Quelques problèmes en suspens dans la notation usuelle

Quelques problèmes en suspens dans la notation usuelle
actuelle à base latine de la langue berbère.
Le trait d'union.
1- Définitions et emplois.
Le trait d'union (-) est un signe typographique. Comme son nom l'indique, son rôle est de
relier ou d'unir deux ou plusieurs unités pour leur donner un caractère unifié ou figé, qui fait
qu'elles fonctionnent comme des mots uniques. Il sert à marquer l'existence d'un lien étroit
entre deux ou plusieurs termes, un lien qui peut être lexical comme dans les mots composés
ou syntaxique, entre le verbe et le pronom qui le suit par exemple. Dans toutes les langues, la
notion de mot est ambiguë. La délimitation l'est encore plus. Souvent, devant une séquence de
la chaine parlée, on est incapable de dire s'il y a un ou plusieurs mots. Les trois critères de
l'école linguistique américaine, la stabilité, la mobilité conjointe et l'inséparabilité, ne sont pas
toujours respectés et même quand ils le sont, ne donnent pas toujours des résultats probants.
Les notions de mots oral et scriptural ont été déjà définies et explicitées dans l'introduction
de la partie sur les particules indépendantes. À titre de rappel, Le mot phonétique est un son
ou un groupe de sons d’une langue auquel est associé un sens et que l'on prononce d'un seul
trait, c'est-à-dire sans aucune pause ou rupture dans la chaine parlée. Le mot orthographique
est une lettre ou une suite de lettres comprise entre deux espaces blancs. Entre le mot oral et le
mot écrit, il n'y a pas toujours d'équivalence mutuelle et de relation biunivoque. Il arrive qu'à
un mot phonétique corresponde plusieurs groupes de lettres compris entre deux blancs ou qu'à
un ensemble de lettres soudées les unes aux autres, correspondent des groupes de sons isolés,
pouvant être prononcés séparément.
Dans toute langue, les unités qui correspondent à cette définition sont de deux types. Il y a
des mots qui appartiennent au lexique comme les noms, les verbes, les adjectifs, les nombres
et des mots qui relèvent de la grammaire comme les articles, les prépositions, les affixes, les
désinences, etc. Ces derniers constituent des ensembles fermés et certains de leurs éléments ne
peuvent jamais apparaitre seuls dans le discours, sauf quand on les cite comme des formes
morphosyntaxiques dans le métalangage grammatical.
Il arrive aussi bien pour les unités lexicales ou lexèmes, que pour les unités grammaticales
ou morphèmes de s'assembler entre elles pour former des segments complexes se comportant,
dans leur rapport avec les autres éléments de l'énoncé, exactement comme les mots simples,
susceptibles d'apparaitre dans le même contexte. Les unités rentrant dans la constitution de
ces segments complexes, que les fonctionnalistes désignent sous le nom de "synthèmes",
peuvent être du premier type d'unités, c'est-à-dire appartenant au lexique, du second type,
autrement dit des morphèmes et enfin, du premier et du second type, c'est-à-dire mélangés.
Tout cela correspond aux mots composés et aux mots dérivés.
- Des unités lexicales : chou-fleur, chaise-longue, rouge-gorge, pomme de terre, portefeuille,
etc.
- Des unités mélangés : préavis, maisonnette, international, chanteur, rizière, ex-ministre,
antitussif, etc.
- Des unités grammaticales : téléphone, thermostat, aphone, biologie, etc.
Au niveau orthographique, les diverses unités rentrant dans la formation de ces complexes
à sémantisme figé s'écrivent parfois collées les unes aux autres, parfois séparées par une
espace et parfois encore décollées, mais reliées par un trait d'union. En principe, entre deux
unités reliées par un trait d'union, il n'existe aucune possibilité d'insertion d'une autre unité.
Dans certains cas, le trait d'union est pertinent dans la mesure il permet d'indiquer si les
unités reliées forment une séquence figée ou sont juste juxtaposées.
- Un accent-aigu (signe diacritique) / un accent aigu (cette personne a un accent aigu).
- Une belle-fille (femme du fils, fille du conjoint) / une belle fille (une fille belle).
- En-tête (papier à en-tête) / en tête (avoir une idée en tête).
Le deuxième rôle du trait d'union, le rôle syntaxique, consiste à relier certains éléments
grammaticaux à leur noyau de rattachement pour marquer la cohérence syntagmatique. Les
pronoms postposés à leur verbe appartiennent au même syntagme. Phonétiquement, la
frontière syntagmatique est marquée par l'accent tonique qui se caractérise par un allongement
vocalique affectant toujours la dernière syllabe du groupe de mots concerné. Comme cet
accent n'a aucune marque graphique, on se sert du trait d'union pour avertir le lecteur et lui
éviter toute hésitation. On sait par le biais de ce trait d'union qu'il faudra allonger la dernière
syllabe et former un groupe. On met autant de traits d'union qu'il y a de satellites autour d'un
noyau verbal ou même nominal.
