solutions de part et d’autre de la membrane. La différence de potentiel qui constitue le potentiel de membrane ΔΦm découle alors de la différence de potentiel chimique de B dans les solutions mises en jeu. On peut dans ce cas écrire, en désignant respectivement par int et ext les solutions interne et externe int et ext = (II.2) D’où compte tenu de l’expression = μi +zi FΦ (II.3) Séparant le potentiel électrochimique en deux composantes, l’une de nature chimique (μi), l’autre de nature électrique (ziF, charge d’une mole d’ion, multipliée par le potentiel électrique Φ) ΔΦm = Φint - Φext = (II.4) Le potentiel chimique étant pour sa part relié à l’activité relative de B par l’expression générale = + RT ln aB (II.5) La relation (II.4) se met finalement sous la forme ΔΦm = (II.6) 29 Chapitre II (en admettant que Electrode spécifique est identique pour les deux solutions, impliquant que celles-ci sont constituées de même solvant). Dans l’utilisation sous forme d’électrode à membrane, la concentration interne de B est fixée ( =cte ). Par suite, et compte tenu de l’expression (II.1), la relation entre la différence de potentiel mesurée ΔE et l’activité de l’espèce ionique B dans la solution externe (que l’on écrira simplement aB) a donc pour expression (II.7) A force ionique fixée, on a (II.8) ou ln et yB, coefficient d’activité de l’ion B. Ces formules qui expriment le potentiel d’une électrode spécifique d’un ion donné sont de forme identique à la formule de Nernst : variation linéaire de ΔE en fonction de log cB, avec une pente égale au coefficient de Nernst, 2.3RT/zBF (pente supérieure à 0 pour un cation, inférieure à 0 pour un anion). Il est à noter que seuls des ions donnent lieu à l’établissement d’un potentiel de membrane [29]. L’étalonnage analytique (avec des solutions de concentration connue de B) correspond bien à ce comportement idéal, dit nernstien. En fait d’une manière générale, la réponse observée manifeste, lorsque la concentration devient très faible, un écart à la réponse nernstienne et finit même, à très grande dilution, par cesser complètement. Une explication de ce comportement réside dans la non-spécificité de la réponse de l’électrode. II.2.2.1.2. Potentiel de membrane sélective non-spécifique La non-spécificité de la membrane vient de la possibilité d’échange de l’ion B, auquel la membrane doit répondre, par un autre ion A (de même signe) capable de prendre la place de B dans celle-ci [29]. On peut ainsi voir s’effectuer la réaction d’échange interfaciale nBm+Asol Am+nBsol 30 (II.9) Chapitre II Electrode spécifique (en posant n =zA/zB), caractérisée par la constante d’équilibre d’échange (apparente (II.10) (les activités sont remplacées par les concentrations pour simplifier et l’astérisque indique qu’il s’agit des concentrations à l’interface dans la membrane). En écrivant le bilan (II.11) d’une part, et en posant d’autre part (II.12) (rapport déterminé par la teneur de la solution en ce qui concerne B et l’ion échangeable A), et en combinant (1.10), (1.11) et (1.12), on obtient alors (II.13) Dans le cas particulier où n=1, la relation (1.13) devient (II.14) Il apparaît ainsi que, si la constante KB/A est suffisamment petite, la concentration voisine de reste : la présence de l’ion A ne change donc pas l’état de la membrane près de l’interface et, par suite, la réponse potentiométrique est pratiquement inchangée par la présence de A dans la solution. En revanche, si le produit n’est pas très inférieur à 1, la valeur de se trouve au contraire notablement modifiée par la présence de A en solution, ce qui se traduit par une modification de potentiel interfacial (appelée potentiel de Donnan) par rapport à la différence de potentiel en l’absence de A. De (μB)m =(μB)sol , on tire en effet (II.15) 31 Chapitre II Electrode spécifique ce qui conduit à une valeur de ΔΦ sol/m plus faible, lorsque ΔΦ sol/m est abaissée par la présence de A, par rapport à la valeur correspondant à . Dans le cas simple où n=1, la variation de la différence de potentiel ΔΦ sol/m est égale ou Par ailleurs, l’abaissement de dû à l’échange interfacial, fait apparaître dans la membrane un gradient de concentration de B, conjugué à un gradient de concentration de A en sens opposé. Si ces espèces présentent une mobilité au sein du matériau membranaire, il en résulte l’apparition d’un flux de transport, par diffusion, de B vers l’interface où cet ion s’est trouvé appauvri, et de A à partir de cette interface où il est entré dans la membrane (contenant uniquement B initialement). La propagation des gradients de concentration jusqu’à l’autre interface fait qu’il s’instaure finalement un flux de diffusion transmembranaire stationnaire, B et A traversant la membrane en sens opposés et s’échangeant ainsi entre les deux solutions séparées par la membrane. Il est toutefois à noter que les mobilités dans les matériaux utilisés pour constituer les membranes des dispositifs potentiométrique sont suffisamment faibles pour ne permettre que des flux infimes, de sorte que les variations de concentration des solutions restent tout à fait inappréciables même après de longues durées de fonctionnement [30]. Sur le plan théorique, les flux de diffusion sont régis par une loi, appelée première loi de Fick, qui exprime (en un point donné) la proportionnalité entre la densité de flux Ji (mol cm-2s-1 ) d’une espèce i et le gradient de concentration Δci de celle-ci, soit Ji = -Di Δci (II.16) où le coefficient de proportionnalité Di est le coefficient de diffusion de l’espèce i. Cependant, dans le cas de diffusion de deux espèces ioniques, comme celui considéré ici, les flux de transport ne peuvent être indépendants car ils doivent obéir à la condition de neutralité électrique. Or, si la diffusion intervenait seule, une différence de mobilité des deux ions (se traduisant par une différence de valeur de Di) conduirait à une hétérogénéité de distribution de charge électrique entre les deux faces de la membrane. La neutralité électrique est en fait maintenue par la formation d’un champ électrique tel que l’ion le moins mobile soit accéléré et l’autre ralenti, afin de réaliser l’égalisation des flux de charge électrique en sens opposés. 32 Chapitre II Electrode spécifique Un champ électrique ΔΦ produisant un flux ionique dont la densité est exprimée par –Ui ci ΔΦ, où Ui est la mobilité électrique de l’ion reliée au coefficient de diffusion par la relation de Nernst – Einstein (II.17) Le flux global de chaque espèce ionique dans la membrane est ainsi exprimé par l’équation de Nernst-Planck [18] Ji = - Di ΔCi - Ui Ci ΔΦ = (II.18) La condition de neutralité électrique des deux flux de A et de B s’écrit : JA + n jB =0 (1.19) D’où, par application de cette relation, l’expression du champ électrique à l’intérieur de la membrane (II.20) L’intégration de cette équation (moyennant certaines hypothèses, et dans le cas où n=1) conduit à l’expression du potentiel de diffusion transmembranaire (II.21) Compte tenu des conditions qui prévalent aux deux interfaces -interface ext, présence de A : -interface int, absence de A : ρ =0 ⇒ (cA )m = 0 et en admettant que les mobilités sont constantes dans toute la membrane, la relation (II.21) devient, (en posant ) (II.22) En ajoutant pour finir les valeurs, données par la relation (II.17), des deux potentiels de DONNAN correspondant aux deux faces de la membrane au contact des solutions externe et interne, on obtient le potentiel de membrane complet 33 Chapitre II Electrode spécifique (II.23) D’où, pour la réponse (mesurable) du système potentiométrique, la relation (II.24) (puisque ). L’écart entre cette réponse et la réponse idéale nernstienne à l’ion B (écart dû à la non-spécificité de la membrane) a ainsi pour grandeur : et dépend donc à la fois de la proportion de l’ion A par rapport à B et de la valeur du coefficient kB/A, produit de la constante d’échange interfacial de B par A et du rapport des mobilités des deux ions dans la membrane. Ce coefficient est appelé coefficient de sélectivité potentiométrique de la membrane pour le couple d’ions B/A. La limite de fonctionnement nernstien de l’électrode indicatrice de B, en présence de l’ion interférent A, se produit donc à une concentration de B d’autant plus basse que la valeur de kB/A est plus petite, mais d’autant moins basse que la concentration de A en solution est plus élevée. Une réponse nernstienne à l’ion B jusqu’à la concentration limite 10-6M, en présence de A 1M (par exemple), exige que la membrane utilisée présente une sélectivité potentiométrique caractérisée par un coefficient kB/A<<10-6. Remarques : (1) La formule (II.20) reste admise dans le cas où l’ion A possède un nombre de charge différent de celui de B. Mais l’on doit dans ce cas, dans la formule (II.24), remplacer cA par (cA)n. (2) En général, plusieurs ions Ai (de même signe que B) sont susceptibles d’interférer sur la détermination de B en produisant une déviation par rapport à la relation de Nernst. Ces interférences multiples sont exprimées par la relation de Eisenman-Nicolsky [43] (II.25) (3) Enfin, il faut se souvenir que si la force ionique varie, ce sont les activités et non les concentrations des ions qui interviennent dans toutes ces relations. II.2.2.2. Principales électrodes indicatrices d’ions à membrane sélective Selon l’état du matériau membranaire, on distingue deux types d’électrodes à membrane 34 Chapitre II Electrode spécifique sélective : -électrode à membrane solide, -électrode à membrane liquide. Le tableau 1 regroupe les différents types d’électrodes indicatrices d’ions à membrane sélective suivant la nature de membrane constructive et de réaction possible à l’interface membrane/solution. Tableau .II.1. Types d’électrodes à membrane sélective [24] * Me2+= Mg2+, Ca2+, Sr2+, Ba2+, Co2+, Fe2+, Ni2+, Cu2+, Zn2+. ** P : poreux (membrane support) ** PVC : polyvinyl Chloride ** phen : 1,10-phenanthroline 35 Chapitre II Electrode spécifique II.2.2.3. Electrodes indicatrices des ions Cu 2+ et Pb2+ Les électrodes indicatrices des ions Cu2+ et Pb2+ sont principalement construites par les mélanges de Ag2S et d’un autre sulfure MS tel que CuS ou PbS. Le sulfure d’argent apparaît comme un matériau constitutif intéressant en raison de sa solubilité extrêmement faible en solution aqueuse et de sa conductivité ionique notable à la température ordinaire . Les membranes MS/Ag2S sont préparées en pressant, sous forme de disque, les poudres Polycristallines obtenues en précipitant des sulfures par addition de sulfure de sodium à une solution contenant les nitrates d’argent et d’un autre métal M tel que Cu(II) ou Pb(II) [32]. Lorsque cette