Charente A n goule me Ancienne abbaye saint Cybard Fiche

publicité
Charente
A n goule me
Ancienne abbaye saint Cybard
D. Doc 2
Fiche signalétique
Localisation : Charente - Angoulême
(département, commune)
Dénomination : Ancienne abbaye saint Cybard -Ilôt Lacroix-Charbonnaud
(fonction + appellation)
Localisation complémentaire :
(autre commune, ancienne commune, commune associée)
Adresse : 68 -70 Avenue de Cognac
(lieudit, voirie, n°..)
Références cadastrales : AH 20, 356, 358, 359, 360 Coordonnées Lambert : X = 429, 75 m
Y - 2 075 m
Type de protection existante :
D immeuble non protégé
D site protégé
intitulé :
date :
D immeuble protégé MH
intitulé :
date :
D autres (ZPPAUP, POS, secteur sauvegardé)
intitulé :
date :
i désaffecté
Utilisation actuelle :
Statut de la propriété :
• publique
• privée
Epoque(s) de construction :
médiévale
Date(s) : IX - XV e
Epoque(s) de restauration (remaniement) : moderne et contemporaine
XXe
Maître(s) d'oeuvre :
Catégorie : architecture religieuse
Etat de conservation :
D complet
• vestiges
D restauré
D remanié
Etat sanitaire :
D bon
• mauvais état
Ouverture au public :
D en péril
Q oui
• non
Date(s) : XVI-
D. Doc 3
Charente
Angoulême
Ancienne abbaye saint Cybard
Historique1
Un ermite est à l'origine de la fondation de l'abbaye. Les historiens font généralement
remonter l'installation de Saînt-Cybard à Angoulême en 542. Il vivait en reclus dans une
grotte près d'une source, au-dessus de la Charente avant d'être rejoint par une petite
communauté. Les sources ne signalent pas clairement la date de construction des premiers
bâtiments collectifs. Cependant les éléments découverts lors des fouilles de 1986/88
suggèrent la seconde moitié du Vie s. ou le début du Vile s. au plus tard 2.
Au IXe s. l'abbaye paraît puissante (confirmation des biens de l'abbaye par Charles le
Chauve en 852) et de nombreux comtes s'y font enterrer. L'abbaye est détruite par les
Normands en 863. Ce n'est que vers 938/941 que Févêque Foucaud entreprend de la
restaurer.
D'après les fouilles de 1986/1988, les bâtiments du Haut Moyen Age, établis sur des
terrasses, sont abandonnés dans la première moitié du Xle s. et des travaux de nivellement
sont entrepris à Fouest de ceux-ci. B. Boissavit-Camus fait remonter la construction de
l'abbatiale et des bâtiments conventuels à cette époque.
La guerre de Cent Ans cause de nombreux dégâts à Fabbaye. Des travaux sont entrepris de
1450 à 1510, notamment la reconstruction du mur d'enceinte. Le mur occidental et les voûtes
de la salle capitulaire, ainsi que les bras ouest et nord du cloître sont repris 3. En 1518 un autre
pan de cloître est reconstruit.
Dès la fin du XVe s., Fabbaye est mise en commende. Elle est à nouveau dévastée lors des
guerres de religion. Au XVIIe s., l'abbé Henri du Reffuge travaille à la restauration de
quelques parties de l'abbaye et au rétablissement de la discipline.
A l'issue de la Révolution Française, l'abbaye vendue comme bien national, est scindée en
plusieurs lots. Au début du XIXe s., la partie ouest du site appartient à la dynastie des
papetiers Lacroix qui y effectue des travaux pour adapter les locaux à leur nouvelle fonction
(ils épargnent rez-de-chaussée et caves voûtées de l'abbaye). En 1912, les brasseries et
malteries alsaciennes (plus tard brasseries Champigneulles) s'installent dans la partie
orientale de l'îlot. A cette occasion, le bras nord du cloître, la salle capitulaire et les chapelles
sont complètement détruits.
D'une guerre à Fautre : les dégâts occasionnés par la guerre de Cent Ans et les guerres de
religion
De 1443 à 1448, il ne subsiste plus que cinq religieux dans Fabbaye (au lieu d'une
cinquantaine avant la guerre de Cent Ans). Le sénéchal d'Angoumois, le maire et les échevins
attestent que les édifices de Fabbaye sont « en toute démolition et inhabitez » 4
En 1466, la situation de Fabbaye est désastreuse : « la chappuse et madièrer de dessus leglise
estait fondue et tombée sur les voultes tellement qu 'il pleuvait en ladite église comme dehors
devers le grant autel jusques à plus de la moitié du chœur et devers la grande porte jusqu 'à
De larges emprunts de l'historique et de la description ainsi que les plans et graphiques sont issus de l'étude
commandée par le SRA à Scheffer Marie-Eve, Miailhe Vincent. Abbaye Saint Cybard d'Angoulême,
évaluation du patrimoine bâti de l'ilôt Lacroix Charbonnaud. Poitiers, SRA, décembre 2002.
Saint Cybard, de Pabbaye au CNBDI, p. 12.
J. Nanglard, Fouillé historique, p. 125.
Labarde op. cit. p.20.
=•
la nef de l'église ...5 » A cette date des réparations sont aussi à effectuer aux cloîtres, chapitre,
dortoir et réfectoire.
L'abbé ne dispose pas des moyens financiers pour engager des travaux, il va donc mettre en
œuvre plusieurs actions pour relever les bâtiments de l'abbaye. Des objets précieux sont
vendus et une quête est effectuée pour trouver des fonds. Finalement, un pèlerinage est mis en
place pour recueillir des aumônes. Malgré ses efforts l'abbé ne réussit pas à réunir les fonds
nécessaires à la restauration du monastère : il n'y aura aucune réparation d'ampleur dans
l'abbaye au XVe s 6. Seule une chambre assise contre l'église sera réparée 7. Le bilan, bien
maigre, est nettement inférieur aux réparations effectuées dans les autres abbayes de la région
à la même période (La Couronne, Saint-Amant de Boixe...).
Il faudra attendre la première décennie du XVIe s. pour la réalisation de travaux d'ampleur.
En 1504/1506 un grand et un petit chapitre sont érigés, ainsi qu'un mur d'enceinte. En
1507/1508, les piliers du réfectoire et de l'église sont réparés. Les travaux se poursuivent
jusqu'en 1518 8, ils s'inscrivent dans une période de redressement économique et financier.
Les revenus de l'abbaye se sont accrus grâce à une politique efficace de bornage des terres et
de perception des revenus (de nombreux procès en témoignent) 9. En 1588, les dégâts
occasionnés par les guerres de religions ont à nouveau particulièrement touché les cloîtres, le
dortoir (dont il faut reprendre les voûtes à l'identique), et le réfectoire (auquel il faut faire un
portail, et dont charpente couverture et murs sont partiellement ruinés) 10. La rénovation de la
charpente de la chapelle Sainte-Marthe est aussi évoquée.
Les conflits d'intérêts des XVIIe et XVIIIe s.
Les conflits d'intérêt des XVIIe et XVIIIe s. ont généré une documentation abondante. Dès
1641, Henry de Reffuge exige l'application de la clôture et la reprise de la vie commune au
sein de l'abbaye. Jacques Nourry, docteur en Sorbonne et chambrier de Saint-Cybard,
exprime le mécontentement des religieux devant le parlement ". Pour expliquer leur refus de
réintégrer les logements de l'abbaye, ils décrivent en détail la vétusté de ceux-ci. A cette date,
l'abbaye est en ruine, et aucune réparation ni entretien ont été effectués depuis 70 ans. Seul le
prédécesseur de Henry de Reffuge a fait bâtir cinq cellules dans le dortoir. Quelques autres
informations utiles figurent dans le texte : comme la dédicace à Sainte-Marthe de la chapelle
abbatiale et la mention du transfert de l'église dans le réfectoire suite à l'incendie des
bâtiments en 1568.
Au XVTIIe s. les abbés commendataires qui sont tenus d'entretenir les bâtiments de l'abbaye
ne s'acquittent toujours pas de leur tâche...Exaspérés, les religieux obtiennent du procureur
que l'abbé de Nancré soit assigné à comparaître en son abbaye pour assister au procès verbal
des réparations. Il ne vient pas et la visite des bâtiments s'effectue sans lui à partir du 4
janvier 1744. Elle durera jusqu'en avril. Pendant plus de trois mois, les experts vont examiner
en détail chaque bâtiment, chaque pièce, chaque recoin de l'abbaye et en rendre compte sur
papier. Il en résulte un témoignage sur l'état de l'abbaye à cette date qui est d'une grande
précision. Le texte donne les dimensions d'un grand nombre de pièces (par exemple chaque
escalier de l'abbaye est décrit, avec le nombre et la taille de chaque marche !). De nombreux
bâtiments, disparus depuis, sont évoqués avec leur fonction. Le document traite également
d'un ensemble agricole, situé non loin de l'abbaye au sein de la paroisse Saint-Yrieix et
appelé « la grange à l'abbé ». 11 comportait des logements, une grange, des étables et une
brûlerie.
ADCHi 16.
Labarde op. cit. P.38.
ADC 16 Hi 14 folio 76, 24 juillet 1475.
ADC 16 Hi 18.
La barde op. cit. p.43.
ADC 16Hi61.
ADC 16 Hi 175.
Le 13 novembre 1747 l'évêque d'Angoulême requérant contre l'héritière de l'abbé de Nancré
fait procéder à une nouvelle estimation des réparations. La procédure de visite durera
jusqu'en janvier 1748. Cette expertise, équivalente dans la durée à celle de 1744, est pourtant
d'une précision moindre. Contrairement à leurs prédécesseurs, les experts effectuent cette fois
très peu de mesures. Mais quelques éléments supplémentaires viennent renforcer les
hypothèses de localisation émises à la lecture du premier document. En plus de la grange de
l'abbé à nouveau visitée, une partie de l'expertise est consacrée au prieuré Notre Dame de
Gourville, autre possession de l'abbaye située à quatre lieues d'Angoulême.
