Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XV - nos 1-2 - janvier-février 2011
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Adrénoleucodystrophie liée à l’X et atteintes endocriniennes
giques (20mg le matin, 5mg le midi, 5mg le soir).
Les conseils et les informations relatifs à l’insusance
surrénale sont remis au patient.
Discussion
Le cas de notre patient illustre le caractère parfois
paucisymptomatique de la maladie, qui, ici, a nale-
ment été diagnostiquée à la faveur d’un événement
intercurrent.
L’adrénoleucodystrophie liée à l’X (ALD) est la mala-
die métabolique héréditaire neurodégénérative la
plus commune parmi les désordres du peroxysome
(1/20 000, en comptant les patients hémizygotes et
les femmes hétérozygotes). La maladie associe une
démyélinisation progressive du système nerveux cen-
tral et périphérique et une insusance surrénalienne
périphérique (maladie d’Addison).
Le diagnostic positif repose sur l’élévation des AGTLC.
Le diagnostic moléculaire est pratiqué et aura un rôle
fondamental dans l’enquête familiale, en dépistant
notamment les femmes conductrices.
Sur le plan physiopathologique, la surcharge des
AGTLC dans le plasma et les tissus est secondaire au
défaut de la protéine ALD, qui appartient à la famille
des transporteurs ABC (ATP-Binding Cassette) et est
codée par le gène ABCD1 porté en Xq28. Cette pro-
téine ALD est impliquée dans le transport des AGTLC
dans les peroxysomes an qu’ils soient dirigés vers
le processus de la bêta-oxydation. L’altération de
ce processus contribue à la surcharge des tissus en
AGTLC, mais le mécanisme physiopathologique précis
impliqué dans l’atteinte neurologique ou surréna-
lienne n’est pas entièrement élucidé. Deux princi-
paux phénotypes sont décrits (1) : celui des formes
cérébrales démyélinisantes chez l’enfant âgé de 5 à
15ans (parfois sur un mode inammatoire aux âges
les plus précoces), retrouvé également chez l’adulte
dans 35 % des cas ; celui des formes limitées à l’atteinte
médullaire, ou adrénomyéloneuropathie (20-60ans).
Cette dernière peut parfois s’associer, chez l’adulte
jeune, à une atteinte cérébrale démyélinisante inam-
matoire. La pénétrance de la maladie chez l’homme
est complète après l’âge de 50ans. Cinquante pour
cent des femmes conductrices hétérozygotes peu-
vent présenter des signes d’adrénomyéloneuropa-
thie, mais la femme ne développera pas d’atteinte
cérébrale démyélinisante ni d’atteinte endocrinienne.
L’insusance surrénalienne sera nalement présente
chez environ 70 % des patients présentant une ALD
(2), mais la chronologie de l’apparition au cours de la
maladie peut être variable.
En eet, l’insusance surrénalienne peut être la pre-
mière manifestation de la maladie, plusieurs années
avant la symptomatologie neurologique. Classiquement,
elle touche d’abord la fonction glucocorticoïde, puis la
fonction minéralocorticoïde. Les surrénales peuvent
être morphologiquement normales, comme chez notre
patient, ou hypertrophiées, voire pseudonodulaires.
Chez l’adulte, l’ALD est la deuxième cause d’insu-
sance surrénale après l’origine auto-immune (3). Des
cas d’insusance surrénale aiguë sont rapportés (4).
La deuxième atteinte endocrinologique est l’insusance
gonadique, souvent asymptomatique, ce qui est le cas
pour notre patient. Les troubles de la spermatogenèse
seraient également plus fréquents. Une étude portant
sur 26 hommes atteints d’ALD a mis en évidence une
diminution de la libido dans 46 % des cas, une dys-
fonction érectile dans 58 % des cas, une diminution de
la pilosité dans 50 % des cas, une gynécomastie dans
35 % des cas, une diminution du volume testiculaire
dans 12 % des cas, une stimulation insusante de la
testostérone sous hCG (en moyenne 57 % [5 à 12 %,
N>150 %]), une élévation du niveau de LH et de FSH
respectivement dans 16 et 32 % des cas (ce qui est le cas
pour notre patient) et une réponse de la LH sous GnRH
anormalement ample dans 47 % des cas (5).
Figure 2. TDM surrénalienne sans injection : glandes surrénales normales.