Ce jouet-là, rends-le-lui immédiatement.
Allez-vous-en !
Y a-t-il beaucoup d'eau ?
Donne-le-leur s'il te plait.
Enfin, le trait d'union assume aussi une dernière fonction purement typographique que l'on
appelle la césure. Elle consiste en une opération de découpage de mots longs quand on arrive
en fin de ligne dans un texte. La règle de la césure veut que l'on ne coupe qu'entre deux
syllabes, jamais après une seule lettre même si elle correspond phonétiquement à une syllabe
et aussi jamais avant moins de trois lettres.
2- le trait d'union en français.
L'usage du trait d'union, en français, est un véritable imbroglio au point qu'à chaque fois
que l'on est face à un ensemble d'unités figé ou à une expression toute faite, on se pose la
question de savoir si les différentes unités doivent s'écrire soudées les unes aux autres,
séparées par des blancs ou reliées par un ou des traits d'union. Les trois cas restent donc
possibles et même si l'on s'est efforcé à établir des règles, des exceptions et des contrexemples
demeurent. Parfois, pour répondre à cette question, il faudrait connaître l’histoire de
l’expression pour arriver à déterminer s'il faut l'écrire en un seul mot orthographique ou s’il y
a ou non un trait d’union entre les différents éléments. Si les choses sont à peu près claires
pour les emplois grammaticaux, il n'en est rien pour les combinaisons d'unités purement
lexicales. Le mot "portefeuille" s'écrit tout attaché, "portemanteau" s'écrit soudé ou avec un
trait d'union (porte-manteau), "porte-bonheur" s'écrit obligatoirement avec un trait d'union et
enfin "compte rendu" ou "pomme de terre " s'écrivent sans agglutination et sans trait d'union
bien que formant une seule unité sémantique.
- Compositions nominales.
L'emploi du trait d'union dans les associations d'unités nominales dépend beaucoup de la
relation que ces unités entretiennent entre elles. Si l'une détermine et modifie le sens de
l'autre, il n'y a généralement pas de trait d'union, mais si les unités associées forment, sans se
modifier mutuellement, une nouvelle unité avec un sens différent, le trait d'union est
nécessaire. Bien entendu, il ne s'agit que de règles générales, des exceptions peuvent exister
pour l'un et l'autre des deux cas.
Rouge-gorge, soutien-gorge, œil-de-bœuf, sourd-muet, marteau-piqueur, etc.
Médecin légiste, salaire moyen, directeur général, apprenti menuisier, lampe témoin, âme
sœur, etc.
- Compositions de noms propres.
En règle générale, on met toujours un trait entre des noms propres composés.
Jean-Claude, Marie-Thérèse, Franco-Américain, Néo-Zélandais, New-Yorkais, etc.
- Expressions et locution figées.
Il faut absolument connaitre l'origine ou l'histoire de l'expression pour déterminer si l'on
doit ou non mettre un trait d'union.
S'il vous plait, nota bene, tout de suite, face à face, à bras ouverts, à huis clos, etc.
C'est-à-dire, post-scriptum, sur-le-champ, vis-à-vis, à bras-le-corps, à tue-tête, etc.
- Compositions verbales et verbo-nominales.
Les composés qui font intervenir des verbes ou des verbes et des noms s'écrivent
généralement avec un trait d'union, mais parfois les termes sont soudés ensemble ou encore
séparés par des blancs.
Garde-manger, compte-gouttes, tire-bouchon, savoir-faire, laisser-aller, passeport, machine à
écrire, etc.
- Compositions verbo-pronominales.
Un trait d'union est toujours inséré entre le verbe et tous ses pronoms quand ces derniers se
rapportent et succèdent à ce verbe. Ce qui arrive particulièrement à l'impératif, à la forme
interrogative ou quand il y a inversion du sujet. Si un "t" euphonique est nécessaire, celui-ci
est mis également entre traits d'union. Quand il y a plusieurs pronoms qui se suivent et
plusieurs verbes, il faut bien déterminer quel pronom se rattache à quel verbe pour savoir s'il
faut ou non les relier par un trait d'union, et bien sûr sans oublier la condition de postposition
du pronom par rapport à son verbe.
Vas-tu venir ?, vas-y, prends-le, donne-les-lui, accroche-toi, peut-on ?, apporte-t-elle ?, dis-je,
etc.
