L`artère iliaque interne chez la femme

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UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MAITRISE EN SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
M.S.B.M
MEMOIRE POUR LE CERTIFICAT D’ANATOMIE, D’IMAGERIE ET DE MORPHOGENESE
2002-2003
UNIVERSITE DE NANTES
L’artère iliaque interne chez la femme
Par
Elis Jessica
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE
NANTES
Président du jury :
Pr. J. LEBORGNE
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Pr. O. ARMSTRONG
Pr. P. COSTIOU
Pr. D. CROCHET
Pr. A. DE KERSAINT-GILLY
Pr. B. DUPAS
Pr. Y. HELOURY
Pr. J.P. MOISAN
Pr. N. PASSUTI
Pr. R. ROBERT
Pr. O. RODAT
UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MAITRISE EN SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
M.S.B.M
MEMOIRE POUR LE CERTIFICAT D’ANATOMIE, D’IMAGERIE ET DE MORPHOGENESE
2002-2003
UNIVERSITE DE NANTES
L’artère iliaque interne chez la femme
Par
ELIS Jessica
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE
NANTES
Président du jury :
Pr. J. LEBORGNE
Vice-Président :
Pr. J.M. ROGEZ
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Pr. Y. HELOURY
Pr. J.P. MOISAN
Pr. N. PASSUTI
Pr. R. ROBERT
Pr. O. RODAT
-2-
J’adresse mes sincères remerciements :
- à tous les professeurs qui nous ont enseigné l’anatomie et ses intérêts au
cours de cette MSBM
- au Professeur J. LEBORGNE pour m’avoir permis de travailler sur ce
sujet
- au Professeur B. DUPAS pour les artériographies qu’il m’a aimablement
fournies
- aux moniteurs du laboratoire d’anatomie Yvan BLIN et Stéphane
LAGIER pour leur aide, leur disponibilité et leur bonne humeur
-3-
PLAN
I) Introduction
II) Organogenèse de l’artère iliaque interne
III) Rappels anatomiques
3-1) Origine, trajet et rapports
3-2) Les branches de division de l'artère iliaque interne
3-3) Les différents modes de distribution selon les données de la
littérature
IV) Conduite de la dissection
4-1) But des dissections
4-2) Matériel de dissection
4-3) Sujets et voies d’abord
V) Résultats des dissections
5-1) Les artères iliaques primitives
5-2) Origine des artères iliaques internes
5-3) Les rapports vasculo-nerveux de l'artère iliaque interne
5-4) Les rapports de l'artère iliaque interne avec l’uretère et le
rectum
5-5) Les différentes branches de l'artère iliaque interne
VI) Imagerie de l'artère iliaque interne
L’artériographie essentiellement
VII) Applications cliniques et chirurgicales
7-1) Anévrysme de l'artère iliaque interne
7-2) Claudication intermittente artérielle
7-3) Hémorragies de la délivrance
7-4) Traumatismes du bassin
VIII) Conclusion
-4-
I) Introduction
Anciennement nommée « artère hypogastrique », l'artère iliaque interne
représente la principale source de vascularisation du bassin. Branche de division
postéro-interne de l’artère iliaque primitive, elle irrigue diverses structures
anatomiques viscérales et pariétales (intra et extra pelviennes).
On peut diviser l’artère en deux segments :
- un segment de ligature qui repose sur l’aileron sacré et ne donne
pas de branches
- un segment d’épanouissement qui donne naissance aux branches
viscérales et pariétales (après une division en deux troncs principaux, le plus
souvent)
Les modalités d’origine de ces différentes branches sont très nombreuses.
Elles peuvent en effet aussi bien naître directement de l'artère iliaque interne que
de l’un de ses deux troncs terminaux.
Chez la femme, l'artère iliaque interne et ses branches vont être sujettes à
certains traumatismes liés à la grossesse, en plus des pathologies moins
fréquentes comme les anévrysmes, et des lésions traumatiques lors des fractures
du bassin.
II) Organogenèse des artères iliaques internes
Les artères iliaques internes dérivent des artères ombilicales du fœtus.
Conduisant le sang fœtal de l’aorte vers le placenta, les artères ombilicales
représentent primitivement les artères principales de la partie inférieure du
corps.
