Le Monténégro et son intégration dans le royaume S.H.S.

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Le Monténégro et son intégration dans le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (1914-1921)
Mémoire de maîtrise d'histoire contemporaine de Guillaume Balavoine soutenu en septembre 1993 à l'université de Paris I
(Panthéon-Sorbonne) sous la direction de M. Bernard Michel - accessible sur le web à http://mapage.noos.fr/montenegro
Le Monténégro et son intégration dans le
royaume des Serbes, Croates et Slovènes
(1914-1921)
Guillaume Balavoine [www.guillaume-balavoine.net]
Mémoire de maîtrise d'histoire d'histoire contemporaine
UFR 09 de l'université de Paris I (Panthéon-Sorbonne)
mention: histoire de l'Europe Centrale et de l'Allemagne contemporaine
sous la direction de M. Bernard Michel
soutenu en septembre 1993
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Le Monténégro et son intégration dans le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (1914-1921)
Mémoire de maîtrise d'histoire contemporaine de Guillaume Balavoine soutenu en septembre 1993 à l'université de Paris I
(Panthéon-Sorbonne) sous la direction de M. Bernard Michel - accessible sur le web à http://mapage.noos.fr/montenegro
Table des Matières
Avant-propos ......................................................................................3
Introduction .......................................................................................4
1. Le Monténégro dans le conflit (1914-1916) ................................................9
I. La situation des Balkans en 1914........................................................ 10
A. La Ligue Balkanique ................................................................... 10
B. Les Guerres Balkaniques .............................................................. 12
C. Une paix précaire...................................................................... 14
II. L'entré en guerre ......................................................................... 17
A. La situation du Monténégro en 1914 ................................................ 17
B. Le Monténégro dans le conflit........................................................ 18
C. Le Monténégro et les Alliés........................................................... 21
III. Vers le désastre .......................................................................... 27
A. Le front d'Orient et les Alliés......................................................... 27
B. La retraite serbe ....................................................................... 28
C. Janvier 1916............................................................................ 30
2. L'exil (1916-1918)............................................................................ 34
IV. Un royaume en exil...................................................................... 35
A. Les "intrigues monténégrines"........................................................ 35
B. Les rapports avec les Alliés........................................................... 37
V. Les rapports serbo-monténégrins....................................................... 42
A. La Serbie, le Monténégro et l'union ................................................. 42
B. Radovitch et le Comité Monténégrin pour l'Union Nationale..................... 44
C. La légion monténégrine............................................................... 46
VI. 1918 et la victoire alliée................................................................ 50
A. La victoire Alliée dans les Balkans................................................... 50
B. ... Et ses conséquences sur le Monténégro ......................................... 51
C. La fin des Petrovitch-Niegoch........................................................ 53
3. Le rattachement au royaume des Serbes, Croates et Slovènes (1918-1921) ........ 58
VII. Les Alliés et l'occupation du Monténégro ............................................ 59
A. L'occupation Alliée du Monténégro .................................................. 59
B. Le Monténégro passe sous administration serbe................................... 60
VIII. La résistance à "l'annexion" ........................................................... 64
A. La politique de Nicolas................................................................ 64
B. Insurrection et conflit Verts/Blancs ................................................. 65
IX. Le sort du Monténégro .................................................................. 69
A. Le Monténégro devant la Conférence de la Paix................................... 69
B. Les élections à la Constituante et la reconnaissance de l'union................. 71
Conclusion....................................................................................... 76
Annexes.......................................................................................... 81
Bibliographie ...................................................................................109