De 1*abbaye à la papeterie12
Le 5 mars 1791, le sieur François Gratereau, négociant à Angoulême, devient propriétaire, par
adjudication, de l'abbaye de Saint-Cybard déclarée bien national.
Durant une vingtaine d'années, un morcellement de l'ensemble redistribue à une dizaine de
propriétaires les éléments bâtis.
Les éléments propices à la création d'entreprises sur le site sont liés à sa situation
géographique.
Le fleuve Charente présente un double avantage : il est source d'énergie mécanique pour
actionner les machines et il permet de transporter les marchandises (matières premières et
produits finis) vers Rochefort, puis plus loin (Bordeaux, l'Angleterre, ...). [Cet axe fluvial
disparaît avec le décret du 26 décembre 1926 rayant la Charente - entre son origine et
Cognac - de la nomenclature des voies navigables]
Les axes routiers (nord-sud, de Paris à Bordeaux et vers l'ouest, Cognac, Saintes) et la
proximité des gares de chemin de fer (à partir de 1863) sont également un atout pour les
échanges commerciaux.
Peu à peu, le site se métamorphose. Les bâtiments à vocation religieuse sont supprimés ou
réaménagés au profit d'installations industrielles.
L'acte notarié de la vente à Antoine Lacroix en 1819 d'une partie des bâtiments précise qu'il
est observé que ces différents propriétaires ont fait sur les lieux des constructions et
améliorations considérables qui ont changé la destination primitive et porté la valeur bien
au-dessus de celle qu 'elle avait dans le principe...
Détail du plan cadastral de 1823
Archives municipales d'Angoulême
Manufacture de papiers à cigarettes L. Lacroix fils (1860-1905):
12
Peaucelle (D.), Imaginaires d'usines : Esquisse d'une histoire des industries dans le quartier de SaintCybard à Angoulême (1791-1995), Fumées du Nil n°7, éditions Germa, septembre 2002.
À partir de 1855, l'industrie du papier à cigarettes se développe en France. Léonide Lacroix
(fils et neveu des frères Lacroix) crée, en 1860, un atelier de façonnage et commercialise les
cahiers produits. En 1865, il invente un nouveau type de cahier de papier à cigarettes avec une
couverture rigide (cartonnée) et deux ans plus tard la marque RIZ LA -K (le riz étant soidisant la matière première, LA +, le monogramme de son patronyme). Dès lors, la
manufacture prend un essor important.
Entre 1860 et 1906, la manufacture de papiers à cigarettes L. Lacroix fils a occupé les
bâtiments situés dans l'îlot compris entre la rampe du Palet à Saint-Cybard (avenue de
Cognac), la place Dunois et la rue de Bordeaux.
En 1872, ils sont situés rampe du Palet à Saint-Cybard (avenue de Cognac) dans un immeuble
comprenant une maison d'habitation et une très vaste salle servant d'atelier, (bail référencé
dans les statuts de la Société L, Lacroix fils et Cie, 1872, notaires Hillairet/Bernard,
Angoulême).
A: le premier atelier tic la Manufacture
L. Laernix fils a été probablement installé
ilans cette zone à punir de 1860. Le bâtiment
csi reconstruit en 1899.
B: emplacement des ateliers à partir de 18K8.
C : localisation de l'atelier « refait à neuf » en
1879. 11 a clé probablement occupe par la
Manufacture Lemétayer-llébert de 1890
à 1910.
Ces trois espaces (A. B, C) ont clé investis en
totalité par l'imprimerie Vcyrel (Charbon
m i u d ) d e i 9 l 4 à 1977.
En 1873, l'atelier employait cinq hommes, quarante femmes et trois enfants.
En 1879, les ateliers viennent d'être construits à neuf. Ils sont évoqués dans le bail signé avec
le propriétaire Pierre Giraudeau :
« une très vaste salle servant d'atelier et de différentes servitudes confrontant dans son
ensemble du levant aux bâtiments et cour des héritiers Grandbesançon ; du couchant à ceux
de M. Février et MM Lacroix, frères ; du midi à la rampe du Palet à Saint-Cybard et au dit
M. Février et au nord aux maisons et bâtiments de MM. Lacroix frères et héritiers
Grandbesançon et à l'ancien passage de l'église de Saint-Cybard, étant observé que ledit
passage établit une communication entre les immeubles présentement affermés et la grande
route de Paris à Bordeaux » (Maître Hillairet, notaire à Angoulême, 23 avril 1879)
Léonide Lacroix agrandit ses locaux par l'acquisition, en 1888, des immeubles situés place
Dunois, entre la rue de Bordeaux et la rampe du Palet. La manufacture s'installe dans «une
grande maison d'habitation comprenant du côté de la rampe du Palet, des ateliers sous
lesquels se trouvent des magasins et une salle d'asile pour les enfants, remise, magasins,
ensemble les écuries et cours y attenant ; du côté de la rue de Bordeaux, deux logements
comprenant l'un en étage élevé sur cave et l'autre deux étages élevés sur deux magasins».
(source : statuts de la Société L. Lacroix fils, 24 août 1889)
II est probable que cette même année (1888), les ateliers situés rampe du Palet (avenue de
Cognac) ayant pignon sur la place Dunois aient été complètement reconstruits. La façade
(avenue de Cognac) appareillée de pierre et de brique est encore visible actuellement au n° 78
de F avenue de Cognac
L'ensemble est complété en 1899 place Dunois, par un nouvel atelier, probablement construit
par l'architecte Warin. (En septembre 1900, le directeur de la manufacture, Jules Durandeau,
évoque, lors du Conseil d'Administration de la Société L. Lacroix fils, les dépenses de la
construction des nouveaux ateliers pour un montant de 39 969 f.)
La façade est surmontée par un fronton [encore visible aujourd'hui] orné de la Légion
d'Honneur obtenue par Léonide Lacroix, en 1890.
En 1906, une nouvelle manufacture est construite 113 rue de Saintes. Les ateliers de la place
Dunois y sont transférés. [Cette manufacture de la rue de Saintes sera détruite par un
incendie dans la mut du 28 au 29 mai 1962.]
Les Brasseries Alsaciennes
Vue Panoramique des G°is BRASSERIES ET MALTER1E& ALSACIENNES D'ANGOULEME
{ E.Maurér. Fondateur.
--
-
•
•
—, .
-Usine modèle,munie des dertti&r&jferfectfonnemehts & fonctionnant
ntièrement à {'électricité.. Édifiée complètement à neuf en 1917..
Oapecité de production : 9O.QQQ à 7OO. OOO hectas.
Carte postale, vers 1920
En 1912, la société des « Grandes Brasseries et Malteries Alsaciennes » est créée et
entreprend la construction d'un nouveau bâtiment industriel « moderne ». Il a été réalisé sous
la direction d'Edgard Maurer entre 1912 et 1916 d'après les plans de Albert Cuvilier,
architecte à Reims, par les entrepreneurs Bernard et Felinaud, sur l'emplacement d'une partie
de l'ancienne brasserie Bœckel et Mortz, sur celui de l'église, du cloître et de la salle du
chapitre de l'ancienne abbaye Saint-Cybard.
L'ensemble tire partie du dénivelé important (15 mètres). Les murs porteurs sont en pierre, les
voûtements métalliques et les planchers en béton armé. La couverture est constituée de
terrasses.
L'article publié dans L'Illustration économique et financière en octobre 1922 témoigne de
l'importance de cette brasserie :
« C'est le 1er janvier 1912 que fut fondée la Société des Grandes Brasseries et Malteries
d'Angoulême, qui reprit la suite des brasseries Bœckel et Mortz, lesquelles avaient alors,
environ, une soixantaine d'années d'existence et qui étaient si avantageusement connues dans
toute la région. Actuellement, toute la vieille installation a disparu et la nouvelle Société s'est
installée en 1917 dans une usine complètement nouvelle, munie de tous les derniers
perfectionnements de la science brassicole. Ajuste titre, les Grandes Brasseries et Malteries
Alsaciennes d'Angoulême peuvent donc s'intituler la "brasserie la plus moderne de France".
Ce sont d'ailleurs les plus récentes comme construction. Les caves y sont aménagées en
"grenier", suivant les principes nouveaux, et tout y fonctionne à l'électricité. La puissance
annuelle de production des Grandes Brasseries et Malteries Alsaciennes d'Angoulême peut
dépasser 80 000 hectolitres et ses réserves normales dépassent 20 000 hectos. Le rayon
d'action de cet établissement s'étend sur dix- huit départements, et il exporte également au
Sénégal, au Maroc, en Syrie, etc., ses bières, qui sont les plus digestives et les plus
rafraîchissantes que l'on puisse trouver et qui, garanties pures et hygiéniques etfermentées
avec de la levure pure, sont d'une qualité absolument irréprochable. »
En 1949, l'entreprise et les bâtiments sont repris par la Brasserie de Champigneulles puis en
1961 par la Société Européenne des Brasseries.
Vers 1960, la malterie est arrêtée et seule est maintenue la mise en bouteilles.
En 1963, 16 millions de bouteilles partaient de la brasserie et en 1966, 120 000 hectolitres
En 1969, la brasserie cesse ses activités.
Le 14 août 1981, la Ville d'Angoulême achète à la Société Européenne de Brasseries
(Champigneulles, Meurthe-et-Moselle) les immeubles bâtis en ruines et non bâtis situés : 113,
115 et 115 bis, 121, 12Ibis, 125, 127, 133 et 133 bis rue de Bordeaux et du 54 au 64 avenue
de Cognac.
En mars 1982, les anciens hangars situés 107 rue de Bordeaux sont démolis.
Les principaux bâtiments sont réhabilités (1985-1991) par Roland Castro pour y accueillir le
Centre National de la Bande Dessinée et de l'Image.
D. Doc 4
Charente
Angoulême
Ancienne abbaye saint Cybard
Description
L'abbaye de Saint Cybard se trouvait en contrebas du rempart nord et à l'extérieur de la ville.