Les artères iliaques externes et les branches originaires des artères iliaques
internes vont se développer peu à peu avec le membre inférieur, le bassin (et ses
muscles pariétaux) et les viscères pelviens.
A la naissance, après ligature du cordon, les artères ombilicales
s’atrophient dans leur segment distal pour devenir des artères à destinée
vésicale. Seule leur portion proximale reste perméable, donnant les branches
collatérales principales et par la suite les troncs artériels iliaques internes.
-5-
III) Rappels anatomiques
3-1) Origine, trajet et rapports
Origine :
L'artère iliaque interne est la branche de bifurcation postéro-interne de
l’artère iliaque primitive (elle-même branche de division de l’aorte abdominale).
Elle naît au niveau du versant supérieur de l’aileron sacré, légèrement en dedans
de l’interligne sacro-iliaque.
Trajet :
D’abord comme accolée à la face postéro-interne de son homologue
externe, l'artère iliaque interne descend quasi verticalement en avant de l’aileron
sacré. Elle croise ensuite le détroit supérieur pour pénétrer l’excavation
pelvienne où elle devient oblique en bas et en arrière. Elle se termine
généralement un peu au-dessus de la grande échancrure ischiatique pour donner
ses branches de division, dont le mode de distribution est très variable.
Il est de coutume de diviser l'artère iliaque interne en deux segments :
- un segment de ligature, qui concerne la portion de l’artère
reposant sur l’aileron sacré, au dessus du détroit supérieur et qui ne donne pas de
branches
- un segment d’épanouissement, situé au dessous du détroit
supérieur et à partir duquel naissent les branches de division de l’artère.
Rapports :
a) du segment de ligature
Le principal rapport externe est l’artère iliaque externe, qui masque en
partie l'artère iliaque interne.
L'artère iliaque interne est séparée de l’aileron sacré par un plan veineux et
un plan nerveux.
Le plan veineux correspond aux veines iliaques. Les rapports sont
différents à droite et à gauche : la veine iliaque interne droite se situe en arrière
et en dehors de l’artère ; à gauche, elle se trouve en arrière et en dedans. Il en est
-6-
de même pour l’origine des veines iliaques primitives qui, à gauche, se trouve en
arrière de l'artère iliaque interne, tandis qu’à droite, la veine iliaque primitive
naît dans la fourche des iliaques.
Le plan nerveux est constitué :
- du tronc lombo-sacré, qui descend derrière l’artère, parallèle à
celle-ci, vers le bas et le dehors
- du nerf obturateur, plus en dehors, qui émerge au bord interne du
muscle psoas et croise la face postérieure de l’artère.
Puis plus postérieurement se trouvent l’insertion du muscle iliaque, le
ligament sacro-iliaque interne et enfin l’aileron sacré.
En avant de l’artère passe l’uretère correspondant. Les rapports sont
différents à droite et à gauche.
A droite, l’uretère croise d’abord les vaisseaux iliaques externes au dessous
de la bifurcation puis chemine en avant et en dehors de l'artère iliaque interne.
A gauche, l’uretère est plus postérieure : elle croise l’artère iliaque
primitive avant de s’appliquer contre la face interne de l'artère iliaque interne,
reposant sur la veine iliaque interne. (Cependant, si la bifurcation des iliaques
est haute, l’uretère viendra se placer à la face antéro-externe de l’artère après
avoir croisé les vaisseaux externes.)
Le principal rapport médial est le promontoire.
b) du segment terminal
En arrière, l’artère est en contact avec la partie haute de l’excavation
sacrée, en dedans de l’interligne articulaire sacro-iliaque. Entre ces deux
structures s’interposent : le ligament sacro-iliaque interne, l’insertion sous le
premier trou sacré du muscle pyramidal et le plan veineux (constitué des veines
qui formeront la veine iliaque interne).
En dehors de l’artère sont situés le muscle obturateur interne et le tronc
nerveux lombo-sacré.
En avant chemine la partie terminale de l’uretère puis le péritoine.
En dedans de l’artère est situé le rectum dont les parois touchent les artères
iliaques internes lorsqu’il est distendu (la gauche plus particulièrement).