Allez-vous reposer ce sac ou non ? / Allez vous reposer un petit moment. Dans le premier
exemple "vous" est sujet du verbe "aller" (vous allez), dans le second, "vous" est pronom
réfléchi du verbe "reposer" (se reposer).
- Les déterminants numéraux et ordinaux.
On met toujours un trait d'union entre les chiffres composant les nombres inférieurs à cent
et non reliés par la conjonction "et" dans tous les contextes.
Dix-sept, cinq cent quatre-vingt-dix-huit, quarante-deux, trente-quatrième, soixante-dix-
neuvième mais trente et un, quatre-vingt et un, etc.
- Compositions avec préfixe.
De façon générale, on ne met pas de trait d'union entre les différents préfixes d'origine
grecque ou latine qui s'associent à un radical nominal pour former un mot dérivé. Cependant
et comme toujours, plusieurs exceptions sont notables et concernent certains préfixes qui sont
séparés de la base de rattachement par un trait d'union quand celle-ci commence par une
voyelle.
Les préfixes ex, sous, demi, semi, mi sont toujours reliés au second élément par un trait
d'union exception faite pour "soussigné. Les mots composés avec "para" sont soudés mais
ceux composés avec "pare" sont séparés par un trait d'union.
Antivirus, archicomble, autocritique, biculturel, biodiversité, cotutelle, interurbain, juxtaposé,
microclimat, télécommande, transfrontalier, ultrarapide, postcolonial, parapluie, pare-brise,
anti-inflammatoire, micro-ordinateur, auto-école, ex-mari, sous-développé, demi-mesure,
semi-conducteur, mi-journée, etc.
- Compositions avec suffixes.
Les suffixes qui rentrent dans la composition de complexes figés sont les adverbes "ci" et
"là" qui expriment une proximité spatiale par rapport au locuteur quand ils s'associent à un
démonstratif ou à un nom, et aussi l'adjectif indéfini "même" qui se joint aux formes toniques
du pronom personnel. Dans ces conditions, ces trois unités sont toujours reliées par un trait
d'union aux éléments qui les précèdent et auxquels elles se réfèrent.
Jusque-là, ces jours-ci, cette fille-là, c'est moi-même, par-ci par-là, celui-ci, celles-là, etc.
3- La réforme orthographique de 1990.
Sur demande du Premier ministre, le Conseil supérieur de la langue française s'est penché
sur l'étude de cinq points de l'orthographe française dont l'emploi du trait d'union. Après
analyse, le Conseil a publié, après l'aval de l'académie française et de ses homologues
canadien et belge, un rapport en date du 6 décembre 1990 et a apporté certaines rectifications
et recommandations. Voici les extraits des règles et recommandations qui concernent le trait
d'union.
I Analyses.
1. Le trait d’union
Le trait d’union a des emplois divers et importants en français :
- Des emplois syntaxiques : inversion du pronom sujet (exemple : dit-il), et libre coordination
(exemples : la ligne nord-sud, le rapport qualité-prix). Il est utilisé aussi dans l’écriture des
nombres, mais, ce qui est difficilement justifiable, seulement pour les numéraux inférieurs à
cent (exemple : vingt-trois, mais cent trois).
- Des emplois lexicaux dans des mots composés librement formés (néologismes ou créations
stylistiques, exemple : train-train) ou des suites de mots figées (exemple : porte-drapeau, va-
nu-pieds). Dans ces emplois, la composition avec trait d’union est en concurrence, d’une part,
avec la composition par soudure ou agglutination (exemples : portemanteau, betterave),
d’autre part, avec le figement d’expressions dont les termes sont autonomes dans la graphie
(exemples : pomme de terre, compte rendu). Lorsque le mot composé contient un élément
savant (c’est-dire qui n’est pas un mot autonome : narco-poly-, etc.), il est généralement
soudé (exemple : narcothérapie) ou, moins souvent, il prend le trait d’union (exemple : narco-
dollar). Si tous les éléments sont savants, la soudure est obligatoire (exemple : narcolepsie).
Dans l’ensemble, il est de plus en plus net qu’on a affaire à un seul mot, quand on va de
l’expression figée au composé doté de trait d’union et au mot soudé. Dans une suite de mots
devenue mot composé, le trait d’union apparaît d’ordinaire :
a) lorsque cette suite change de nature grammaticale (exemple : il intervient à propos, il a de
l’à-propos). Il s’agit le plus souvent de noms (un ouvre-boîte, un va-et-vient, le non-dit, le
tout-à-l’égout, un après-midi, un chez-soi, un sans-gêne). Ces noms peuvent représenter une
phrase (exemples : un laissez-passer, un sauve-qui-peut, le qu’en-dira-t-on). Il peut s’agir
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