454 | La Lettre du Cancérologue ̐ Vol. XX - n° 7 - septembre 2011
Facteurs radiologiques delaréponse àlachimiothérapie
néo-adjuvante dans lescancers dusein
DOSSIER THÉMATIQUE
Cancers du sein :
chimiothérapie néo-adjuvante
Par ailleurs, grâce à des modélisations mathéma-
tiques, des paramètres physiologiques microcircula-
toires peuvent être estimés de manière quantitative
à partir des courbes de rehaussement, tels que la
perfusion tissulaire, la perméabilité capillaire, la frac-
tion volumique sanguine ou la fraction volumique
interstitielle. Ainsi, dans l’étude de M.L. Ah-See
et al. (11), 5 paramètres microcirculatoires mesurés
avant et après la deuxième cure de CT étaient
significativement corrélés à la réponse clinique et
pathologique à 6 cycles. Le facteur le plus pertinent
dans la prédiction de réponse était le coefficient
de perméabilité capillaire (ou Ktrans), qui, avec
une sensibilité de 93 % et une spécificité de 82 %,
identifiait 94 % des non-répondeurs et 73 % des
répondeurs.
Bilan préopératoire
Dans de nombreuses études (1), l’IRM s’est avérée
supérieure à l’évaluation clinique et aux techniques
d’imagerie standard pour l’évaluation préopératoire
du reliquat tumoral. Bien que l’IRM puisse sur- ou
sous-estimer l’extension de la lésion résiduelle, les
études de corrélation avec l’histologie ont montré
que l’IRM est la technique qui fournit la meilleure
estimation de la taille du résidu, la concordance avec
la réponse histologique étant de 71 % pour l’IRM,
contre 19 % pour l’examen clinique, 26 % pour la
mammographie et 35 % pour l’échographie (12).
Les coefficients de corrélation avec l’évaluation
histologique du reliquat lésionnel rapportés sont
de 0,75 à 0,94 pour l’IRM, 0,42 à 0,61 pour l’examen
clinique, 0,41 pour la mammographie et 0,42 pour
l’échographie (13-17).
Les tumeurs se présentant sous forme de masses
bien limitées régressent plus souvent de manière
concentrique et permettent plus fréquemment un
traitement conservateur. À l’inverse, les lésions infil-
trantes, diffuses ou mal limitées ont plus volontiers
une fonte fragmentaire en de multiples microfoyers
tumoraux résiduels et sont plus souvent sous-esti-
mées par l’IRM (8, 18, 19).
Alors que les tumeurs triple-négatives sont le sous-
type dont la réponse est la mieux évaluée par IRM,
avec un coefficient de corrélation de 0,781 rapporté
dans une série de 195 patientes, l’âge et le statut
HER2 seraient des facteurs prédictifs indépendants
de l’efficacité de l’IRM à évaluer la réponse tumorale,
les lésions des patientes âgées de plus de 45 ans
ou HER2– étant significativement mieux estimées
par l’IRM (20).
Le résidu tumoral des lésions traitées par une CT à
base de taxanes plutôt que d’anthracyclines (21),
ainsi que des lésions HER2– traitées par bévaci-
zumab seraient plus fréquemment sous-estimés par
l’IRM en raison d’une fonte fragmentaire laissant
des cellules isolées ou réparties en petits amas
épars (17). Dans le cas du bévacizumab, la sous-
estimation pourrait aussi être liée à l’action anti-
angiogénique masquant le rehaussement recherché
en IRM.
Autres techniques
La tomographie par émission de positons au
18F fluoro-2-deoxy-D-glucose (TEP-FDG), qui
explore le métabolisme tumoral via la captation du
glucose marqué, est une technique très prometteuse
pour l’évaluation précoce de la réponse tumorale.
Des études confirment d’ores et déjà la capacité de
la TEP-FDG à identifier précocement une baisse de
la fixation du FDG sous l’effet de la CT, qui est, de
plus, un indicateur prédictif de la réponse histolo-
gique (22-24). De même qu’en IRM, ces modifica-
tions sont plus précoces que la diminution du volume
tumoral. D’autres marqueurs, telle la thymidine,
plus spécifique de la prolifération cellulaire, sont
également en cours d’investigation (23). Ces tech-
niques souffrent encore d’une résolution spatiale
inférieure à celle de l’IRM, mais des détecteurs de
plus petite taille, dédiés à l’exploration du sein,
permettent d’espérer des résolutions supérieures
dans l’avenir (25).
Conclusion
L’IRM a démontré sa capacité à identifier précoce-
ment des signes de réponse tumorale à la CT néo-
adjuvante et sa supériorité à l’examen clinique, à la
mammographie et à l’échographie pour évaluer le
résidu lésionnel. Si son accès reste limité en France,
l’IRM est appelée à devenir une méthode d’évalua-
tion de choix dans cette indication. Sa place dans
la stratégie de prise en charge des patientes reste
cependant à définir. De plus amples études sont
nécessaires pour évaluer les performances respec-
tives des différentes séquences utilisables en IRM
fonctionnelle, pour déterminer le nombre d’IRM de
contrôle à programmer et le rythme auquel elles
doivent se succéder, et pour définir enfin l’apport
des autres techniques d’imagerie fonctionnelle en
médecine nucléaire. ■