électrode à membrane MS/Ag2S est en contact avec une solution contenant les ions M2+, deux réactions d’équilibre s’établissent[24] (II.26) où Ksp (MS) est le produit de solubilité de MS donné par l’expression (II.27) (aq) désignant l’état aqueux d’une molécule en équilibre avec son état solide symbolisé par (s). (II.28) avec K sp(Ag2S) : produit de solubilité de Ag2S donné par l’expression (II.29) L’activité des ions Ag+ et S2- dépendra de la quantité de membrane qui sera dissoute tandis que l’activité des ions M2+ proviendra de la solution. L’équation (II.27) réarrangée conduit à (II.30) et en substituant l’activité d’ions sulfures dans l’équation (II.29), on aboutit à 36 Chapitre II Electrode spécifique (II.31) et après réarrangement ou (II.32) En solution ne contenant pas d’autres ions interférents, le potentiel d’électrode indicatrice aux ions Ag+ est donné par (II.33) et la substitution de Ag+ a à partir de (II.32) donne (II.34) Comme les produits de solubilité sont constants à une température donnée, le terme est constant et peut être incorporé dans E0 pour donner une nouvelle constante, notée E0 et l’équation (II.34) devient alors (II.35) Où est le coefficient de Nernst dont la valeur théorique est d’environ 29.6 mV à 25o C pour une électrode indicatrice aux ions M2+ (Z M2+ =2 ). De cette façon, l’électrode est indicatrice aux ions M2+ en solution, étant donné que le 37 Chapitre II Electrode spécifique produit de solubilité de l’ion M2+ avec l’ion sulfure est considérablement plus large que celui de Ag2S. Parallèlement, la solubilité de MS doit être suffisamment plus faible que la concentration de l’ion M2+ à déterminer dans la solution. En outre, la réaction d’échange entre MS et Ag2S doit être assez rapide, condition seulement respectée par certains sulfures dont CuS et PbS. En milieu acide, la sensibilité aux ions divalents diminue à cause de la formation de H2S [34]. Le mercure(II) et l’argent(I) interfèrent avec une électrode à base de CuS ; le mercure(II), l’argent(I) et le cuivre(II) interfèrent avec des électrodes à base de PbS et à base de CdS. L’électrode à base de CuS peut donner des résultats erronés lorsque les ions Cl- et Cu2+ sont simultanément présents dans la solution. La réaction correspondant à cette interférence est (II.36) II.3.Conditions d’application de la loi d’action de masse dans les calculs sur les équilibres en solution Suivant la loi d’action de masse, tout équilibre en solution est caractérisé, à une température T donnée, par une constante d’équilibre Ko dite «thermodynamique » car reliée à une donnée énergétique, la variation d’enthalpie libre ΔGo de la réaction*. Cette dernière relie entre elles les activités ai des constituants de l’équilibre. La valeur de Ko dépend du solvant et de la température. o Ko d’une réaction est reliée à ΔG par Sur le plan pratique, c’est en fait d’une relation entre les concentrations ci (exprimées en mol L-1) des constituants de l’équilibre en solution dont on a besoin pour établir le système algébrique caractéristique de l’état du système chimique. On convient donc : a) en premier lieu, de donner conventionnellement la valeur unité à l’activité des constituants pour lesquels il ne se produit pas de variation de cette activité : le solvant (H2O), et les corps qui sont à l’état de saturation (solides en excès en équilibre avec la solution) ; b) ensuite, de relier l’activité des solutés (non saturants) à leur concentration par ai = yi ci (II.37) où yi représente un coefficient d’activité molaire tendant vers l’unité à dilution infinie. L’expérience montre que les valeurs des coefficients d’activité des solutés non ioniques restent très peu différentes de l’unité (à quelques pourcents près) jusqu’à des concentrations relativement élevées, de l’ordre de 1M. En se limitant à cet ordre de grandeur de oncentration maximale, on peut donc pour les espèces non-chargées, confondre leur activité avec leur 38 Chapitre II Electrode spécifique concentration avec une bonne approximation. En revanche, les coefficients d’activité des ions diffèrent notablement de l’unité dès que la concentration ionique totale de la solution n’est pas très petite. Cet effet étant imputable aux interactions électrostatiques que les ions exercent les uns sur les autres (la théorie de Debye et Hückel, complétée et affinée par la suite) conduit à des expressions algébriques qui permettent de calculer des valeurs approximatives des coefficients d’activité ioniques en fonction d’une grandeur appelée «force ionique » définie par l’expression suivante [35] (II.38) (somme étendue à tous les ions présents i, de charge zi et de concentration ci). Dans le cas des ions simples usuels, en solution aqueuse à la température normale de 25ºC, ces expressions sont : l’équation de Debye-Hückel, établie en supposant les ions ponctuels (équation dite «équationlimite») log yi = (II.39) n’est valable que pour les très faibles valeurs de force ionique (I<0.01M). En tenant compte des dimensions des ions, la théorie conduit à l’expression plus complète (II.40) où a est un paramètre dimensionnel de l’ion, correspondant à la distance minimale d’approche d’un autre ion [35]. Le coefficient B a pour valeur 0.33.1010m-1, en solution aqueuse à 25ºC. Lorsque la valeur de a est de l’ordre de 0.3nm (3Å), et donc Ba ≈1, on peut admettre l’expression simplifiée (équation de Güntelberg ) [36] (II.41) Ces expressions ne fournissent des valeurs en bon accord avec les résultats expérimentaux que pour I ne dépassant pas 0.1M. Pour le calcul des coefficients d’activité à force ionique pouvant aller au delà de 0.5M, une équation empirique a été proposée par Davies [37] 39 Chapitre II Electrode spécifique (II.42) D’autres équations ont été proposées. Ainsi, l’expression (1.40) a été complétée par l’adjonction de la somme Σfij(I) CJ pour tenir compte des interactions entre des ions différents (quel qu’en soit le nombre), cj étant la concentration de chaque ion j(≠i) et fij (I) est une fonction caractéristique des espèces i et j, ne dépendant que de la force ionique [38]. Cette fonction est de la forme f ij (I) =aij + bij F(I) (II.43) où aij et bij sont des coefficients caractéristiques du couple i-j et indépendants de I. Selon PITZER, F(I) a pour expression [39] (II.44) Suivant toutes ces formules, yi diminue (et donc également ai, à concentration fixe) lorsque la force ionique augmente (jusqu’aux environs de I=0.5M). Par ailleurs pour une force ionique donnée la valeur de log yi est proportionnelle au carré de la charge de l’ion, les écarts entre activité et concentration sont donc d’autant plus importants qu’on a affaire à un ion de charge plus élevée. Sur le plan expérimental, les coefficients d’activité ioniques ne peuvent pas être déterminés individuellement, des coefficients d’activité moyens (y±) d’électrolytes étant seuls accessibles (pour un électrolyte constitué de deux ions de même charge en valeur absolue : y±=( y+ y-)0.5 Ceci exclut la possibilité de connaître d’une manière rigoureuse l’activité d’un ion lorsqu’on en connaît la concentration. La relation (II.37) conduit à mettre l’expression de la loi d’action de masse f(ai) = Ko (où figurent seules les activités variables des solutés) sous la forme f (ci) = Ko f-1 (yi) (II.45) En faisant l’hypothèse que les coefficients d’activité yi sont constants, on obtient alors : f (ci ) = Ki (II.46) Ceci revient à appliquer la loi d’action de masse idéale en substituant les concentrations aux 40 Chapitre II Electrode spécifique activités mais en remplaçant la constante d’équilibre thermodynamique par la constante Ki donnée par : Ki = K0 f-1 (yi) (II.47) où Ki est la constante d’équilibre «apparente» ou «conditionnelle». Pour être constant, le terme f-1(yi) exige que la force ionique I de la solution soit elle-même invariable. C’est donc à force ionique maintenue constante qu’on est en droit d’appliquer la relation simple f(ci)=Ki, la constante apparente Ki dépendant de la valeur de la force ionique. En pratique, celle-ci peut au moins être maintenue à un faible taux de variation donc sensiblement constante : il suffit pour cela que la solution contienne des espèces ioniques ne participant pas aux réactions produites donc ne subissant pas de variations de concentration, et dont la concentration totale soit de beaucoup supérieure aux concentrations susceptibles de arier. L’amplitude de variation de la constante apparente avec la force ionique dépend de l’équilibre considéré : les variations sont les plus importantes pour des réactions entraînant un changement du nombre d’espèces ioniques, ou le remplacement d’espèces fortement chargées par des espèces faiblement chargées ou inversement. L’allure des variations de log yi en fonction de I se retrouvant pour celle de log Ki, c’est donc dans l’intervalle de I allant de 0 à 0.1M environ que la variation est la plus prononcée. Au delà de I=0.1, les constantes apparentes sont moins sensibles aux variations de I. On peut ainsi tolérer des variations de force ionique de l’ordre de 10 à 20% sans conséquence importante pour les valeurs des constantes d’équilibre apparente (à l’échelle de Δlog Ki ≈ 0.1). Tous les calculs prévisionnels sur l’étude des équilibres en solution sont donc conduits en adoptant, généralement, les valeurs de constante d’équilibre apparente à force ionique constante, des considérations semblables sont applicables à la relation de Nernst en substituant les concentrations aux activités, et en remplaçant à force ionique constante, le potentiel normal «thermodynamique » Eo par un potentiel normal «apparent» E0 , dépendant de la force ionique I. ' 41 42 Chapitre III Modèle d’adsorption d’un métal sur un matériau III .1 Définition de l'adsorption Qualitativement, l'adsorption est définie comme le passage d'espèces chimiques d’une phase liquide ou gazeuse vers une surface solide. Il s'agit donc du passage de l'état de dissous à celui d’adsorbé. Le processus inverse est la désorption. Cette définition s'applique à toutes les substances dissoutes qu'elles soient ionisées ou pas et à toutes les surfaces solides. L'accès à ces surfaces se fait toujours par diffusion moléculaire dans les pores et peut constituer une limite à la fois cinétique et quantitative à l'adsorption. Elle implique dans tous le cas l'existence d'attractions plus ou moins fortes des solutés par les surfaces, avec des énergies mises en jeu, très variables selon la nature de ces interactions.