
LES FORCES DE LA MONDIALISATION
5
maîtrise n’est pas toujours accessible aux entreprises de plus petite taille et échappe
graduellement aux états.
Le pouvoir financier des institutions
Le secteur financier se base sur la manipulation du capital afin de produire des revenus
sur ces transactions. Les principaux recours sont la spéculation (valeurs boursières,
immobilier, devises) et les investissements (fixation du capital dans les forces
productives). Les marchés financiers (bourses, obligations), qui sont les principaux
lieux où s’échange le capital, constituent la plus forte expression de la mondialisation.
Ce pouvoir s’articule autour des trois grands pôles financiers que sont New York,
Londres et Tokyo et une multitude de centres de plus faible importance qui
coordonnent les capitaux et les marchés régionaux.
En 1998, 2 000 milliards de dollars s’échangeaient chaque jour sur les marchés
financiers pour les devises, 600 milliards pour les obligations et 100 milliards pour les
actions, tandis que l’économie mondiale produisait 100 milliards de dollars de PIB. La
grande majorité des activités financières impliquent en conséquence une spéculation
sur la fluctuation des devises qui repose parfois plus sur des rumeurs que sur les
performances économiques réelles. Il s’échange donc sur le marché mondial 50 fois
plus de capital que de biens et services. Cet état de fait soulève la question de savoir si
la profonde disparité entre le capital de production et le capital spéculatif n’est pas
source d’instabilité et de vulnérabilité devant des conjonctures temporaires. Ou,
encore, sommes nous en présence d’une économie de plus en plus immatérielle où les
ressources physiques ont une importance plus marginale?
Dans ce contexte, les banques, les institutions financières (gestionnaires de fonds
mutuels, de caisses de retraite et de capitaux privés), les entreprises et particulièrement
ceux qui les contrôlent possèdent une énorme influence sur les activités politiques et
économiques. Par exemple, les 300 plus importants gestionnaires de fonds de pension
américains, européens et japonais contrôlaient une masse monétaire de 8 000 milliards
de dollars en 1993. Ces gestionnaires devront faire preuve de responsabilité par une
interprétation prudente des conjonctures et potentiels de développement. Par
exemple, le Fonds monétaire international, face à un endettement massif de plusieurs
pays en développement, a eu une influence considérable sur les politiques
économiques nationales. Les résultats de ces politiques, telle la baisse des dépenses
publiques dans l’éducation, la santé et l’alimentation, sont loin d’avoir eu des effets
positifs sur les conditions de vie des populations.
Les marchés financiers, par ailleurs fragiles, peuvent être victimes des mauvaises
décisions de leurs gestionnaires et même de rumeurs. Lors du crash boursier d’octobre
1987, plus de 2 000 milliards de dollars se sont évanouis en quelques jours sur les
places financières avec une baisse de plus de 22 % pour le seul indice Dow Jones. Dix
ans plus tard, en 1997, une crise monétaire et économique en Asie du Sud-Est a
entraîné un réajustement de la part de l’ensemble des places financières du monde. De
ce ralentissement économique en Asie Pacifique s’est suivi des tendances similaires au
Le système-monde est
un espace financier.