NOTE DE L’AUTEUR
Le 16 avril 2010, le Président de la République annonçait, à l’occasion d’un déplacement en Seine
Saint Denis, sa décision de me confier une mission sur la médecine de proximité, montrant ainsi
qu’il avait entendu le message d’inquiétude et de mécontentement exprimé par les médecins.
En quelques lignes, je voudrais tout d’abord dire les raisons qui m’ont conduite à répondre
positivement à cette demande, aussi lourd soit-il de concilier, durant six mois, une telle mission
avec une activité professionnelle, elle-même, chronophage.
Etre médecin a été mon souhait dès mon adolescence. Exercer la médecine générale en cabinet
libéral a été un choix précoce et volontaire et non une orientation par défaut.
Cette activité était, pour moi, celle qui répondait le plus aux valeurs que j’associais et que j’associe
toujours à la médecine : écoute, humanité, respect du patient. Elle impliquait pour moi disponibilité
et engagement au service des malades.
Les études de médecine dans les années 70 ne préparaient pas plus, peut être même moins
qu’aujourd’hui, à l’exercice de la médecine ambulatoire mais nos professeurs, qui bien souvent
avaient eux mêmes exercé en libéral, nous enseignaient, au lit du malade, deux éléments
essentiels : l’importance de l’interrogatoire et la nécessité de procéder à un examen clinique, avant
toute autre démarche et nous sanctionnaient quand nous demandions des examens
complémentaires, avant d’avoir conduit correctement ces étapes.
Ce bonheur d’apprendre, cette envie d’exercer la médecine, cette relation si particulière qui se crée
entre un médecin et son patient, je souhaiterais que tous les jeunes médecins les connaissent à
leur tour.
Les hasards de la vie m’ont éloignée depuis 16 ans d’un cabinet médical, mais je n’ai pas oublié
les visages de certains de mes patients avec qui j’avais lié des liens plus forts qu’avec d’autres,
souvent parce que la maladie les avait frappés plus douloureusement. C’est en souvenir d’eux que
je défends dans ce rapport le droit, pour tous, d’accéder en tout point du territoire, à une offre de
santé de qualité.
Parce que je croyais indispensable la participation des médecins généralistes à la formation de
leurs futurs confrères, étudiante, j’ai participé à Nantes, à la fin des années 70, à la création des
premiers stages auprès du praticien.
Parce que déjà, il y après de 30 ans, j’estimais que les études de médecine ne préparaient pas à
l’exercice de la médecine générale, j’ai soutenu ma thèse de doctorat en médecine sur la
nécessaire réforme de cette formation.
Parce que je pensais que l’exercice libéral de la médecine devait être défendu, je me suis engagée
dans l’action syndicale puis en politique.
Parce que je crois profondément à l’évolution de notre offre de soins, j’essaie désormais de
contribuer à sa modernisation en développant l’hospitalisation à domicile.
Cette mission a donc été l’aboutissement de ces engagements et de ces combats conduits avec
des succès parfois mitigés, mais toujours avec sincérité et enthousiasme.
Je remercie le Président de la République de la confiance qu’il m’a témoignée en me chargeant de
ce dossier. Je souhaite que les préconisations et propositions énoncées dans ce rapport, fruit
d’expériences professionnelles et humaines, variées et riches, répondent bien sûr à son attente
mais aussi redonnent espoir et dignité à mes confrères médecins, toutes générations confondues.