-7-
3-2) Les branches de division de l'artère iliaque interne
Les branches issues de l’artère sont au nombre de douze et peuvent être
classées en trois groupes, suivant les structures vascularisées :
- les branches viscérales pelviennes :
- art. utérine
- art. vaginale longue
- art. ombilicale (qui donne les art. vésicales supérieures)
- art. vésicale inférieure
- art. hémorroïdale moyenne
- les branches pariétales intra-pelviennes :
- art. ilio-lombaire
- art. sacrée latérale supérieure
- art. sacrée latérale inférieure
- les branches pariétales extra-pelviennes :
- art. fessière (glutéale supérieure)
- art. ischiatique (glutéale inférieure)
- art. honteuse interne (pudendale)
- art. obturatrice
Certaines branches vont, par le biais de la gaine iliaque interne, former des
lames vasculaires correspondant à des replis péritonéaux. Ainsi, les artères
hémorroïdales moyennes vont former les ailerons latéraux du rectum, les artères
utérines donneront les ailerons latéro-génitaux et les artères ombilicales les
ailerons latéro-viscéraux.
3-3) Les différents modes de distribution selon les données de la
littérature
Les modalités d’origine des diverses branches de l'artère iliaque interne
sont très nombreuses. Trois conceptions principales ont été proposées à ce sujet :
- La distribution selon Poirier et Quénu, qui représente environ
65% des cas, suppose que l’artère se divise en deux troncs : un tronc postérieur
fessier (qui donne trois collatérales) et un tronc antérieur ischio-honteux (qui
donne les collatérales pelviennes)
- La conception classique selon laquelle l’artère se divise en trois
grosses branches au sommet de la grande échancrure ischiatique (artères
fessière, ischiatique et pudendale). C’est alors la branche antérieure (pudendale)
qui donne les collatérales pelviennes
- La conception de Farabeuf selon qui l’artère se continue
directement par l’artère honteuse interne, les autres branches étant des
collatérales.
-8-
IV) Conduite de la dissection
4-1) But des dissections
Les différentes dissections ont eu pour but d’étudier, sur trois sujets de sexe
féminin, la situation anatomique, la distribution et les rapports de l’artère iliaque
interne.
Des variations ainsi qu’une pathologie anévrysmale ont ainsi pu être mises
en évidence.
4-2) Matériel de dissection
- blouse
- gants
- bistouri n°4 avec lame 23
- ciseaux droits pointus ou courbes à bouts arrondis
- pinces à disséquer avec ou sans griffes
- pinces à clamper diverses
- curette
- sécateur
- pince à os
- scie
- marteau et burin
4-3) Sujets et voies d’abord
Trois sujets anatomiques de sexe féminin ont été utilisés :
- un sujet de 90 ans et 4 mois frais
- un sujet de 90 ans et 7 mois frais
- un sujet de 88 ans et 8 mois frais congelé
Le premier sujet a permis la découverte de l’origine des artères à partir de
l’aorte et des artères iliaques primitives, ainsi que le rapport privilégié avec
l’uretère correspondant et le rectum.
Le deuxième sujet fut réduit à une pièce anatomique limitée à la troisième
vertèbre lombaire crânialement et aux plis de l’aine caudalement. Ont ensuite été
-9-
effectuées des manœuvres et opérations visant à individualiser le bloc viscéral
du petit bassin (vessie, vagin, utérus et rectum) ainsi mobilisable, et à faire céder
les articulations sacro-iliaques. Les os coxaux furent sciés au niveau des trous
obturateurs et les articulations sacro-iliaques fracturées. Il en a ainsi résulté une
pièce anatomique complète (avec conservation des viscères) offrant une certaine
liberté en ce qui concerne les voies d’abord.
Le troisième sujet fut congelé puis scié dans la largeur au niveau de la
vertèbre L1, puis dans un plan sagittal médial (les membres inférieurs ayant été
ôtés avant congélation). Cette démarche permit l’étude de deux hémi-bassins par
une voie d’abord médiale. Le sujet étant atteint d’un anévrysme aorto-iliaque,
l’hémi-bassin droit ne fut pas disséqué.
V) Résultats des dissections
Au terme des dissections sur les différents sujets, l’origine, les
rapports et les branches de division de l'artère iliaque interne ont été mis en
évidence.
5-1) Les artères iliaques primitives
L'artère iliaque interne est la branche de bifurcation postéro-interne de
l’artère iliaque commune correspondante, la branche antéro-externe étant l’artère
iliaque externe qui vascularise le membre inférieur.
