6 | La Lettre du Gynécologue 350 - mars 2010
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Faut-il césariser
toutes les femmes ? Oui !
P. Rozenberg*
P
oser une telle question semble a priori provoca-
teur, voire blasphématoire. Et pourtant, à y voir de
plus près, à raisonner sans préjugés, et à accepter
d’oublier ses convictions, il pourrait être raisonnable non
seulement d’entendre cette question mais également
d’y répondre positivement.
Reformulons maintenant cette question un peu diffé-
remment en la décomposant en deux questions : quel
seuil de risque maternel contre-indique une césarienne
et quel seuil de risque fœtal justifie une césarienne ?
Répondre à ces deux questions permet virtuellement
de connaître le taux idéal de césariennes.
Évaluation de la mortalité
maternelle liée à la césarienne
programmée
La mort maternelle, bien que de plus en plus rare dans les
pays développés, reste le risque majeur de la césarienne.
Les obstétriciens ont longtemps cru que la césarienne
augmentait considérablement le risque de mort mater-
nelle et il existe de nombreuses données pour soutenir
cette croyance. La mortalité induite par la césarienne a
été estimée à plusieurs fois celle associée à l’accouche-
ment par voie basse (1-3). Aussi importantes que soient
ces données, elles nen restent pas moins d’interprétation
très délicate. Tout d’abord, le plus souvent, la césarienne
programmée n’a pas été clairement différenciée de la
césarienne non programmée (2, 3). Or, il s’agit d’un
biais de classification majeur car la mortalité mater-
nelle consécutive à une césarienne réalisée en cours de
travail doit être imputée à l’intention de voie basse et
non pas à la césarienne per se. Il est donc indispensable
de raisonner en intention de traitement comparant la
mortalité de la césarienne programmée (première stra-
tégie thérapeutique) à celle de l’intention de voie basse
(deuxième stratégie thérapeutique), qui comporte elle-
même trois sous-groupes : la voie basse spontanée, les
extractions instrumentales et les césariennes réalisées
en cours de travail. Or, si une césarienne est nécessaire
en cours de travail, la femme sera exposée à un risque
relatif (RR) de mortalité environ 3 fois plus élevé qu’en
cas de césarienne programmée.
Ensuite, comme la mort maternelle est devenue un
événement exceptionnel, les données utilisées pour
regarder les tendances remontent fréquemment à de
nombreuses années, souvent suffisamment loin en arrière
pour inclure des femmes qui ont reçu des soins selon des
normes devenues obsolètes (1, 4). Dans les pays déve-
loppés, les risques liés à la chirurgie ont diminué avec le
temps, et cela semble être particulièrement vrai pour
la césarienne programmée. Les données de la Grande-
Bretagne illustrent ce risque décroissant : entre 1988 et
1990, les femmes accouchant par césarienne programmée
présentaient un RR de mortalité plus de 8 fois supérieur à
celui des femmes accouchant par voie basse ; de 1994 à
1996, ce RR était approximativement 3 fois supérieur ; et
de 1997 à 1999, il a encore diminué à un peu plus de 2 (5).
Dans une enquête britannique récente, une nouvelle
classification des césariennes (6) a permis d’évaluer le
risque des femmes ayant une césarienne programmée :
ces femmes ont présenté une mortalité inférieure à celles
ayant accouché par voie basse, avec seulement une mort
maternelle parmi 78 000 femmes ayant eu une césa-
rienne programmée. De même, des données israéliennes
récentes ont montré que la mortalité liée à la césarienne
programmée était inférieure à celle associée à l’accou-
chement par voie basse (7).
Enfin, une étude particulièrement intéressante de Clark
et al. publiée récemment (8) a examiné l’étiologie et
l’évitabilité des morts maternelles ainsi que le lien
de cause à effet entre le mode d’accouchement et la
mortalité maternelle entre 2000 et 2006. Parmi les
1 461 270 accouchements étudiés, 458 097 césariennes
programmées ont été réalisées et seuls 4 cas de mort
maternelle ont été directement imputés à la pratique
de la césarienne programmée (3 primi-césariennes et
1 césarienne itérative), soit 0,08 mort pour 10 000
* Département de gynécologie obstétrique, hôpital Poissy-Saint-Germain,
université Versailles-Saint-Quentin, rue du Champ-Gaillard, 78303 Poissy Cedex.