Le choix de ce site très contraignant d'un coteau à très forte pente est lié à la présence de la
grotte dans laquelle vécut le saint ermite.
L'ilôt Lacroix- Charbonnaud se trouve coincé entre les rues dans la partie Nord de la ville
entre l'avenue de Cognac, la rue de Bordeaux et la place Dunois qui fait office de figure de
proue. Le terrain présente une très fort déclivité fort contraignante mais qui a fait l'objet d'une
occupation depuis les temps les plus reculés.
Le plan initial de l'abbaye s'organisait autour du cloître avec l'église au sud, la salle capitulaire
à Test, le réfectoire devenu par la suite église au nord et divers bâtiments à l'ouest. Un passage
dans l'angle NW du cloître conduisait à une cour au sol en galet ouvrant en partie sur le logis
abbatial. Dans l'angle SW de cette cour, un passage voûté toujours en place, la reliait à la
porterie.
SAINT-CYBARD : LES ARCHITECTURES D' UN LIEU
L'ihbaje m&teïjle tXKiw-XUtntt *tides). f\u. milite BOISSA
L'abbaye ;Ju XVerne lu XVllIitne vtt> Ptin Brigitte BQS3*vir-CAî*.s a«c il collibtMKSi Je Claude LiR
Les bâtiments d'après les sources figurées
La représentation la plus ancienne de l'abbaye figure sur la vue cavalière de Belleforest
réalisée en 1575. On y distingue nettement l'église, le réfectoire et deux petits bâtiments.
L'un est situé près de la façade occidentale de l'église (il s'agit peut-être de l'infirmerie),
l'autre, au premier plan pose un problème d'interprétation. La perspective est tellement
accentuée qu'on peut y voir aussi bien un bâtiment orienté nord-sud ou nord/est - sud/ouest
(le logis abbatial?). L'église déjà en ruine à cette date y est représentée en parfait état, ce qui
amène quelques interrogations sur le rapport à la réalité que devait entretenir l'artiste.
La gravure réalisée par Chastillon au milieu du XVIIe s. montre l'abbatiale dépourvue de
couverture (doc. 2) 13 . A l'arrière plan, le réfectoire est partiellement à ciel ouvert lui aussi :
seule sa moitié orientale est couverte d'une toiture à double pente surmontée d'une croix. Ce
détail témoigne du transfert des fonctions religieuses de l'abbatiale en ruine vers l'ancien
réfectoire. Plusieurs autres bâtiments sont visibles dans la partie occidentale, mais les erreurs
de perspective ne facilitent pas leur identification.
"t H L -i A.% I I t J V k
UoenmtM 1 ; D.i.,iUu s>Ui,
f*
ifo^st. 1575. MiU.
OorUBIfftfî l U . i v
Les autres représentations sont plus précises, mais aussi plus tardives et partielles. Pour le
XVIIÏe s., il existe un plan détaillé du moulin et des bords de la Charente. Au XIXe s., suite à
13 Chastillon (C..), Topographie française ou représentation de plusieurs vitles, bourgs, châteaux, manoirs de
plaisance, ruines et vestiges d'antiquité du royaume de France. Paris 1648-1655. Planche nc63.
des problèmes de partage de propriété, trois plans de l'église (ancien réfectoire) sont dressés.
Le premier montre en plus une partie du cloître et du réseau de canalisation, ainsi que le
clocher construit à cheval sur le mur du réfectoire.
Les deux plans suivants sont plus lacunaires mais le moulin y est précisément localisé par
rapport à l'église.
4?3p«_
_p-j
,74™*-*fi*
44*"-1
Ctfllllllll 1HJ :-,•!.. pta.r,
Restitution du plan de l'abbaye au XVllle s.
Dans Tétât actuel des recherches, il n'existe pas de plan connu de l'abbaye Saint-Cybard
antérieur aux travaux du XIXe s. Mais le procès verbal de 1744, par son degré de précision,
permet une restitution en plan de Tétât au XVIIIe s. Cet état de l'abbaye comporte des
éléments bâtis antérieurs à cette date.
Articles du
texte
Bâtiment concerné
Art.4
Chambre du portier
Art. 10
Art. I l
Art. 13
Art.29
Art.33
Art.35
Art.36
Art.43
Art 45
Art.50
Art.51
Art 62
Art.62
à 94
Art.95
Art. 100
Art. 102
Art.108
Art 111
à 124
Eléments de localisation
A main droite du portail d'entrée un degré y
conduit.
Ancien mur de clôture Entre le portail du côté gauche jusqu'au mur de
la voûte de la chapelle. Renferme la montée du
degré qui conduit dans les appartements.
Degré qui conduit aux A main gauche du portail.
appartements hauts et à
la chapelle
Ecurie ruinée et
Joignante le degré précédemment évoqué.
incendiée
Joignante à la chambre du portier.
Ecurie
Chapelle de Messieurs « ...les bâtiments de la ditte abbaye sont en
deux ailles, l 'une à droit et l 'autre à gauche, au
les Abbés
millieu desquelles deux ailles il y a dans le
commencement de l'entrée une voûte... laquelle
dite voûte soutient la chapelle de Messieurs les
Abbés... »
Au-delà et joignante le mur des dites voûtes à
une petite cour
main droite.
A main gauche sous les voûtes, a son extrémité
Une cave
du côté du four banal, et de la rivière.
La cour de l'abbaye Au bout des voûtes qui sont sous la chapelle.
Une cave
Par côté à main gauche, fait face à la cour,
possède un mur du côté du passage voûté.
Emplacement
Au-dessus de la voûte de la cave qui joint le
découvert + chambre degré à gauche du portail d'entrée de l'abbaye
occupée par le sieur possède une croisée avec vue sur la rivière.
Benoist prieur
Chapelle de Messieurs Au côté droit en joignant le bâtiment ruiné
les Abbés
évoqué au précédent article.
Située à la suite de l'emplacement découvert de
Chambre
Tart.50, possède un mur qui fait face à la cour.
Salon
A la suite de la chambre précédente
possède un mur de séparation avec la chambre
du Sieur Benoist
a vue du côté de la rivière.
Chambre
Occupée par le sieur Benoist.
cabinet
A la suite de la chambre du sieur Benoist
possède une fenêtre qui a vue sur la rivière.
Petite chambre
Au bout du salon à main gauche.
du deffunt sieur
Valeteau
Petit cabinet
Situé sur le derrière de la petite chambre
a une petite fenêtre qui a vue sur la cour.
Au-dessous de la chambre du sieur Valeteau.
Grand cabinet ou
office
Accessible par un degré de bois à la sortie du
salon, le degré possède une fenêtre du côté de la
cour.
Art. 130
à 142
Salle commune de
l'abbaye
Art. 143
Art. 152
Petite chambre
Petit cabinet
Art. 153
Art. 154
à 163
Art. 164
à 174
Art. 175
Espace vide
Bibliothèque
Art.212
Art.219
Art.220
Art.230
Art.231
Art.235
à 247
Art.248
à 253
Art.254
à 289
Art.289
à 307
Art.308
Art.312
Art.313à319
Art.320
Art.320 à
Salon
Possède deux croisées ayant des meneaux en
pierre avec vues sur la rivière
possède un mur du côté de la rivière et un du
côté de la cour.
A côté de la salle à main gauche.
Au bout de la dite chambre à la suite de celle-ci
à main gauche
A la suite du petit cabinet.
A la suite possède un mur du côté de l'église.
A la suite de la salle commune
la croisée du salon a vue sur la cour.
A la suite du salon.
Cuisine du
Sieur Guitton
Petite chambre dans les Au dessus du vestibule
appartements du Sieur possède une fenêtre qui a vue sur la cour.
Guitton
A la suite du vestibule
Chambre
son plancher est appuyé sur une voûte.
Il est posé sur les voûtes qui conduisent au
galetas
cloître, possède un mur du côté de la rivière,et
un du côté de l'église.
Cuisine du Sieur
Accessible depuis la chambre de l'art.219
possède une croisée avec un meneau de pierre,
Guitton
(n'ayant aucune vitre ni châssis)
possède une porte de sortie dans le salon qui est
au bout de la salle commune et une autre sur une
galerie découverte.
Le mur à gauche est celui de la bibliothèque
le sol est 1 m plus bas que celui de la chambre.
Galerie découverte
Trace d'une ancienne charpente de la galerie
contre le mur de l'église. Possède un escalier qui
communique avec les cloîtres et l'église.
Grande salle
Accessible depuis le vestibule.
(du côté de l'ancienne Possède un pignon du côté de la cour et un autre
église)
du côté de l'ancienne église.
Emplacement joignant Il est situé à gauche de l'ancienne église
le précédent (bûcher) possède une porte de communication qui
descend dans les cloîtres.
Le rez-de-chaussée est voûté en berceau.
Possède également un étage.
Deux petits réservoirs Sous la galerie.
Sous la cuisine du Sieur Guitton
Ecurie
communique avec le dessous de la bibliothèque,
par la gauche.
Possède un mur qui fait face à celui de l'église.
Ecurie et caves
Ecurie sous la cuisine du sieur Guitton.
Cave sous la bibliothèque.
Cave sous la galerie couverte.
Au bout de la galerie couverte à gauche.
Colombier
Galerie couverte
Le mur du côté droit est celui de l'église, du
côté gauche il a vue sur la rivière.
331
l'I
Art.332 à 360
Art.361
Art.367
Art.382
Nouvelle église
Art.384
La salle du chapitre
Art.392
Une chapelle
Art.423
Les dortoirs
Art.489
Art.493
Un jardin
Chapelle inférieure
Art.513
Chapelle supérieure
Art.537
La Prison
l ère Sacristie
2ème Sacristie
Le clocher
On entre dans la galerie par une porte de
communication qui est dans le mur de la petite
galerie à la sortie de la cuisine.
La galerie possède un mur mitoyen avec le
colombier et un avec le degré qui conduit à
l'église. Un des coins de la galerie joint la
bibliothèque.
