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produits biologiques, etc.). Ces produits sanguins, après transformation, sont devenus des
médicaments et sont l’objet d’une commercialisation. Il y a donc une différence nette entre
des cellules sanguines qui ne sont pas commercialisables au sens « profit » du terme et les
produits du sang obtenus par l’ingénierie qui sont devenus des produits commercialisables
dans tous les sens du terme.
Le don de moelle est bénévole et gratuit, volontaire tout comme le don de sang de
cordon. Le don de sperme et d’ovocytes est également gratuit, mais les paillettes de sperme
ont un prix de cession
3
. Les embryons et les fœtus issus d’une interruption de grossesse
peuvent être donnés à la recherche scientifique après consentement, de façon anonyme et
gratuite.
Pour les organes, comme le rein, le foie, le poumon, le prélèvement peut se faire sur
un donneur vivant ou un donneur mort. Chez un donneur vivant, le don est volontaire et
gratuit, mais il n’est évidemment pas anonyme puisque le donneur appartient à une personne
bien identifiée. Chez un donneur mort, les organes (foie, cœur, pancréas, intestin, cornée, rein,
poumon, os, vaisseaux) sont prélevés chez le donneur en état de mort cérébrale selon les
principes de la loi Caillavet de 1976. Le don est dans ce cas anonyme et gratuit. En dépit de
leur rareté, les organes, qu’ils soient prélevés sur des donneurs vivants ou des défunts, sont
donc cédés gratuitement. Ils donnent lieu à une préparation complexe qui justifie pour
l’établissement un dédommagement des frais engagés (pour couvrir les coûts liés au
prélèvement, au transfert, au transport et à la conservation du greffon, généralement assumés
par un forfait).
Ainsi un principe fondamental se dégage. Les éléments ou produits du corps humain,
détachés au terme d’une intervention médicale, sont l’objet d’un don gratuit et volontaire.
Cela n’interdit pas que certains d’entre eux aient, une fois détachés du corps, un prix de
cession, voire un statut de médicament (produits du sang). Les questions, peut-on assimiler un
élément du corps humain a un produit ?, peut-on séparer élément et produit ?, ont une
incidence directe sur la question de la commercialisation du vivant.
2) Questions de définition : la commercialisation
Comme le terme commercialisation peut servir à désigner aussi bien le dédommagement
et la fixation d’un prix de cession que la vente avec profit, il importe, pour la clarté du présent
rapport, de préciser ce que nous entendrons désormais par « commercialisation ».
Qu’est-ce que la commercialisation ?
La commercialisation est une démarche consistant à transformer une chose ou un produit
en objet mercantile et à le diffuser dans un système d’échange concurrentiel. C’est dire que la
commercialisation exige en général deux conditions : 1) une offre et une demande, donc un
marché ; 2) la fixation d’un prix qui assure l’équilibre de ce marché
4
.
L’existence d’un profit ou d’une marge commerciale ne semble pas indispensable pour
qu’il y ait acte de commerce
5
, mais le profit reste la règle générale, d’autant que la
commercialisation peut suivre un processus complexe de fabrication, ce qui est le cas dans le
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Environ 50 euros par paillette de sperme. Les CECOS en assurent la garde, ainsi que celle des
embryons congelés surnuméraires.
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Le troc n’est qu’une forme primitive de commerce ; il ne comporte d’ailleurs pas toujours une véritable
intention commerciale : cf. les bourses d’échange convivial entre particuliers, les échanges d’échantillons
biologiques entre laboratoires.
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En effet, certaines transactions réalisées par des organismes à objet non lucratif (associations, fondations)
peuvent être soumises à la TVA, même en l’absence d’intention lucrative, du seul fait qu’elles entrent en
concurrence avec des opérations du même type faites par des professionnels à des conditions comparables
5
. Par
ailleurs, les commerçants peuvent dans certains cas vendre à prix voisin du coût de revient (soldes), même si les
ventes à perte sont en principe interdites.