Les artères iliaques primitives se divisent à hauteur de la vertèbre L4 ou du
disque intervertébral L4-L5. Elles ont ensuite un trajet oblique en bas, en dehors
et légèrement en avant. Leur trajet est rectiligne chez l’enfant alors qu’il peut
présenter des flexuosités chez la personne âgée. L’artère iliaque primitive
gauche est toujours située sur un plan plus postérieur que la droite, ce qui donne
à la bifurcation aortique un mouvement de torsion sur son axe.
Elles ont une longueur d’environ 6 cm pour un calibre de 11 mm, et se
divisent au niveau du versant supérieur de l’aileron sacré, en dedans des
articulations sacro-iliaques, en artères iliaques interne et externe.
- 10 -
Origine des artères iliaques primitives
Haut
Gauche
Aorte
abdominale
VCI
Art. iliaque
primitive G
Uretère D
Art. iliaque
externe G
Art. iliaque
interne G
Veine iliaque
primitive G
Origine des artères iliaques primitives avec
rotation sur l’axe aortique
Haut
Aorte
abdominale
Gauche
Art. iliaque
primitive G
Art. iliaque
primitive D
Art. iliaque
interne G
Art. iliaque
interne D
- 11 -
5-2) Origine des artères iliaques internes
Les artères iliaques internes naissent de l’artère iliaque primitive
correspondante à hauteur du versant supérieur de l’aileron sacré, en dedans de
l’articulation sacro-iliaque. Elles se séparent de l’artère iliaque externe
homologue soit directement, suivant un angle d’environ 30°, soit après un
accolement intime d’environ 1 cm avec celle-ci.
Origine des artères iliaques internes
Haut
Gauche
Aorte
abdominale
Art iliaque
primitive D
Art. iliaque
externe G
Art. iliaque
interne G
Disque L5-S1
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5-3) Les rapports vasculo-nerveux de l’artère iliaque interne
L'artère iliaque interne descend verticalement contre la paroi pelvienne,
accompagnée de nœuds lymphatiques inter-iliaques et iliaques internes.
En arrière, elle est en rapport avec un plan nerveux et un plan veineux qui
la séparent de l’aileron sacré.
Le plan nerveux correspond :
- au tronc lombo-sacré (qui naît des branches antérieures des 4ème et 5ème
racines lombaires)
- au nerf obturateur qui est plus en dehors ; il émerge du bord interne du
muscle psoas et croise la face postérieure de l'artère iliaque interne.
Rapport de l'artère iliaque interne
avec le tronc lombo-sacré
Haut
Avant
Art. iliaque
externe G
Concavité
sacrale
Art. iliaque
interne G
Tronc
postérieur
Art.
fessière G
Tronc
nerveux
lombo-sacré
Le plan veineux correspond aux veines iliaques interne et externe.
A gauche, ces deux veines confluent en arrière de l'artère iliaque interne
pour donner naissance à la veine iliaque primitive.
A droite, l’origine de la veine iliaque primitive se situe dans la fourche des
iliaques.
- 13 -
Rapports veineux de l'artère iliaque interne gauche
(vue médiale)
Haut
Avant
Sacrum
en coupe
sagittale
médiale
Veine iliaque
primitive G
Art. iliaque
interne G
Veine
iliaque
interne G
Art. iliaque
externe G
réclinée
Plexus
veineux
iliaque
interne G
Veine
iliaque
externe
- 14 -
5-4) Les rapports de l'artère iliaque interne avec l’uretère et le
rectum
L’uretère est un rapport privilégié de l'artère iliaque interne. Ce conduit,
adhérent au péritoine, passe en avant de l’artère mais de façon un peu différente
à droite et à gauche (voir 3-1, rapports du segment de ligature).
Chez le sujet de la photographie suivante, la bifurcation des iliaques est
haut située, ce qui explique la position de l’uretère contre la face antéro-externe
de l'artère iliaque interne (tandis qu’elle est plutôt médiale à l’artère quand la
division se fait plus tard).
Rappelons que l’uretère forme avec les vaisseaux iliaques internes la paroi
postérieure de la fossette ovarienne (limitée en haut par les vaisseaux iliaques
externes, en bas par les vaisseaux et nerf obturateurs et en avant par la face
postérieure du ligament large).
Médialement, les artères iliaques internes sont en rapport avec les parois
latérales du rectum. Lorsque celui-ci est distendu, il vient au contact des artères,
à gauche plus particulièrement (comme on peut le voir sur la photographie).