Possède une porte d'entrée sous les cloîtres.
Possède une porte de sortie du côté des cloîtres.
Possède une fenêtre du côté du moulin.
Pour y aller, on passe par l'emplacement qui
joint l'aile des cloîtres.
Ouvre sur les cloîtres.
Trois vitraux ouvrent du côté du jardin du sieur
Benoist.
Située entre la salle capitulaire et l'église
ancienne.
Conduit dans les dortoirs par un degré.
On y monte par un degré de pierre qui est dans
la chapelle de l'article 392.
Sur le derrière des sacristies et dortoirs.
Elle a été bâtie contre le mur de l'ancienne
église.
Accessible par une échelle en passant par un
vitrail de la chapelle basse.
La porte d'entrée de la prison ouvre sur la cour,
sur le derrière du degré qui conduit à la salle
commune.
Etat actuel
Le porche et le premier passage voûté
_
_
I
I
'
tt' îiwi
•'iikfwni<lu pordw- vir le nitir surf de U cour ocrkkfltafe,
Datation
L'analyse de B. Boissavit-Camus fait remonter la construction du porche à la première moitié
du XVIe s. l4 . Il ne doit pas être antérieur dans la mesure ou aucun travaux d'ampleur n'a été
réalisé dans le courant du XVe s. Quant aux voûtes, elles ont été datées par B. BoissavitCamus de la fin du XVIe s. ou du début du XVIIe s. l5. Mais en 1641, lors du procès qui
oppose Henry de Reffuge au reste de la communauté religieuse, Jacques Nourry déclare
qu'aucun travaux n'a été réalisé dans l'abbaye depuis 70 ans 16. Cet état fait plutôt partie des
travaux réalisés après le procès. Le seul culot non bûché du mur nord est un rappel de « culot
gothique » : la réalisation de copies de tels éléments était fréquente au XVIIe s.
Boissavit-Camus 1985 p.7.
Boissavit-Camus op. cit. p.8/9
ADCH 1 175.
Le logis abbatial:
J î?
1
—i >
J
'
~
IL
I
Les fonctions que ce bâtiment abrite au XVIIIe s. sont précisées dans le procès verbal de
1744. Le rez-de-chaussée est occupé par une écurie et des caves, tandis que l'étage est divisé
en plusieurs salles. La plus grande est qualifiée de salle commune, elle est suivie par un salon
et une cuisine qui se développent à l'Est, tandis que la bibliothèque, une chambre et deux
petits cabinets sont venus se greffer sur l'ancienne façade nord du logis. Le mur nord de la
salle commune comporte alors deux croisées à meneaux et traverses en pierre de taille.
Les dimensions initiales du bâtiment restent inconnues dans l'état actuel des recherches : la
longueur conservée ne correspond pas à la longueur réelle de la façade sur laquelle aucun
départ d'angle n'a été observé. La largeur initiale est également inconnue, puisque seule la
façade sud est conservée.
Les deux niveaux d'ouverture permettent de restituer un édifice doté d'un rez-de-chaussée (ou
d'un niveau semi-enterré) surmonté au minimum d'un étage. Un plancher sur solives couvrait
le premier niveau. L'éclairage parcimonieux dispensé par la fente renvoie probablement à des
fonctions de stockage (cellier?) pour le rez-de-chaussée (ou le niveau semi-enterré), tandis
que la fenêtre trilobée confère un caractère plus résidentiel à l'étage.
Parmi les critères de datation possibles, on retiendra le sommier débordant de l'arc surbaissé
de la porte. Par comparaison avec d'autres sites qui possèdent des éléments similaires (église
Saint-Laurent, Beaulieu-les-Loches (37), hôpital neuf de Pons (17) 17 , on estime que ce détail
technique est assez caractéristique de la fin du Xlle s. ou de la première moitié du XHIe s.
La recherche sur les fenêtres à meneaux a longtemps fait les frais d'une typologie vieillissante
et non étayée scientifiquement. Mais il existe depuis peu des exemples similaires bien datés
par dendrochronologie (Asnières-sur-Vègre (72) : première moitié du Xllïe s.18 ; Châtillonsur-lndre (36) : deuxième moitié du Xllïe s.).
C. Laroche estime que la partie supérieure de façade nord du logis abbatial a été construite
sous l'autorité de Henry de Reffuge (1640/1688). Les balustrades, corniches, et ailerons à
volutes sont tout à fait cohérents pour la seconde moitié du XVIIe s. Mais la structuration par
bandeaux de la façade et les lucarnes passantes rappellent plutôt les constructions du début du
XVIIe s 19 .
A la période industrielle, la cour de l'abbaye est sérieusement amputée par de nouvelles
constructions qui viennent mordre sur son espace. Ces transformations s'effectuent en
plusieurs étapes:
Une première façade est construite en travers de la cour. Avec le porche monumental et une
portion de la façade sud du logis, elle délimite désormais un espace intérieur
vraisemblablement divisé en deux niveaux par un plancher. C'est ce qu'indiquent les portes
bouchées qui donnent désormais dans le vide. Une première porte est créée puis bouchée à
l'angle nord-ouest de la nouvelle pièce. Elle est remplacée par une seconde porte dont le
percement a été rendu nécessaire par un abaissement du plancher. Des réfections affectent le
seuil et le linteau de cette porte, tandis qu'à la même période la fenêtre à trilobés est bouchée
et une partie de la façade donnant sur la cour « réparée ».
Un autre bâtiment est construit à l'avant intégrant le mur comme mur ouest, il est clos à l'Est
par une nouvelle façade à trois travées et deux niveaux. Il est borné au nord par une autre
portion du logis, qui est surhaussée pour accueillir la toiture du bâtiment. A la même période,
Legoux (V.), Scheffer (M.-E.), Beautieii-les-Loches, Eglise Saint-Laurent, Etude du bâti et des peintures
murales, rapport d'opération archéologique programmée, chantier école, AFAN, SRA Centre, Orléans
2000, 1 vol, 45 pages 56 figures.
lt!Scheffer (M.-E.}, Lichons (A.-A.), Prysmicki (L.), Pons, hôpital des Pèlerins, évaluation du potentiel
archéologique des élévations et du sol, DFS de sauvetage urgent, 45 pages, 39 figures, SRA Poitou-Charentes,
septembre 1999.
Scheffer (M.-E.), Asnières-sur-Vègre, la Cour/le Temple, Etude de bâti, sondages, DFS de sauvetage, AFAN,
SRA Pays de la Loire, Nantes 1998, 2 vol., 21 pages 29 figures.
<v
Laroche 1985 p.12.
une fenêtre est percée dans la portion de mur donnant encore sur la cour. D'autres
modifications vont suivre : le percement d'une très longue ouverture centrale en
remplacement de la fenêtre trilobée, le réaménagement de la porte et son obturation partielle.
Deux générations de trous de solives indiquent une variation du niveau de l'étage en fonction
de laquelle l'ouverture centrale a été modifiée.
Au XVIIIe s., un passage voûté constitué de deux travées permettait aux religieux de passer
de la cour de l'abbaye au cloître tout en restant au sec les jours de pluie... Ce passage existe
toujours aujourd'hui, mais il est totalement enclavé dans un ensemble architectural complexe.
Le listel des nervures est une forme architecturale qui se retrouve dans des constructions bien
datées du XIVe s.. La 1ère travée voûtée est de toute façon antérieure à la porte de style
Renaissance qui permet d'accéder au cloître. La 2ème est de taille plus modeste et de moindre
élévation. Les archéologues situent sa construction entre le 14ème et le 17ème.
I
1
Adjonction d ' u n porche monumental :
Les remaniements sont visibles en plusieurs endroits. L'élément le plus remarquable est la
construction de la façade percée d'un porche monumental (arc en anse de panier) et d'une
petite fenêtre. Un escalier tournant est adossé à la façade. L'ensemble du mur est couronné
par une corniche moulurée. Sa construction a engendré la reprise du mur nord du passage : le
nouveau parement est venu se plaquer contre l'ancien en formant une sur-épaisseur. Dans un
soucis d'harmonie, un arc en anse de panier est construit pour servir de passage . Cet
ensemble est totalement homogène.
J L
•'"
i .,,•„•
ir
La corniche située en limite du plafond est assez caractéristique d'un type de moulure du
XVIIe s. Mais la facture générale du porche paraît trop soignée pour la période concernée.
L'arc surbaissé, très écrasé, adopte une forme qui ferait tendre la datation vers la fin du
XVIIIe s. ou le début du XIXe s 20. Quoiqu'il en soit le porche figure sur un plan du début du
XIXe s.
Fait troublant, ce porche monumental et l'escalier tournant qui raccompagne ne sont pas
mentionnés par les experts de 1744 (alors que le moindre escalier de deux marches est
généralement décrit par le menu dans ce texte). Cela peut-il s'expliquer simplement par le fait
que le porche n'a pas besoin de réparation à cette date (il n'y a donc pas de raison de s'y
attarder ou de le mentionner) ?
Ces deux arguments incitent les archéologues à reconsidérer la datation initialement proposée
(le XVIe s.) 2I , et à envisager l'éventualité d'un ré-emploi ou d'une copie pour la corniche.
Cet état, bien qu'indéterminé est de toute façon postérieur aux deux travées voûtées. On peut
lui attribuer une fourchette de datation située entre la fin du XVIIe s et le début du XIXe s.
L'étude archéologique annexé au dossier analyse encore le bûcher (XVII- XVIIIème):
Rrinf Mtenpftutionifa •• S1
Ensemble des informations fournie par Marie-Paule Dupuis, chercheur au Service Régional de l'Inventaire,
DRAC Poitou-Charente.
21
B. Boissavit-Camus 1991 op. cit. p.22.
L'infirmerie (fin Xllle)
Ut
lit '
t**m
Hm*ir"*'*l*liç+'t<+it*rtimftm
V<
/'
PtoHl des bâdirtcnr- i
uisvMfapr.:s k-s h",[n:.ihrtJîs archéologiques !•: r
Conclusion
L'étude archéologique menée en 2002 a permis de compléter et de revisiter les hypothèses de
travail émises lors des fouilles de 1985/1988. L'accent a été mis sur la zone occidentale,
secteur particulièrement mal connu du complexe abbatial.