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Le Monténégro et son intégration dans le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (1914-1921)
Mémoire de maîtrise d'histoire contemporaine de Guillaume Balavoine soutenu en septembre 1993 à l'université de Paris I
(Panthéon-Sorbonne) sous la direction de M. Bernard Michel - accessible sur le web à http://mapage.noos.fr/montenegro
Avant-propos
Pour des raisons de commodité, vis-à-vis de mes sources (et aussi pour des problèmes
de police), j'ai repris la transcription de la langue serbo-croate en vigueur à l'époque
des faits, que ce soit pour les noms communs ou les noms propres, et non la
transcription en latinica en vigueur aujourd'hui:
Tz ou ts = c par exemple Podgoritza pour Podgorica
Tch = c (avec un accent aigu) par exemple Radovitch pour Radovic
Ch = s (avec un accent circonflexe inversé) par exemple Pachitch pour Pasic
Ou = u par exemple skoupchtina pour skupstina
J = z (avec un accent circonflexe inversé) par exemple joupan pour zupan
De plus, il peut s'avérer que des noms de localité aient changé au cours de l'histoire,
en changeant notamment de pays. Là aussi, je reprends l'orthographe la plus
couramment employée à l'époque des événements:
Scutari = Skadar en serbe, aujourd'hui Shkodër en Albanie
Cettigné = Cetinje
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Introduction
La crise yougoslave qui s'étale depuis maintenant deux ans à la une des presses du
monde entier a provoqué chez les Européens, peut-être à cause de leur impuissance,
un regain d'intérêt, teinté d'inquiétude pour les Balkans que l'on avait pour habitude
de qualifier de poudrière avant 1914. Cette guerre qui par bien des aspects
s'apparente à une véritable guerre civile entre les différents peuples qui composaient
la nation yougoslave, marque la fin d'une idée qui avait donné naissance à un État à la
fin du premier conflit mondial; la Yougoslavie.
Celle-ci avait déjà connu de nombreux soubresauts qui ont notamment conduit à une
première disparition lors du partage de 1941, puis à sa résurrection sous l'égide de
Tito en 1945 sous la forme d'une fédération yougoslave. C'est pourquoi on est
aujourd'hui conduit à parler d'une troisième Yougoslavie lorsque l'on évoque la
fédération, issue de la dislocation de la Yougoslavie titiste et qui unit la Serbie et le
Monténégro.
Par son rôle de fidèle et unique partenaire de la Serbie au sein de cette fédération, le
Monténégro a retrouvé tout son intérêt notamment en tant qu'unique débouché sur la
mer de cette nouvelle Yougoslavie. Cette république de l'ex-Yougoslavie voulue par
Tito, ne doit son existence en tant que nation, et ce bien que les Monténégrins soient
de langue serbe et de religion orthodoxe, qu'à une longue tradition d'indépendance.
En effet, de tous les peuples yougoslaves, eux seuls n'ont jamais subi la domination
d'une puissance extérieure, notamment turque, ce qui vaut au Monténégro d'être
affublé du qualificatif de "village d'Astérix" dans l'ouvrage de Paul Garde [1], et ce
jusqu'en 1918 où il est rattaché au royaume des Serbes, Croates et Slovènes (S.H.S.).
La fin du premier conflit mondial se solde donc par la disparition de ce petit royaume
balkanique. On peut donc légitimement se poser le question de savoir, comment un
État qui a participé au conflit aux côtes des Alliés, a-t-il pu disparaître ainsi de la
carte politique européenne et ce après plus de cinq siècles d'indépendance? C'est
cette question qui m'a poussée à poursuivre une étude un peu plus approfondie, après
un travail personnel au cours de mon année de licence sur le Monténégro durant la
Grande Guerre, sur les raisons et les conditions de sa dilution au sein du royaume
S.H.S.
Adossé aux Alpes dinariques, dont les pieds baignent dans l'Adriatique face à l'Italie,
le Monténégro est entouré au Nord-Ouest par le puissant voisin autrichien avec
l'Herzégovine et la Dalmatie, à l'Est depuis 1913 par le royaume de Serbie grâce à la
conquête du Sandjak de Novi-Pazar [2] et au Sud par la toute nouvelle Albanie, voulue
par les grandes puissances et notamment l'Autriche-Hongrie et l'Italie. Petit pays par
la superficie; 14180 km2 dont 5100 annexés en 1913, pays de montagnes, difficile
d'accès, "Quand dieu créa le monde, il tenait à la main un sac plein de montagnes,
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Le Monténégro et son intégration dans le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (1914-1921)
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mais le sac vint à crever au-dessus du Monténégro et il tomba cette masse effroyable
de rochers" [3]. Pauvre et peu peuplé malgré l'apport d'une nouvelle population avec
l'annexion de la riche plaine de la Metohija [4] (435 000 habitants en 1914 contre 285
000 avant 1913), il n'en est pas moins fier de sa longue histoire et de son combat
contre l'Empire Ottoman qui expliquent notamment le rôle disproportionné que jouait
ce pays dans les Balkans par rapport à sa taille.