[40] Quantitativement, l'adsorption est caractérisée par une concentration de surface Γ(mol/m 2) qui est une grandeur d'excès donnée par l'équation de Gibbs suivante : (III.1) ceav : R = constante des gaz, T = la température absolue, γ = la tension de surface ou inter facial (J/m2 ) ai = l’activité de l’espèce i . Γ est positive si le soluté s'accumule sur la surface (adsorption positive) et négative si la surface est appauvrie en soluté (adsorption négative). Etant donné son importance dans beaucoup de processus de purification, seule l'adsorption positive. La description de l'adsorption repose sur trois ensembles de données expérimentales : - Les quantités adsorbées à l'équilibre, formalisées par les isothermes d'adsorption. - Les vitesses d'adsorption obtenues par des études de cinétique. - Les propriétés des molécules adsorbées en relation avec leur structure chimique et leur aptitude à repasser en solution, donc désorbées . III .2 Principe Général Une solution renfermant le soluté concerné par l’adsorption est mise en contact avec une masse connue d'un solide adsorbant. L'adsorption du soluté se traduit par des variations 43 Chapitre III Modèle d’adsorption d’un métal sur un matériau simultanées de sa concentration en solution et de celle à la surface du solide. Ces dernières sont déterminées expérimentalement. Explicitement, soit une solution de volume V(L) contenant un soluté i à la concentration Ci0 (mol/l) mise en contact avec une masse Ms (kg) de solide adsorbant. A un instant donné, t, si la concentration de la solution est Ci (mol/l), alors la quantité de soluté passant de la phase liquide vers le solide, est donnée par la différence V(Ci0 - Ci )(mol). Si cette disparition est due à l'adsorption, la quantité adsorbée par unité de masse d'adsorbant à l'instant t est alors: ((III.2) La grandeur d'excès de surface correspondante est ((III.3) où A(m2) est l'aire de surface de l'adsorbant solide, égale à a.Ms, a étant l'aire spécifique de surface (m2 kg-1). La disparition du soluté de la phase liquide a lieu pendant une certaine durée et, par conséquent, la concentration Ci et la quantité qi varient en fonction du temps. Ces variations représentent des cinétiques d'adsorption. III.3. Cinétique d'adsorption Toutes les études d'adsorption et de désorption de solutés reposent sur la détermination des concentrations des substances étudiées dans une phase liquide. III.4. Approche des lois des cinétiques d'adsorption et de désorption III.4.1. Théorie de Langmuir L'aspect fondamental de cette théorie est de considérer que la vitesse d'adsorption est égale à la vitesse de désorption à l'équilibre pour lequel la quantité de soluté adsorbé est constante. Hors de l'équilibre, en revanche, l'une ou l'autre des vitesses est plus grande et la quantité de soluté adsorbée varie en fonction du temps avec une vitesse qui est donnée par la différence entre la vitesse d'adsorption et celle de désorption : 44 Chapitre III Modèle d’adsorption d’un métal sur un matériau ((III.4) Où: - Ө est la fraction de sites d'adsorption occupée. - Ci est la concentration du soluté dans la phase liquide au contact de la surface solide. - ka et kdes sont les constantes de vitesse d'adsorption et de désorption, qui dépendent de la température et des caractéristiques énergétiques de l'adsorption et de la désorption. Dans cette équation, la vitesse d'adsorption est proportionnelle à la concentration dans la phase liquide et à la fraction de sites inoccupés (1 - Ө); la vitesse de désorption est proportionnelle à la fraction de sites occupés (Ө). III.4.2. Modélisation des cinétiques de sorption La modélisation des cinétiques de sorption est basée sur la représentation que l'on se fait du déterminisme de la sorption selon les trois situations suivantes: - La vitesse de sorption est déterminée par les interactions entre les molécules de solutés et les surfaces. La diffusion moléculaire n'intervient pas ce qui correspond à des suspensions de particules adsorbants non poreuses. Il s'agit des modèles basés sur l'énergie des liaisons. - La vitesse de sorption à un instant donné est déterminée par l'écart entre l'état du système à cet instant et son état à l'équilibre. Ces modèles sont désignés par la dénomination "driving force models"; ce sont des modèles basés sur la composition des milieux. - La vitesse de sorption est déterminée par la diffusion moléculaire, il s'agit des modèles de diffusion. III.4.2.a. Modèles basés sur l'énergie des liaisons Modèle à un type de site d'adsorption: Il s'agit du formalisme de Langmuir. Ce modèle a permis de décrire par exemple, les cinétiques d'adsorption d'un pesticide sur une illite et un gel de silice, et celles de l'adsorption d'anions orthophosphates sur la calcite. Modèles à plusieurs sites d'adsorption: Ils sont destinés à tenir compte de l'hétérogénéité de surfaces à l'égard des sites d'adsorption. Le plus simple d'entre eux st basé sur deux populations de sites d'adsorption, l'une caractérisée par une adsorption réversible, et l'autre par une adsorption plus lente. 45 instantanée et Chapitre III Modèle d’adsorption d’un métal sur un matériau III.4.2.b. Modèle basé sur la composition des milieux . Modèle réversible du premier ordre : il a été supposé que dans ce modèle que la vitesse de sorption à instant t est proportionnelle à la différence entre la quantité adsorbé à l'équilibre, q eq , et la quantité qt adsorbée à cet instant et que l'adsorption est réversible dans [41]. Autrement dit, la sorption est d'autant plus rapide que le système est loin de l'équilibre. La loi de vitesse s'écrit: ((III.5) k1 est un paramètre de vitesse qui a la dimension de l'inverse d'une fréquence (T). Dans cette relation, qeq peut être exprimée soit par une isotherme linéaire soit une isotherme de Freundlich. L'intégration de l'équation ((III.5) donne: ((III.6) Modèle de la cinétique du deuxième ordre: Ce modèle suggère l'existence d'une chimisorption [42], un échange d'électrons par exemple entre une molécule d'adsorbat et d'adsorbant solide. Il est représenté par la formule suivante: ((III.7) L'intégration de l'équation (III.7) donne: (III.8) III.4.2. c. Modèle basé sur la diffusion moléculaire Ces modèles sont les plus développés mais il nous semble plus approprié de les décrire lors de la modélisation des phénomènes de transport. 46 Chapitre III Modèle d’adsorption d’un métal sur un matériau Modèle de la diffusion intra particule: Le modèle de diffusion intra particule est proposé par Weber et Morris [43]. Il est représenté par l'équation suivante: (III.9) Où: kint : la constante de la diffusion intra particule en (mg/g min1/2 ). La constante kint est déduite de la pente de la partie linéaire de l'équation représentant ce modèle. Le coefficient de diffusion D est déduit de la formule suivante: (III .10) Où: t1/2 : le temps de demi-réaction (réaction d'adsorption à l'équilibre) en second r0 : le diamètre des grains de l'adsorbant en cm D : le coefficient de diffusion intraparticule (cm2 s-1 ). Modèle d'Elovich [44] Ce modèle est représenté par l'équation suivante: (III.11) Où: α: le taux d'adsorption initiale en(mg/g min) t0= 1/( α+ β) β: constante lié à la surface externe et à l'énergie d'activation de la chimisorption en (g/mg). III.5. Concept de double couche électrique Les propriétés d'une surface d'un solide porteuse de charges électriques sont déterminées par la distribution de ces dernières dans la région interfaciale lors de l'immersion de ce solide dans solution d'électrolyte. La description de cette distribution repose sur le concept de double couche électrique qui décrit la variation du potentiel électrique aux bords d'une surface chargée. Le modèle le plus simple postule que tous les contre –ions sont alignés parallèlement à la surface chargée, à une distance d’environ un diamètre moléculaire, comme montré par la figure III.1-a. Selon ce modèle le potentiel électrique doit rapidement décroître vers zéro à une très courte distance de la surface chargée, comme montré par la figure III.1-b. Ce modèle équivaut à un 47 Chapitre III Modèle d’adsorption d’un métal sur un matériau condensateur à plans parallèles. Il a été proposé par le chimiste allemand Herman Von Helmotz, [45]. Cependant cette distribution est incompatible avec le concept de l’agitation thermique. Le physicien français Louis -Georges Gouy [46] et le chimiste anglais David Leonard Chapman [47] développèrent alors un autre modèle pour lequel ils considérèrent que la distribution des contre ions est totalement diffuse. Dans ce modèle le potentiel décroît de façon exponentielle comme montrée par la figure III.2. En 1924, le chimiste allemand Otto Stern [47] a établi un modèle intermédiaire schématisé par la figure.III.3 et basé sur l'hypothèse qu'une partie des contre –ions attachés à la surface par des forces électrostatique de Van der Waals sont suffisamment intenses pour résister à l'agitation thermique. Cette couche compacte d'ions solvatés constitue la partie principale de l'interface coté solution. Elle est d'autant plus importante que la concentration des solutés ioniques est plus élevée, et constitue la partie de la solution qui se déplace avec la particule. A l'intérieur de la solution, se trouve la couche diffuse correspondante au modèle de Gouy - Chapman. Elle détermine le potentiel électrocinétique ou le potentiel zêta. Elle est d'autant plus importante que la concentration des solutés ioniques est faible. Elle est solidaire de la solution et se déplace avec elle [48]. Graham [49] a élaboré une autre image de l'interface de Stern en imaginant deux parties de la région compacte: une région intérieure des ions spécifiquement adsorbés (exemple Cl sur Hg) et une autre externe des ions entièrement solvatés (exemple F- sur Hg). Ces deux régions sont appelées les plans de Helmholtz interne et externe, respectivement [50]. Figure III.1 Le model de Helmholtz de la double couche électrique[40] a : la distribution de contres ions devant une interface chargée. b : la variation de potentiel avec la distance d’une surface chargée 48 Chapitre III Modèle d’adsorption d’un métal sur un matériau Figure III.2 Le model de Gouy-Chapman de la double couche électrique. [40] a : la distribution de contres-ions devant une interface chargée. b : la variation de potentiel avec la distance d’une surface chargée. Figure III.3: Le model de Stern de la double couche électrique[40]. a : la distribution de contres- ions devant une interface chargée. b : la variation de potentiel avec la distance d’une surface chargée Le traitement mathématique de la double couche [51] introduit un concept très utile, celui de son épaisseur efficace 1/k. C’est la distance entre une surface chargée et la solution. L'épaisseur efficace, souvent appelée longueur de Debye, est donnée par : (III.12) Où εr = ε/ ε0 est la