De nouvelles thérapies moléculaires ciblées à l’horizon

De nouvelles thérapies moléculaires ciblées
à l’horizon
C
ontrairement aux antimito-
tiques, ces nouveaux médica-
cer) et, lorsqu’une voie est blo-
quée, le message de prolifération
peut emprunter une voie de déri-
vation, un peu comme dans le
métro où l’on peut aller d’une sta-
tion à l’autre par différents che-
mins. Encore faut-il déterminer
quels sont les lieux de passage
incontournables.
L’accumulation des connaissances
en biologie des cancers a permis
d’identifier plusieurs cibles théra-
peutiques à différents niveaux de
la cancérogenèse : correction d’un
défaut de mort programmée, in-
hibition de l’initiation du cycle
cellulaire, blocage de l’angioge-
nèse (formation des néovaisseaux
nourrissant les tumeurs), inhibi-
tion des métalloprotéinases (en-
zymes qui favorisent les méta-
stases puisque la cellule maligne
doit d’abord détruire l’environne-
ment immédiat avant de migrer),
inhibition de la transmission des
signaux de la prolifération cel-
lulaire. Lorsque les facteurs de
croissance donnent le signal aux
récepteurs de la membrane cellu-
laire, il s’ensuit une cascade d’in-
formations de protéine à protéine,
jusqu’au noyau qui reçoit l’ordre
de multiplier l’ADN. A l’heure ac-
tuelle, deux molécules agissant
sur certains facteurs de croissance
donnent des résultats intéressants.
L’anticorps monoclonal, l’hercep-
tine T, qui est administré en com-
plément de la chimiothérapie
conventionnelle, a un effet positif
sur des cancers du sein qui ex-
priment en abondance le récep-
teur erbB2 (20 % des cancers). Le
GlivecTM, qui vise plusieurs cibles
pour bloquer les activités tyrosine
kinase, permet d’obtenir des ré-
missions de longue durée dans les
leucémies myéloïdes chroniques
et une réduction tumorale spec-
taculaire dans certains sarcomes
du tube digestif. On s’attendait à
des résultats encourageants avec
IressaTM (inhibiteur des récepteurs
d’un facteur de croissance cellu-
laire) étant donné que les clini-
ciens constatent un bénéfice chez
environ 10 % des patients. Or, les
résultats d’une grande étude ré-
cente n’ont pas confirmé son effi-
cacité en association à des pre-
mières lignes de chimiothérapie
dans le cancer du poumon. Pour
le Pr Armand, ces chimiothérapies
n’étaient peut-être pas les mieux
adaptées et les doses d’IressaTM
étaient peut-être trop faibles.
Cocktail de médicaments
Comme le souligne le Dr J. Robert
(université de Bordeaux), la chi-
miothérapie du cancer s’oriente
vers les mécanismes de la ma-
ladie, en sachant qu’il faudra
couvrir plusieurs cibles molécu-
laires et sans doute associer plu-
sieurs médicaments. Il s’agirait
d’un “cocktail anticancéreux”,
contenant un mélange de “petits”
médicaments capables de contre-
carrer à différents niveaux la mul-
tiplication anarchique des cellules
(d’où l’importance d’une colla-
boration entre les firmes phar-
maceutiques). Et, à l’instar des
maladies infectieuses, l’approche
“par organe” sera remplacée par
le traitement adapté selon le type
moléculaire de chaque tumeur.
Autrement dit, un même médi-
cament est susceptible d’agir sur
des cancers de localisations diffé-
rentes mais présentant les mêmes
altérations moléculaires et donc
les cibles similaires.
Ludmila Couturier
D’après les communications
de la Société française du cancer.
Les découvertes de la recherche fondamentale depuis 25 ans,
qui ont permis une meilleure compréhension de l’extraordinaire
complexité de l’oncogenèse, vont se traduire dans l’avenir proche
par des progrès thérapeutiques, estiment les cancérologues.
Cancérologie
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Professions Santé Infirmier Infirmière - No42 - décembre 2002
ments cytostatiques ne sont pas
toxiques pour toutes les cellules
qui se multiplient et permettront
probablement d’allonger la sur-
vie. Quelques molécules sont déjà
commercialisées en France. Ce-
pendant, tout n’est pas résolu, on
n’a pas encore trouvé la clé du
contrôle du cancer.
Les limites atteintes ?
Dans les cancers les plus fréquents,
les chimiothérapies convention-
nelles semblent avoir atteint leurs
limites, vu la mortalité élevée
malgré de nombreux protocoles
proposés depuis dix ans. «Le plus
souvent, les médicaments cyto-
toxiques les plus récents sont juste
un peu plus efficaces et un peu moins
toxiques. Les derniers produits en
cours d’exploration sont des produits
d’origine marine dont la toxicité est
probablement importante. De nou-
velles molécules en développement,
qui sont le fruit d’années de re-
cherche fondamentale, visent à agir
sur les mécanismes moléculaires
conduisant à la prolifération cellu-
laire incontrôlée. Aujourd’hui, dès
qu’une cible potentielle est identifiée,
une molécule est créée. Beaucoup
sont en phases I et II », rapporte le
Pr J.-P. Armand (Institut Gustave-
Roussy, 94).
Très logiquement, les chercheurs
ont imaginé qu’il suffisait de blo-
quer un ou quelques endroits cru-
ciaux dans la spirale de la déré-
gulation d’une cellule pour arrêter
la progression du cancer. En fait,
les anomalies moléculaires sont
très nombreuses (et leur nombre
augmente avec l’évolution du can-
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