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Mon propos n’est pas de parler de compétitivité,
de dette, d’allongement de la vie, de
mondialisation, etc., comme on le fait
constamment, mais d’analyser simplement
l’évolution du système économique qui en
contient les causes profondes. Analyse que les
économistes qui se répandent dans les médias
se gardent bien de faire…
Il faut au préalable comprendre les principes de
base du système économique et voir comment il
a évolué depuis la Révolution française jusqu’au
début de la « Crise » dans les années 1970, pour
ensuite prendre un tournant radical.
Ces évolutions ne sont pas tombées du ciel,
comme on le laisse penser, mais sont la
conséquence de choix politiques décidés par les
gouvernements successifs.
_____________________
Comme on l’apprend à l’école, le dernier roi de
France a été destitué lors de la Révolution de
1789. La monarchie a été remplacée par une
« démocratie ».
Le peuple est, depuis, censé diriger le pays à
travers des représentants « démocratiquement »
élus, qui siègent à l’Assemblée nationale (les
députés). Dans les faits, cette assemblée est
essentiellement constituée de membres
suffisamment fortunés pour avoir les moyens
matériels et relationnels de faire une campagne
électorale efficace. Et donc les classes les moins
favorisées, pourtant les plus nombreuses, n’y
sont pratiquement pas représentées.
Donc, après la Révolution de 1789, cette
assemblée décida d’instituer un système
économique capitaliste dont le principe est très
simple :
Le peuple peut être divisé en 2 classes :
- Les propriétaires des Ressources naturelles
(terrains, énergie, matières premières …) et
Moyens de production (machines, brevets…),
- Les employés (la grande majorité), qui ne
peuvent vendre que leur force de travail à des
propriétaires. En échange de ce travail les
propriétaires leur céderont une partie des
richesses issues du travail et du capital ainsi
valorisé. Généralement sous forme d’un
salaire.
Ce salaire est fonction du « marché du travail »
Il dépend largement du rapport de force qui
s’exerce entre les syndicats de propriétaires,
comme aujourd’hui le MEDEF, et les syndicats
de travailleurs.
Ce rapport de force est encadré par la législation
écrite par les gouvernements dans le but - en
principe - de favoriser une certaine harmonie
sociale.
Rappelons que les patrons, qui exploitent le
capital que d’autres lui auront confié, défendent
nécessairement et en priorité les intérêts du
capital. Lesquels intérêts sont opposés, pour ce
qui est du partage des richesses produites, à
ceux du travail.
(Une même personne peut appartenir aux 2
classes en même temps, tels les petits
entrepreneurs. Mais cette catégorie sociale n’est
pas représentative du système car, pour ainsi
dire, elle s’exploite elle-même)
Origines historiques et structurelles de la Crise
Dr. G. Casper
Pourquoi la Crise dure -t- elle depuis 40ans ?
Pourquoi chômage et boulots précaires ?
Pourquoi ferme t’on écoles, hôpitaux ?
Pourquoi retarder l’âge de la retraite ?
Pourquoi en sommes nous arrivés là alors que le « progrès » nous promettait
bien autre chose?
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Voici donc résumés les grands principes qui sont
à la base du système dont l’évolution a engendré
une « crise » qui dure depuis 40 ans, et n’est pas
terminée loin de là, nous allons voir pourquoi.
Revenons à 1789 :
Il y avait alors des personnes fortunées dont les
besoins étaient immenses car tout était à
inventer.
On voyageait en voiture à cheval et il n’y avait
aucun autre moyen de communication. On ne
disposait pas d’électrici ni même d’eau
courante, on peinait à se nourrir, et il fallait tout
faire à la main.
Ces fortunés étaient avides d’améliorer leur
confort, et prêts à y risquer de leur fortune.
Par ailleurs nombreux étaient les inventeurs et
entrepreneurs qui ne demandaient qu’à
développer leurs savoir faire, et suscitaient
l’intérêt de ces classes aisées.
Tout naturellement des entreprises se
développèrent, absorbant toute la main d’œuvre
qui se présentait.
Il n’existait alors aucune loi sociale et les patrons
dictaient leurs conditions (comme aujourd’hui
dans les pays dits « en voie de développement »)
Toutefois, du fait que les besoins en main
d’œuvre étaient immenses (la mécanisation était
quasi inexistante), les ouvriers, groupés en
syndicats professionnels, avaient un pouvoir de
pression sur les patrons et propriétaires grâce à
la grève.
Par ailleurs la France, comme tous les autres
pays, souhaitait garder sa souveraineté pour
préserver son économie et mener la politique
qu’elle entendait.
