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être spéciques d’organes, secondaires à une réaction anticorps dirigée contre
des antigènes dont la distribution tissulaire est limitée (glomérulonéphrite
extramembraneuse, syndrome de goodpasture), ou être systémiques lorsque les auto-
antigènes sont ubiquitaires (lupus systémique, syndrome des antiphospholipides) ou
circulants (cryoglobulinémie). Les lymphocytes B semblent aussi impliqués dans les
maladies inammatoires chroniques indépendamment de la production d’anticorps.
Le rôle pathogène des anticorps a été clairement démontré dans plusieurs maladies
rénales. En ce qui concerne les GEM, les modèles expérimentaux ont montré
l’implication d’anticorps dirigés contre des antigènes podocytaires. La description
d’une glomérulonéphrite extra membraneuse induite par une allo-immunisation
foetomaternelle contre un antigène podocytaire a démontré l’implication des anticorps
anti-antigènes podocytaires dans la physiopathologie de cette glomérulonéphrite
chez l’homme [2]. De même, le rôle pathogène des ANCA a été démontré chez la
souris en induisant la maladie par transfert passif d’anticorps anti-MPO [3]. L’existence
de cas de vascularite chez le nouveau né induit par passage maternofoetale des
ANCA maternels plaide pour un rôle pathogène des ces anticorps chez l’homme [4].
Dans d’autres affections telles que le syndrome des antiphospholipides, les données
expérimentales et cliniques ne permettent pas de savoir si les auto-anticorps détectés
sont des marqueurs ou des acteurs de la pathologie.
A côté du rôle pathogène des auto-anticorps, le lymphocyte B pourrait être impliqué
dans les maladies dysimmunitaires en activant la réponse lymphocytaire T. Dans
le modèle de souris lupique MLR/lpr, les lymphocytes B sont indispensables à
l’apparition de la maladie [5]. Par contre la présence d’anticorps circulants n’est
pas nécessaire. En effet, une mutation des lymphocytes B de ces souris qui inhibe
la sécrétion des immunoglobulines sans en bloquer l’expression membranaire
n’empêche pas le développement de la maladie [6]. Dans ce modèle, les cellules
B autoréactives jouent un rôle important dans la progression de la maladie en
activant les cellules T.. Dans les néphropathies interstitielles primitives ou associées
à une néphropathie à IgA, l’inltration lymphocytaire B prédomine [7]. Dans un
tiers des cas, les inltrats forment des structures lymphoïdes tertiaires entourés
de néolymphatiques. Ces structures ont aussi été décrites dans la néphropathie
lupique et dans les vascularites à ANCA [8]. Ces organes lymphoides tertiaires (OLT)
sont retrouvés dans de nombreuses maladies inammatoires chroniques telles
que la polyarthrite rhumatoide, la thyroidite d’Hashimoto, le syndrome de Sjogren
et les maladies inammatoires digestives [9]. Les OLT rapprochent la réponse
immunitaire de l’antigène tissulaire. Ils sont composés de cellules B, T et de cellules
dentritiques. Les lignées B, stimulées par l’antigène, se différentient dans ces OLT
avec commutation de classe et hypermutation de la partie VDJ. Cette différentiation
lymphocytaire au sein des tissus inammatoires conduit a une maturation de l’afnité
dépendante des antigènes tissulaires et ainsi à la formation de clones B autoréactifs
avec de nouvelles spécicités antigéniques. La maturation lymphocytaire B se faisant
dans des centres germinatifs ectopiques peut conduire à la génération de clones