Le caractère précoce de la structure bipolaire de l'abbaye a été mis en évidence. Elle était
organisée dès le Xllle s. autour du cloître et d'une seconde cour à vocation profane. Ainsi, le
logis abbatial a été rajeunit de trois siècles par rapport aux hypothèses en vigueur. Des
vestiges de l'infirmerie, que l'on croyait disparue, ont été découverts piégés à l'intérieur des
constructions industrielles. Ces deux édifices forment avec le réfectoire, et probablement une
salle capitulaire initiale, les bâtiments conventuels du Xllle s. Le complexe abbatial a été
complété par rajout d'un ensemble de chapelles, vraisemblablement autour de la
Renaissance, Fait inédit jusqu'alors, Tune d'entre elles était située au-dessus du porche
d'entrée occidental. Une autre prenait la suite de la salle capitulaire, et les deux dernières
chapelles étaient situées dans le jardin, adossées contre le mur de l'abbatiale.
L'étude du bâti a mis en lumière la complexité de cet ensemble et de ses modes d'évolution à
travers les siècles.
La gestion de l'eau à l'intérieur de l'abbaye et les modalités de l'adaptation à un relief
contraignant par la mise en place de terrasses sont encore mal connues.
Grâce aux fouilles de 1986/1988 quelques éléments de cet aménagement spécifique sont
appréhendés pour les parties orientales de l'abbaye. Ainsi B. Boissavit-Camus évoque pour le
Haut Moyen Age quatre terrasses au moins, étagées du nord au sud. L'abbatiale, établie sur la
plus haute d'entre elles, lui doit son étroitesse et sa longueur considérable. Aux Xle/XIIe s., la
construction du cloître nécessite le nivellement de deux terrasses pour former un quadrilatère
(arasement de la partie supérieure de son emprise et remblaiement de la partie inférieure).
L'étude archéologique du bâti de l'ilôt Lacroix-Charbonnaud a montré que les bâtiments
étaient aussi étages dans la partie occidentale de l'abbaye, avec un dénivelé important entre la
cour et l'infirmerie. Mais on ignore pour l'instant si ces terrasses occidentales s'inscrivent
dans la continuité de celles qui ont été identifiées dans la partie orientales et qui remontent au
Haut Moyen Age.
Enfin, il convient de rendre hommage aux réalisations des périodes industrielles qui ont fait
elles aussi l'objet d'études.
L'abbaye Saint-Cybard est par son ampleur, et par la qualité de ses aménagements, l'un des
ensembles monastiques les plus importants de la région même si la connaissance de ce site
majeure reste encore très incomplète.
D. Doc 5
Charente
Angoulême
Ancienne abbaye saint Cybard
Synthèse historique et architecturale
L'abbaye bénédictine de Saint Cybard a été une des plus importante abbaye de l'Aquitaine.
L'église primitive bâtie au temps du saint fondateur a été consacrée vers 560. Elle est
reconstruite après avoir été brûlée par les Normands au 1 lème siècle. Elle portait le titre de
basilique et possédait de nombreuses reliques. Riche de plusieurs possessions, l'abbaye n'est
plus que ruine après les invasions anglaises et des travaux y sont entrepris au 15ème siècle.
Les protestants achèvent de la détruire alors qu'une aisance relative va s'instaurer jusqu'en
1736, date à laquelle, par ordre du roi, on trace deux routes à travers le monastère. Elle est
vendue comme bien national à la Révolution.
De l'abbaye médiévale, il reste divers bâtiments des XlIIème, XVème, XVIème, XVIL et
XVIlème : l'entrée et son passage voûté, diverses caves voûtées (XVI- XVIIème), le logis
(XIE-XVII et XIXème) donnant sur une cour depuis laquelle un passage voûté (XV-XVIème)
précédé d'un portail monumental (XVIIIème) donnait dans le cloître, des vestiges de
l'infirmerie et du cloître (XlIIème).
Sur ces strates anciennes, s'installent : un moulin à papier du sieur Gratereau (1791), les
papetiers Lacroix (1819-1887), qui ont un logis et une forge, puis à partir de 1865, sous
l'impulsion de Léonide Lacroix des ateliers de façonnage, vers 1890, l'entreprise Lemeteyer
puis en 1913, l'imprimerie Veyret devenue Charbonnaud en 1955, dernière occupante des
lieux et qui ferme ses portes en 1977.
Le CNBDI (1985/1991) est construit par Castro dans la partie est de l'ensemble sur laquelle se
trouvait depuis 1912, la brasserie Champigneulles (architecte Cuvillier de Reims).
Aujourd'hui un projet de réutilisation en résidence de service est à l'étude porté par la Sté
Vinci. Le dossier est suivi par la CRMH et le SRA qui souhaite entreprendre une étude
d'archéologie du bâti complémentaire.
La municipalité d'Angoulême reste propriétaire d'une partie des bâtiments qui comprend
l'ancien logis abbatial et le passage voûté constitué de deux travées et qui permettait aux
religieux de passer de la cour de l'abbaye au cloître. Elle sollicite l'inscription de cet
ensemble par DCM du 3 mai 2007.
Proposition de protection: IMH de la partie communale.
Poitiers, le 16/07/2007
Brigitte Montagne
Chargée d'études documentaire principal
N,
X
entablement et inscriptions (IMH). Les bâtiments annexes construits au début du 20ètne abritent
en autre une remarquable piscine au décor de céramique.
L'armée devrait maintenant quitter ces lieux pour se regrouper dans des bâtiments neufs en cours
de construction. Ce départ est envisagé dans deux ou trois ans.
Charente-Martimc
Le Vergeroux
Pyrotechnie
Prvpriétciu? : Ici commune. Demande de protection proposée plusieurs fois par la CRMH, renouvelée le 16
novembre 2006
Présentation : B. Montagne
La Pyrotechnie du Vergeroux comprend un vaste ensemble, au coeur d'un enjeu d'aménagement,
dont certaines constructions remontent au 18ème siècle : redoute carrée de 1758, magasin à
poudre : 1771-1773... A 1 km au sud, desservi par voie ferrée traversant son mur d'isolement, se
dresse un vaste magasin à poudre construit après 1875, conçu pour 365 tonnes de poudre,
caractérisé par des gargouilles à têtes de lion et ses plaques de blindage de barbacane marquées
d'une ancre.
Cet édifice, appartient maintenant à la commune qui a profité des terrains avoisinants pour
construire des pavillonnaires. Abandonné et pillé, il reste un édifice unique et exceptionnel sans
avcnk pour l'instant...
Charente
Angoulême
Ancienne abbaye Saint Cybard
Ilôt Charbonneau
Propiiêtfttfv : la commune. Dossier suivi par la CRMH ei le SRI
L'abbaye bénédictine tic Saint Cybard a été une des plus importante de l'Aquitaine. L'église
primitive bâtie au temps du saint fondateur a été consacrée vers 560, Elle est reconstruite après
avoir été brûlée par les Normands au llcme siècle. Elle portait le titre de basilique et possédait de
nombreuses reliques. Riche de plusieurs possessions, l'abbaye n'est plus que ruine après les
invasion- anglaises et des travaux y sont entrepris au 15cme siècle. Les protestants achèvent de la
détruire alors qu'une aisance relative va s'instaurer jusqu'en 1736, date à laquelle, par ordre du roi,
on trace deux routes à travers le monastère. Elle est vendue comme bien national à la révolution.
Au 19ème, le terrain est occupé par une imprimerie et plusieurs brasseries. En 1912, l'installation
de la brasserie Charnpignculles (architecte Cuvillier de Reims) et de la papeterie Charbonneau
donne Heu à des remaniements importants.
Le CNBDI s'est installé dans la partie nord de l'ensemble et aujourd'hui un projet de réutilisation
en résidence de service est à l'étude porté par la Sté Vinci. Le dossier est suivi par la CRMH et le
SRA qui souhaite entreprendre une étude d'archéologie du bâti,
FIN DE SEANCE
Tous les dossiers ayant été examinés, M. le président remercie les participants et déclare la séance
levée.
Délégation permanente C.R.P.S. Du 13 février 2007
26
Dominique PEYRE
Conservateur des Monuments Historiques
Direction Régionale des Affaires Culturelles
Conservation des Monuments Historiques
Poitou-Charentes
102, Grand'rue 86020 Poitiers
Tel : 05.49.36.30.31 - Fax ; 05.49.88.32.02
Poitiers, le
CRPS du 2 octobre 2007
AVIS SUR DOSSIER
Département
Commune
Edifice
: Charente
: Angoulême
: Hôtel Lacroix-Charbonnaud, ancienne abbaye Saint Cybard
Le site de l'abbaye de Saint-Cybard se déchiffre comme un palimpseste d'une particulière
complexité : siège de l'une des fondations monastiques d'Aquitaine les plus importantes, remontant à 560,
cet établissement fut reconstruit ou restauré à diverses époques, IXe, Xle siècles, après la guerre de Cent
Ans, après les guerres de religions ; dépouillé à la Révolution, divisé entre plusieurs propriétaires il vit
l'installation d'une papeterie, puis d'une brasserie au XIXe siècle, d'une imprimerie au début du XXe
siècle, pour accueillir enfin le Centre National de la bande dessinée et de l'Image dans les années 19851991.
Démolitions et constructions nouvelles aboutissent à un ensemble architectural dont le caractère
hétéroclite fait la richesse et l'intérêt.
En 1984, à l'occasion du projet du CNBD1, fut engagée une démarche de protection au titre
des Monuments historiques : on estima alors nécessaire la réalisation d'une étude archéologique afin
d'identifier les différents états de l'ancienne abbaye. Finalement aucune décision de protection ne fut
envisagée : on peut penser qu'une protection au titre des monuments historiques était perçu, à tort ou à
raison, comme une gène, pour ne pas dire un obstacle au projet du CNBDI. Sans doute aussi les esprits
n'étaient pas prêts, de part et d'autre, au dialogue et aux compromis nécessaires à la création et à
l'inscription d'une oeuvre contemporaine dans un site chargé d'histoire, remarquable par la diversité des
activités qui s'y étaient exercées.
