œil par un masque peut occasionner des récidives d’ulcères par frottement ou par action irritante d’insectes. Parfois,
un corps étranger intra-stromal, au niveau d’un cul de sac palpébral, de la troisième paupière, peut expliquer l’échec
du traitement médical et la persistance de l’ulcération (point d’épine végétale par exemple). Il se peut également que
des cils ectopiques soient présents. Les chevaux âgés, particulièrement ceux souffrant de dysfonctionnement de la
pars intermedia de l’hypophyse (« cushing »), sont sujets au retard de cicatrisation d’ulcères cornéens.
Si toutes ces causes ont été exclues, on peut alors parler d’ulcère atone ou indolent, dont la caractéristique est un
échec de la réépithélialisation.
En cas d’échec du traitement médical comme dans le cas présent, un traitement chirurgical peut être envisagé, comme
une blépharorraphie, une kératectomie en grille, ou une énucléation (dans les cas les plus chroniques ou présentant
des limites financières). Toutefois, si ces techniques apportent en général une réponse favorable, elles sont assez
invasives par rapport à une application topique de collyre.
Dans le cas décrit, le cheval présente un défaut d’épithélialisation, et une absence de néovascularisation. Le sérum
autologue n’a pas permis de palier à ce déficit. Chez l’homme l’utilisation de sérum de sang placentaire allogénique a
été décrite dans la prise en charge de pertes de substance épithéliales cornéennes persistantes, réfractaires au
traitement médical avec une cicatrisation accélérée en comparaison avec le sérum autologue.
Le sérum de sang placentaire humain contient des facteurs de croissance et des composés naturels des larmes ainsi que
des facteurs neurotrophiques permettant une croissance plus rapide des cellules souches, une épithélialisation plus
rapide. Par analogie, le sérum de sang placentaire équin pourrait aussi avoir des propriétés anti-inflammatoires,
immunomodulatrices favorisant la cicatrisation de l’épithélium cornéen in vivo. Toutefois aucune donnée sur cette
alternative thérapeutique n’existe chez le cheval et il est prudent de ne pas extrapoler ces résultats au cheval sans
preuve. C’est dans ce contexte d’impasse thérapeutique que ce traitement expérimental a été proposé à titre
compassionnel au propriétaire.
L’évolution positive des lésions avec ce traitement incite à confirmer cette hypothèse par une étude clinique randomisée
et contrôlée visant à tester l’intérêt clinique du sérum de sang placentaire dans le traitement des ulcères cornéens
récalcitrants aux traitements usuels.
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