
26 | La Lettre du Gynécologue • n° 338-339 - janvier-février 2009
Problèmes d’âge en gynécologie
doSSiEr
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53 297 cas de cancer du sein et 100 239 témoins,
qui correspondaient à l’époque à 90 % des données
publiées. Les femmes en cours de contraception ont
un risque relatif (RR) de cancer du sein légèrement
augmenté (1,24 ; p = 0,00001), celui-ci reste élevé (1,16
; p = 0,00001) lorsque la contraception est interrompue
depuis 1 à 4 ans puis passe à 1,07 pour un arrêt depuis
5 à 9 ans (p = 0,009) puis à 1,01 (NS) pour un arrêt
plus long. Le pronostic du cancer du sein est meilleur
lorsque les femmes sont sous COP lors du diagnostic.
La dose de la COP n’avait pas d’influence. Ce résultat
ne permet pas de conclure entre absence de surrisque
un effet de dépistage ou un effet de promotion tant
les biais sont nombreux et le résultat peu élevé. Un
effet d’initiation dans la population générale pouvant
être écarté du fait du retour du RR à la normale sur un
temps court (pour l’histoire naturelle du cancer du
sein). Depuis cette publication, de nombreuses autres
études ont été publiées avec des résultats toujours aussi
discordants et le plus souvent très rassurants.
Mais si le risque ne semble pas augmenté dans la
population générale, peut-il l’être dans certains
sous-groupes ?
Sur le plan statistique, plus le nombre de sous-groupes
étudiés est grand plus les chances de trouver un résultat
significatif augmente (2). Ainsi, les sous-groupes dans
lesquels un résultat significatif a été trouvé varient
d’une étude à l’autre. Parfois, le résultat est significatif
en fonction de la dose, la durée, l’âge d’utilisation, avant
la première grossesse, il l’est aussi lorsqu’il existe des
antécédents familiaux, une mutation BRCA1 ou 2, une
mastopathie bénigne et chez les nullipares… À force
de multiplier les sous-groupes, on finit toujours par en
trouver un significatif ! Le problème est qu’il ne s’agit
jamais du même d’une étude à l’autre ! On peut même
associer les facteurs afin d’augmenter les chances de
découvrir un résultat significatif, comme par exemple
les femmes de moins de 20 ans ayant une mutation
et suivant l’année de naissance.
Deux sous-groupes semblent cependant plus inté-
ressants. Les femmes très jeunes, si l’on pense à un
effet initiateur, puisque l’on connaît la sensibilité parti-
culière du sein aux carcinogènes en péripubertaire,
et les femmes âgées de plus de 40 ans en périmé-
nopause puisque le risque spontané augmente avec
l’âge ainsi que l’hormonosensibilité, si l’on pense à un
effet promoteur.
Pour ce qui est des femmes jeunes, la première diffi-
culté est de trouver une définition de femme jeune :
est-ce jeune en général (avant 20 ans), péripuber-
taire (période à risque d’induction) moins de 20, 30,
ou 40 ans ou jeune pour avoir un cancer du sein ?
Est-ce avant une première grossesse menée à terme,
sachant qu’aujourd’hui ces femmes ne sont plus très
jeunes (30 ans) ? De plus, si l’on doit envisager une
facilitation de l’induction, il faut évaluer le risque
chez les femmes de 40 ans et plus du fait du délai
nécessaire à la visibilité du risque induit.
Les résultats sont là encore très discordants : lorsque
les femmes utilisent une contraception à un jeune
âge, par exemple moins de 20 ans, le risque est parfois
augmenté en cours de prise uniquement, pas à distance,
donc lorsque le cancer est très rare ! Ainsi, ce n’est pas
une induction qui serait mise en évidence mais une
promotion sur un terrain où l’incidence spontanée est
très basse. Si l’on tient compte de l’incidence spontanée
du cancer à cet âge et du RR trouvé dans les études
où le résultat est significatif, le surrisque serait de 1
cas par million d’utilisatrices (calcul personnel), mise
en évidence incompatible avec les approximations
méthodologiques citées ci-dessus. De plus, aucune
étude n’est disponible pour les femmes péripubertaires,
période de fragilité mammaire vis-à-vis des oncogènes.
On compte 1 300 interruptions volontaires de gros-
sesses (IVG) en France par an chez les très jeunes filles
(moins de 17 ans). Quel serait, dans cette population,
le rapport bénéfice-risque en général et sur le cancer
du sein ? Devant cette question, peut-être faudrait-il
réserver l’usage de la contraception hormonale à cette
période à une nécessité contraceptive, sachant que le
problème d’acquisition du pic de masse osseuse vient
alourdir l’interrogation.
Ainsi aujourd’hui, l’augmentation des découvertes de
cancer du sein chez les femmes jeunes est loin d’être
prouvée et si elle a lieu, elle ne touche que les traite-
ments en cours, ce qui donne une incidence très faible
et évoque un effet de promotion dans une population
où le risque spontané est exceptionnel.
La seconde tranche d’âge où il est légitime de regarder
d’encore plus près est la population des femmes de
plus de 40 ans (3). En effet, si la contraception hormo-
nale a une action de promotion, l’augmentation de
l’incidence se fera d’autant plus sentir que le risque
spontané est plus élevé et que les tumeurs sont plus
hormonosensibles. C’est dans la population des femmes
sous contraception hormonale après 40 ans que cette
situation (augmentation du risque spontané et de l’hor-
monosensibilité) est la moins rare, sachant que l’hor-
monosensibilité à cet âge est loin d’être la règle.
Les résultats des études dans la tranche d’âge supé-
rieure à 40 ans sont une fois de plus discordants (0,9
pour la CASH study), et même un risque qui décroît
pour devenir significatif à la baisse pour les longues
utilisations. Cela peut être lié à un effet de recrute-
ment des cas antérieurs entraînant une diminution du
risque ultérieur. Cinq autres études constatent ce même
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