Le statut de propriété a pu constituer d'autre part, un obstacle à la prise en compte de
l'ensemble du site pour sa valorisation patrimoniale.
Aujourd'hui la situation reste complexe et difficile mais au plan des principes et dans la
perspective d'une problématique scientifique requise par cet avis, il apparaît difficile de proposer à la
protection au titre des monuments historiques, la seule partie comprenant l'ancien logis abbatial et le
passage voûté du cloître.
Les études historiques et archéologiques du site nous apportent une matière particulièrement
riche et significative pour permettre d'envisager une protection d'ensemble.
Il faudra cesser de penser qu'un projet contemporain répondant à des nécessités économiques
ou à la revitalisation d'un quartier est.
par définition, incompatible avec une démarche de
patrimonialisation.
Le présent dossier montre l'intérêt des vestiges archéologiques de l'ancienne abbaye comme
des bâtiments abritant les différentes activités qui se sont succédées à cet endroit, c'est pourquoi je donne
un avis favorable à une protection d'ensemble.
En tout état de cause, si une telle protection ne pouvait être envisagée concrètement, il
conviendrait d'engager des études complémentaires nécessaires à une parfaite connaissance du site avant
de réaliser de nouvelles destructions même partielles.
COMMISSION REGIONALE DU PATRIMOINE ET DES SITES
DU 2 OCTOBRE 2007
Ângoulême, îlot Lacroix-Charbonnaud, ancienne abbaye Saint-Cybard
L'abbaye Saint-Cybard a fait l'objet de deux études archéologiques : la première à l'occasion
de la construction du CNBDI, en 1984-1988, et la seconde en 2002. Cette dernière s'est
concentrée sur une étude du bâti de l'immeuble Charbonnaud, portant tant sur les bâtiments
abbatiaux que sur les constructions à vocation industrielle.
Elle a montré la qualité du bâtiment, qui a réutilisé une grande partie du bâti préexistant, y
compris d'un bâti ancien (XITIe/XIVe siècle) resté insoupçonné lors de la première étude.
Le bâtiment industriel (brasserie Boeckel et Mortz, puis grandes brasseries et malteries
alsaciennes d'Angoulême, puis Champigneulles, puis Société européenne des brasseries) a
également été étudié dans le cadre de l'inventaire du patrimoine industriel de PoitouCharentes.
La demande de protection porte sur une petite partie du bâtiment appartenant à la ville
d'Angoulême, correspondant à peu près au seul logis abbatial. Elle exclut :
la partie comprenant le passage voûté et le porche d'entrée ;
toute la façade occidentale où l'étude architecturale a pourtant montré que des éléments du
XTTIe siècle étaient conservés sur plus de 4 mètres de hauteur, jusqu'au deuxième niveau
de l'usine ;
la partie comprenant l'infirmerie ;
les bâtiments industriels ;
les vestiges conservés dans la crypte sous le CNBDI ;
les restes de l'église.
L'abbaye Saint-Cybard constitue un tout, comprenant les différents bâtiments de l'abbaye de
sa fondation jusqu'à la veille de la Révolution française, ainsi que des constructions à
vocation industrielle.
Il serait ainsi plus cohérent de protéger l'ensemble, y compris les vestiges conservés sous le
CNBDI et la partie occidentale, qui comprend des éléments parmi les plus anciens de
l'abbaye et qui est aujourd'hui concernée par un important projet d'aménagement.
La présente proposition s'assimile à un de ces « détourages » qui parviennent devant la
commission alors que celle-ci prône depuis quelques années des protections cohérentes.
J'émets un avis réservé pour cette raison.
ergc Bouffangc
Liberté • Cgalitf • Fraternité
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
PRFFP.CTURE DE LA RÉGION POTTOU-CHARENTES
Poitiers, le
Service régional de
l'archéologie
Affaire suivie par
Jean-François BARATIN
Tél. 05.49.36.30.35
Fax 05.49.36.30.65
[email protected]
Référence :
Charente
ANGOULEME
Ilôt Lacroix-Charbonnaud, ancienne abbaye Saint-Cybard
Avis du conservateur régional de l'archéologie
JFB/PD/A07/.
Je ne reviendrai pas sur l'histoire bien connue de cet édifice et déjà
mentionnée par d'autres rapporteurs.
« La visite des lieux permet une lecture assez claire de ce qui fut le noyau
central de l'abbaye ; il est en effet possible de restituer assez précisément
l'emplacement de l'église, de la salle capitulaire, du réfectoire et du cloître
grâce à quelques pans de murs médiévaux encore en élévation ».
A m'entendre vous pourriez être surpis de ne pas reconnaître le dossier qui
est aujourd'hui soumis à votre assemblée.
En fait, j'ai emprunté ces quelques lignes à Madame Jeanne BERNARD.
agent recenseur à la conservation régionale des monuments historiques.
Elles faisaient parties d'une note rédigée en 1984 à propos du projet de
centre national de la bande dessinée et de l'image. La réalisation de ce
projet a gommé à jamais toutes les traces patrimoniales du « noyau central
de cette prestigieuse abbaye ».
Il faut donc bien considérer que le dossier présenté aujourd'hui ne
coiTCSpond qu'à une partie de ce vaste ensemble aujourd'hui très largement
disparu ou trop indéfini.
De ce qui reste, « il paraît toutefois essentiel de préserver un ensemble
représentatif et qui ait une certaine cohérence » [cette phrase est également
extraite de la même note de Jeanne BERNARD].
Direction régionale des affaires culturelles de Poitou-Charentes
Hôlê! de Knchefort - '02, Grand Rue - B.P. 553 - 86020 POITIERS CEDEX-Téléphone : 05 49 36 30 30 - Télécopie . 0 5 4 9 8 8 3 2 0 2
drac.poitou-charentesCojcuiture.gouv.fr- www.poitou-ch&renies.culture.gouv.fr
Bureaux ouverts au public de 9hOO à 12hOO et de 14hOO à 17hOO
La Ville d'Angoulême, en restant propriétaire du logis abbatial, est tout à
fait dans cette logique puisqu'il s'agit du seul ensemble cohérent qui nous
soit parvenu et dont l'étude d'archéologie du bâti réalisée par Marie-Eve
SCHEFFER, permet d'attribuer au moyen-âge classique. C'est-à-dire une
des périodes les plus représentatives de l'histoire de cette grande abbaye.
Pour ces raisons, je donne un avis extrêmement favorable à la demande de
protection au titre des monuments historiques.
Le Conservateur Régional
Jean-François BARATIN
Liberté • Egalité • Fraternité
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
3 e
Angoulême, le
Ministère
Service départemenla
de ï'Architeelurï
et du Patrimoiru
de la Charente
- l SEP. 2007
^ttjJ\%fou.
fi
L'Architecte des Bâtiments de France,
Chef du Service Départemental de
l'Architecture et du Patrimoine
Monsieur le Directeur Régional des Affaires Culturelles de
Charente
ANGOULEME
Poitou-Charentes
Conservation Régionale des Monuments Historiques
102Grand'Rue
BP553
86020 POITIERS CEDEX
N/ REF :
Vf RE F : Votre bordereau d'envoi du 2 août 2007.
OBJET : Protection de l'îlot Lacroix-Charbonnaud, ancienne abbaye de Saint-Cybard.
Par courrier reçu le 6 août 2007, vous sollicitez mon avis sur la
protection de l'îlot Lacroix Charbonnaud, ancienne abbaye de Saint-Cybard.
Cet îlot me semble être un exemple particulièrement explicite de la
sédimentation des époques dans un édifice.
L'archéologie du bâti présentée dans le dossier de protection est tout-àfait remarquable.
Il me semble que au-delà même de l'ancienne abbaye Saint-Cybard, c'est
la succession des activités, la superposition des interventions et la qualité des
ouvrages réalisés aux différentes époques qui présentent un intérêt réel.
Toutefois, les vicissitudes du site depuis une trentaine d'années font qu'il
est aujourd'hui dans un état de dégradation très avancé remettant en cause la
conservation d'éléments importants de la période industrielle (grande nef avec les
fermes bois métal, structure de charpente métallique en parapluie...) puis à moyen
terme, l'ensemble de la strate industrielle elle-même. Au regard de ce contexte, la
proposition d'inscription de l'ancien logis abbatial et du passage voûté reçoit de
ma part un avis favorable.
Le suivi du projet de résidence de service porté par la Société Vinci
relevant de la législation sur les bâtiments adossés, devra permettre la prise en
compte des éléments bâtis contigus dans toute leur épaisseur.
LoTc~OOTf:
Charente
ANGOULEME
Ancienne abbaye Saint-Cybard, ilôt Lacroix - Charbonmud
Propriétaire : privé et commune. Demande de protection de la partie communale par DCM du 3 mai 2007.
Dossier examiné par la délégation de la CRPS du 13/02/2007.
Protection existante: abords de MH
Présentation: 'Brigitte MONTAGNE
et Denis PEAUCELLB, conservateur du Musée du papier
d'Angoulême.
L'abbaye bénédictine de Saint Cybatd a été une des plus importante abbaye de l'Aquitaine.
L'église primitive bâtie au temps du saint fondateur a été consacrée vers 560. Elle est reconstruite
après avoir été brûlée par les Normands au llème siècle. Elle portait le titre de basilique et
possédait de nombreuses reliques. Riche de plusieurs possessions, l'abbaye n'est plus que ruine
après les invasions anglaises et des travaux y sont entrepris au 15ème siècle. Les protestants
achèvent de la détruire alors qu'une aisance relative va s'instaurer jusqu'en 1736, date à laquelle,
par ordre du roi, on trace deux routes à travers le monastère. Elle est vendue comme bien
national à la Révolution.