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césariennes. La qualité de cette étude tient à sa rigueur
méthodologique et à sa puissance.
Évaluation de la mortalité
néonatale liée à la tentative
de voie basse
De façon apparemment surprenante, les études évaluant la
mortalité néonatale parmi les grossesses uniques à terme
pendant le travail ou dans la période néonatale sont très
rares, alors que celles évaluant la mortalinéonatale dans
des groupes à risque (grossesse gémellaire, présentation
du siège, antécédent de césarienne…) sont bien plus
fréquentes. En effet, les études évaluant la mortalité néona-
tale à terme en population générale posent des problèmes
thodologiques difficiles : elles doivent concilier à la fois
des études de cohortes incluant de très nombreux cas (au
moins plusieurs centaines de milliers), compte tenu de la
faible prévalence de la mortalité néonatale à terme dans
une population à faible risque, et la possibilité de recueil
des issues de grossesse par des registres fiables, exhaustifs
ou quasi exhaustifs, avec contrôles de qualité réguliers de
ces bases de données. De plus, ces études doivent éviter
de nombreux biais, notamment celui de pouvoir exclure la
mortalité anténatale pour la distinguer de la mortali ri-
natale (pour ne pas surestimer la mortalité du nouveau-né
liée à l’accouchement) ou celui de pouvoir exclure les morts
liées à des anomalies congénitales, qui représentent une
fraction importante de la mortalité à terme. Quelques
pays ont remarquablement réussi à mettre en place de
tels registres, dont l’Écosse. Ainsi, Pasupathy et al. (9)
viennent de publier les données concernant l’évolution
de la mortalité périnatale à terme parmi les grossesses
uniques en présentation céphalique, pendant le travail ou
dans la période néonatale en Écosse entre 1988 et 2007.
Cette étude a inclus 1 012 266 naissances et a pu exclure
les morts périnatales liées à des anomalies congénitales
et les morts ante-partum. En 2007, le risque de mortalité
périnatale liée à l’accouchement a été de 5,5 pour 10 000
naissances et le risque de mortalité attribué à l’anoxie
intra-partum a été de 3,0 pour 10 000 naissances.
Au nal, à la lumière de ces dones épimiologiques, on
peut dire que le risque de mortalité maternelle liée à la
réalisation d’une sarienne programe est d’environ 0,08
pour 10 000 sariennes programmées et que le risque de
mortalitale ou néonatale par anoxie intra-partum est
de 3,0 pour 10 000 tentatives de voie basse. Cela revient à
dire que le risque de mortalité tale ou néonatale liée à
l’intention de voie basse est environ 37 fois plus éle que
le risque de mortalité maternelle le à la alisation d’une
césarienne programmée. Ce type de comparaison peut
paraître fallacieux. Pourtant, ce mode de raisonnement
est appliqué quotidiennement par les obstétriciens pour
justifier aux futures mères le principe du dépistage de la
trisomie 21. Les risques de fausse couche liée à la réalisa-
tion systématique des prélèvements invasifs (biopsie de
trophoblaste ou amniocense) sont comparés aux risques
de faux négatifs du dépistage de la trisomie 21 liés à la
mesure de la clarté nucale et/ou aux marqueurs riques.
À la question princeps (faut-il sariser toutes les femmes ?),
j’avais propo de répondre par deux autres questions : quel
seuil de risque maternel contre-indique une césarienne et
quel seuil de risque fœtal justifie une césarienne ? Il ne fait
aucun doute que la réponse à ces deux questions est quasi
insoluble. Alors, posons maintenant deux autres questions :
Sachant que le risque de mortalité fœtale ou néonatale
liée à l’intention de voie basse est environ 37 fois plus élevé
que le risque de mortalité maternelle liée à la réalisation
d’une césarienne programmée, quel choix ferait une future
mère si on osait lui communiquer ces données ?
Et quand cette future re pose la question : “Quelle est
le mode d’accouchement le moins dangereux pour mon
enfant ?”, que lui répondre ?