Les conditions de vie des « travailleurs »
s’amélioraient donc progressivement, surtout
après la guerre de 1939, et ils gagnaient aussi
en libertés.
Jusqu’au moment où les propriétaires prirent
conscience (du moins tout s’est passé comme
s’ils en avaient pris conscience) de ce que ce
monde du travail, qu’ils considèrent comme
leurs domestiques, risquait de prendre le
contrôle du système à leurs dépends!
Les évènements du printemps 1968 (qui
avortèrent faute de programme politique
cohérent) accélérèrent sans doute cette prise de
conscience en France et partout en occident. Il y
eut en effet une grève d’ampleur considérable,
puisqu’elle paralysa le pays entier pendant 1 mois
et les grévistes se comptaient par millions!
Depuis ces évènements tous les gouvernements,
à commencer par celui de Georges Pompidou
jusqu'à l’actuel, affaiblirent le pouvoir des
« travailleurs » au profit de celui des propriétaires
sans toutefois toucher au droit de grève inscrit
dans la constitution.
En 1968 le chômage était presque inexistant. La
sécurité de l’emploi était un fait. Il était possible
pour la plupart des jeunes, et moins jeunes, de
changer de travail du jour au lendemain pour de
meilleures conditions.
On pouvait, tout aussi bien, passer sa vie dans
une même entreprise, et y projeter son avenir.
C’est sans doute difficilement imaginable pour qui
n’a pas vécu à cette époque.
Cela ne veut pas dire pour autant que tout était
rose, très loin de là, mais l’avenir était porteur de
progrès:
La machine allait libérer l’Homme du travail, et
l’Homme pourrait ainsi s’adonner à des loisirs
rendus merveilleux grâce à la science ! On voit
ce qu’il en fut...
La stratégie de ces gouvernements consista en
des réformes économiques et financières
radicales, bien que souvent d’apparence anodine.
On a pas de preuve que cela fut pensé en tant
que stratégie, mais toujours est-il que cela a été
fait et que les conséquences socialement
désastreuses sont bien enracinées.
Tout d’abord examinons la situation avant ces
réformes:
L’Etat contrôlait alors la circulation des
marchandises (droits de douanes et quotas pour
les produits importés), il contrôlait la circulation
des capitaux (il était nécessaire d’obtenir une
autorisation pour sortir des capitaux du pays) et
décidait de l’impôt, auquel même les plus gros
contributeurs ne pouvaient échapper, finançant
ainsi aisément le progrès social.
Enfin il contrôlait la Banque de France qui elle-
même pouvait financer l’Etat et régulait la
création monétaire des banques privées.
L’Etat avait tout pouvoir sur le monde
économique et financier.
Sa mission était de protéger l’économie et le
développement du pays pour lui conserver son
entière souveraineté et ainsi décider en particulier
de sa législation sociale, sans avoir à se soucier
outre mesure de compétitivité avec l’extérieur.
Le progrès social suivait les gains de productivité,
et s’accélérait dans le temps.
Les charges salariales et fiscales pouvaient
augmenter sans compromettre la
compétitivité des entreprises, puisque toutes
supportaient les mêmes!
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La limite étant que le pouvoir d’achat ne dépasse
pas les capacités de production, ce qui aurait
entraîné une inflation incontrôlable…
La compétitivité de nos produits à l’exportation
pouvait s’adapter en jouant sur la valeur de notre
monnaie vis-à-vis des autres. Et le
gouvernement pouvait librement ajuster cette
valeur (…), de sorte que nos exportations
financent au mieux nos importations (en
particulier le pétrole).
L’exigence de « compétitivité » ne pesait alors
pas sur la rémunération du travail, mais
demandait seulement de la compétence dans nos
entreprises. (D’où la nécessité d’un système
d’éducation performant).
Voici maintenant les mesures qui permirent de
démultiplier les possibilités de profits pour le
capital, et de laminer le pouvoir des
travailleurs.
Elles furent mises en place après les frayeurs
du printemps 1968 :
Rappelons d’abord, pour ce qui suit, que les
finances de l’Etat se décomposent, comme celles
d’un ménage, en des investissements, et des
dépenses courantes.
Normalement, les investissements se financent
par le crédit, et les dépenses courantes par les
revenus, c’est à dire impôt et taxes dans le cas
de l’Etat.
1 - Giscard d’Estaing, alors ministre des Finances
de Pompidou en 1973, interdit à l’Etat
d’emprunter à coût nul à la Banque de France.