- 15 -
Rapports de l'artère iliaque interne avec l’uretère et le rectum
Haut
Gauche
Art. iliaque
primitive G
Art iliaque
primitive D
Disque L5/S1
Veine iliaque
primitive G
Promontoire
Art. iliaque
externe G
Rectum distendu
Uretère G
Art. iliaque
interne G
- 16 -
5-5) Les différentes branches de l'artère iliaque interne
Vue générale de la distribution
Le mode de distribution de l'artère iliaque interne est des plus variables. Il
suit souvent le schéma général de deux troncs principaux, un antérieur et un
postérieur, donnant naissance à des artères viscérales et pariétales (citées dans
3-2, les branches de division de l'artère iliaque interne).
Dans l’hémi-bassin gauche de la photographie 551, la division de l'artère
iliaque interne est assez originale.
En effet, elle se sépare en un tronc antérieur nettement individualisé qui
donnera des branches viscérales, et un tronc postérieur prolongeant finalement le
segment de ligature de l’artère.
Le tronc postérieur donne naissance à l’artère ilio-lombaire, à l’artère
fessière, aux artères sacrées latérales inférieure et supérieure et se termine par
l’artère ischiatique alors que, selon la littérature, elle naît habituellement du
tronc antérieur. Elle s’engage alors entre les 2ème et 3ème racines sacrées pour
quitter le bassin par le canal sous-pyramidal.
La photographie 552 met en évidence un autre mode de distribution où le
tronc postérieur est cette fois-ci plus individualisé, tandis que le tronc antérieur
prolonge le segment artériel d’origine.
On remarque les artères sacrées latérales supérieure et inférieure qui
pénètrent respectivement dans les 1er et 2nd trous sacrés.
Le tronc postérieur se termine alors par l’artère fessière (l’artère ischiatique
naissant du tronc antérieur).
- 17 -
551 - Distribution des branches de division de l'artère
iliaque interne gauche (d’un hémi-bassin)
Disque L5-S1
Haut
Artère iliaque
externe Gauche
Avant
Artère iliaque
interne Gauche
Sacrum en
coupe sagittale
Tronc lombo-sacré
Art. ombilicale
Art. sacrées latérales
sup. et inf.
Vessie en CS
Art. fessière G
Art. utérine
Lumière vaginale
Art. ischiatique
Art. honteuse
interne
- 18 -
552 - Division de l'artère iliaque interne droite
avec mise en évidence du tronc postérieur
Haut
Gauche
Art. iliaque
primitive G
Art. iliaque
primitive D
Art. iliaque
interne G
Art. iliaque
interne D
Art. sacrée
latérale sup
Tronc de division
postérieur
Art. sacrée
latérale inf
Tronc de division
antérieur
- 19 -
Les différentes branches de division
L’artère obturatrice (photographies 553 et 554) : elle descend en avant
vers le canal obturateur pour se terminer en deux branches, antérieure et
postérieure.
Dans le bassin, elle est appliquée sur le fascia du muscle obturateur interne.
Elle est longée au-dessus par le nerf obturateur et au-dessous par la veine
obturatrice. Sa partie terminale répond aux nœuds lymphatiques obturateurs.
Son origine est très variable. Elle peut naître :
- du tronc postérieur (cas de la photographie 554)
- de l’artère fessière
- de l’artère ischiatique
- de l’artère iliaque externe ou de l’artère honteuse interne (cas de la
photographie 553)
- de l’artère épigastrique inférieure
L’artère ombilicale (photographies 553 et 554): c’est en général la
première branche à naître du tronc antérieur.
Chez le fœtus, elle représente l’axe artériel principal qui apporte au
placenta le sang hypo-oxygéné de l’enfant. A la naissance, sa partie distale
devient un cordon fibreux (le ligament ombilical médial).
Elle se dirige en bas et en avant pour longer la partie supérieure de la face
inféro-latérale de la vessie.
Elle donne naissance dans sa partie proximale aux artères vésicales
supérieures.