À ces deux questions, la réponse est univoque et ne laisse
aucun doute : la sarienne.
La démonstration pourrait s’arrêter là. Toutefois, les esprits
fractaires à cette réponse et les plus avisés pourraient
soumettre une objection subtile : bien que le taux de sa-
riennes ait très significativement augmen dans les pays
industrialis, il est cependant peu clair que cette augmenta-
tion soit corrée à une diminution de la mortalité rinatale
associée aux complications du travail. En fait, une telle objec-
tion ne tient pas à la lecture attentive des rares données de la
littérature qui se sont focalisées sur ce débat.
Évolution de la mortalité
néonatale selon le taux
de césariennes
Après avoir examiné la relation entre les taux de césa-
riennes et les mortalités maternelle et périnatale dans
différents pays, la World Health Organization a conclu
qu’il n’y avait aucun bénéfice supplémentaire au-delà
d’un taux de césariennes compris entre 10 % et 15 %
(10). Pourtant, ces recommandations ont été publiées
en 1985 : les considérer comme encore valides revient à
admettre que les données obstétricales nont pas changé
depuis 25 ans ! Surtout, l’utilisation de taux bruts de
mortalité périnatale peut masquer un éventuel bénéfice
associé à la césarienne, dans la mesure où les principaux
contributeurs à la mortali périnatale sont les malforma-
tions tales et les enfants de faible poids de naissance. Or, la
mortalité rinatale liée à ces pathologies est peu susceptible
d’être modifiée par la sarienne (11, 12).
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Matthews et al. (13) ont donc examiné la relation entre
le taux de césariennes et la mortalité rinatale parmi
les enfants non malfors et pesant au moins 2 500 g
dans trois grandes maternités de Dublin (5 000 à 9 000
naissances par an dans chacune d’elles) au cours d’une
riode de 22 ans (1979-2000). Chaque hôpital publie
un rapport annuel, qui constitue laudit de son activité,
indiquant notamment le taux global de sariennes, de
déclenchements, d’enfants de petit poids de naissance (≥
500 g et < 2 500 g), et de mortalité périnatale. Durant la
riode d’étude, un total de 420 577 enfants pesant au
moins 2 500 g sont s dans ces trois pitaux. Il y a eu
1 291 (3,07 ‰) enfants morts non malformés et pesant
au moins 2 500 g. Les auteurs ont mont une relation
significative dans le temps entre l’élévation globale du
taux de césariennes et la réduction de la mortalité ri-
natale (tableau I). Malgré des différences importantes
portant sur les taux de sariennes des troispitaux
pendant la due de l’étude, l’analyse individuelle des
données de chaque hôpital a également mont une
baisse similaire de la mortalité avec l’augmentation
du taux de césariennes : plus le taux de sariennes est
élevé, plus la mortali périnatale diminue (tableau I).
Cette différence dans la mortalité périnatale a persis
au cours de létude et était toujours présent pendant les
six dernres anes (1995-2000). La comparaison des
taux de sariennes et la mortalité périnatale entre ces
trois hôpitaux retrouve la même relation significative
(tableau I). La maternité ayant le taux le plus éle de
sariennes a présenté la mortalité périnatale la plus
faible, celle ayant le taux le plus faible de sariennes
a eu la mortalirinatale la plus élevée, et la mater-
nité ayant le taux intermédiaire de césariennes a eu une
mortali périnatale interdiaire. Cette étude souligne
également la nécessité d’une augmentation très impor-
tante du taux de césariennes pour voir apparaître un
néfice sur la mortalité rinatale. Ainsi, dans l’hôpital
A, une augmentation de 61 % du taux de césariennes
(passant de 14,4 % à 22,9 %) a été associée à une duc-
tion de la mortalité périnatale de 42 %, soit, en valeur
absolue, seulement 1 ‰ (de 2,4 ‰ à 1,43 ‰).
Cette association démontrée entre l’élévation du
taux de césariennes et la diminution de la morta-
lité périnatale restera valide tant que ne seront
pas publiées des séries incluant des taux faibles
de césariennes (< 15 %) et une mortalité périnatale
inférieure à 1,5 ‰ parmi des enfants eutrophiques et
non malformés.
