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ArnaudReynaud-Revue d’Etudesen Agriculture etEnvironnement,90(2),121-154
plante5 .Onutilise le modèle biophysique de manièreàsimulerle processus de
croissance desculturespour différents itinéraires techniques,notammentdifférents
vecteurs d’apports en eau tout aulong de la campagne d’irrigation. Les sortiesdu
modèle agronomiqueserventalors d’entrée àun modèle économique qui décritle
comportementde maximisation de lafonction « objectif » de l’agriculteur.L’emploi
d’unsimulateur agronomique permetd’acquérirdesdonnéesfines sur les relations
entrecalendriers d’irrigation etniveauphysique de laproduction. Pour étudier
l’impactde lasécheressesur le comportementetlafonction « objectif » de
l’agriculteur,il paraîten effetpeuapproprié de se limiteraux donnéesgénéralement
utiliséesparleséconomistesagricolesqui portenten généralsur larelation entre
rendementet volume d’eautotal ,maispas sur les relationsentre l’output etla
répartition intra-annuelle de cevolume 6 .En outre,unsimulateur constitueun
moyen peucoûteux de générerdesdonnéespour différentesconditions
météorologiques,touteschoseségalesparailleurs.Il est alors possible d’isolerla
variabilité des rendements dueauclimatetde mettre en lumière le rôle joué par
l’irrigation (Flichman etJacquet,2003).
Lesapports de cetarticle sesituentàdeux niveaux.D’abord,en termes
méthodologiques,nous montronscomment une approche parcouplage de modèles
économiquesetbiophysiquespermetd’analyserl’impactdu risqueclimatiquesur les
décisionsdesagriculteurs et, ainsi,de mesurerleurs capacitésd’adaptation faceà ce
risque. Par rapport àlalittérature existante,nous proposonsde distinguerlescapacités
d’adaptation de court terme (choixde stratégie d’irrigation) etcellesde long terme
(choixd’assolements). Ensuite,en termesempiriques, ce modèle est appliquéaucas
d’unagriculteur représentatif en grandescultures,situé danslarégion Midi-Pyrénées.
Nous fournissonsalors uncertain nombre d’éléments empiriques(mesure de primesde
risque,sensibilité desdécisionsàl’aversion au risque desagriculteurs)susceptibles
d’aideràlaprise de décisionspubliquesconcernantnotammentlamise en place de
mécanismesd’alertesécheresse précoce.
5Lecouplage de modèlesde croissance de plantesavecdesmodèleséconomiques s’inscritdans une
tradition quiremonteaudébut desannées1990.Cettetradition aété largementinitiée aux Etats-
Unisparle ministère de l’Agriculture (USDA) qui étaitalors fortementpréoccupé parlamise en
place d’une politique efficace de conservation des solsagricoles.Les travaux utilisantdesméthodes
de couplage ontensuite portésur desproblèmesde gestion de lapollution diffuse d’origine
agricole,voirMapp etal. (1994) etBouzaheretal. (1995). Lesapprochesparcouplage de modèles
économiques(oude modèlesdécisionnels)avecdesmodèlesde croissance de plantes sont
maintenantde plus en plus fréquentesdansle contexteagricole. Voir,parexemple, Bergezetal.
(2001) pour une application spécifiqueaupilotage de l’irrigation dumaïsouFlichman etJacquet
(2003) pour une présentation plus générale de l’intérêtde cesapprochespour l’évaluation des
politiqueséconomiques.
6Les stratégiesd’esquive en casde sécheresse nécessitent,parexemple,de connaître larelation
entre lesapports en eauaux différentesdatesd’une campagne d’irrigation etle rendementfinal. Or,
en économie de laproduction agricole,l’eauest en généralconsidérée comme un facteur agrégé, au
même titre que lesengraisoule travail. Just etPope (2002) ont rappelé que lanon-prise en compte
de l’hétérogénéité individuelle peut aboutiràdesbiaisimportants de spécification des technologies.