L’artère pudendale ou honteuse interne (photographie 555) : elle suit le
nerf honteux avec lequel elle quitte le bassin par le canal sous-pyramidal de la
grande échancrure ischiatique. Ils retournent ensuite dans le bassin par la petite
échancrure ischiatique en contournant l’épine ischiatique. Ils vont alors
cheminer dans le canal d’Alcock, formé par un dédoublement de l’aponévrose
de l’obturateur interne. L’artère se termine dans l’espace périnéal profond en
donnant deux branches : les artères dorsale et profonde du clitoris.
Elle donne de nombreuses collatérales : des rameaux musculaires, des
rameaux hémorroïdaux inférieurs, d’autres pour les grandes lèvres et le périnée.
- 20 -
553 - Artère obturatrice gauche
Médial
Haut
3ème racine
sacrée
Art. ombilicale
Art. ischiatique
Art honteuse
interne
Nerf obturateur
Art. obturatrice
Art. iliaque
interne G
Rameaux
musculaires de
l’art. obt. pour les
muscles psoas et
obt. int.
Branche de l’art.
ilio-lombaire pour
le m. iliaque
Ganglion de la chaîne
interne
- 21 -
554 - Artères ombilicale et obturatrice gauches
Haut
Gauche
Art. iliaque
primitive G
Art. iliaque
interne G
Nerf
obturateur
Art.
ombilicale
Art. obturatrice
G
Art. vésicales
sup
Rameau vésical
- 22 -
555 - Artère honteuse interne droite
Droite
Haut
Art. iliaque
interne D
Art. iliaque
externe D
Art. iliaque
primitive G
Nerf
obturateur
Art.
Ombilicale
Art. fessière D
Art. sacrées
lat inf et sup
Art.
pudendale D
- 23 -
L’artère vésicale inférieure : elle descend médialement et en avant
pour atteindre la base de la vessie. Elle peut naître d’un tronc commun avec
l’artère hémorroïdale moyenne.
L’artère hémorroïdale moyenne (photographie 557): elle se dirige en
bas et médialement vers la face latérale du rectum pour vasculariser sa partie
inférieure. Elle est inconstante.
L’artère utérine : elle naît juste en avant de l’uretère qu’elle suit sur 2
ou 3 cm, puis pénètre dans la base du ligament large. Elle atteint la partie
inférieure du col de l’utérus puis remonte sur son bord latéral jusqu’à la
terminaison de la trompe. C’est une artère flexueuse afin d’assurer une certaine
réserve d’allongement lors d’une grossesse.
L’artère vaginale longue : elle se dirige en bas, en dedans et en avant
puis se divise en deux rameaux qui se ramifient sur les parois antérieure et
postérieure du vagin.
L’artère fessière ou glutéale supérieure (photographies 551 et 552):
branche principale du tronc postérieur qu’elle prolonge, elle descend entre le
tronc lombo-sacré et la 1ère racine sacrée puis sort du bassin par la grande
échancrure ischiatique au-dessus du muscle pyramidal. Elle se divise alors dans
la région fessière en deux branches superficielle et profonde.
L’artère ischiatique ou glutéale inférieure : le plus souvent la plus
grosse branche du tronc terminal antérieur, elle descend entre les 2ème et 3ème
racines sacrées pour s’engager dans la grande échancrure ischiatique sous le
muscle pyramidal. Elle est destinée aux régions glutéale et fémorale postérieure.
L’artère ilio-lombaire (photographie 558) : elle naît à la face
postérieure de l'artère iliaque interne et monte à sa face postérieure, en avant du
tronc lombo-sacré. Elle pénètre dans la fosse lombo-sacrée comprise entre la
5ème vertèbre lombaire et le muscle psoas. Elle se divise en deux branches :
- une branche transversale ou iliaque qui se dirige vers le dehors
- une branche ascendante pour les muscles psoas, carré des lombes et
spinaux.
- 24 -
Les artères sacrées latérales supérieure et inférieure (photographie
556) : elles naissent du tronc postérieur. La supérieure se dirige transversalement
vers le 1er foramen sacré et donne un rameau spinal pour ce foramen.
L’inférieure, plus volumineuse, descend verticalement le long des foramens
sacrés et donne des branches spinales pour les 2ème, 3ème et 4ème trous sacrés.
Ces artères vascularisent le muscle pyramidal et les méninges spinales.
Dans 40% des cas, il n’y en a qu’une, qui prend alors en charge les quatre
foramens cités.