De plus, l’étude de Pasupathy et al. (9) confirme les
conclusions de Matthews et al. (13). Cette étude,
alisée en Écosse au cours des 20 dernières années à
partir de deux registres (Scottish Morbidity Record 02
et Scottish Stillbirth and Infant Death Survey), a observé
l’évolution de la mortalité périnatale à terme parmi
les grossesses uniques en présentation céphalique
pendant le travail ou dans la riode néonatale. Durant
la période d’étude, le risque de mortalité périnatale
liée à l’accouchement a diminué de 8,8 à 5,5 pour
10 000 naissances. L’analyse rapportée à la cause de
mortalité a montré une diminution significative du
risque de mortalité attribuée à l’anoxie intra-partum
(5,7 à 3,0 pour 10 000 naissances). Cette réduction a
porté de façon similaire sur la mortalité intrapartum
(2,6 à 1,1 pour 10 000 naissances) et sur la mortali
néonatale (3,1 à 1,9 pour 10 000 naissances). Cette
étude est d’autant plus valide qu’elle a évité deux biais :
le manque de puissance, car elle a porté sur 1 012 266
naissances, et le biais de classification, car les auteurs
ont pu exclure les morts rinatales liées à des anoma-
lies congénitales et les morts ante-partum.
Ces études montrent donc une association solide
entre l’élévation du taux de césariennes et la dimi-
nution de la mortalité périnatale. Surtout, elles
démontrent qu’une augmentation très importante
du taux de césariennes est nécessaire pour obtenir
un bénéfice modeste sur la réduction de la morta-
lité périnatale. C’est le principe de prévention du “mort
marginal. La réduction la plus spectaculaire de la morta-
lirinatale le à l’élévation du taux de césariennes
a été obtenue durant les années 1970. Ce bénéfice a
été tel qu’il faut sormais accepter une augmentation
Tableau I. Relation entre le taux de sariennes et la mortalité périnatale
(d’après 13).
Hôpital A Hôpital B pital C Total
1979-2000
NN < 2 500 g
Mortalité
Taux de césariennes
123 936
2,4
14,4 %
141 331
2,72
11,1 %
155 310
3,83
8,0 %
420 577
3,07
11,2 %
1995-2000
NN < 2 500 g
Mortalité
Taux de césariennes
34 188
1,43
22,9 %
38 769
1,86
15,1 %
42 781
3,3
12,0 %
115 738
2,26
16,7 %
Tableau II. Comparaison de la morbidité de la césarienne élective et de
l’épreuve du travail (d’après 14).
sarienne
élective
(n = 721)
Épreuve
du travail
(17 714)
RR (IC95)
Transfusion (%) 0,3 0,4 0,7 (0,2-2,7)
Infection paroi (%) 1,5 0,9 1,7 (0,9-3,2)
Fièvre puerpérale (%) 1,1 0,5 2,2 (1,1-4,5)
Évacuation hématome (%) 0,1 0,1 1,0 (0,1-7,6)
Hémorragie de la délivrance (%) 3,8 6,2 0,6 (0,4-0,9)
Trauma peropératoire (%) 0,1 0,3 0,5 (0,1-3,5)
Morbidité totale (%) 7,0 8,4 0,8 (0,6-1,1)
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considérable de ce taux pour avoir un effet cliniquement
signifiant. Mais quelle mère ne serait pas favorable à
cette prévention du “mort marginal” qui ne peut être
assurée que par la sarienne programmée ?
Tout cette démonstration est fondée sur la mortalité
maternelle, car il s’agit du critère de jugement le plus
important, le plus robuste et le plus signifiant pour
une patiente. Toutefois, les esprits malins m’accuse-
ront de cacher la forêt de la morbidité derrière l’arbre
de la mortalité. En fait, lame démonstration peut
être faite en prenant un critère composite de morbi-
dité maternelle.
