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LES BENEFICES DE L’IRM ET DE LA FUSION D’IMAGE
DANS LA PRISE EN CHARGE DU CANCER DE LA PROSTATE
INTERVIEW DU PROFESSEUR OLIVIER ROUVIERE
Professeur Rouvière, quels bénéfices l’IRM peut-elle apporter dans la prise en charge du cancer de
la prostate ?
La prise en charge du cancer de la prostate confronte les urologues à un double défi :
éviter les sur-diagnostics et les sur-traitements consécutifs ;
éviter les sous-diagnostics qui peuvent être fatals aux patients.
Le diagnostic de ce cancer, suspecté à la suite de la mesure d’un PSA trop élevé ou d’un toucher
rectal anormal, repose sur la réalisation de biopsies, qui consistent à aller voir ce qui se passe à
l’intérieur de la glande.
Mais, comme ce cancer de la prostate est difficile à voir à l’imagerie, notamment à l’échographie,
contrairement à d’autres cancers, les urologues doivent réaliser des biopsies à l’aveugle (en général
une douzaine), en s’appliquant certes à couvrir l’ensemble de la glande, mais sans jamais avoir la
certitude d’avoir ciblé les zones tumorales. D’où le risque :
de faux négatifs, lorsque les carottes n’ont pas touché la (ou les) tumeur(s) ;
de mésestimation du volume et de l’agressivité des tumeurs (par sous-estimation le plus
souvent, parfois par surestimation).
Il est essentiel de disposer de techniques d’imagerie suffisamment fiables pour mieux cibler les
biopsies et, par là, avoir une idée précise du volume et de l’agressivité des cancers, particulièrement
lorsque l’on souhaite proposer une surveillance active.
Par ailleurs, il est nécessaire de localiser avec précision la ou les tumeur(s) – le cancer de la prostate
est souvent multifocal - pour permettre aux urologues de proposer à leurs patients les traitements
focaux (ultrasons focalisés de haute intensité, cryothérapie, laser, photothérapie dynamique), voies
médianes entre la surveillance active, anxiogène, et la prostatectomie, qui expose aux risques
d’effets secondaires lourds pour le patient. En un mot, il nous faut trouver la carte pour voir où l’on
va et ce que l’on va traiter.
Dans cette perspective si l’échographie n’est pas très opérationnelle, et si, pendant longtemps, la
seule séquence T2 de l’IRM n’a pas permis de voir grand-chose, nous disposons, aujourd’hui, grâce
aux séquences IRM de diffusion et aux séquences dynamiques avec injection de gadolinium, d’outils
qui nous permettent de beaucoup mieux voir les tumeurs de la prostate.
Par ailleurs, les techniques de fusion d’image, qui consistent à importer les images acquises par IRM
dans l’image d’échographie et de les fondre grâce à un logiciel ad hoc, apportent un vrai bénéfice :
elles permettent de guider l’urologue tant dans la réalisation des biopsies que lors des interventions
focales. L’image, acquise en amont de l’intervention, garantit aux médecins une visibilité accrue mais
ne nécessite pas la mobilisation d’une IRM pendant toute la durée de l’acte – ce qui est essentiel
étant donnée la pénurie de machines IRM en France.