Un monde sans l’Amérique, Richard N. Haass, President of the Council on Foreign Relations,
previously served as… Project Syndicate
Richard N. Haass, President of the Council on Foreign Relations, previously served as Director
of Policy Planning for the US State Department (2001-2003), and was President George W.
Bush's special envoy to Northern Ireland and Coordinator for the Future of Afghanistan. He is
the author of A World i… read more. APR 30, 2013. Traduit de l’anglais par Pierre Castegnier
Avancer l’idée assez peu répandue que les principales menaces avec lesquelles les États-Unis
doivent composer maintenant ou dans un proche avenir ne découlent pas de la montée de la Chine,
du comportement irrationnel de la Corée du Nord, d’un Iran doté de l’arme nucléaire, des
nouvelles formes de terrorisme ou des changements climatiques. Même si ces facteurs constituent
des menaces potentielles ou réelles, les enjeux les plus importants auxquels les États-Unis doivent
faire face gravitent autour de sa dette galopante, de ses infrastructures en décrépitude, de la qualité
médiocre de son système d’enseignement primaire et secondaire, de son système d’immigration
désuet et de la faiblesse de sa croissance économique : tous des éléments qui affectent directement
les forces vives de la nation américaine.
Les lecteurs dans d’autres pays pourront être tentés de se réjouir, un tant soit peu, des difficultés
des États-Unis. Une telle réaction ne devrait surprendre personne. Les États-Unis et ceux qui les
représentent ont été accusés d’arrogance, car les États-Unis peuvent souvent être considérés
comme une nation incontournable, mais il serait préférable si c’étaient les autres pays qui attiraient
l’attention sur ce point. De plus, les exemples d’incohérences entre ce que les États-Unis pratiquent
et ses principes suscitent à juste titre des accusations d’hypocrisie. La source de ressentiment
réside dans le fait que les États-Unis n’appliquent pas les principes que ses propres représentants
prêchent aux autres.
Mais, comme pour d’autres tentations, il est de mise de résister à l’envie de se réjouir des
imperfections et des difficultés des États-Unis. Les gens du monde entier doivent prendre garde de
ne pas souhaiter trop fort que les États-Unis ne réussissent pas à résoudre ses problèmes
intérieurs, car le prix d’un tel dénouement pourrait bien être exorbitant. En fait, le reste du monde
a presque autant d’intérêt au succès des États-Unis que les Américains eux-mêmes.
Une partie de la raison est économique. L’économie américaine compte encore pour le quart de la
production mondiale. L’accélération de la croissance américaine augmentera le pouvoir d’achat des
États-Unis pour des biens et services d’autres pays, améliorant du même coup les perspectives de
croissance mondiale. Au moment où l’économie de l’Europe est à la dérive et où celle de l’Asie se
refroidit, les États-Unis (ou, plus précisément, l’Amérique du Nord) ont le potentiel de remettre
l’économie mondiale sur les rails de la relance.
Les États-Unis sont encore un formidable creuset d’innovations. La plupart des citoyens du monde
communiquent par l’entremise d’appareils portables dont la technologie est issue de Silicon Valley;
comme l’Internet qui a pris son essor en Amérique. Plus récemment, de nouvelles technologies
créées en Amérique augmentent grandement la capacité d’extraction de pétrole et de gaz naturel.
Ces technologies de forage sont en train de faire le tour de la planète entière, ce qui permet à
d’autres sociétés d’accroître leur production énergétique et de diminuer leur dépendance sur les
importations tout en réduisant leurs émissions de carbone.
Les États-Unis sont également une source inépuisable d’idées. Ses universités de classe
internationale forment une forte proportion des futurs dirigeants du monde. Plus
fondamentalement, les États-Unis ont été à la fine pointe de tout ce que les économies de marché