De l'abbaye médiévale, il reste divers bâtiments des XHIème, XVème, XVIème, XVII et
XVIIème : l'entrée et son passage voûté, diverses caves voûtées (XVI- XVIIème), le logis (XIIIXVII et XIXème) donnant sur une cour depuis laquelle un passage voûté (XV-XVIème) précédé
d'un portail monumental (XVIIIème) donnait dans le cloître, des vestiges de l'infirmerie et du
cloître (XHIème).
Sur ces strates anciennes, s'installent : un moulin à papier du sieur Gratereau (1791), les papetiers
Lacroix (1819-1887), qui ont un logis et une forge, puis à partir de 1865, sous l'impulsion de
Léonide Lacroix des ateliers de façonnage, vers 1890, l'entreprise Lemeteyer puis en 1913,
l'imprimerie Veyret devenue Charbonnaud en 1955, dernière occupante des lieux et qui ferme ses
portes en 1977. Le CNBDI (1985/1991) est construit par Castro dans la partie est de l'ensemble
sur laquelle se trouvait depuis 1912, la brasserie Champigneulles (architecte Cuvillier de Reims).
Aujourd'hui un projet de réutilisation en résidence de service est à l'étude porté par la Sté Vinci.
Le dossier est suivi par k CRMH et le SRA qui souhaite entreprendre une étude d'archéologie du
<bâti complémentaire.
La municipalité d'Angoulcmc reste propriétaire d'une partie des bâtiments qui comprend l'ancien
logis abbatial et le passage voûté constitué de deux travées et qui permettait aux religieux de
passer de la cour de l'abbaye au cloître.
AVIS REQUIS :
Avis du service régional de rarchéologie
M. BARATIN ne revient pas sur l'histoire bien connue de cet édifice et déjà mentionnée par
d'autres rapporteurs. «La visite des lieux permet une lecture assez claire de ce qui fut le noyau
central de l'abbaye ; il est en effet possible de restituer assez précisément l'emplacement de
l'église, de k salle capitukire, du réfectoire et du cloître grâce à quelques pans de murs médiévaux
encore en élévation ».
A l'entendre vous pourriez être surpris de ne pas reconnaître le dossier qui est aujourd'hui soumis
à votre assemblée.
En fait, M. BARATIN a emprunté ces quelques lignes à Madame Jeanne BERNARD, agent
recenseur à k conservation régionale des monuments historiques. Elles faisaient parties d'une
note rédigée en 1984 à propos du projet de centre national de k bande dessinée et de l'image. La
réalisation de ce projet a gommé à jamais toutes les traces patrimoniales du « noyau central de
cette prestigieuse abbaye ».
CRPS du 2 octobre 2007
12
Il faut donc bien considérer que le dossier présenté aujourd'hui ne correspond qu'à une partie de
ce vaste ensemble aujourd'hui très largement disparu ou trop indéfini.
De ce qui reste, « il paraît toutefois essentiel de préserver un ensemble représentatif et qui ait une
certaine cohérence » [cette phrase est également extraite de la même note de Jeanne BERNARD].
La ville d'Angoulême, en restant propriétaire du logis abbatial, est tout à fait dans cette logique
puisqu'il s'agit du seul ensemble cohérent qui nous soit parvenu et dont l'étude d'archéologie du
bâti réalisée par Marie-Eve SCHEFFER, permet d'attribuer au moyen-âge classique. C'est-à-dire
une des périodes les plus représentatives de l'histoire de cette grande abbaye.
Pour ces raisons, le service de l'archéologie donne un avis extrêmement favorable à la demande
de protection au titre des monuments historiques.
Avis de l'architecte des bâtiments de France, M. GUILBOT
Cet ilôt semble particulièrement explicite de la sédimentation des époques dans un édifice.
L'archéologie du bâti présenté dans le dossier de protection est tout-à-fait remarquable. Au delà
de l'ancienne abbaye, c'est la succession des activités, la superposition des interventions et la
qualité des ouvrage réalisés aux différentes époques qui représentent un intérêt réel. Toutefois, les
vicissitudes du site depuis une trentaine d'année font qu'il est dans un état de dégradation très
avancé remettant en cause la conservation d'éléments importants de la période industrielle
(grande nef avec des fermes bois métal, structure de charpente métallique en parapluie...) puis, à
moyen terme, l'ensemble de la strate industrielle.
Au regard de ce contexte, la proposition d'inscription du logis abbatial et du passage voûté reçoit
de sa part un avis favorable.
Le suivi du projet de résidence de service porté par la société Vinci relevant de la législation sur
les bâtiments adossés, devra permettre la pris en compte des éléments bâtis contigus dans toute
leur épaisseur.
Avis de l'architecte en chef des monuments historiques. M. DODEMAN
Le projet de réhabilitation des anciennes brasseries d'Angoulême signé par Roland CASTRO
pour accueillir le CNBDI a initié des projets de reconversion de ce secteur de la ville
d'Angoulême. L'architecte est emblématique d'une certaine modernité des années 80 qui met en
scène symboliquement la culture (loisir populaire) en opposition au contexte industriel (ouvrier
et capitaliste). D'autres grands projets ont vu le jour dans le quartier, moins audacieux, plus lisses,
à l'intégration mieux réussie. Néanmoins, parmi les orientations de la politique de la ville, le sujet
de la reconversion demeure crucial.
Il n'y a pas si longtemps et non loin, l'imprimerie HEBERT a été classée MH sans cependant
qu'aucun projet ne s'y réalise. Ce patrimoine industriel se dégrade rapidement. Doit-on penser à
cause de cela que le développement de programme contemporain ne puisse se réaliser dès lots
qu'une protection MH intervient?
Parallèlement, sur l'ilôt LACROIX-CHARBONNAUD, le travail persévérant des archéologues a
exhumé et mis en évidence le substrat historique. Bien que modestes, ces vestiges analysés posent
la question de l'appartenance du lieu à ses mémoires superposées et pas seulement celle de
l'ancienne abbaye Saint-CYBARD. Nous reconnaissons d'ailleurs ne pas démêler tout l'imbroglio
de ces occupations passées, celles disparues que la documentation restitue, et celles subsistantes:
bâtiments, vestiges, objets mobiliers extraits du sol.
A la complexité s'ajoute une impression d'abandon dans ce quartier déserté par la promotion
immobilière, qui confère à ces vestiges un caractère insolite. Un regard sensible au patrimoine
ancien, nous fait goûter que ces lambeaux du passé ont eu l'heureuse aventure de subsister.
La protection de ces parcelles, en ce point de jonction de la rivière et de la cité imposera aux
promoteurs de donner sens à leur projet à partir du passé. C'est une contrainte forte. Nous
soutenons cette idée de renouvellement fondé sur la préservation, de refus des démolisseurs, de
recherche de cohérence urbaine par le maintien de la mémoire. M. DODEMAN est donc
favorable à une protection des parcelles sans distinction, aussi bien du patrimoine industriel que
des vestiges de l'abbaye. Il formule le voeu qu'elle soit une stimulation à faire autrement, de la
ville.
CRPS du 2 octobre 2007
13
Avis du conservateur régional de l'Inventaire, M. BQUFFANGE
L'abbaye Sarnt-Cybard a fait l'objet de deux études archéologiques : la première à l'occasion de la
construction du CNBDI, en 1984-1988, et la seconde en 2002. Cette dernière s'est concentrée sur
une étude du bâti de l'immeuble Charbonnaud, portant tant sur les bâtiments abbatiaux que sur
les constructions à vocation industrielle.
Elle a montré la qualité du bâtiment, qui a réutilisé une grande partie du bâti préexistant, y
compris d'un bâti ancien (XlIIe/XIVe siècle) resté insoupçonné lors de la première étude.
Le bâtiment industriel (brasserie Boeckel et Mortz, puis grandes brasseries et malteries
alsaciennes d'Angoulême, puis Champigneulles, puis Société européenne des brasseries) a
également été étudié dans le cadre de l'inventaire du patrimoine industriel de Poitou-Charentes.
La demande de protection porte sur une petite partie du bâtiment appartenant à la ville
d'Angoulême, correspondant à peu près au seul logis abbatial. Elle exclut :
la partie comprenant le passage voûté et le porche d'entrée ;
toute la façade occidentale où l'étude architecturale a pourtant montré que des éléments du
Xllle siècle étaient conservés sur plus de 4 mètres de hauteur, jusqu'au deuxième niveau de
l'usine ;
la partie comprenant Finûrmerie ;
les bâtiments industriels ;
les vestiges conservés dans la crypte sous le CNBDI ;
les restes de l'église.
L'abbaye Saint-Cybard constitue un tout, comprenant les différents bâtiments de l'abbaye de sa
fondation jusqu'à la veille de la Révolution française, ainsi que des constructions à vocation
industrielle.
Il serait ainsi plus cohérent de protéger l'ensemble, y compris les vestiges conservés sous le
CNBDI et la partie occidentale, qui comprend des éléments parmi les plus anciens de Pabbaye et
qui est aujourd'hui concernée par un important projet d'aménagement La présente proposition
s'assimile à un de ces « détourages » qui parviennent devant la commission alors que celle-ci
prône depuis quelques années des protections cohérentes. Avis réservé pour cette raison.
Avis du conservateur des monuments historiques, M. PEYRE
Le site de l'abbaye de Saint-Cybard se déchiffre comme un palimpseste d'une particulière
complexité : siège de l'une des fondations monastiques d'Aquitaine les plus importantes,
remontant à 560, cet établissement fut reconstruit ou restauré à diverses époques, IXe, Xle
siècles, après la guerre de Cent Ans, après les guerres de religions ; dépouillé à la Révolution,
divisé entre plusieurs propriétaires il vit l'installation d'une papeterie, puis d'une brasserie au XIXe
siècle, d'une imprimerie au début du XXc siècle, pour accueillir enfin le Centre National de la
bande dessinée et de l'Image dans les années 1985-1991. Démolitions et constructions nouvelles
aboutissent à un ensemble architectural dont le caractère hétéroclite fait la richesse et l'intérêt.