Le Monténégro fait sa première apparition dans l'histoire au cours du XI siècle mais
sous un autre nom; le royaume de Zeta du knez [5] Voislav. Son fils Michel (Mikailo)
pour renforcer son pouvoir et se détacher de la tutelle de Byzance [6] obtient du
pape en 1077 le titre royal et fixe sa capitale à Scutari [7]. Par la suite, la Zeta se
trouve rattachée à la Rascie [8] par l'action du grand joupan [9] Étienne Nemanja. La
mort d'Étienne Douchan en 1355 puis la défaite de Lazare devant les Ottomans en
1389 à Kosovo-Polje marquent la fin de l'Empire serbe et sa décomposition. Une
dynastie locale, les Balchides, s'empare du pouvoir en 1360 pour le conserver jusqu'en
1421, date à laquelle elle est remplacée par les Brankovtch puis les Crnojevitch en
1439. Pour faire face à la menace turque, ces trois familles tissent des liens avec la
république de Venise qui en échange reçoit des positions sur le littoral. Cependant
cette alliance restera sans effet, puisque lorsque le sultan Mehmed II s'empare de
Scutari en 1479, Venise n'intervient pas. Ivan Crnojevitch (1465-1490) est donc obligé
de transférer sa capitale plus à l'intérieur des terres, au pied du mont Lovtchen à
Cettigné [10]. Il y installe le métropolite ainsi qu'une imprimerie (la première du
monde slave). Installée dans ces montagnes, la principauté prend le nom de
Monténégro (Crna-Gora en serbe) en lingua franca qui était la langue utilisée par les
marins vénitiens.
À la disparition des Crnojevitch en 1496, le Monténégro est placé sous la suzeraineté
théorique du sultan qui faisait prévaloir ses droits en envoyant périodiquement des
expéditions militaires pour prélever le kharadj [11]. Réfugiés dans les montagnes, les
Monténégrins se réunissent autour du monastère de Cettigné. Se met alors en place
une théocratie élective avec à sa tête un prince-évêque: le vladika [12]. À cette
charge est adjointe celle moins prestigieuse de gouverneur civil: le governador. Mais
en réalité l'autorité réelle dans ces montagnes appartenait aux chefs des quelques 30
tribus, assistés de leur conseil d'ancien, qui levaient les taxes et rendaient une justice
clanique basée sur la vendetta.
Cette anarchie tribale, semblable à celle que connue l'Albanie jusqu'au XX siècle,
continue jusqu'en 1696 date à laquelle la charge de vladika est attribuée à Danilo
Petrovitch-Niegoch (1696-1735). Elle ne quittera alors plus cette famille, sauf
épisodiquement, et se transmettra jusqu'en 1918 d'oncle à neveu. Il réussit à fédérer
autour de lui les différentes tribus ainsi qu'à éliminer la population musulmane des
hautes terres en 1702 lors des "Vêpres monténégrines". En 1711, il noue des relations
avec la Russie de Pierre le Grand qui versera un subside annuel au Monténégro
jusqu'en 1916. Son successeur Sava (1735-1782) continuera la même politique de
désenclavement en nouant une alliance avec la république vénitienne. Son règne est
marqué par l'épopée extraordinaire d'un jeune paysan, Etienne Mali qui réussit à se
faire passer pour Pierre III, le tzar assassiné par son épouse Catherine II. Il réunit
autour de lui de nombreux partisans et prend part à de nombreux combats contre les
Turcs en Bosnie. Il réussit même à s'imposer et à dominer le pays en 1773, mais il
meurt assassiné l'année suivante.
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