constante diélectrique statique relative ou la constante diélectrique de la solution ( ε : la constante diélectrique statique d'un vacuum). R : constante des gaz, T : la température absolue, 49 Chapitre III Modèle d’adsorption d’un métal sur un matériau F : constante de Faraday, Ci : la concentration molaire de tous les ions en solution. On constate que 1/k est inversement proportionnel à la valence Z des ions solution et à la racine carrée de leurs concentrations. Il est également directement proportionnel aux racines carrées de la température absolue et à la constante diélectrique statique relative du. Il doit donc être prévu que dans un solvant de constant diélectrique élevé, comme l’eau, les effets électriques engendrent une épaisseur efficace importante. En outre, en présence d'un électrolyte, les effets électriques résultent en une couche électrique de plus en plus ‘comprimée’. A titre d’exemple, pour des électrolytes à température ambiante en phase aqueuse, 1/k = 3 A° pour 1M, 10 A° 0,1 M, 30 A° pour 0.01M, 100 A° pour 10 –3 M et 300 A° pour une solution 10 –4 M. III.6 Modélisation des isothermes d’adsorption III.6.1 Model d’adsorption de Langmuir Le model d’adsorption de Langmuir est défini par une capacité maximale d’adsorption qui est liée à la couverture des sites de surface par une monocouche. L'importance de l'isotherme de Langmuir est qu'il peut être théoriquement appliqué à une surface parfaitement uniforme, et lorsqu'il n'y a pas d'interactions entre les molécules adsorbées. Son importance dans la théorie de l'adsorption est comparable à celle de la loi des gaz parfaits, pour le cas des gaz. Dans la pratique, il y a peu de systèmes qui sont décrits par une isotherme de type Langmuir, du fait de l'hétérogénéité de la surface et de l'interaction des molécules adsorbées. On considère donc, le cas d'une chimisorption idéale, ensuite on introduira les effets de l'hétérogénéité de la surface et de l'interaction des molécules adsorbées, ce qui nous amènera à déduire d'autres types de modèle d'adsorption. L'isotherme de Langmuir peut être déduite selon plusieurs approches différentes, où la plus simple est l'approche cinétique décrite précédemment. L'isotherme est donnée par: (III.13) KL: le coefficient de Langmuir, est égal au rapport des constantes de vitesses d'adsorption et de désorption. Ce modèle peut présenter cinq types d’isothermes reliées aux divers modes de fixation du soluté sur le solide [52] : Type S: Indique une adsorption verticale de molécules monofonctionelles polaires, sur un adsorbant polaire et dans un solvant polaire. 50 Chapitre III Modèle d’adsorption d’un métal sur un matériau Type L : Indique une adsorption à plat de molécules bifonctionnelles. Type H: Ne commence pas par zéro mais à une valeur positive, indique une haute affinité, signifie qu’aux faibles concentrations l’adsorption est totale. Type C: la première partie (ligne droite croissante) signifie qu’il y a compétition entre le solvant et le soluté pour occuper les sites. Avec toujours le même partage ; Il concerne des molécules lexibles pouvant pénétrer loin dans les pores pour y déplacer le solvant. Figure III.4 : différents types d’isothermes [53]. 51 Chapitre III Modèle d’adsorption d’un métal sur un matériau III.6.2 Modèle de Freundlich Le modèle d’adsorption de Freundlich est utilisé dans le cas de formation possible de plus d’une monocouche d’adsorption sur la surface et les sites sont hétérogènes avec des énergies de fixation différentes. Il est aussi souvent utilisé pour décrire l ’adsorption chimique des composés organiques sur le charbon actif, à des concentrations relativement élevées dans l ’eau et l’eau usée. Généralement l’isotherme de Freundlich est donnée par les équations suivantes : qeq = KF C nFeq (III.14) avec nF < 1 où qeq est la quantité adsorbée et Ceq la concentration à l'équilibre; KF et nF sont deux coefficients dont la signification n'est pas immédiatement accessible. KF dépend du nombre total de sites d'adsorption et nF est une fonction de la distribution des énergies d'adsorption. L'application de cette formulation se fait en prenant le logarithme: Log qeq = log KF + nF log Ceq (III.15) La représentation graphique de log qeq en fonction de log Ceq doit être une droite si le formalisme s'applique. III.6.3 Isotherme d'Elovich [54] L'équation est basée sur le principe cinétique qui suppose que le nombre des sites d'adsorption augmente exponentiellement avec l'adsorption, ce qui implique une adsorption à multicouches. Il est décrit par la relation: qe / qm = KE Ce exp (qe / qm) (III.16) KE : la constante d'équilibre d'Elovich (L mg-1 ) qm : la capacité maximum d'Elovich (mg/g). Si l'adsorption est décrite par l'équation d'Elovich, la constante d'équilibre et la capacité maximum d'Elovich peuvent être calculées à partir du tracé de ln(qe /Ce ) en fonction du qe. 52 Chapitre III Modèle d’adsorption d’un métal sur un matériau III.7 Critères de distinction entre l'adsorption physique et la chimisorption Expérimentalement, il est souvent possible de distinguer entre les deux types d'adsorption; mais, dans certains cas, il est nécessaire d'examiner plusieurs critères simultanément pour pouvoir conclure. III.7.1 Nature des forces La physisorption est causée par des forces d'interaction moléculaire, qui ont pour origin les attractions se manifestant entre les dipôles instantanés et induits, lors du rapprochement des molécules se trouvant sur les sites d'adsorption du solide. Pour cette raison l'adsorption physique est appelée adsorption de Van der Waals. La chimisorption implique un réarrangement d'électrons entre l'adsorbat et la surface du solide qui interagissent avec pour conséquence la formation d'une liaison chimique qui peut être covalente, polaire ou ionique quand il y a transfert d'électrons. III.7.2 La chaleur d'adsorption La chaleur dégagée lors de l'adsorption est probablement le plus important de ces critères. En physisorption la chaleur libérée par mole de gaz adsorbée est généralement comprise entre 2 et 6 kcals, mais des valeurs allant jusqu'à 10 kcal peuvent être trouvées. En chimisorption elle est rarement inférieure à 20 kcal/mole. Elle est de quelques dizaines de kcal/mole. Cependant des valeurs inférieures comparables aux chaleurs d'adsorption physique peuvent être rencontrées. Ceci étant dû au concept d'adsorption endothermique. III.7.3 La vitesse du processus d'adsorption et de désorption L'adsorption physique s'établit très rapidement parce qu'elle ne requiert pas d'énergie d'activation. La chimisorption par contre, comme beaucoup de processus chimiques, requiert une énergie d'activation qui ralentit le processus. III.7.4 La réversibilité L'adsorption physique est complètement réversible avec les cycles d’adsorption et de désorption se produisant alternativement sans changement de la nature de l'adsorbat. 53 Chapitre III Modèle d’adsorption d’un métal sur un matériau La chimisorption peut être réversible ou pas, un changement chimique de l'adsorbat durant la désorption est une preuve du non réversibilité du phénomène de chimisorption. L’exemple l'adsorption chimique de l'oxygène sur du charbon peut être cité et où la désorption se produit en libérant par chauffage à température élevée, l'oxygène sous forme de CO ou CO2. III.8 Critères du choix d'un adsorbant La caractérisation complète d'un adsorbant pourrait se concevoir comme la connaissance de quatre entités. - la surface spécifique - la distribution de tailles des grains - le facteur de forme ou de rugosité - La distribution des tailles de pores. Ces quatre grandeurs ne sont pas indépendantes à priori. La surface spécifique par exemple est déductible des trois autres grandeurs. En pratique, la détermination de ces grandeurs, est relative et dépendant de la méthode de mesure et par conséquent les relations sont assez approximatives. Chacune de ces grandeurs donnent une information de nature différente du point de vue pratique. La surface spécifique est une mesure de capacité de sorption de l'adsorbant. La distribution de tailles de particules détermine les facteurs technologiques telle que la perte de charge lors de l'écoulement. Le facteur de forme est en rapport avec les propriétés mécaniques du solide, en particulier sa résistance à l'attention. La distribution des tailles de pores joue un rôle important dans les cinétiques globales du processus d'adsorption [55]. 54 55 Chapitre IV Dispositif expérimental IV.1. Electrode spécifique du cuivre IV.1.1.Définition L'électrode spécifique est constituée d’une membrane solide cristalline avec une référence driTEK intégrée. Elle est conçue pour la détection et l'analyse des ions de cuivre dans des solutions aqueuses. Figure .IV.1. (1) : l’électrode spécifique du cuivre ; (2) : l’électrode de référence Figure .IV.2. Ionomètre (1) : la lecture du DDP ; (2) : la lecture de PH ; (3) : branchement d’alimentation ; (4) : branchement de l’électrode spécifique (5) : branchement de l’électrode de PH(6) : branchement de l’électrode de référence 56 Chapitre IV Dispositif expérimental VI.1.2. L’électrode de référence La fonction de l’électrode de référence est de fournir un potentiel constant permettant de mesurer les variations dues à l’électrode indicatrice . Il est très important de bien choisir l’électrolyte de référence approprié. Pour cela, il faut : - tenir compte de la force ionique de l’échantillon. - la solution doit être équitransférentielle .Les valeurs des vitesses du cation et de l’anion doivent être voisines. - l’électrolyte ne doit pas réagir avec l’échantillon. - l’électrolyte ne doit pas contaminer l’échantillon. Il ne doit jamais contenir l’ion à mesurer. IV.1.3Mise en route de l’électrode Pour la mise en état de fonction de l’électrode, elle doit être avant tout connecter à un ionomètre. Elle est généralement utilisée après un pré-équilibrage dans une solution de cuivre de 100 ppm, pendant 10 minutes. La force ionique des solutions d’étalonnage et des échantillons doit être constante. Ceci est réalisable par simple addition d’un tampon d’ajustement de la force ionique tel que le nitrate de potassium qui est le plus souhaitable dans ce cas. L’addition de 2 ml de cette solution à 100 ml des solutions tampon et des échantillons, permet de maintenir leurs forces ioniques constantes. pour les solutions de concentrations très faibles ( inférieure à 50 ppm ), l’ajout de la solution tampon de potassium n’est pas nécessaire . En outre, la correction à la température n’est pas non plus nécessaire. Toutefois, les mesures des étalons et échantillons devraient être à la même température. IV.1.4 Procédure de mesure Pour éviter la contamination, l’étalonnage doit être réalisé avec la plus faible concentration en métal et doit couvrir toute la gamme des concentrations à mesurer. Quand ceci n’est pas possible et les résultats sont plutôt supérieures ou inférieures, on doit utiliser la technique incrémentale. Après chaque mesure, on doit nettoyer l’électrode avec de l’eau désionisée. Il est préférable d’éviter d’utiliser l’électrode dans les solutions fortement acides, dans les solutions alcalines et dans les solvants organiques. 