Évaluation de la morbidité
maternelle liée à la césarienne
programmée
La Nova Scotia Atlee Perinatal Database est une base
de données qui recueille de façon exhaustive les
issues de tous les accouchements d’enfants pesant
plus de 500 g en Nouvelle-Écosse depuis 1988. En
utilisant cette base, Allen et al. (14) ont comparé la
morbidité de la césarienne programmée réalisée à
terme, à celle du travail spontané sur une cohorte de
18 435 patientes primipares, à bas risque obstétrical,
ayant une grossesse unique, entre 37 et 42 semaines
d’aménorrhée (SA)et ayant accouché entre 1988 et
2001. Parmi cette population, 721 patientes ont eu
une césarienne programmée. Il n’y a eu aucun cas de
mort maternelle ni aucun transfert enanimation.
La morbidité globale n’a pas été significativement
différente parmi les patientes ayant eu une sarienne
programmée et celles ayant eu une tentative de voie
basse (7 % versus 8,4 % ; OR : 0,8 ; IC
95
: 0,6-1,1). En
cas de césarienne programmée, la fièvre puerpérale
a été plus fréquente (1,1 % versus 0,5 % ; OR : 2,2 ;
IC95 : 1,1-4,5) alors que l’hémorragie du post-partum
immédiat a été plus rare (3,8 versus 6,2 ; OR : 0,6 ;
IC
95
: 0,4-0,9) [tableau II]. L’analyse par sous-groupe
montre une morbidité globale similaire en cas de césa-
rienne programmée ou d’accouchement par voie basse
spontanée (tableau III), seule la fièvre puerpérale a
été plus fréquente en cas de césarienne élective (1,1 %
versus 0,2 % ; OR : 5,4 ; IC95 : 2,4-11,8). En revanche,
l’accouchement par sarienne programe a présenté
une morbidité globale significativement réduite en
comparaison des accouchements par extraction instru-
mentale (7 % versus 12,9 % ; OR : 0,6 ; IC95 : 0,4-0,7) ou
par sarienne en cours de travail (7 % versus 16,3 % ;
OR : 0.4 ; IC95 : 0,3-0,6), du fait notamment d’un effet
protecteur sur le risque d’hémorragie du post-partum
immédiat (tableaux IV et V). Au final, cette étude
illustre une fois de plus, le biais de classification lié à
la confusion entre risque lié à la voie basse et risque
lié à l’intention de voie basse. En comparaison de la
tentative de voie basse, la morbidité maternelle globale
de la césarienne programmée nest pas augmentée,
car il existe deux situations particulièrement morbides
en cas d’intention de voie basse : l’accouchement par
extraction instrumentale et l’accouchement par césa-
rienne en cours de travail.
Par ailleurs, cette étude na pas intég l’effet re
scifique de l’accouchement par voie basse sur le plan-
cher pelvien : incontinence urinaire, prolapsus d’organe
pelvien et incontinence anale. Il faut d’ailleurs noter que
cette dernière complication est particulièrement invali-
dante, dautant que les options thérapeutiques offrent
bien moins despoir qu’en cas d’incontinence urinaire
ou de prolapsus pelvien. Tous ces articles concluent à
l’effet protecteur de lasarienne (15-22). Rappelons
notamment la publication de McKenna et al. (23) , qui
ont évalué, par analyse cisionnelle, le fice de la
sarienne élective parmi les femmes continentes mais
ayant un antécédent de rupture du sphincter anal. Ils
ont ainsi montré quil suffisait de aliser 2,3 sariennes
électives pour éviter un cas d’incontinence anale.
En conclusion, je rappellerai deux publications qui
méritent une réflexion particulière, car elles concer-
nent les obstétriciens :
Al-Mufti et al. (24) ont rapporté les résultats d’une
enqte de prence parmi les obstétriciennes
londoniennes : 31 % d’entre elles choisissaient une
césarienne de principe comme mode d’accouchement
pour elles-mêmes alors que cette enquête remonte
déjà à 12 ans. Or, selon le proverbe anglais : “Ce qui
est bon pour le médecin est bon pour le patient”.
Aux obstétriciens masculins qui seraient peu sensibles
à cet argument, je conseillerai de lire larticle de Barger
et al. (25) publié en 2005 dans le New England Journal
of Medicine à propos de leffet des périodes de travail
prolongées (du fait notamment des gardes) sur les
risques daccident automobile des médecins : les auteurs
ont conduit une enquête nationale prospective sur
Tableau III. Comparaison de la morbidité de la césarienne élective et de la voie basse
spontanée (d’après 14).
