Correspondances en Onco-Urologie - Vol. III - no 3 - juillet-août-septembre 2012
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Avancées technologiques et nouveaux fractionnements
L’analyse intermédiaire de l’essai anglais CHHiP, de
D. Dearnaley et al., ne montre aucune diff érence signi-
fi cative en termes de toxicités aiguës entre les bras
expérimentaux hypofractionnés et le bras standard.
Les taux d'eff ets tardifs à 2 ans, cotés selon l’échelle
du RTOG, sont également très rassurants, puisque le
taux de toxicités digestives tardives est de 3,6 % dans
le groupe traité à 60 Gy (3 Gy/fraction ; 4 semaines),
de 1,4 % dans le groupe traité à 57 Gy (3 Gy/fraction ;
3,8 semaines) et de 4,3 % dans le groupe en fraction-
nement classique (2 Gy/fraction ; 7,4 semaines) [11].
La phase III randomisée de S. Arcangeli et al. (12) a
actualisé en 2012 les résultats de survie sans progression
biologique et sans récidive locale avec un recul de
5 ans chez 168 patients classés à haut risque, ce qui
confi rme l’équivalence thérapeutique des 2 types de
fractionnement de 80 Gy en 8 semaines et de 62 Gy
en 5 semaines. Cependant, il est retrouvé une petite
augmentation non signifi cative de la survie sans rechute
biologique dans le bras hypofractionné, sans diff érence
en termes de récidive locale ou méta statique.
En conclusion, la radiothérapie hypofractionnée en
RCMI est une option thérapeutique pour les patients
présentant un cancer prostatique localisé, avec des
tolérances aiguës et tardives comparables à celles
des schémas en fractionnement classique ; il faudra
attendre les résultats de futurs essais de phase III pour
en confi rmer le bénéfi ce thérapeutique éventuel.
Développement de la radiothérapie
enconditions stéréotaxiques
La radiothérapie en conditions stéréotaxiques est en
pleine expansion pour l’irradiation des cancers de la
prostate à risque faible ou intermédiaire. Les schémas
de fractionnement sont typiquement de 5 fractions
de 7 à 10 Gy, tirant avantage du ratio α/β bas du cancer
de la prostate. Les critères d’inclusion retenus dans
les essais de phase II sont les stades T1c–T2a, un PSA
inférieur ou égal à 10, un score de Gleason de 6 ou 7,
et un score IPPS bas inférieur à 20. Dans l’étude de
phase II publiée en 2009 par C.R. King et al. et actua-
lisée en 2011, utilisant la technologie CyberKnife® (15),
la dose totale est de 36,25 Gy en 5 fractions de 7,25 Gy
sur 5 jours consécutifs. Une étude similaire de A.J. Katz
et al. (16) a comparé 2 doses d’irradiation de 35 et de
36,25 Gy, cherchant à mettre en évidence un eff et-
dose. Aucune diff érence signifi cative n’a été observée
entre les 2 groupes. Dans toutes les études, les profi ls
de toxicités aiguës et tardives sont excellents, compa-
rables à ceux observés en RCMI (de l’ordre de 5 % de
toxicité urinaire de grade 3). Le contrôle biochimique
rapporté est de 97,5 % à 4 ans pour A.J. Katz et al., et
de 93 % à 5 ans pour C.R. King et al.
De nombreuses publications additionnelles avec des
durées de suivi variables et des catégories de risque
plus élevées confortent la tolérance et l’effi cacité de
l’irradiation stéréotaxique. Si la place de la radio thérapie
en conditions stéréotaxiques des cancers de la prostate
reste pour l’instant minoritaire en France, elle devrait
augmenter rapidement avec l’implémentation d’accé-
lérateurs dédiés à cette technique.
Conclusion
L’avènement de la RCMI a permis une escalade de
dose jusqu’à 80 Gy et plus dans l’irradiation des
cancers prostatiques, améliorant le contrôle local
tout en diminuant les toxicités rectales tardives. La
précision accrue de la RCMI est fondée sur l’imagerie
embarquée 3D, qui permet le contrôle quotidien de la
position du volume cible prostatique grâce aux repères
fi duciaires implantés en intraprostatique. Les nouveaux
schémas d’hypo fractionnement délivrant des doses
supérieures ou égales à 3 Gy en RCMI ont déjà montré
des profi ls de tolérance acceptables et une effi cacité
satisfaisante. Les futurs essais de phase III, notamment
de radiothérapie en conditions stéréotaxiques,
devraient confirmer ces résultats prometteurs. ■
Tableau III. Essais d’hypofractionnement hautes doses en RCMI.
Dose totale/
fractionnement/
étalement
Phase III
Bras 1 : 74 Gy/37fr/
7,4sem.
Bras 2 : 60 Gy/20 fr/
4 sem.
Bras 3 : 57 Gy/19 fr/
3,8 sem.
À 2 ans
Bras 1 GI = 4,3
Bras 2 = 3,6
Bras 3 = 1,4
Phase III ;
patients à haut risque
80 Gy/40 fr/8 sem.
62 Gy/20 fr/5 sem.
À 3 ans
GI grade 2 = 17
GU grade 2 = 14
Phase II
56 Gy/16 fr/4 sem.
À 3 ans
GI ≥ grade 2 = 8
GU ≥ grade 2 =13
P.A. Kupelian et al.
(14)
Phase II
70 Gy/28 fr/5,5 sem.
À 5 ans
GI grade 2 = 4,5
GU grade 2 = 5,2
Fr : fraction ; GI : toxicités gastro-intestinales ; GU : toxicités gastro-urinaires.
Références