57 Chapitre IV Dispositif expérimental IV.1.5 Stockage de l’électrode Après utilisation, on rince l’électrode avec de l’eau désionisée en remettant l’embout et on conserve dans sa boîte. Si ses performances diminuent, on polie la membrane avec un tissu et on rince avec l’eau désionisée. Après, on immerge l’électrode dans une solution de cuivre de 100 ppm pendant 10 minutes. Il est préférable d’éviter l’imprégnation prolongée de l’électrode dans les solutions concentrées. La surface de la membrane doit apparaître brillante et bleu gris. IV.1.6. Spécifications et consignes En solution, le cuivre s’ionise en cation bivalent. L’électrode ne convient pas pour la mesure du cuivre monovalent. -Sa longueur totale est égale à 155 mm -Son diamètre est égal à 12 mm -Le diamètre total avec embout est égal à 16 mm -Le connecteur BNC -Le câble de connexion est égal à 1000 mm -Sa résistance à 25°C est égale à 2.5 M -Gamme de concentration 0.006-64 ppm -La pente de la droite d’étalonnage est égale à 23 – 29 mV par décade -La chute de tension est de 2 mV par jour -Le pH de la solution doit varier de 2 à 7 -La température de la solution doit varier de 5 à 50°C -Le temps de prise de la mesure de 30 à 60 secondes -La concentration de la solution du nitrate de potassium est 2 M -les ions Ag+, Hg2+ et S2 doivent être absents dans les solutions. Toutefois, il existe une grande interférence avec F2+, Cd2+, Cl- et Br58 Chapitre IV Dispositif expérimental -La différence de potentiel doit être prise entre l’électrode spécifique de cuivre et l’électrode de référence Ag/AgCl IV.1.7. Equation de Nernst : détermination de la concentration du cuivre La valeur de la concentration du cuivre est calculée à partir de l’équation de Nernst suivante : E=RT Ln(a) /zF ; R constante des gaz parfaits, T température absolue, z l’électrovalence du cuivre, F la constante de Faraday et (a) l’activité du cuivre. Si on remplace toutes les constantes par leurs valeurs, on obtiendra en mV ; E=29.51log10(a). Or, étant donné que a=γ*C ( γ : coefficient d’activité ), l’équation devient E=29.51log10(γ) + 29.51log10(C). En outre, puisque le coefficient d’activité dépend de la force ionique, dans l’étalonnage on doit tenir compte de la variation du coefficient d’activité. Le tableau IV.1, regroupe les valeurs des coefficients d’activité du cuivre en fonction de leurs forces ioniques. Ceux-ci peuvent être calculés avec la loi limite d’activité de Debye-Huckel ( voir chapitre II ). Nous rappelons la formule de la force ionique: I= Ci zi2 /2 où Ci et zi les concentrations et les électrovalences des tous ions de la solution. Par contre, si la force ionique de toutes les solutions est maintenue constante par addition d’une solution de force ionique élevée ( qui interfèrent pas avec les solutions étalons et échantillons), l’électrode peut être calibrée en concentrations sans considérer l’effet de l’activité Tableau IV.1 : Valeurs des coefficients d’activité du cuivre en fonction de la force Force Ionique 0.001 0.005 0.01 0.05 0.1 0.2 0.975 0.946 0.926 0.853 0.808 0.755 ionique Coefficient d’activité 59 Chapitre IV Dispositif expérimental Figure .IV.3. coefficient d’activité du cuivre en fonction de la force ionique En faisant un lissage linéaire, on obtient l’équation de la droite suivante : Ln(γ) = -0.61696 I1/2-0.01325 avec un coefficient de régression R=99.75% IV.1.8. Dispositif expérimental a- Vérifier d’abord l’état de l’électrode b- Placer l’électrode dans support KNO3et immerger son embout dans une solution de nitrate de cuivre 0.1 M c- Laisser équilibrer pendant deux heures jusqu’à ce que son potentiel contre une électrode d’Ag/AgCl devient stable. Le stockage pendant toute la nuit est recommandée. d- L’électrode est maintenant prête à utiliser. IV.1.9. Préparation des solutions étalon - On prépare une solution de nitrate de cuivre 0.1M - On prépare par dilution les solutions 0.01 M, 0.001 M et 0.0001 M - Il faut que toutes ces solutions aient la même force ionique. Ceci peut être réaliser en solution de nitrate de potassium ( 126.4 g de KNO3 dans 250 ml d’eau désionisée appelée solution d’équilibrage). 60 Chapitre IV Dispositif expérimental IV.1.10.Calibration et mesures a- Température : nous maintenons la température constant pendant les mesures. b- Agitation : il est préférable d’agiter les étalons et échantillons. Nous agitons de façon à ce qu’aucun vortex est visible. c- On sélectionne le mV sur l’ionomètre. d- On ajoute 2ml de la solution d’équilibrage à 100 ml (0.1 M) , 100 ml ( 0.01 M), 100 ml (0.001 M) et 100 ml (0.0001 M). Les solutions sont prêtes pour mesurer leurs potentiels. e- Après chaque mesure, on rince l’électrode avec l’eau désionisée, essuyer avec un tissu propre ( papier filtre propre ). IV.1.11. Vérification de la pente de l’électrode a- On utilise de solutions de concentrations 0.1 M et 0.01 M, par exemple et on mesure leurs potentiels correspondants. La différence entre les deux mesures doit être 272 Mv. IV.1.12.Stockage et maintenance des électrodes a- Electrode de cuivre : A court terme, on rince l’électrode avec de l’eau distillée, sèche avec du papier filtre et remet le couvercle. A long terme, on fait la même chose mais on remet l’électrode dans sa boîte. a- Electrode de référence A court terme ( pendant juste une nuit), on immerge l’électrode dans une solution de nitrate de potassium 0.1 M. A long terme, à partir de deux jours, on stocke l’électrode de chlorure de potassium 3 M. Référence : Manuel d’utilisation « Copper Ion Selective Electrode : Operating Instructions » ; SENTEK 61 Chapitre IV Dispositif expérimental IV.2.Cinétique d’adsorption - des solutions de (Cu (NO3)2) de 50 ml à différents concentrations sont mis en contact avec 0.3g de textile .Ces échantillons sont mis sou agitation à différents temps de contacte en présence de l’électrode spécifique et l’électrode de référence. Le pH de la solution a été suivit à l’aide d’un pH mètre . - Electrode spécifique +électrode de référence (les deux branches dans un ionométre ) a b a b Figure .IV.4. (a); solution avant adsorption (b) ; textile après adsorption IV.3. Isotherme d’adsorption L’adsorption du cuivre sur le textile est déterminé en immergent 0.3 g de textile dans des solution de nitrate de cuivre à différents concentrations ,entre 5.10-2 et 5.10-3 M. Après l’équilibre (saturation de textile) ,on mesure les DDP des solutions finales . IV.4.Désorption d’un textile Parmi les techniques utilisé a désorbé le métal qui est fixe sur le textile ,c’est la voie acide . On prépare une solution de l’acide nitrique (HNo3)ou l’acide sulfurique ( H2SO4), avec un pH > 2 et de V = 50ml. La cénitique de désorption ce fait ave la présence de l’électrode du cuivre dans la solution , le plus important est de vérifié le Ph de la solution avant même d’émergé l’électrode ou le textile dans la solution , si la solution est de pH ≤ 2 en évite d’ajusté le Ph avec une base , pour évité les complications détail dans les chapitres deux et cinq . 62 Chapitre IV Dispositif expérimental Figure .IV.5. textiles après désorption (les textiles adsorbés dans déférents concentrations) IV.5. couplage de l’électrodialyse aux textiles échangeurs d’ions ( FIBAN-K-4 ) IV.5.1 la procédure délectropermutation Un procédé d'électropermutation sur textiles échangeurs de cations a été envisagé dans le but de traiter des solutions contenant des métaux lourds à faible concentration. Ce procédé consiste à insérer un textile échangeur de cations entre deux membranes également échangeuses de cations et à les soumettre à l'action d'un champ électrique, celui-ci agissant comme force de transfert à la fois pour l'extraction des cations et pour la régénération du textile sous forme protonée. Dans la solution traitée, le cation polluant se trouve alors remplacé par un proton. Plusieurs textiles échangeurs de cations, se différenciant par la nature de la matrice polymère (cellulosique et poly(alcool de vinyle)), du groupement fonctionnel (sulfonique, carboxylique et phosphonique) et par la valeur de leur capacité d'échange (variant de 0,37 à 4,3 meq.g−1) ont été testés. Ces échangeurs de cations ont été caractérisés par des mesures, à l'équilibre, d'échange d'ions et de résistance électrique. L'électropermutation a été réalisée sur deux pilotes de laboratoire présentant respectivement une surface de membrane unitaire de 20 et 40 cm2. Une étude de faisabilité a été abordée avec un cation chimiquement simple, l'ion potassium à la concentration de 45 mg.L−1, puis appliquée à un cation polluant, le chrome (III) à la concentration de 20 mg.L−1. L'influence des conditions opératoires (densité de courant, débit) et de la nature des matériaux échangeurs d'ions, membranes et textiles, a été analysée sur l'efficacité du procédé. Des taux d'épuration élevés, supérieurs à 99%, ont été obtenus. La concentration en Cr(III) de la solution après traitement est nettement inférieure à 63 Chapitre IV Dispositif expérimental la norme de 1,5 mg.L−1, imposée aux tanneries et mégisseries. Ces essais ont permis de sélectionner les membranes et textiles échangeurs de cations les plus performants en terme de tension et de flux de transfert, de déterminer les valeurs de la concentration d'isoconductance, de calculer les coefficients de diffusion et de modéliser le transport ionique dans le textile. IV.5.2. Adsorption du cuivre sur un textile échangeur de cations FIBAN-K-4 : Régénération du textile. IV.5.2.1. Réactifs et Matériel Les réactifs Na2 SO4 , HCl , Cu(NO3)2 3H2O et H2 (NO3)2, sont fournis par Merk Company Darmstadt, Germany. Le textile échangeur de cations carboxylique (type FIBANK-4) est produit par Institute of physical organic chemistry of national Academy of sciences of Belarus. Les membranes échangeuses d’ions AMX et CMX ont été utilisées dans les cellules en plexiglas à deux et trois compartiments pour régénérer le textile sous champ électrique. Le dosage des métaux a été effectué par spectroscopie d’absorption atomique. IV.5.2.2. Dispositif Expérimental Un morceau de textile d’environ 16 cm2 a été effectués à sec et immergé dans une solution de cuivre ou plomb, sous agitation magnétique. Le pH de la solution a été suivi à l’aide d’un pH mètre, placé en parallèle. Des prélèvements de 5 ml ont été pris chaque 30 min pendant 120 min, pour suivre la cinétique d’adsorption du métal. Après, le textile est bien rincé à l’eau ultra pure pour éliminer les traces métalliques situées dans ses interstices et à sa surface. Sa régénération a été effectuée chimiquement et électriquement. En effet, il est immergé dans une solution d’acide chlorhydrique de concentration 0.1 eq / l, pour permettre l’échange entre le proton de la solution et le métal fixé sur le textile. Par ailleurs, sous l’action du champ électrique, le métal s’échange avec le proton généré à l’anode par oxydation de l’eau. Dans ce cas de figure, la membrane échangeuse d’anions AMX et la membrane échangeuse de cations CMX ont été associées et différentes configurations ont été testées. La surface effective du textile ou membrane est 4 cm2. L’intensité de courant électrique appliqué est de 30 mA. Les électrodes en titane platiné ont été utilisées pour appliquer le champ électrique. Les volumes des compartiments des cellules sont 100 ml. Le prélèvement des échantillons lors de la désorption a été suivi de la même façon qu’en adsorption. 