En 1984, à l'occasion du projet du CNBDI, fut engagée une démarche de protection au titre des
Monuments historiques : on estima alors nécessaire la réalisation d'une étude archéologique afin
d'identifier les différents états de l'ancienne abbaye. Finalement aucune décision de protection ne
fut envisagée : on peut penser qu'une protection au titre des monuments historiques était perçue,
à tort ou à raison, comme une gène, pour ne pas dire un obstacle au projet du CNBDI. Sans
doute aussi les esprits n'étaient pas prêts, de part et d'autre, au dialogue et aux compromis
nécessaires à la création et à l'inscription d'une oeuvre contemporaine dans un site chargé
d'histoire, remarquable par la diversité des activités qui s'y étaient exercées.
Le statut de propriété a pu constituer d'autre part, un obstacle à la prise en compte de l'ensemble
du site pour sa valorisation patrimoniale.
Aujourd'hui la situation reste complexe et difficile mais au plan des principes et dans la
perspective d'une problématique scientifique requise par cet avis, il apparaît difficile de proposer
à la protection au titre des monuments historiques, la seule partie comprenant l'ancien logis
abbatial et le passage voûté du cloître.
CRPS du 2 octobre 2007
14
Les études historiques et archéologiques du site nous apportent une matière particulièrement
riche et significative pour permettre d'envisager une protection d'ensemble.
Il faudra cesser de penser qu'un projet contemporain répondant à des nécessités économiques ou
à la revitalisation d'un quartier est, par définition, incompatible avec une démarche de
patrimonialisation. Le présent dossier montre l'intérêt des vestiges archéologiques de l'ancienne
abbaye comme des bâtiments abritant les différentes activités qui se sont succédées à cet endroit,
c'est pourquoi je donne un avis favorable à une protection d'ensemble.
En tout état de cause, si une telle protection ne pouvait être envisagée concrètement, il
conviendrait d'engager des études complémentaires nécessaires à une parfaite connaissance du
site avant de réaliser de nouvelles destructions même partielles.
DEBAT :
M. Cazenave appelé à se prononcer émet à son tour un avis favorable. Il informe la commission
que ce dossier a fait l'objet de négociations suivies entre le promoteur VINCI, porteur d'un projet
de réutilisation des bâtiments industriels, la ville propriétaire du logis abbatial et les services de
l'Etat : archéologie, CRMH, SDAP. C'est notamment grâce aux sondages de 2004 que la DRAC a
pu arriver en force, avec des arguments pour travailler avec les promoteurs et imposer qu'il ne
touche pas aux strates basses pour l'essentiel médiévales mais uniquement à la partie industrielle.
La charpente métallique qui est au bord de l'effondrement, en très mauvais état, sera tout de
même en partie réutilisée pour servir de structure à une verrière sur la cour du logis abbatial. La
charpente bois ne peut être récupérée.
M. GUILBOT précise qu'aujourd'hui, le permis de construire a été déposé et est en cours
d'instruction dans les services. Il rappelle que depuis sa fermeture dans les années 70, ce site a fait
l'objet de nombreux projets restés inaboutis. La Sté VINCI va y installer une résidence de
services et, au terme des nombreuses réunions de travail, l'ABF a donné un avis favorable au
permis de construire.
M. PEYRE s'étonne que l'on puisse encore envisager de démolir pour asseoir une construction
contemporaine, elle devrait au contraire partir de ce qui existe, le principe de la « tabula rasa »
n'est plus de mise. C'est pourquoi il faut proposer une protection plus étendue. Cette protection
n'a pas été retenue dans les années 80 car les esprits n'étaient pas prêts.
M. CAZENAVE estime que le travail mené avec les promoteurs et la collectivité, à forte teneur
pédagogique c'est soldé par k préservation de l'essentiel de l'esprit du site et de ce qui pouvait
être conservé. La protection proposée identifie plus précisément la partie la plus ancienne du site
au temps où se tenait une abbaye.
M. BARATIN précise qu'il s'est prononcé sur l'objet (le logis abbatial) qui selon lui mérite une
protection. C'est tout de même bien tout le site qui présente un intérêt, ce qui a été révélé par les
fouilles de 2004. Elles ont permis de distinguer la valeur des strates inférieures et de négocier
avec l'aménageur. Ainsi, les fouilles prévues cet été sur le mur de l'infirmerie n'ont pu être
conduites en raison de son état de délabrement ; toutefois, l'aménageur ne fera aucun percement
sur ce mur et une prescription de fouille nouvelle pour compléter l'étude a été acceptée.
M. VAN DAM ne voit pas pourquoi on irait au delà de la demande de k municipalité d'autant
plus que le projet négocié donne satisfaction à tout le monde.
M. LENIAUD indique que tout ce qui touche à Saint Cybard est très important pour la région et
plus encore. La logique de la CRPS c'est d'examiner un ensemble archéologique ou architectural.
Il aurait été préférable de présenter l'intégralité de la chose plutôt que de dissocier le dossier en
deux: la partie ville, la partie privée et son projet. On croit sur parole ceux qui nous disent que le
projet est satisfaisant mais maintenant que le permis de construire est approuvé, il n'est plus
possible d'agir. Nous sommes donc très frustrés et k situation est d'autant plus dommageable que
VINCI n'est par un promoteur ordinaire et que ses projets ne sont pas toujours extraodinaires.
M. LENIAUD pense qu'il est particulièrement regrettable de ne plus pouvoir intervenir et de ne
pas avoir discuté de k protection avant les négociations avec le promoteur.
M. ALZOU indique que de tous., c'est sans doute lui qui est le plus frustré car en 1984, lorsqu'un
premier dossier a été établi sur ce site, les bâtiments étaient encore sauvables. Le dossier arrive
bien tard. Même si le projet est issu des tractations entre VINCI et les services de l'Etat, on ne le
présente pas aujourd'hui. Par ailleurs, on ne sait pas ce que va faire la ville de l'ancien logis
CRPS du 2 octobre 2007
15
abbatial. Au final même si l'on a pu éviter que VINCI mette tout par terre, et obtenir un certain
nombre de sauvegardes, il s'agit là d'un triste dossier.
M. VAN DAM rappelle que l'on ne peut pas ré- écrire l'histoire et que ce dossier à été réactivé
par nos services à l'occasion de ce projet de réutilisation. Il ne convient pas de fake un procès
d'intention à la Sté VINCI ou à la ville. Il insiste sur le fait que-c'est la moins mauvaise solution
qui est finalement acceptée de tous. Par ailleurs, on ne peut pas geler la situation au nom de la
conservation du site. Les projets d'aménagement de cet ilôt doivent aboutir.
Pour M. LENIAUD, l'inscription, tout le monde le sait bien, n'a jamais rien gelé, elle permet
d'exercer un contrôle léger sur l'évolution des choses. Il maintient que le service aurait été plus
fort si tout le site avait été préalablement inscrit.
Mme BARBEAULT pense que ce projet doit en outre s'inscrire dans une politique
d'aménagement urbain et qu'il doit être distingué dans la ZPPAUP.
M. AUZOU trouve regrettable que l'on fasse abstraction de l'histoire industrielle du site en ne
proposant à la protection que le logis abbatial. Au final, seuls trois portiques métalliques vont être
réutilisées dans la cour et les façades sur rue conservées.
M. CAZENAVE informe la commission que des tractations sont en cours avec la ville pour
élaborer un secteur sauvegardé.
Mme DONNEFORT pense que trop d'élément restent dans l'ombre sur ce dossier et elle
donnera pour sa part un avis défavorable à toute mesure de protection.
Même si le permis de construire est un droit acquis, M. DODEMAN pense qu'une proposition
de protection sur la totalité du site ne serait pas en contradiction avec les aspects factuels,
temporels et juridiques de ce dossier. Cela permettrait en outre de démontrer à la ville et au
promoteur que la protection ne représente pas une entrave.
M. SOURIS se montre particulièrement intéressé par ce dossier car il existe des liens entre Saint
Cybard et Saint Amand. Il est d'autant plus inquiet que la même société est actuellement en train
de détruire des hectares de forêts dans une ancienne carrière, forte selon ses propos, de l'aval de
la DRAC.
M. VAN DAM répond que le groupe VINCI peut toujours raconter ce qu'il veut, la DRAC ne
donne pas son accord aux projets les yeux fermés.
M. VALIERE souhaite savok si une protection a été proposée à VINCI et si cette société a
refusé.
M. VAN DAM rappelle que les mesures de protection sont décidées par le préfet de région.
Au terme de ce débat, le président de la séance propose de passer au vote.
Dans un premier temps, le vote porte sur la partie appartenant à la commune et correspondant
au logis abbatial ainsi qu'à un passage voûté.
VOTE
La commission régionale du patrimoine et des sites émet un avis favorable à l'inscription
au titre des monuments historiques de la partie de l'ancienne abbaye Saint-Cybard
correspondant au logis abbatial et à un passage voûté figurant au cadastre d'Angoulême
(Charente) section AH n° 20 et AH n° 362 en raison de l'intérêt historique et architectural
de cette abbaye devenue par la suite le siège d'activité industrielles.
La commission, est ensuite interrogée sur l'opportunité de protéger l'ensemble de l'ilôt Lacroix —
Charbonnaud.
La commission régionale du patrimoine et des sites estime qu'il serait prématuré, dans
la situation actuelle de protéger la totalité de l'ilôt Lacroix-Charbonnaud, ancienne
abbaye Saint-Cybard; toutefois tout le site mérite une inscription au titre des monuments
historiques et la CRPS se réserve le droit d'examiner à nouveau ce dossier si la situation
venait à évoluer.
La commission régionale du patrimoine et des sites invite par ailleurs la ville
d'Angoulême à réserver une attention particulière à cet ilôt dans le cadre des documents
d'urbanisme et de la ZPPAUP.
CRPS du 2 octobre 2007
16
Téléchargement