Professions Santé Infirmier Infirmière N° 61 • janvier-février 2005
Les plaies sont une porte
d’entrée pour les agents
pathogènes, et l’infection est
susceptible de se développer locale-
ment mais avec parfois une dissé-
mination régionale, voire générale.
La colonisation bactérienne peut
provenir de l’environnement, du
malade lui-même et du manupor-
tage. L’infection apparaît lorsque les
moyens de défense de l’organisme
sont débordés par la virulence des
germes.
Prévenir l’infection
Il est acquis qu’une plaie trauma-
tique ou chirurgicale nécessite un
traitement immédiat visant à mettre
fin à la prolifération des germes
puisque l’infection locale retarde la
cicatrisation et ralentit l’épithélialisa-
tion. En revanche, la présence des
germes peut être utile à la cicatrisa-
tion des plaies chroniques, tout en
s’imposant une surveillance stricte
afin de prévenir l’extension de l’in-
fection. Rappelons à ce propos que
l’infection est facile à reconnaître
devant un écoulement important,
une odeur caractéristique, le cortège
des signes de l’inflammation
(œdème, rougeur, chaleur, douleur)
ou l’apparition d’une fièvre inexpli-
cable par ailleurs. Il faut y penser sys-
tématiquement devant un retard de
cicatrisation. Un nettoyage efficace
pour prévenir la surinfection et pour
débarrasser la plaie du tissu gênant,
la progression du tissu de bourgeon-
nement fait partie du traitement des
plaies chroniques, et le recours à
une détersion chirurgicale est fonc-
tion de la plaie et de l’état du
patient.
En ce qui concerne les brûlures,
l’hospitalisation est nécessaire pour
10 000 cas annuellement en France,
dont 3 500 en centres spécialisés, et
1000 décès sont enregistrés. Il
s’agit d’un accident domestique
dans 80 % des cas, et, entre l’âge
de 1 et 4 ans, le risque de brûlure
est multiplié par 3. La gravité est éva-
luée selon trois critères principaux, à
savoir l’étendue, la profondeur et la
localisation. On distingue le premier
degré, traduisant l’atteinte de l’épi-
derme et qui ne laisse aucune
séquelle, le deuxième degré caracté-
risé par l’apparition rapide de phlyc-
tènes (la distinction entre le 2
e
degré
superficiel et le 2
e
degré profond se
fait sur l’aspect et la sensibilité des
tissus sous-jacents) et le troisième
degré, ayant un aspect cartonné
avec perte totale de la sensibilité. Les
risques vitaux (choc hypovolémique,
dénutrition avec dépression immuni-
taire, septicémie) sont d’autant plus
importants que la brûlure est éten-
due. Le premier geste en cas de brû-
lure est le refroidissement immédiat
(plus il est précoce, plus il est effi-
cace) par l’eau froide afin d’empê-
cher la chaleur de se propager dans
les tissus vers la profondeur du
derme. La prise en charge des brû-
lures graves comporte la perfusion
en urgence, la réanimation respira-
toire, la morphine et la lutte contre
l’infection, qui est responsable de
près de 80 % des décès. « Le traite-
ment efficace de l’infection est la
priorité absolue, il permet d’éviter
que le 2
e
degré superficiel ne se
transforme en 2
e
degré profond.
Quelle que soit la brûlure, notre
objectif est de faire en sorte que le
patient ait le moins de cicatrices
possible », note le Pr D. Wassermann
(hôpital Cochin, Paris). Le traitement
local repose sur la chirurgie et les
pansements qui permettent de lut-
ter contre l’infection (drainage de la
brûlure, propriétés antibactériennes),
de favoriser la cicatrisation et de cal-
mer la douleur. En revanche, toute
pommade non antiseptique sans
drainage comporte un risque d’infec-
tion grave dont les signes peuvent
être masqués.
Un nouveau pansement
Un dispositif médical fait appel à la
synergie d’action de deux principes
actifs, cicatrisant et antibactérien. En
effet, l’acide hyaluronique, molécule
synthétisée par les fibroblastes et les
kératinocytes, joue un rôle essentiel
dans le processus de cicatrisation ; il
est actif à toutes les phases de ce pro-
cessus : il facilite la migration cellulaire,
la prolifération fibroblastique et le
remodelage. Des études ont démon-
tré que l’apport exogène d’acide hya-
luronique optimise la cicatrisation des
lésions cutanées. Quant à la sulfadia-
zine argentique, c’est un antibactérien
reconnu agissant sur un large spectre
(germes négatifs, germes positifs et
un certain nombre des germes résis-
tants). L’étude Pilot, réalisée dans sept
centres de traitement des brûlés, et
les deux études supportives chez des
patients ayant des brûlures du 2e
degré superficiel ou profond ont mon-
tré la supériorité clinique du produit
par rapport à la sulfadiazine argen-
tique seule (le taux moyen de guéri-
son [cicatrisation > 90 %] était plus
élevé et la réépithélialisation plus
rapide). L’alliance de ces deux prin-
cipes semble donner des résultats
satisfaisants quand le produit est appli-
quée quotidiennement après avoir
nettoyé la lésion au sérum physiolo-
gique, soit sous forme de crème en
une couche de 2 à 3 mm d’épaisseur,
soit en compresse, laquelle n’adhère
pas aux bords de la plaie.
Ludmila Couturier
>> DOSSIER
Un traitement local indiqué dans le traitement des brûlures jusqu’au deuxième degré et des
plaies infectées associe l’acide hyaluronique, à haut pouvoir cicatrisant, et la sulfadiazine
argentique, antibactérien de référence. Présenté sous forme de crème et de compresse
imprégnée, ce dispositif médical est simple d’utilisation et remboursé au tarif LPRP.
Cicatrisation et infection
L’alliance de deux principes actifs
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