64 65 Chapitre V Résultats et Discussions VI.1. Etalonnage de l’électrode spécifique Pour chaque mesure on doit étalonner l’électrode sélective. Les solutions d’étalonnage doivent être dans la gamme de concentration. Après chaque mesure, on nettoie l’électrode avec de l’eau déionisée. Il est déconseillé d’utiliser l’électrode dans les solutions fortement acides, dans les solutions alcalines et les solvants organiques. . VI.2. Force ionique et équation de Nernst La valeur de la concentration du cuivre est calculée à partir de l’équation de Nernst suivante : E=RT Log(a) /zF VI.1 Avec : T :température absolue z :l’électrovalence du cuivre F : la constante de Faraday a :l’activité du cuivre. Si on remplace toutes les constantes par leurs valeurs, la ddp E s’exprime par ; E=29.51*log10(a)(mV) VI.1 Or, étant donné que : a = γ.C VI.2 γ : coefficient d’activité . l’équation VI.1 devient ; E =29.51*log10(γ) + 29.51log10(C) VI.3 En outre, puisque le coefficient d’activité dépend de la force ionique, dans l’étalonnage on doit tenir compte de la variation du coefficient d’activité. Le tableau VI.1 regroupe les valeurs des coefficients d’activité moyenne du nitrate de cuivre Cu(NO3)2 en fonction de leurs concentration . Nous rappelons la formule de la force ionique: I= Ci zi2 /2 VI.4 où Ci et zi représentent les concentrations et les électrovalences des ions en solution respectivement. Par contre, si la force ionique de toutes les solutions est maintenue constante par addition d’une solution de force ionique élevée (qui n’interfère pas avec les cations 66 Chapitre V Résultats et Discussions présents dans la solution ), l’électrode peut être calibrée en concentrations sans considérer l’effet de l’activité . Cependant, afin d’éviter les problèmes d’interférence ainsi que les risques de la compétition des ions de cuivre avec d’autres cations pendant le processus d’adsorption, nous avons réalisé l’étalonnage dans une gamme de concentration relativement réduite (dans une seule décade allant de : 10-3 à 10-4 M en Cu(NO3)2 de façon à obtenir des coefficients d’activités égaux (tableau VI.1).. La fiabilité de l’étalonnage a été testée par des solutions de concentrations connues. Tableau VI.1 : Valeurs des coefficients d’activité moyenne du nitrate de cuivre ( Cu(NO3)2) en fonction de leurs concentration [62]. C (M) 0,001 0,002 0,003 0,004 0,005 0,006 0,007 0,008 0,8885 0,8508 0,8245 0,8039 0,7869 0,7724 0,7596 0,7483 0,009 0,01 (γ) 0,738 0,7287 Fig.VI.1. coefficients d’activité moyenne du nitrate de cuivre ( Cu(NO3)2) en fonction de leurs concentrations L’examen du tableau VI.1 et de la figure VI.1 montre trois zones distinctes : la première correspond à une diminution du coefficient d’activité pour les faibles concentrations. La troisième étape montre une augmentation du coefficient d’activité avec la concentration 67 Chapitre V Résultats et Discussions passant par une étape intermédiaire. En effet dans cette étape, le coefficient d’activité reste constant . VI.3 Réponse de l’électrode de Cu2+ en fonction de pH Avant de procéder à l’étalonnage de l’électrode utilisée, nous avons jugé utile de tester la réponse de l’électrode spécifique en fonction du pH. Tout en maintenant constante la concentration de cuivre (10-4M) ainsi que la force ionique de la solution (I=0.10M), nous avons fait varié le pH de la solution de 3.00 à 9.50 par une solution de NaOH à 0.05M. La figure VI.2 montre la courbe représentant la variation du potentiel de l’électrode spécifique en fonction du pH de la solution [24]. Fig.VI.2. Réponse de l’électrode de cuivre en fonction du pH de la solution à 25.0 °C; [Cu2+] =10-4 M et I=0.10 M.[24] Il apparaît clairement que la différence de potentiel mesurée diminue légèrement pour un pH variant entre 3.20 et 6.50. En augmentant le pH à la valeur de 6.5, une chute importante du potentiel est observée. Ce fait peut être attribué à la formation progressive de Cu(OH)2 au fur et à mesure que le pH de la solution augmente et plus particulièrement à pH supérieur à 7. De ce fait, les adsorptions de cuivre sur le matériau de travail ont été réalisées à pH inférieur à 6.5 [24]. 68 Chapitre V Résultats et Discussions Fig. VI.3. Courbe d’étalonnage de l’électrode de Cu2+; I=0.01M et c=10-2 à 10-3M Equation de droite : y = 19,249x + 285,05, R2=0.9987 Fig. VI.4. Courbe d’étalonnage de l’électrode de Cu2+à 25°C; I=0.006 M et c=6.10-3à 8.10-5 Equation de droite : y = 21,933x + 290,48, R2=0.999 Fig. 5. Courbe d’étalonnage de l’électrode de Cu2+ à 25°C; I=0.001M et c=10-3 à 10-4 Equation de droite : y = 19,507x + 282,38, R2=0.9978 69 Chapitre V Résultats et Discussions La gamme de concentration en ions cuivre est divisée en trois parties. A chaque partie correspond une force ionique spécifique. Les courbes d’étalonnage obtenues dans la gamme de concentration variante de 10-5 à 10-4 M (I=0.0001M), de 10-4 à 10-3 (I=0.001M) et de 10-3 à 10-2 M (I=0.01M) sont linéaires avec des valeurs de pentes variables d’une expérience à une autre. Les coefficients de corrélations (R2) des courbes d’étalonnage obtenues (Ecell vs log[M2+ ] ) sont comprises entre 0.999 et 0.995. La pente et le potentiel normal apparent E0' ont été déterminés avant et après chaque série d’expériences. Il a été observé que le potentiel d’électrode était stable dans le temps (variation de ± 2 mV). Trois exemples de courbes d’étalonnage obtenues pour l’électrode de cuivre sont présentés sur les figures VI.3, VI.4 et VI.5. On constate que les performances de électrode de Cu2+ sont nernstiennes dans la gamme de concentration 5,5 à 3.0 exprimée en -log[c]. Les valeurs des pentes obtenues ne sont pas voisines de la valeur théorique (29.6 mV à 25.0 C0), cette différence peut être attribuée au changement de température (température de travail inférieure à 25°C). En plus, la variation linéaire de ΔE en fonction de log c est fonction da la température T. La fiabilité des courbes d’étalonnage a été testée par des solutions de concentration connue. L’erreur entre la valeur mesurée par l’électrode et la valeur réelle de la solution varie entre 1 et 8%. Tableau VI.2 : Comparaison entre les concentrations réelles et mesurées par l’électrode spécifique. C(M) solution connu La valeur mesure L’erreur (%) 0,0009 0,00091432 3 0.005 0,00468217 6.2 0.0005 0,00048979 1 VI.4 Cinétique d'adsorption : Toutes les études d'adsorption et de désorption de solutés reposent sur la détermination des concentrations des substances étudiées dans une phase liquide. Or l'interprétation dépend de la nature du système étudié. VI.4.1. Effet du temps de contact Les figures VI.6.(a,b,c,d) montrent l’effet du temps de contact sur l’adsorption de Cu2+ à différentes concentrations par le textile de type FIBAN K-4 : 70 Chapitre V Résultats et Discussions (a) (b) (c) 71 Chapitre V Résultats et Discussions (d) Figure VI.6(a,b,c,d) : L’effet du temps de contact sur la quantité adsorbé du cuivre par un textile (FIBAN K-4). ( a ) : [Cu] = 10-3 M, ( b ) : [Cu] = 2.10-3 M, ( c ) : [Cu] = 4.10-3 ( d ) : [Cu] = 2.10-2 M On remarque une augmentation de la quantité fixée de cuivre par le matériau FIBAN_K4 en fonction du temps de contact jusqu'à atteindre une valeur maximale au bout d’un temps d’équilibre de 05 minutes variant en fonction de la concentration du cuivre en solution. La quantité fixée et le temps d’équilibre varie avec la concentration initiale en cuivre, comme il est indiqué sur le tableau Tableau VI.3. Tableau VI.3 : Les quantités fixées et le temps d’équilibre correspond Ci qe(mg/g) te (mn) véquilibre(mg/g min) 15.23 54 0.28 2.10 23.05 45 0.51 4.10-3 40.025 71 0.56 10-3 -3 La comparaison des constantes de vitesses d'adsorption donne: la vitesse d'adsorption est directement proportionnelle à la concentration, ce qui est en accord avec les courbes expérimentales montrées dans la figure VI.9 ; Le cuivre est adsorbé dans les fortes concentrations plus rapidement que dans les faibles concentrations, ce qui est en accord avec les courbes d’adsorption expérimentale montrées par la figure VI.6 . VI .5. Validation des modèles cinétiques Les données cinétiques obtenues pour le processus d'adsorption ont été analysées par le 72 Chapitre V Résultats et Discussions biais des différents modèles discutés dans le chapitreIII . La cinétique du cuivre a été étudiée pour différentes concentrations sur la même masse de textile ( m = 0.3g) . VI.5.1 Modèle pseudo premier ordre La validité de l'équation de Lagergren eq (III.5) est d’abord testée en traçant ln(qe qt) en fonction de t. D'après la figure VI.7 et le tableau correspondant, les résultats de l’application du modèle pseudo premier ordre montrent que ce dernier n'est pas applicable dans le cas de l’adsorption du cuivre pour les trois concentrations étudiées. En effet malgré que les coefficients de corrélation (R2) relatifs à ce modèle donnent des valeurs satisfaisantes (proche de l’unité), le calcul de la constante de vitesse (k1) donne des valeurs différentes pour chaque concentration de cuivre, ce qui prouve que le modèle pseudo première ordre n’est pas applicable à nos résultats expérimentaux. (a) (b) 73 Chapitre V Résultats et Discussions (c) Figure VI.7: linéarisation du modèle du pseudo premier ordre (a): [Cu] =10-3 M, (b) : [Cu] = 2.10-3 M, ( c ) : C=4.10-3 M VI.5.2 Modèle pseudo deuxième ordre A partir de l'équation représentative de la cinétique de pseudo second ordre (eq :III.14) et sa forme linéaire (eq :III.15), la constante de vitesse k2 peut être calculée graphiquement en traçant t/qt en fonction de t. La figure VI.8 montre que les résultats expérimentaux obtenus suivent parfaitement la variation linéaire donnée par l’équation représentative d’une cinétique de pseudo seconde ordre, et les valeurs pour la constante k2 pour Cu++ sont montrées dans le tableau VI.3. D'après les données de régression linaire des différents modèles représentés sur le tableau VI.3 et en se basant sur les valeurs obtenues pour les coefficients de corrélation qui sont proches de l'unité (R2 ) et la capacité d’adsorption (proche de la capacité expérimentale) , on peut conclure que les cinétiques d’adsorption du cuivre par l’échangeur cationique ( FIBAN K-4 ) sont décrites par le modèle de pseudo deuxième ordre. 