(Alors que la création monétaire est de la
responsabilité de l’Etat, qui d’ailleurs assume les
dettes des banques privées sil le faut)
L’Etat fait depuis appel aux marchés, pour
financer ses investissements, (EDF, SNCF,
autoroutes, hôpitaux, écoles...), et non plus à la
Banque de France.
Ensuite on légalisa certaines formes de fraude
fiscale, rebaptisée « évasion fiscale ». (Tout en
faisant mine de la déplorer et de la combattre à
coup de volumineux rapports jamais suivis
d’effets).
Ce qui coûte des dizaines de milliards d’euros par
an. Et en cumulé, des milliers de milliards.
On compensa le déficit de recettes fiscales, ainsi
provoqué, par un endettement supplémentaire qui
s’ajouta aux emprunts d’investissement, ruineux
(pour l’Etat), mais juteux (pour les prêteurs).
Giscard d’Estaing inaugura brillamment cette
politique audacieuse (l’audace étant de faire
avaler la couleuvre a un peuple entier) par un
emprunt - indexé sur l’or - qui coûta des dizaines
de milliards d’euros d’intérêts au budget. Milliards
financés par de nouveaux emprunts...
« La Dette perpétuelle », des pauvres envers les
riches, prit ainsi son envol, justifiant du même
coup les perpétuelles mesures d’économies faites
sur son dos (recul de la retraite, réduction des
prestations sociales et services publics…)
Elle passa progressivement de quasiment zéro
avant Giscard D’Estaing, à 2000 milliards d’euros
aujourd’hui.
Chacun des 60 millions de français a en moyenne
déjà versé environ 30 000 euros à « ceux qui ont
les moyens de prêter ». Le capital restant est
actuellement du même ordre, et ne cesse de
gonfler.
2 - On libéralisa la circulation des capitaux.
Autrement dit, on autorisa les capitaux à sortir
massivement du pays (ce qui facilite la fraude
fiscale)
Ainsi, plutôt que d’investir en France, et y payer
des impôts, des capitaux partirent fructifier sous
des cieux bienveillants, tels les paradis fiscaux, à
l’abri du fisc.
3 - On libéralisa la circulation des marchandises.
Autrement dit, on autorisa l’entrée massive de
marchandises fabriquées hors du pays, dans des
conditions souvent désastreuses.
Cette politique a laminé des pans entiers de notre
industrie… (si l’on souhaite aider des pays à se
développer, il y a d’autres solutions…)
4 - On démultiplia les possibilités de spéculation
(c’est à dire de parier, comme aux jeux) sur la
valeur d’un tas de choses... L’imagination des
financiers est sans limite pour prélever de la
richesse produite par l’économie réelle, (celle où
l’on produit les biens réels), ce qui occupe les
plus brillants cerveaux.
Alors que le rôle de la Finance est en principe de
financer l’économie au moindre coût, il est
devenu le moyen de prélever un maximum de
richesses, sans aucune responsabilité, sinon
celle de se remplir les poches, parfois même
au-delà de la légalité puisque le pouvoir des
banques est devenu supérieur à celui des Etats!
5 - Les machines automatiques, toujours plus
efficaces, si elles libèrent bien l’Homme d’un
travail souvent pénible, comme on l’apprenait à
l’école dans les années 60, ne Lui permettent pas
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pour autant de s’adonner à des loisirs
merveilleux, puisque ses revenus lui sont rendus
misérables!
6 - Pour couronner le tout, on imposa une
monnaie unique en Europe interdisant ainsi aux
Etats de jouer sur la valeur de la monnaie pour
ajuster la compétitivité de leurs entreprises.
Il n’y a donc plus aucun moyen d’ajuster cette
compétitivité… sauf celui de réduire encore et
encore le coût du travail, c'est-à-dire les salaires,
la protection sociale, le financement des services
publics, etc. La course au « moins disant » social,
et aussi fiscal ou encore environnemental, est
sans fin.
Bref, on a retiré à l’Etat tous les leviers qui lui
permettaient de réguler l’économie, sauf celui
de faire pression sur les « travailleurs».
Les propriétaires sont, par contre,
particulièrement choyés puisqu’on les laisse jouer
avec les économies du monde entier comme bon
leur semble, ou presque. Toute forme de
protectionnisme est bannie, afin de leur laisser le
champ libre.
Nos représentants, élus pour piloter l’Etat,
l’ont pour ainsi dire sabordé.