Césarienne élec-
tive (n = 721)
Voie basse spontanée
(n = 12 607) RR (IC95)
Transfusion (%) 0,3 0,3 0,9 (0,2-3,8)
Infection paroi (%) 1,5 0,4 3,5 (1,8-6,7)
Fièvre puerpérale (%) 1,1 0,2 5,4 (2,4-11,8)
Évacuation hématome (%) 0,1 0,1 1,0 (0,1-7,3)
morragie de la livrance (%) 3,8 5,1 0,8 (0,5-1,1)
Trauma peropératoire (%) 0,1 0,1 2,2 (0,3-17,5)
Morbidité totale (%) 7,0 6,2 1,1 (0,9-1,5)
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l’ensemble des États-Unis (via Internet) dans laquelle
2 737 internes ont complété 17 003 rapports mensuels
fournissant des informationstaillées sur les heures
de travail habituel, les riodes de travail prolon (du
fait notamment des gardes), les accidents automo-
biles documentés, les “presque-accidents” (near-miss
incident) et les incidents impliquant l’endormissement
involontaire. Les odds-ratios d’accidents automobiles
et de presque-accidents après une période de travail
prolongé, en comparaison avec des périodes de travail
habituel, ont été de 2,3 (IC
95
: 1,6 -3,3) et 5,9 (IC
95
:
5,4-6,3) respectivement. Dans une analyse prospective,
chaque période de travail prolongé programmée sur
un mois a augmenté de 9,1 % le risque mensuel d’un
accident automobile (IC
95
: 3,4 à 14,7 %) et de 16,2 %
le risque mensuel d’un accident pendant le retour du
travail (IC
95
: 7,8 à 24,7 %). Au cours des mois où les
internes ont effectué 5 périodes de travail prolon ou
plus, les risques de sendormir en conduisant ou pendant
un art du trafic ont été significativement augmens
(OR : 2,39 ; IC
95
: 2,31-2,46 et 3,69 ; IC
95
: 3,60-3,77,
respectivement).
Finalement, une stratégie du “tout-césarienne
programepermettrait de sauver des vies non seule-
ment parmi les fœtus et les nouveau-nés mais également
parmi les obstétriciens, ou du moins leurs internes (par
réduction de la pénibilité des gardes) ! Que celui qui ne
s’est jamais assoupi au volant en sortant de garde
me jette la première pierre…
Tableau IV. Comparaison de la morbidité de la césarienne élective et des
extractions instrumentales (d’après 14).
Césa-
rienne
élective
(n = 721)
Extraction
instru-
mentale
(n = 3 613)
RR (IC95)
Transfusion (%) 0,3 0,8 0,4 (0,1-1,6)
Infection paroi (%) 1,5 2,0 0,8 (0,4-1,5)
Fièvre puerpérale (%) 1,1 0,4 3,0 (1,2-7,2)
Évacuation matome (%) 0,1 0,1 1,7 (0,2-16,0)
Hémorragie de la délivrance (%) 3,8 9,6 0,4 (0,3-0.6)
Trauma peropératoire (%) 0,1 0,1 1,1 (0,1-9,3)
Morbidité totale (%) 7,0 12,9 0,6 (0,4-0,7)
Tableau V. Comparaison de la morbidité de la césarienne élective et de la
césarienne en cours de travail (d’après 14).
Césa-
rienne
élective
(n = 721)
Césarienne
en cours
de travail
(n = 1 480)
RR (IC95)
Transfusion (%) 0,3 0,5 0,5 (0,1-2,4)
Infection paroi (%) 1,5 2,2 0,7 (0,4-1,4)
Fièvre puerpérale (%) 1,1 3,3 0,3 (0,2-0,7)
Évacuation hématome (%) 0,1 0,2 0,7 (0,1-6,6)
Hémorragie de la délivrance (%) 3,8 7,5 0,5 (0,4-0,8)
Trauma peropératoire (%) 0,1 2,6 0,1 (0,01-0,4)
Morbidité totale (%) 7,0 16,3 0,4 (0,3-0,6)
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Références bibliographiques
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