74 Chapitre V Résultats et Discussions (a) (b) (c) Figure VI.8 (a,b,c): Linéarisation du modèle pseudo second ordre a : [Cu] =10-3 M, b : [Cu] =2.10-3 M, c : [Cu] =4.10-3 M. 75 Chapitre V Résultats et Discussions Tableau VI.4: Paramètres des modèles cinétiques étudiés du cuivre 2éme ordre Lagergren Modèle k1 R2 qe K2 R2 qe qexp 0.997 13.882 0.275 0.999 15.625 15.20 0.99 24.28 0.274 0.9995 23.52 23.14 0.96 50.47 0.1564 0.992 41.84 (c) mol/l 10-3 2. 10-3 4.10-3 0.127 0.127 0.107 40.96 VI.5.3. Modèle de la diffusion intra particulaire Généralement il existe quatre étapes dans le processus d’adsorption par les solides poreux [56] et qui sont les suivantes: 1- le transfert du soluté de la solution vers la couche limite entourant la particule; 2- Le transfert du soluté de la couche limite vers la surface adsorbant; 3- Le transfert du soluté vers les sites adsorbants : diffusion dans les micro et macro pores; 4- Interactions entre les molécules du soluté et les sites actifs de la surface : adsorption, complexation et précipitation. Le modèle de diffusion intra particulaire est testé dans ce travail. La diffusion intra particulaire est originaire de la deuxième loi de Fick. Webber et Morris ont confirmés que si la quantité fixée varie en fonction de la racine carrée du temps, ceci veut dire que la diffusion intra particulaire est l’étape limitante dans l’adsorption [58]. Ainsi, les vitesses d’adsorption sont souvent mesurées en déterminant la variation de la capacité d’adsorption en fonction de la racine carrée du temps [59]. Ho et McKay ont démontré que la courbe qt en fonction de la racine carrée du temps doit passer par l’origine, si la diffusion intra particulaire est la seule étape limitant l’adsorption [60] . Quand la courbe ne passe pas par l’origine, ceci peut indiquer le contrôle de la couche limite de la diffusion sur l’adsorption comme elle peut indiquer aussi que la diffusion intra particulaire n’est pas l’étape limitante et que l’adsorption est contrôlée par d’autres phénomènes opérant simultanément. 76 Chapitre V Résultats et Discussions L’application de l'équation III.9, aux données expérimentales, en traçant qt en fonction de t0.5 (Figure VI.9(a,b,c)) suggère l'applicabilité du modèle de diffusion intra particulaire, gouvernant la cinétique d'adsorption. A partir des Figures VI.9(a,b,c) on peut remarquer que l’adsorption du cuivre par le textile FIBAN_K4 se fait en deux étapes. L’étape la plus lente contrôle le phénomène d’adsorption. Généralement, la diffusion intra particulaire est l’étape limitante dans un système d’adsorption en Batch. Les coefficients de diffusion intra particulaire relatifs à nos expériences sont rassemblés dans le tableau VI.4. Les deux phases présentes sur la courbe de la diffusion intra particulaire indiquent que l’adsorption se fait en deux étapes : adsorption surfacique et diffusion intra particulaire. La première étape de la courbe indique un contrôle de la double couche et la seconde étape correspond à la diffusion intra particulaire ou diffusion dans les pores de l’adsorbant. Des résultats semblables ont été reportés par Sankar et al [57] lors de l’adsorption d’un colorant acide et un colorant direct sur charbon actif et par Sivaraj et al. lors de l’adsorption d’un colorant acide violet sur des pépites d’oranges [61] . La pente de la seconde partie de la courbe est définie comme étant la constante de diffusion intra particulaire kp et l’intersection de cette droite avec l’axe des y donne l’effet de la double couche diffuse sur l’adsorption. Une valeur importante de cette intersection montre une grande contribution de l’adsorption surfacique sur le phénomène de diffusion intra particulaire. (a) 77 Chapitre V Résultats et Discussions (b) (c) Figure VI.9: Calcul des vitesses de diffusion intra particulaire a :[Cu]=10-3 M, b : [Cu] =2.10-3 M ,c : [Cu]= 4.10-3M Tableau VI.5 : Détermination des constantes de vitesses de diffusion intra particulaire 10-3 2.10-3 éme 1er étape 2 étape 4.10-3 1er étape 2éme étape 1er étape 2éme étape R2 0.969 0.56 0.98 0.57 0.99 0.73 Kw 5.407 0.182 5.18 0.2 10.96 0.8 VI .5.4 Modèle d'Elovich Pour des adsorptions chimiques sur des adsorbants hétérogènes, l’équation d’Elovich donne parfois de meilleures informations par rapport à la cinétique du pseudo second ordre. 78 Chapitre V Résultats et Discussions Le tracé de la forme linéaire de l’équation d’Elovich donne des coefficients de corrélation empiriques variant entre modèle du 0.96 et 0.95. Ces valeurs sont inférieures à ceux obtenus par le pseudo second ordre. Le modèle d’Elovich ne prédit aucun mécanisme d’adsorption, mais il se trouve utile pour décrire l’adsorption sur des matériaux hétérogènes [57]. Des résultats similaires ont été donnés par O¨zacar et al. [57] lors de l’adsorption du plomb sur une résine de Valonia. (a ) (b) 79 Chapitre V Résultats et Discussions (c) Figure VI.10: linéarisation du modèle d'Elovich a :[Cu]=10-3 M, b : [Cu] =2.10-3 M ,c : [Cu]= 4.10-3M Tableau VI.6 : Détermination les coefficients d’Elovich a β R2 5.884 0.267 0.965 2.10-3 9.77 0.17 0.969 4.10-3 43.761 0.062 0.953 coefficients [Cu](M) 10-3 VI .6 Etude de l'isotherme d’adsorption L’étude de l’isotherme d’équilibre d’adsorption est fondamentale pour la détermination de la capacité et de la nature d’adsorption. Pour identifier l'isotherme qui représente mieux l'adsorption du cuivre sur le textile échangeur (FIBAN K-4), les données expérimentales ont été modelées par plusieurs équations. 80 Chapitre V Résultats et Discussions Figure VI.11. Isotherme d’adsorption du cuivre Suivant la classification de Giles [53] , en se basant sur la pente initiale et sur la forme de la partie supérieure de la courbe( isotherme), les résultats de l’adsorption du cuivre sur le textile FIBAN K4 est de type L (Langmuir) sous groupe 4. Cette isotherme de type multicouche est caractéristique d’interactions modérés entre l’adsorbat et l’adsorbant en solution aqueuse, suivie d’un effet coopératif des molécules adsorbées dans la multicouche [61]. Afin de comprendre le mécanisme d’adsorption du cuivre sur le textile FIBAN K4, des modèles isothermes sont testés dans ce travail (Tableau V.7). Les résultats sont présentés par les courbes et le tableau ci-dessous. Tableau VI.7: les isothermes proposées Isotherme Equation caractéristique Forme linière Langmuir Freundlich Elovich 81 dessin Chapitre V Résultats et Discussions VI .6.1 Régressions linéaires de l'isotherme du cuivre sur un textile de type FIBAN k-4 : (a) (b) (c) Figure VI.12 Forme linéaire des isothermes d'adsorption du cuivre sur un textile (a) : Langmuir, (b) : Freundlich,( c ) : Elovich 82 Chapitre V Résultats et Discussions Tableau VI.8 :Paramètres des isothermes étudiés Modéle Langmuir Parameter qm b RL R2 161.29 103.33 0.659 0.99 1/n KF 0.4639 604.42 qm KE 67.11 372 Frendlich 0.98 Elovich 0.949 D'après les résultats présentés dans le tableau VI.8, on peut remarquer ce qui suit : En comparant les facteurs de corrélation empiriques résultants de l’application des différents modèles, on peut remarquer que le modèle de Langmuir traduit mieux nos résultats expérimentaux (R² =1). En plus, la capacité d’adsorption maximale (161mg /g) calculée par ce modèle est presque égale à la capacité expérimentale (134mg/g). La caractéristique essentielle de l'isotherme de Langmuir peut être exprimée par un facteur sans dimensions (RL), appelé aussi l'intensité d'adsorption. Ce facteur peut donner des informations sur la faisabilité de l’adsorption. Il est calculé selon l'équation suivante [60,61]: RL=1/(1+bC0) VI.5 Où Co : la concentration initiale en métal dans la solution RL = 0 : il est irréversible 0<RL < 1 : favorable RL = 1 : linéaire RL > 1 : non favorable Pour l’adsorption du cuivre sur le textile FIBANK4, le facteur de Langmuir se trouve égal à RL=0.65 , donc le procédés d’adsorption est favorable. VI .7 Régénération des échangeurs ioniques carboxyliques fibreux FIBAN k-4 : Après l’étude de l’adsorption du cuivre sur le textile FIBAN K4, il serait très intéressant de voir la possibilité de récupérer l’adsorbant et le métal après adsorption (régénération). La première étape de la régénération d’un textile est d’étudier la désorption des ions fixés sur les sites fonctionnels du textile. Il existe trois méthodes différentes de 83 Chapitre V Résultats et Discussions désorption : acide, saline et électrique. La figure suivante présente la cinétique d’adsorption et de désorption du cuivre sur le textile FIBANK4 dans une solution d’acide nitrique. Figure VI.13 : cinétique de désorption du cuivre fixé par un textile (FIBAN K-4) dans une solution d’acide nitrique de pH=2.3 (le textile a adsorbé dans une solution de 4.10 -3 en cuivre) La comparaison entre la cinétique d’adsorption et de désorption du cuivre sur le textile FIBAN K4 montre ce qui suit : La cinétique d’adsorption et de désorption atteint un temps d’équilibre presque égal soit 45 mn dans les deux cas, ce qui prouve la réversibilité du procédé La quantité fixée à l’équilibre se trouve inférieure (40 mg/g) à la quantité désorbée (51mg/g), cette différence peut être due à la contamination du textile par la solution du cuivre et ou au nettoyage insuffisant du textile. Les isothermes d’adsorption et de désorption du cuivre sur le textile FIBAN K4 sont présentées sur la figure suivante. L’examen de la figure montre que les isothermes d’adsorption et de désorption de cuivre sont tout à fait différentes. En effet, on passe d’une isotherme de type L4 pour l’adsorption vers une isotherme de type C pour la désorption. Ce qui différencie entre le phénomène d’adsorption et de désorption. On peut remarquer aussi que la désorption n’est pas totale dans les conditions de travail. 