Et donc les « travailleurs », mis en compétition
mondiale, confirmée par les Traités européens et
sans règle ni syndicat, dans des conditions des
plus disparates, furent contraints de modérer
leurs prétentions, allant jusqu'à accepter des
conditions parfois dignes du 19 ème siècle dans
les pays riches, désormais en voie de sous
développement.
La « Crise » doit ainsi durer indéfiniment.
Quant aux chômeurs, ils doivent de plus en plus
se résigner à survivre de misérables allocations,
en marge du système.
Comment a-t-on fait accepter ces réformes
anti sociales :
Des économistes d’un genre nouveau, au style
jeune, branché, maquillés par des publicitaires,
prirent le devant de la scène. Il leur suffisait de
«penser comme il faut penser ». Ceci est un art
qu’ils apprennent dans des écoles spécialisées
leur assurant un avenir doré, contrairement à
celui de nombreuses branches utiles à
l’économie réelle.
Des pseudos journalistes, placés leur
visibilité est maximum, à commencer par les
journaux télévisés désormais en couleur,
répétèrent à l’envie la « pensée » de ces mutants.
On fit même appel au show bizz : en 1984, Yves
Montand, vedette aux cachets faramineux, ancien
admirateur du communisme, présenta, aux
heures de grande audience, une émission
intitulée « Vive la crise », pour expliquer au bas
peuple qu’il vivait (pas lui…) au dessus de ses
moyens.
Par contre les personnalités un peu trop lucides
et critiques du système sont curieusement
écartées des médias. Ou alors, lorsque cela est
impossible, disparaissent dans des conditions
mystérieuses.
Tel Coluche disparu dans un « accident » de
moto.
(Le plus grand mystère concerne les raisons pour
lesquelles les principaux médias ont tous
docilement raconté une fable, transmise par les
autorités, concernant les circonstances de son
« accident »).
Giscard d’Estaing avait donc lancé un nouveau
style dans la profession d’homme politique,
ringardisant d’un coup les ministres du Général
de Gaulle, à qui il succédait.
Le peuple était sous le charme et s’est fait
embobiner, mais avec goût.
Pour ce qui est du fond, voici un exemple des
procédés utilisés, cette fois dans l’opacité la plus
totale.
Une simple phrase, placée de manière anodine
dans un texte de loi (souvent difficilement lisible
par un non initié) peut suffire. Ce qui fut le cas,
par exemple, pour cette fameuse interdiction faite
à l’Etat de se financer auprès de la Banque de
France. L’opinion publique ni même sans doute
nombre d’élus, n’ont été informés des lourdes
conséquences de cette petite phrase, alors que
personne n’ignorait que Giscard jouait de
l’accordéon, qu’il déjeunait chez la famille Michu,
ou invitait les éboueurs parisiens à l’Elysée…
Un nouveau genre de gouvernement était né. Il
a depuis été repris par le monde politique
aspirant aux affaires, rejoignant ainsi le style des
Financiers dont ils se firent les serviteurs.
Lorsqu’un président change ses montures de
lunettes, sachez que ce n’est pas par hasard…
_____________________
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Les qualités nécessaires pour conquérir le
pouvoir, dans le système actuel d’élections
bonimentées, sont sans rapport avec celles qu’il
faut pour bien l’exercer. Ce qui rend tout à fait
improbable d’en sortir un gouvernement
compétent. Et pourtant les personnes
compétentes ne manquent pas.
Comment donc les amener au pouvoir, de
manière aussi démocratique que possible ?
En attendant, les rois et seigneurs sont revenus,
à la différence près que leur pouvoir ne vient pas
de leur sang, mais de leur fortune.
Le pouvoir de l’Argent est bien au dessus de celui
du peuple.
Nous ne sommes pas en démocratie.
Les dessins ci-dessous caricaturent le système,
mais n’en reflètent pas moins la réalité de son évolution…
Système tel qu'il était :
En haut, on trouve la sphère de production-
consommation, (sphère où l'on vit)
En bas, le sac à monnaie, qui supporte
tout le système.
Au milieu, la pompe (banques et bourses),
qui fait circuler la monnaie entre la sphère
de production-consommation et le sac à
monnaie, en injectant l'investissement - et
en récupérant les profits.
Entre le sac à monnaie et la pompe, on
trouve un circuit qui permet la spéculation:
la pompe peut aspirer de la monnaie d'un
coté du sac, pour la réinjecter de l'autre,
sans la faire passer dans la sphère de
production-consommation.
N'est pas représentée, la Banque
Centrale, qui alimente l'ensemble, en
injectant de la monnaie dans la pompe.
Sphère
de
prod.- cons.
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