556 - Artères sacrées latérales inférieure
et supérieure
Haut
Avant
Art. iliaque
interne G
Plan de section
sagittal et
médial du
sacrum
Tronc de
division
antérieur
Art. sacrée
latérale sup
Art.
ischiatique
Art. sacrée
latérale inf
- 25 -
557 - Artère hémorroïdale moyenne
Droite
Haut
Art. iliaque
externe D
Art.
obturatrice
Tronc
antérieur
Art. ombilicovésicale
Art. iliaque
primitive D
Art.
hémorroïdale
moyenne D
Art. iliaque
interne D
- 26 -
558 - Artère ilio-lombaire et ses
branches de division
Gauche
Bas
L’artère iliaque primitive a été désolidarisée du plan
osseux. L’artère iliaque a été réclinée en position
médiale pour libérer le plan du muscle iliaque.
Plan du M.
iliaque
M. psoas
Nerf
obturateur G
Art. iliaque
ext. G
réclinée
Branches de
division de
l’art. iliolombaire
Art iliaque
int. G
Art. iliolombaire
Tronc postérieur
de division de
l’art. iliaque int.
- 27 -
VI) Imagerie de l'artère iliaque interne : l’artériographie
essentiellement
L’exploration par l’imagerie de l'artère iliaque interne se résume à
l’artériographie. Cet examen permet de visualiser toutes les branches de division
de l’artère et de diagnostiquer un certain nombre de pathologies qui lui sont
attribuées. En outre, cette technique permet, en plus de son intérêt diagnostique,
d’effectuer des gestes thérapeutiques tels des embolisations pour stopper des
hémorragies.
L’échographie peut également aider au diagnostic de certaines
malformations de l’artère telles que l’anévrysme, mais est bien moins sollicitée.
Voici quelques clichés d’artériographie qui ont mis en évidence des
pathologies liées aux branches issues de l'artère iliaque interne.
Ménorragies sur fibrome interstitiel du fond utérin chez une
femme de 30 ans
L’artériographie a été accompagnée d’une embolisation utérine bilatérale.
On peut observer des anastomoses inter utérines et une anastomose utéroovarique droite.
Ananstomose
utéro-ovarique
Droite
Art. utérine
Droite
Utérus
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Fracture du bassin et du sacrum après défenestration chez une
femme de 28 ans : on observe une rupture de l’artère sacrée latérale gauche.
Art. iliaque
interne G
Art. sacrée
latérale
rompue
Tronc de
division
postérieur
Tronc de
division
antérieur
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Hémorragie de la délivrance chez une femme de 32 ans : sur le 1er
cliché, on visualise l’hémorragie par rupture de l’artère utérine droite, et sur le
2nd la rupture de l’artère utérine gauche.
Il y eut ensuite embolisation utérine bilatérale.
Art. iliaque
primitive D
Art. iliaque
interne D
Art. utérine D
rompue
Art. iliaque
externe D
Art. iliaque
interne G
Art. utérine G
rompue
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VII) Applications cliniques et chirurgicales
Les pathologies de l'artère iliaque interne sont pour la plupart de nature
obstructive ou nécessitant un traitement visant à boucher l’artère. C’est pourquoi
il est intéressant, avant d’aborder les applications cliniques et chirurgicales
proprement dites, de rappeler la richesse des voies de suppléance entre l'artère
iliaque interne et les autres artères telles que l’artère mésentérique inférieure,
l’artère fémorale profonde et l'artère iliaque interne controlatérale.
Voies artérielles de suppléance du petit bassin
Art. iliaque
interne D
Suppléance
entre les art.
ilio-lombaire et
circonflexe
iliaque
Suppléance
entre art. sacrées
latérales et
médiale
Art. iliaque
externe D
Suppléance
entre art.
obturatrice et
épigastrique inf
Suppléance
entre art.
rectales sup et
moyenne
Suppléance
entre les art.
ischiatique et
profonde de
la cuisse
Suppléance
entre art.
utérine et
ovarique
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Les anastomoses peuvent être regroupées en quatre systèmes :
le système anastomotique entre les branches intra-pelviennes et
viscérales de l'artère iliaque interne : les connexions intra-viscérales entre les
branches droites et gauches sont constantes et efficaces, surtout au niveau de
l’utérus et du vagin
le système anastomotique entre l'artère iliaque interne et l’aorte avec :
→ les artères ovarique et utérine
→ les artères ilio-lombaire et lombaires
→ les artères sacrées latérales et médiale
→ les artères rectales supérieure et moyenne
le système anastomotique entre les artères iliaques interne et externe
avec :
→ les artères ilio-lombaire et circonflexe iliaque
→ les artères obturatrice et iliaque externe par l’intermédiaire
souvent de l’artère épigastrique inférieure
le système anastomotique entre les artères iliaque interne et fémorale
unissant l’artère profonde de la cuisse aux artères ischiatique, obturatrice et
fessière.
