La Lettre du Sénologue • No 61 - juillet-août-septembre 2013 | 5
ÉDITORIAL
La place de l’imagerie
après le diagnostic de cancer du sein
Imagery after a breast cancer diagnosis
Jean-Rémi Garbay
Institut Gustave-Roussy, Villejuif.
Patrice Taourel
CHU de Montpellier.
Ces 15dernières années, l’imagerie a pris une place prépondérante
danslaprise en charge des cancers. Bien qu’il s’agisse d’un organe
superficiel, en théorie facile à examiner cliniquement, le sein n’a pas
échappé à ce mouvement. L’imagerie a un rôle essentiel au cours desdifférentes
étapes diagnostiques du cancer du sein: détection, caractérisation, bilan d’extension
et suivi d’un cancer traité. C’est sans doute dans l’évaluation deson rôle pour
lebilan d’extension du cancer du sein que les controverses et les interrogations
sontlesplusprégnantes aujourd’hui.
Dans ce numéro de La Lettre du Sénologue, nous vous proposons un “arrêt
surimage” illustrant et discutant les certitudes d’aujourd’hui et les controverses
sur la place de l’imagerie, une fois que le diagnostic de cancer du sein est posé,
en tentant de répondre à des questions très pratiques et quotidiennes : comment
l’IRM s’est-elle imposée comme l’examen le plus sensible ? Pourquoi et chez quelles
patientes faut-il savoir parfois ne pas prescrire d’IRM dans l’évaluation locale
d’uncarcinome in situ, voire d’un carcinome infiltrant ? Les paramètres de plus
en plus techniques utilisés dans l’évaluation de la réponse à la chimiothérapie
néo-adjuvante parviendront-ils à supplanter l’histologie et à changer les modalités
de cette prise en charge thérapeutique ? Les innovations techniques −tomosynthèse
en dépistage, angiomammographie − vont-elles entrer dans les standards et
rajeunir la mammographie en fournissant des images innovantes libérées de toute
la trame fibroglandulaire normale ? Il s’agirait alors d’une vraie révolution pour le
clinicien… Dans quelle mesure la recherche par échographie de ganglions axillaires
et leur biopsie, une recommandation actuelle, vont-elles modifier les indications
respectives du ganglion sentinelle etducurage axillaire ? Les nouveaux protocoles
de chimiothérapie vont-ils changer lesindications et les non-indications des bilans
d’extension métastatique ? Comment ne pas céder à la toute-puissance de l’imagerie,
à la volonté de trop bien faire, à l’origine de surdiagnostics et de surtraitements,
générateurs d’angoisse etdemorbidité ?
Nous remercions vivement les auteurs de ces pages d’avoir tenté de répondre
à ces questions de façon à la fois simple et argumentée. Cela n’est qu’un “arrêt
sur image”, tant il est vrai que les choses bougent vite, et parfois même très vite
en imagerie. C’est l’une des spécialités médicales qui ont le plus changé ces
20dernières années, mais c’est certainement celle qui a encore les plus importants
potentiels d’évolution à l’avenir. L’imagerie fonctionnelle de demain permettra
certainement de faire le diagnostic bénin-malin aussi bien que l’histologie, voire
mieux, en apportant de multiples paramètres de sensibilité aux traitements
enmême temps que le diagnostic. Les certitudes d’aujourd’hui seront sans doute
remplacées par d’autres, les questions et controverses trouveront des réponses.
C’est pourquoi nous vous donnons d’ores et déjà rendez-vous prochainement
surlesmêmes sujets !
Les auteurs déclarent ne pas avoir
de liens d’intérêts.