84 Chapitre V Résultats et Discussions Figure VI.14 :Isotherme de désorption VI .7.1. Capacité d’Echange Métallique du Textile : La capacité d’échange est définie par le nombre d’équivalents désorbés par unité de masse sèche du textile. Elle a été déterminée avec le cuivre dont sa valeur de 1.3 meq.g-1 . Ce résultat est en accord avec celui évoqué par Soldatov et al. [63]. La capacité d’échange protonique de ce textile est la plus élevée, à cause de son site fonctionnel carboxylique COOH qui libère rapidement le H+. Par ailleurs, comme l’indiquent les figures 1 et 2, le pH des solutions d’adsorption de Cu (NO3)2 diminuent brusquement, parce que le site COOH du textile libère le proton lors de l’échange et rend les solutions plus acides. VI .7.2. Régénération du Textile La régénération du textile a été réalisée par trois voies différentes : acide, saline et électrique. Le taux de régénération du textile est le nombre d’équivalents désorbés sur le nombre d’équivalents adsorbés (Ndes / Nads ). VI .7.2.1. Régénération du Textile par la Voie Acide La régénération de notre textile a été effectuée avec une solution d’acide nitrique ou acide sulfurique de concentration [c]8.10-3 M ( soit pH > 2.3 ). Nous remarquons qu’au bout de 60 min, le taux de régénération est plus élevé avec le cuivre ( 98 % ), car les ions Cu++ s’échangent plus rapidement avec le H+. C’est la raison pour laquelle, nous avions continué l’étude avec ce métal. 85 Chapitre V Résultats et Discussions VI .7.2.2. Régénération du Textile par la Voie Saline Le textile a été, ensuite, régénéré avec une solution de Na2SO4 de concentration 0.2 eq / l. Comme l’indique le tableau VI. 8, le pH de la solution de désorption chute de 7.12 à 4.37 au bout de 60 min, indiquant le passage des protons du textile vers la solution. Toutefois, le taux de régénération au bout de cette durée n’a pas dépassé 25 %. C’est un taux qui est inférieur à celui obtenu avec les acides (H2SO4 ,HNO3 HCl). Nous attribuons ceci à l’échange Cu2+ / Na+ plus faible que celui Cu2+ / H+ ; conséquence directe de la mobilité du proton. D’autre part, ce résultat se confirme par la faible variation du pH de la solution de désorption comme l’indique la figure 3. Les deux pH sont presque proches l’un de l’autre. ph Temps (min) Figure VI.15. variation des ph de la solution d’adsorption et de désorption en fonction du temps ;solution de nitrate de cuivre 1,5.10-2 :textile FIBAN K-4 VI .7.2.3. Régénération du Textile par la Voie Electrique La régénération du textile sous champ électrique a été effectuée par voie membranaire en utilisant les membranes échangeuses d’ions AMX et CMX. Nous avions, dans ce cas, utilisé les trois configurations ( a ), ( b ), ( c ) suivantes : - Configuration ( a ) : + Na2SO4 TEC / AMX Na2SO4 Dans cette configuration, le textile est assemblé à la membrane échangeuse d’anions AMX à l’aide d’un joint en viton. Le tout sépare les deux compartiments anodique et cathodique dans lesquels se trouve la solution de Na2SO4 ( 0.2 eq / l ). Après l’application du champ électrique, les protons se génèrent à l’anode par oxydation d’eau et s’échangent avec les cations Cu2+ adsorbés sur le textile, dans l’anolyte. Mais, malgré que la solution de ce compartiment devient acide ( pH = 2.66 après 60 min ), la quantité de cuivre désorbée 86 Chapitre V Résultats et Discussions demeure négligeable et, par conséquent, le taux de régénération du textile est quasiment nul. En effet, les Cu2+ désorbés de la surface du textile, ont été de nouveau réadsorbés , à cause du sens du champ électrique appliqué. Ils sont, d’autre part, bloqués par la membrane AMX pour passer au compartiment cathodique. - Configuration ( b ) : + Na2SO4 AMX / TEC / CMX Na2SO4 Dans cette configuration, le textile est placée entre les deux membranes AMX et CMX. La conduction ionique au sein du matériau hybride AMX/TEC/CMX est assurée à l’aide de gouttes d’électrolyte Na2SO4 que nous injectons au TEC, en plus de la fuite en proton au travers de la membrane AMX. Dans cette configuration, les Cu2+ sont bloqués par la membrane AMX et le sens du champ électrique. C’est pour cela leur concentration dans l’anolyte est négligeable au bout de 60 min. Par contre leur électroextraction dans le catholyte, au travers la membrane CMX, est relativement plus élevée. A la cathode, l’eau se réduit en ions OH- qui interagissent avec les Cu2+ en formant des complexes. Pour pallier à cette situation, le pH du catholyte a été ajusté entre 3 et 4. Malgré tout, le taux de régénération du textile n’a pu dépassé 6 %. Suite à cette contrainte, nous avions isolé le catholyte dans la configuration suivante - Configuration ( c ) : + Na2SO4 TEC Na2SO4 AMX Na2SO4 Dans cette configuration ( Figure VI.16), le textile est placé entre les compartiment anodique et central. La membrane AMX empèche les Cu2+ de migrer vers le compartiment cathodique. Au bout de 60 min d’électroextraction, les pH des solutions de Na2SO4 sont 1.99, 2.79 et 12.38 dans les compartiments anodique, central et cathodique respectivement. Les pH acides sont dûs de la régénération de H+ à l’anode. Tandis que le pH basique du catholyte résulte de la génération de OH- par réduction de H2O à la cathode. En outre, la concentration des Cu2+ augmente dans l’anolyte mais diminue dans le compartiment central ( Figure VI.16 ). Ce phénomène provient du fait que les OH- ainsi générés, migrent au travers la membrane AMX vers le compartiment central et forment des complexes avec les Cu2+ déjà présents. La concentration du métal dans le catholyte est quasiment nul. Néanmoins, le taux de régénération du textile atteint 40 %. Ce résultat satisfaisant nous avait incité à doubler la durée de l’électroextraction pour améliorer le rendement. Malgré tout, le taux de régénération du textile n’a pu dépassé 65 % ; toujours inférieur à celui obtenu avec HCl ( 98 % ). Nous avons pensé que l’application d’un champ électrique plus faible que celui utilisé, est souhaitable pour améliorer le rendement. 87 Chapitre V Résultats et Discussions Figure VI.16 configuration ( c ) :Na2SO4 , AMX Na2SO4 Figure VI.17 :variation de concentration des trois compartiments lors de la régénération du textile avec le champ électrique. La régénération du textile échangeur de cations FIBAN-K-4 avec l’acide chlorhydrique est maximale ( 98 % ). Toutefois, elle est inférieure avec le sulfate de sodium ( 24 % ) à cause de l’échange ionique Cu2+ / Na+ qui est plus faible que celui Cu2+ / H+. Sa régénération sous champ électrique est relativement mieux par voie membranaire, à condition de choisir la bonne configuration (sol/text/memb). Le meilleur taux obtenu est 40 %. Quand le textile est, seul, exposé au champ électrique, il désorbe mieux le cuivre. La durée d’exposition du textile au champ électrique et son intensité sont des paramètres déterminants pour sa régénération. Ceci rendra le procédé plus bénéfique et économique. 88 Chapitre V Résultats et Discussions Conclusion générale L’objectif de ce travail est l’étude du phénomène d’adsorption et de désorption d’un métal sur un textile de type FIBAN K-4 ainsi que la régénération de ce dernier en utilisant différentes techniques. Afin de suivre en continu l’évolution de la concentration des cations Cu ++ durant le processus d’adsorption, nous avons adopté la méthode de dosage potentiométrique par une électrode spécifique de cuivre utilisée de manière « in situ ». Cette méthode, qui évite le recoure aux prélèvements répétitif d’échantillons d’analyse, nous a permis de suivre l’évolution de la cinétique d’adsorption et de désorption à chaque instant d’une façon continue toute en gardant le volume total dans notre système constant pendant l’expérience. Un tel dispositif réduit de manière considérable les erreurs commises pendant le dosage des cations Cu ++. En effet l’électrode spécifique et le textile possèdent une bonne correspondance quand au pH et la gamme de concentration étudiée. La fiabilité de l’étalonnage a été testée avec des solutions du cuivre de concentrations connues. En effet, la comparaison entre les valeurs mesurées et connues donnent un écart maximum de 8%. Le suivi de la cinétique d’adsorption du cuivre sur le textile montre que le processus est rapide et suit le modèle pseudo seconde ordre. L’application du modèle de diffusion intraparticulaire montre que cette dernière n’est pas la seule étape limitant l’adsorption mais qu’il existe d’autres phénomènes intervenant dans l’adsorption du cuivre par le textile. L’influence de la concentration initiale du cuivre sur l’adsorption du textile montre une isotherme de type multi couche, ce type d’isotherme est caractéristique des surfaces énergétiquement homogènes sur lesquelles les couches adsorbées se forment l’une après l’autre, donnant une capacité d’adsorption maximale de l’ordre de 134 mg/g . L’application des modèles théoriques des isothermes d’adsorption montre que le modèle de Langmuir traduit mieux nos résultats expérimentaux, ce qui confirme les résultats précédents. L’efficacité d’un bon adsorbant réside dans sa capacité d’adsorption et de sa régénération. A cet effet, La régénération du textile a été réalisée en utilisant des tests de 89 Chapitre V Résultats et Discussions désorption du cuivre par voie chimique ou électrique. Le meilleur résultat est obtenu par voie chimique (milieu acide). FIBAN K-4 semble être une bonne alternative pour la purification des eaux contenant de faibles concentrations en métaux. 90 BIBLIOGRAPHIE [1] Valérie JACQUET VIOLLEAU ; Déminéralisation par Electrodialyse en Présence d’un Complexant Application au Lactosérum ; thèse de doctorat soutenue le 15 Decembre 1999 (Universiteit Gent Faculteit van de Wetenschappen Vakgroep analytische chemie) , 4-21 [2] Noble R.D., Stern S.A., Membrane separations technology : principles and applications, Elsevier Science B.V. 1995 [3] Tokuyama soda, Product bulletin, Tokyo, Japan, 1988 [4] Sata T., Study of membrane for selective permeation of specific ions, Soda to Enzo, 1984, 35(415), 313-336 [5] Yamane R., Permeability of amphoteric ion-exchange membranes, Denki Kagaku, 1965, 33(8), 589- 593 [6] Leitz F.B., Apparatus for electrodialysis of electrolytes employing bilaminar ion-exchange membranes, US patent, 1972, 3, 654 125 [7] Chlanda F.P., Bipolar membrane and methods for making same, US patent, 1976, 4 116 889 [8] Bauer B., Anion-exchanage membranes with improved alkaline stability, Desalination, 1990, 79, 125144 [9] Donnan F.G., The theory of membrane equilibrium in presence of a non-dialyzable electrolyte, Z.Electrochem., 1911, 17, 572 [10] Chakravarti C., Electrolytic separation of ions of different valency by ion-exchange membranes, Ber. 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