7-1) Anévrysme de l'artère iliaque interne
L’anévrysme de l'artère iliaque interne est parfois isolé, ou plus souvent
associé à un anévrysme de l’aorte abdominale. Son diagnostic clinique est
difficile et sa découverte est le pus souvent fortuite (lors d’un scanner ou d’une
angiographie des membres inférieurs). Comme pour les anévrysmes aortiques, le
risque de rupture est fonction du diamètre.
Le principe du traitement percutané par une embolisation artérielle est
l’exclusion complète de l’anévrysme par l’occlusion de ses branches efférentes
et afférentes. Cette embolisation entraîne une dévascularisation du pelvis, ce qui
demande une vérification de la perméabilité des voies de suppléance avant
d’opérer.
Un des sujets disséqués était atteint d’un anévrysme aorto-iliaque assez
conséquent, dont voici une photographie.
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Anévrysme aorto-iliaque sur un hémi-bassin droit
Médial
Bas
Artère iliaque
primitive droite
Anévrysme
aortique
M. psoas
Anévrysme de l’artère
iliaque interne droite
Artère iliaque
externe droite
Veine iliaque
externe droite
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Art. ombilicale
droite
7-2) Claudication intermittente artérielle
L’étiologie physiopathologique la plus fréquente de cette maladie est
l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs, avec une lésion située le plus
souvent au niveau des artères fémorale superficielle ou poplitée.
Cependant, on peut signaler l’existence d’une claudication fessière dont la
lésion étiologique se situe dans l’artère iliaque interne (ou primitive).
7-3) Hémorragies de la délivrance
Les hémorragies lors de l’accouchement sont une complication qui peut
être très grave. Une surveillance rigoureuse des patientes en post-partum
immédiat permet de proposer des alternatives thérapeutiques dont le but est
d’éviter l’hystérectomie d’hémostase et de conserver ainsi une possibilité de
nouvelle grossesse.
Les solutions proposées sont plus ou moins efficaces dans le traitement
propre de l’hémorragie, et offrent avec plus ou moins de certitude la possibilité
d’une nouvelle maternité.
Les deux principales techniques adoptées pour éviter l’hystérectomie sont
la ligature ou l’embolisation artérielles. Les artères ou segments artériels
concernés peuvent être : les artères utérines, les artères iliaques internes ou leur
tronc de division antérieur.
Ces techniques font l’objet d’études épidémiologiques et les résultats en
terme d’efficacité sont globalement équivalents. C’est ensuite le contexte
(urgence pendant l’accouchement, possibilité ou non de transfert de la
patiente…) qui influence le choix d’une technique.
7-4) Traumatismes du bassin
L'artère iliaque interne, ainsi que certaines de ses branches, étant
relativement solidaires de la structure osseuse du bassin, il est fréquent que des
traumatismes à ce niveau entraînent des lésions de ces vaisseaux. Ces lésions
peuvent être sous forme de rupture et provoquer alors d’abondantes hémorragies
intra-pelviennes, ou bien les atteintes peuvent être sous-adventicielles ou
intimales et être alors responsables d’ischémie aiguë ou sub-aiguë.
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VIII) Conclusion
Cette étude anatomique de l'artère iliaque interne a mis en évidence la
remarquable inconstance qui lui est reconnue.
Chez la femme, cette artère tient une place importante dans le domaine de
la maternité. Ses branches sont fortement sollicitées lors des grossesses et sont
souvent impliquées dans leurs complications.
Les nombreuses voies de suppléance permettent une sauvegarde de la
vascularisation du bassin lors des pathologies oblitérantes ou lors de gestes
thérapeutiques supprimant l’apport sanguin de l’artère. En revanche, ces
systèmes anastomotiques rendent plus difficiles ces gestes visant à
imperméabiliser certaines voies de circulation du sang.
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