
Mesdames, Messieurs,
Le 25 février 2015, le Premier ministre, Manuel Valls annonçait
devant les partenaires sociaux son intention d’engager une réforme des
règles du dialogue social en vue de le rendre « plus effectif et plus simple »
;
dans ce cadre, une mission a été confiée à Jean-Denis Combrexelle, président
de la section sociale du Conseil d’État et ancien directeur général du travail,
dont les conclusions ont été rendues publiques en septembre de la même
année. Ces dernières devaient constituer une source d’inspiration pour la
réforme à venir du droit du travail ; aussi Manuel Valls et la ministre du
travail, Myriam El Khomri, ont-ils présenté, le 4 novembre 2015, les
principales orientations devant conduire à l’élaboration d’un « code du
travail pour le XXIe siècle »
, dont les premières étapes doivent intervenir au
début de l’année 2016.
La perspective d’une transformation en profondeur du droit du
travail a fait naître de grands espoirs, d’autant que se dessine aujourd’hui
un consensus autour de l’idée que ce dernier est devenu trop complexe et
peine à remplir les deux fonctions qui lui sont assignées, à savoir protéger
les salariés et sécuriser les entreprises ; dans un récent ouvrage, Robert
Badinter et Antoine Lyon-Caen notent même : « la vision d’un droit du travail
perçu comme une forêt trop obscure et hostile pour qu’on s’y aventure joue contre le
recrutement de salariés complémentaires dans les petites et moyennes entreprises. Et
le droit du travail ainsi mythifié joue contre les travailleurs qu’il est censé
protéger »
.
Pourtant, toute évolution concernant la durée légale du travail
semble avoir été écartée par le Gouvernement, laissant de côté, dans le
cadre de cette démarche qui se veut « ambitieuse et exigeante », une dimension
importante, sinon essentielle, du droit du travail – alors que les dérogations
à la durée légale du travail qui sont envisagées à ce jour ne paraissent pas
être à la hauteur des enjeux, en particulier pour ce qui est de l’emploi dans
les plus petites entreprises. Ceci est d’autant plus regrettable que le rapport
remis par Jean-Denis Combrexelle proposait explicitement une « extension de
la négociation collective dans les champs prioritaires que sont les conditions de
travail, le temps de travail, l’emploi et les salaires »
.
Lettre de mission du Premier ministre, Manuel Valls, à Jean-Denis Combrexelle, président de la
section sociale du Conseil d’État, en date du 1er avril 2015.
Dossier de presse du Premier ministre, « Simplifier, négocier, sécuriser. Un code du travail pour le
XXIe siècle », 4 novembre 2015.
R. Badinter et A. Lyon-Caen, Le travail et la loi, Paris, Fayard, 2015, p. 11.
J.-D. Combrexelle, La négociation collective, le travail et l’emploi, rapport au Premier
ministre, septembre 2015, p. 87.