N° 51 mercredi 14 janvier 2009
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9° Le VI est ainsi rédigé :
« VI. - À compter du 5 janvier 2009, les programmes
diffusés entre vingt heures et six heures des services
nationaux de télévision mentionnés au I de l'article 44, à
l'exception de leurs programmes régionaux et locaux, ne
comportent pas de messages publicitaires autres que ceux
pour des biens ou services présentés sous leur appellation
générique. Cette disposition s'applique également aux
programmes diffusés par ces services entre six heures et
vingt heures à compter de l'extinction de la diffusion par
voie hertzienne terrestre en mode analogique des services
de télévision mentionnés au I de l'article 44 sur l'ensemble
du territoire métropolitain. Elle ne s'applique pas aux
campagnes d'intérêt général. À l'extinction de la diffusion
par voie hertzienne terrestre en mode analogique des
services de télévision sur le territoire d'un département
d'outre-mer, d'une collectivité d'outre-mer ou de
Nouvelle-Calédonie, et au plus tard le 30 novembre 2011,
les programmes de télévision de la société mentionnée
au I de l'article 44 diffusés sur le territoire de la
collectivité en cause ne comportent pas de messages
publicitaires autres que ceux pour des biens ou services
présentés sous leur appellation générique, sous réserve de
l'existence d'une offre de télévision privée diffusée par
voie hertzienne terrestre en clair. Au plus tard le 1er juin
2011, le Gouvernement présente au Parlement un rapport
sur la mise en œuvre de cette disposition et son incidence,
notamment sur la société France Télévisions. Ce rapport
propose, le cas échéant, les adaptations nécessaires de la
présente loi. Au plus tard le 1er mai 2011, le
Gouvernement transmet au Parlement un rapport du
Conseil supérieur de l'audiovisuel évaluant, après
consultation des organismes professionnels représentatifs
du secteur de la publicité, l'incidence de ces dispositions
sur l'évolution du marché publicitaire et la situation de
l'ensemble des éditeurs de services de télévision.
« La mise en œuvre de l'alinéa qui précède donne lieu à
une compensation financière de l'État. Dans des
conditions définies par chaque loi de finances, le montant
de cette compensation est affecté à la société mentionnée
au I de l'article 44. »
Mme Annie David. – Cet article contient une
mesure phare : la suppression de la publicité sur les
chaînes de l'audiovisuel public après 20 heures le soir,
en attendant une suppression totale des écrans
publicitaires fin 2011. Un phare qui, à défaut d'éclairer,
risque fort de conduire à l'extinction des feux ! Car il ne
faut pas oublier le reste de l'article, et notamment le
contrat d'objectifs et de moyens qui fait de l'équilibre
financier la condition d'une bonne gestion de
l'audiovisuel public. On met du plomb dans les
chaussures de France Télévisions et on lui demande
de courir aussi vite qu’avant !
Le contrat d'objectifs et de moyens, qui constitue
de cœur de cet article sur la suppression de la
publicité, sera soumis à l'avis et au contrôle du
Parlement. Situation cocasse où, à défaut de choisir le
président de France Télévisions, le Parlement devra
servir d'auxiliaire du Gouvernement pour faire exécuter
ce qui procède de la négociation contractuelle entre
les sociétés de l'audiovisuel public et l'État ! Après
avoir laissé la désignation du président de
France Télévisions au fait du prince, les
parlementaires seraient donc appelés à être plus
royalistes que le roi, puisqu'il nous appartiendrait de
réprimander ce président qui ne respecterait pas ses
obligations contractuelles.
Ce schéma est un schéma de déclin du service
public de l'audiovisuel. Les garanties que l'État sera
bien en peine de respecter lui-même seront d'une telle
insuffisance que ce qui se produira est déjà connu. Le
député UMP Frédéric Lefebvre l’a dit : des centaines
d'emplois de service public vont disparaître dans les
années à venir, car les moyens feront défaut. La
production audiovisuelle va subir le contrecoup de
cette contraction des financements. Votre souhait
inavoué est d’opposer aide au cinéma par l'audiovisuel
public et maintien de l'emploi dans l'audiovisuel public.
Dois-je vous rappeler combien de grandes signatures
du cinéma français ont commencé par exercer leur
talent dans l'audiovisuel public ? Quelques noms :
Claude Sautet, Robert Enrico, Yannick Bellon, Maurice
Dugowson, Maurice Pialat, Laurent Cantet.
Ce que l’on attend du contrat d’objectifs et de
moyens, ce n'est pas d'atteindre des objectifs
inatteignables avec des moyens sans cesse réduits,
c'est juste d'organiser la déshérence et le déclin de
l'audiovisuel public. (Applaudissements à gauche)
M. Jack Ralite. – Cet article 18 est mort dans l’œuf
puisque vous avez d’ores et déjà organisé la
suppression de la publicité sur les chaînes de
France Télévisions. La décision a été prise par le
conseil d’administration du 16 décembre et appliquée
dès le 5 janvier.
Le débat que nous entamons est donc totalement
hypocrite et témoigne des méthodes
antidémocratiques du Gouvernement sur ce projet de
loi. Après avoir envisagé de passer en force par
décret, il a demandé au président de
France Télévisions de réunir son conseil
d’administration pour décider la fin de la publicité sur
les antennes de son groupe. Il a ainsi été contraint
d’anticiper d’étrange manière l’adoption de cet article,
mettant la représentation nationale devant le fait
accompli. En voulant absolument que la réforme de
l’audiovisuel public soit bouclée à la fin de 2008, le
Président de la République n’a pas donné au
Parlement le temps de débattre sereinement de ce
projet de loi. C’est, comme je l’ai dit lors de la
discussion générale, de la délinquance
gouvernementale.
On entend au Sénat des grincements de dents, y
compris au sein de votre majorité, pour ce déni de
démocratie. Vous vous êtes effectivement passé avec
dédain des réflexions de notre Haute assemblée. Le
forfait est désormais commis et vous avez mis en
place une nouvelle forme de régime politique : la